De Mariette… au litre en carton

Vous n’avez pas connu Mariette? Bien sûr que non, c’était la vache de mon grand-père! Jadis, il n’était pas rare de voir des gens qui, bien que n’étant pas agriculteurs, possédaient quelques animaux, soit une vache, un cochon, un cheval et parfois aussi des poules. Du moment qu’ils avaient un bout de terrain suffisamment grand et un « bâtiment » qui pouvait loger l’étable et le poulailler, ça suffisait. Du vivant de son épouse Blanche Paquin, mon grand-père, Edmond Petit le cordonnier, que tout le monde appelait « le Père Tom », avait une vache qu’il faisait paître sur le terrain qu’il possédait en bas de la côte, près de la grève. Il avait aussi des poules et un cochon, lequel disparaissait en décembre, pour revenir sur la table sous forme de rôti, boudin, cretons et autre boustifaille.

Blanche et Tom.

Blanche, ma grand-mère, qui était en même temps la cousine de son mari, avait coutume de donner des prénoms aux animaux qui faisaient partie de la famille. Ainsi, la vache – qui n’était pas toujours la même d’année en année – s’appelait invariablement Mariette, comme la chatte, qui avait pour prénom Henriette, quelle que soit sa couleur. Blanche avait un vocabulaire bien à elle, ainsi, elle faisait un dessert qu’elle appelait « des poulets à la rhubarbe ». C’est un des plus lointains souvenirs que j’ai de ma grand-mère; je croyais alors dur comme fer, que je mangeais des petits poulets cuits avec de la rhubarbe. Cette recette était tout simplement ce qu’on appelle des «  grands-pères ». Et que dire de ces dictons qu’elle nous rappelait à tout propos: « Le soleil se couche dans l’eau, il va mouiller. » « Mets pas ton chapeau sur le lit, c’est de la badluck » « Si tu sors de la maison par la porte d’en avant, reviens pas par la porte d’en arrière, tu vas être désappointé »… Après la pluie, il était interdit d’ouvrir le parapluie dans la maison pour le faire sécher, surtout pas! Car ça ferait tomber encore de la pluie! Et combien d’autres maximes, où il était souvent question de malchance!  En plus de ses nombreuses tâches, ma grand-mère tenait les comptes de la cordonnerie, car mon grand-père oubliait souvent de noter ses heures de travail. Sauf que Blanche avait la manie de rebaptiser tout le monde, donc seuls les gens de la maison pouvaient savoir qui était « Le grand Jésus de tôle » ou « Madame Pâté aux patates ». Mes tantes qui vivaient dans la même maison que mes grands-parents, avaient hérité de cette coutume d’affubler les gens de leur connaissance de noms plus ou moins gracieux. Ainsi, nous avons eu un certain temps un curé qu’on appelait « Monsieur le curé Tarte aux cerises ».  On a du Petit ou on n’en n’a pas!

Même si elle donnait des noms à tout le monde, y compris les membres de la famille, ma grand-mère n’était pas une femme joyeuse. Tout d’abord, il faut dire qu’elle travaillait  d’une étoile à l’autre. Toute menue, dotée d’un tempérament nerveux, elle mangeait et dormait très peu et elle s’inquiétait à propos de tout.  Prenant grand soin de préserver son fragile teint de rousse, elle portait été comme hiver des robes boutonnées jusqu’au cou avec des manches longues. Elle adorait son jardin et pour y travailler, elle mettait des vieux gants pour ne pas abîmer ses mains. Je n’ai jamais su de quel mal elle souffrait;  je sais seulement qu’elle est décédée à 74 ans après une longue maladie.

Après le décès de sa Blanche mon grand-père, qui avait déjà 83 ans, s’est débarrassé des animaux. Comme on dit, il avait pris un coup de vieux! C’était le début des années 50, il avait de moins en moins d’ouvrage; les chaussures s’avéraient moins résistantes, mais aussi difficilement réparables, étant le plus souvent fabriquées de cuir synthétique. La mode pour les femmes était alors aux souliers à bout pointu et à talons aiguilles… impossible d’y poser des fers, ou une nouvelle semelle. La boutique de cordonnerie était devenue surtout le lieu de rencontre des vieux amis du Père Tom : Ulric Gignac, qui a vécu au-delà de 100 ans et le voisin Narcisse Naud, qu’on appelait « le Père Nono ».  Edmond est allé rejoindre Blanche en novembre 1955, il avait 87 ans.

La boutique du cordonnier…

Adieu poules, vaches et cochon! Désormais, on achetait la viande chez le boucher et le lait, du laitier. Je me souviens du tintement des pièces de monnaies dans la pinte vide qu’on déposait sur la galerie et aussi de la bouteille pleine de lait qu’on recevait en retour, avec une bonne couche de crème sur le dessus. De temps à autre, Maman se dépêchait de ramasser précieusement cette crème épaisse et de l’utiliser pour faire son sucre à la crème. Maintenant, les supermarchés nous vendent des cartons d’un demi-litre pour la crème, qui est étiquetée « à fouetter », « à cuire » ou à je ne sais trop quoi encore… et des litres en carton pour le lait, à 1% ou 2% de gras.  Et pour finir mon histoire sur une note joyeuse, j’ajouterai que le clos où paissait Mariette est devenu une zone résidentielle où demeurent des gens qui sont sans doute très heureux de vivre ainsi tout près du fleuve.

© Madeleine Genest Bouillé, 13 avril 2019

Ça se passait de même dans le bon vieux temps – 2e partie

Ah! la mode! On affiche notre âge à la façon dont on s’habille! Après mûre réflexion, j’en suis venue à la conclusion que l’automne est maintenant une saison qu’on hésite à accueillir. On dirait qu’on ne l’aime pas… Je remarque qu’on porte maintenant nos vêtements d’été tant qu’on ne gèle pas tout rond! Alors, parce qu’on ne peut pas faire autrement, on se décide à porter des vêtements qui couvre plus, qui sont plus chauds, plus adaptés à la saison. Mais on mélange tout; tenez, en fin septembre, quand les jours ont enfin commencé à rafraîchir, j’ai vu des jeunes filles et des moins jeunes, portant encore un pantalon court avec  un gros chandail, des bas de laine et des chaussures sport. Et le pire – c’est pas croyable! –, la mode a ramené les immortelles chaussettes de laine grise avec des rayures rouges… Des bas de bûcherons que les filles portent fièrement! J’en reviens toujours pas! Ah! oui, vraiment, autre temps, autres mœurs!

« Ça se passait pas de même dans le bon vieux temps! » Oh non! Au milieu d’août, on rangeait les chapeaux d’été, les souliers blancs, les robes-soleil; la mode le voulait ainsi.  Quand mon frère s’est marié, le 8 août en 1964, il faisait chaud comme c’est souvent le cas à cette date. Mais toutes les femmes présentes au mariage portaient un chapeau en velours noir ou en plumes d’une couleur assortie à la robe de soie brochée, de velours ou de lainage. Évidemment, on avait rangé les souliers blancs et les sandales… ça faisait « colon » ou « habitant »; les femmes de la ville disaient « ça fait campagne ». En matière de mode, ces mots ne faisaient pas référence à nos valeureux ancêtres, ça signifiait seulement qu’on n’était pas au courant de ce qui devait se porter pour être « up to date »! Impensable, puisque dans presque toutes les familles, on recevait les catalogues de chez Eaton, Simpson’s ou Dupuis Frères; on n’avait aucune excuse à ne pas suivre le courant, donc on le suivait.

Si je retourne en arrière, mais là, très en arrière… quand j’étais enfant, on n’était pas riche, mais notre mère avait à cœur que ses enfants ne soient pas « habillés comme la chienne à Jacques ». Tout d’abord, la robe noire que je portais tout au long de l’année scolaire me donnait le goût de me vêtir autrement à la maison, surtout le dimanche.  Même si bien souvent je portais des vêtements qui avaient appartenus à ma sœur, maman les avait patiemment refaits et ajustés à ma taille. La plupart du temps, pour les robes, habituellement cousues à la maison, on faisait un bord assez large pour rallonger le vêtement une ou deux fois. Quand on ne le pouvait plus, on posait un « rossignol », c’est-à-dire, une bande d’étoffe qu’on insérait entre la taille et le corsage. La robe était bonne pour une saison de plus. Les garçons qui grandissaient trop vite se retrouvaient bientôt avec « les culottes à mer haute ». Ils n’aimaient pas bien ça, car ils se faisaient étriver par les plus grands qui leur demandaient : « Y a t-y de l’eau dans la cave chez vous? ».  

« Ça se passait de même dans le temps… » et aussi dans la cuisine! Jadis, cuisiner était le travail qui prenait la plus grande partie du temps des ménagères. Il n’existait pas de cuisine rapide, pas de surgelés, pas d’autres conserves que celles qui étaient faites à la maison. Sitôt la vaisselle du  déjeuner lavée et essuyée, on partait la soupe pour le dîner. Et ça n’arrêtait pas! Les recettes de nos mères avaient leur franc-parler!  De la « soupe à l’ivrogne », au « bœuf du rang 3 », en passant par le « jambon du nordet » et les « œufs dans le purgatoire », on avait « la truite de la visite des États », qui n’était pas piquée des vers, et les indispensables binnes, plôrines, cipâtes et gibelottes, sans oublier les cochonnailles qui se faisaient en décembre quand on tuait le cochon et qu’on préparait la boustifaille des Fêtes. Ah! la popote du temps des Fêtes! Rien qu’à l’évoquer, on en a l’eau à la bouche: ragoût de pattes, tourtières, tartes à la « farlouche », au sucre ou aux pommes, beignes et croquignoles… Sans oublier les petites douceurs : le sucre à la crème, le fudge à l’érable et surtout le gâteau froid, fait avec des biscuits Village écrasés, du sucre en poudre, du cacao et des cerises confites. C’était ma friandise préférée.

Ma grand-mère qui avait toujours des appellations pas comme tout le monde, faisait un dessert qu’elle appelait des « poulets à la rhubarbe »; c’était un dessert d’été bien entendu, mais dans mon souvenir c’était quelque chose d’extraordinaire! J’ai su plus tard que ce qu’elle nommait ainsi était tout simplement des « grands-pères ». Mais j’étais très jeune alors et j’étais persuadée de manger des petits poulets, cuits avec de la rhubarbe. Évidemment, après les Fêtes et les Jours-Gras, venait le Carême dont j’ai parlé dans la première partie de ce « Grain de sel ».  À l’époque, ils étaient nombreux les jours « sans viande ». Il n’y avait pas que chez Séraphin Poudrier qu’on mangeait des galettes de sarrazin. Dans le même genre, on avait les galettes aux patates, qu’on mangeait toutes chaudes avec du beurre, puis ensuite avec de la mélasse ou du sirop d’érable. Une chose était certaine, il était inutile de « farfiner », et de lever le nez sur l’un ou l’autre plat, la consigne était « tu manges ce qu’il y a dans ton assiette, ou tu vas te coucher ». Maman n’était pas une mère sévère… finalement, plutôt que de laisser un enfant aller dormir le ventre vide, elle passait en douce une « beurrée de beurre de pinottes » au jeune récalcitrant!

Les ménagères cuisinaient de manière à ne pas « jeter les choux gras ». Gaspiller la nourriture, ça ne se faisait pas.  Par exemple, les restes du rôti de bœuf du dimanche midi servis sous forme de ragoût, de hachis ou de pâté, agrémentés de légumes, surtout de patates et d’oignons, nourriraient la famille pour plusieurs repas. Ah! les patates et les oignons! Qu’aurait-on fait sans eux? Le vendredi étant un jour maigre, c’est-à-dire sans viande, le poisson était à l’honneur. Durant la saison de la pêche aux petits poissons sur le fleuve, quand on avait fait « une bonne marée », on se régalait de cette manne qui ne durait qu’un temps! Ensuite? Eh bien, on mangeait des crêpes, une omelette ou un « chiard blanc », fait de patates et d’oignons fricassés dans une sauce blanche. Une expression en usage disait que le vendredi c’est « le jour où le ventre nous retire ». 

Enfin, d’une saison à l’autre, « ça se passait de même dans le bon vieux temps »!

©Madeleine Genest Bouillé, 20 octobre 2018

Des mots…

Ah! les mots! J’aime les mots, depuis toujours je crois. Très importants sont les souvenirs que certains  mots évoquent. Par contre, il y a des mots que je n’aime vraiment pas. Par exemple, le mot « néanmoins », à mon oreille ça fait « nez en moins », donc je ne l’utilise jamais, je vais plutôt écrire « cependant ». Écrire, c’est aussi jouer avec les mots!

Un beau lundi soir, je regardais l’émission « Les Chefs ». Le plat principal que les concurrents avaient à exécuter ce soir-là, était une blanquette de veau. Si je me souviens bien, ma mère en faisait parfois. Je n’ai aucune idée de ce qu’elle y mettait, mais je me rappelle que c’était bon. Je sais surtout que j’aimais ce mot « Blanquette ».  Forcément, il y avait des morceaux de viande blanche,  il devait aussi y avoir des légumes;  les mêmes qu’on utilisait dans presque tous les mets. Dans ma jeunesse, les champignons, brocolis et choux de Bruxelles, entre autres, n’avaient pas encore fait leur entrée dans la cuisine québécoise. Les carottes, les navets, et les petits pois devaient donc faire leur possible pour mettre de la couleur dans nos plats.

Comme je n’aime pas parler (ou écrire) au travers de mon chapeau, j’ai fouillé dans La Cuisine Raisonnée, édition 1963; ce livre précieux, je l’avais reçu en cadeau de ma belle-mère qui l’offrait à chacune de ses brus en cadeau de fiançailles. À la page 168, j’y trouve donc la recette de la « Blanquette de veau ».  On prenait un rôti de veau de 2 à 3 lb coupé en morceaux et saupoudré de farine. On y ajoutait de l’oignon haché, du sel, du poivre, des fines herbes et de l’eau chaude et on laissait mijoter. Dans ce bouquin, les recettes étaient écrites avec un certain souci de rédaction. Ainsi, on lit : « Lorsque la viande est cuite, la disposer avec goût sur un plat ». On ne voit plus  de telles indications dans les recettes modernes. On devait cuire la sauce doucement jusqu’à ce qu’elle  ait la consistance désirée pour ensuite, la passer au tamis, afin qu’elle en sorte veloutée et surtout sans grumeaux! Parlant de grumeaux (un mot que je n’aime pas), ça me fait penser à la béchamel de Mère Saint-Fortunat, durant le cours de cuisine au couvent. Un autre mot magique « Béchamel »! Pourtant juste une sauce blanche, lisse et crémeuse, mais dans la cuisine du couvent, ce mot si doux, Béchamel, ça prenait un tout autre sens, c’était du grand art!

Alors que je repense à mes années de couventine, d’autres mots me reviennent à l’esprit, comme  le « Réfectoire » et le « Dortoir ». Prendre un repas  dans un « réfectoire », ça me paraissait solennel! Rien de comparable aux repas que nous prenions chez-nous, autour de la table de la cuisine, cette même table où après le souper, on faisait nos devoirs, et où ensuite on jouait aux cartes ou on dessinait…Un « réfectoire », c’était  une grande salle à manger, dès lors, c’était très différent. Forcément, on y mangeait en silence, et sûrement pas la même chose que chez nous! Quant au « dortoir », je trouvais ce mot austère. On ne pouvait pas y faire les mêmes rêves que dans une chambre à coucher ordinaire. On ne visitait jamais les dortoirs du couvent, on s’imaginait  vaguement ces espaces  où  étaient disposées des rangées de lits tous  pareils. Vraiment, je  n’enviais pas les pensionnaires  qui devaient s’habiller et se déshabiller toutes dans la même grande pièce. Définitivement, je préférais la petite chambre en haut chez nous dans notre vieille maison, et le lit où je dormais avec ma grande sœur, qui repoussait résolument mes pieds toujours gelés en hiver. La chambre était pourtant située au-dessus de la cuisine et la chaleur montait d’une petite grille où je pouvais de plus, écouter les conversations des  « grands » avant de m’endormir, ma sœur se couchant beaucoup plus tard.

Ah! les conversations des « grands »! Ce qu’ils pouvaient s’en dire des mots inconnus!  Par exemple, un soir où je ne dormais pas encore, j’entendis maman demander à Jacques, s’il avait fini ses devoirs; celui-ci répondit d’une voix excédée : « Non, j’ai encore mon devoir d’algèbre ». « Algèbre »?… j’ignorais ce que c’était, est-ce que ça pouvait avoir un rapport avec l’Algérie, qui, je le savais, était un pays?  Plus tard, j’ai appris ce qu’était l’algèbre, j’ai aussi compris  pourquoi  mon frère  n’avait pas envie de faire ce devoir;  il aurait certainement préféré aller s’amuser avec le cousin Michel!

Papa (avec sa gabardine) et Maman en 1942 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Un autre mot que j’ai mis beaucoup de temps à comprendre, après l’avoir entendu au travers de la grille, c’est « Gabardine ». Mon père finissait son congé et devait repartir tôt le lendemain; il conversait à voix basse avec maman quand celle-ci lui dit  « Vas-tu emporter ta gabardine ? ». N’ayant pas compris la réponse, j’ai donc essayé de me faire une idée de cette chose qui ressemblait vaguement à « galantine », un mets en gelée que j’aimais bien.  Mais ça ne marchait pas du tout, papa n’apportait pas de nourriture quand il s’en allait à Montréal pour travailler. Plus tard, j’ai su qu’il s’agissait du manteau imperméable, dont mon père, en homme soigné, prenait grand soin, comme il le faisait pour tous ses vêtements d’ailleurs.

Ah! les mots!  Je suis partie d’une « Blanquette », pour me rappeler la « Gabardine » de mon père, sans oublier la « Béchamel » de Mère Saint-Fortunat, en passant par le « Réfectoire » et le « Dortoir » du couvent, le tout assaisonné de problèmes « d’Algèbre ». La morale de cette histoire? Je dirais que c’est avec des mots qu’on fait des histoires!

© Madeleine Genest Bouillé, 19 mai 2018

Ici, on parlait anglais!

Dans mon jeune temps, la plupart des gens ne parlaient que le français, je précise qu’il s’agissait du français de par chez nous! Avec le temps, il faut avouer que notre langage ressemblait de moins en moins à la langue parlée en France. Si nous avons gardé les accents des diverses régions d’où sont partis nos ancêtres, nous avons aussi intégré des expressions et des mots anglais qui nous ont été rapportés par les voyageurs autant que par ceux qui s’exilaient aux « États », comme on disait. Ces parents qu’on ne voyait pas souvent prenaient plaisir, quand ils revenaient au pays, à émailler leur français de mots anglais, qu’on répétait ensuite, fièrement, mais plus souvent qu’autrement, tout de travers! Comme on le sait, au fil des ans, l’anglais est devenu couramment utilisé dans les domaines commercial et industriel. Évidemment, pour les commerces qui s’adressaient à la clientèle touristique, il était important de s’afficher en anglais. À Deschambault, les touristes anglophones qui voyageaient de Québec à Montréal ou l’inverse, étaient très bien reçus! Ils pouvaient s’arrêter soit au Winterstage – l’ancien relais de poste, ou au Maple Leaf; cet hôtel annonçait qu’on pouvait y louer des « log-cabins » sur le bord du fleuve. Chaque été, ces petits chalets accueillaient régulièrement leur lot de touristes. Une de ces cabines est encore debout… si elle parlait, elle aurait certes beaucoup de choses à nous raconter!

« Log-cabin » de l’auberge Maple Leaf, près du fleuve à la hauteur du calvaire Naud (photo: J. Bouillé).

Plusieurs établissements aux noms bien français arboraient fièrement une affiche qui disait « Ici on parle anglais ». Notre petite localité était fort bien pourvue pour ce qui concerne les établissements hôteliers. Citons le Manoir du Boulevard et à l’entrée du village, l’Hôtel Deschambault – devenu l’Oasis Belle-Vie. L’Hôtel le Vieux Bardeau, qu’on appelait autrefois l’Hôtel Bellevue, a une longue histoire; cet endroit étant jadis très fréquenté en raison de sa proximité avec la traverse Deschambault-Lotbinière. Plus haut, dans le rang du même nom, l’Auberge de La Chevrotière, située en face de la gare du Canadien Pacifique, accueillait les voyageurs qui descendaient du train. À l’extrémité ouest de Deschambault, de l’autre côté du pont de la rivière La Chevrotière, M. Lauréat Paquet louait des cabines pour les touristes; il n’y a pas si longtemps, une clientèle régulière y venaient encore chaque été pour quelques jours ou quelques semaines.

Manoir du Boulevard, à l’est de Deschambault (ancienne carte postale, coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Hôtel Bellevue, maintenant Hôtel Au Vieux Bardeau, avec ses « cabines » (ancienne carte postale, coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Qu’il s’agisse des hôtels et des garages ou encore des petits magasins de souvenirs comme celui de M. Roland Goudreault, lequel était situé tout près de la voie ferrée, en bas du village, les touristes anglophones étaient servis en anglais! Dans ces étalages, en bordure du chemin, en plus des cartes postales représentant le plus souvent le Château Frontenac, on pouvait se procurer différents objets tels porte-clés, tasses et assiettes décorées, arborant pour la plupart l’étiquette « made in Japan ». Heureusement, les dames qui tenaient ces petits commerces, en profitaient pour vendre leurs propres travaux d’artisanat, catalognes, couvertures, tricots ou broderies; tous ces ouvrages étaient d’une qualité qui dépassait largement le coût demandé. On vendait en anglais… mais on vendait!

À la maison aussi, la langue anglaise s’est glissée tout doucement, sans faire de bruit… et s’est installée de la cave au grenier! La cuisine était équipée d’une « pantry » et d’un « sink »; et comme on était fier de notre « toaster » électrique! L’été on mettait des « screens » dans les fenêtres pour empêcher les mouches d’entrer; en hiver, cependant on remettait les châssis doubles. Quand on entrait dans la maison, on était accueilli par le sifflement du « boiler » sur le poêle. On gardait toujours du thé dans le « teapot » sur l’arrière du poêle; quand il arrivait quelqu’un du voisinage, on l’accueillait ainsi : Ben le bonjour!  Assisez-vous donc une minute… vous prendrez ben une tasse de thé, avec un petit « cookie », je viens juste de les sortir du four! Tout le monde connaissait depuis longtemps les « bines », mais personne n’aurait utilisé le terme de « fèves blanches au lard », non, ça n’aurait pas eu le même goût! De même, quand on servait un « rosbif », on y ajoutait du « grévé » c’était tellement meilleur ! L’anglais ne s’est pas invité qu’à la cuisine; indiscret, il est allé jusqu’aux « closets » où il a testé la chaîne pour « flusher ». Ensuite il est passé au salon où il s’est extasié sur le nouveau « chesterfield » ainsi que le beau « rug » qui recouvrait le plancher, sans oublier le « pick-up », avec sa pile de disques! Curieux, en sortant de la maison, il est allé voir dans la « shed »; j’aurais de la difficulté à nommer tous les outils, mais il y avait sûrement une « chainsaw », une « drill », un « jack » et combien d’autres.

L’endroit où notre cours d’anglais accéléré a eu le plus d’élèves assidus, c’est sans contredit dans le domaine de l’automobile! Du « bumper » jusqu’aux « tires », en passant par la « clutch », le « dash », le « windshield » – on disait « wind shire », le « steering » et les « sealbeams », et j’en passe… on s’est rendus aux nouvelles autos « power-break –power-steering », ça c’était du char!  Pour finir, on a appris qu’il nous manquait un « car-port » pour mettre notre auto à l’abri, l’hiver prochain. Parce que dans la « shed », y a pas de place! En terminant plus sérieusement, aujourd’hui, les enfants parlent, lisent et écrivent en anglais dès le cours primaire, mais cela ne les empêche aucunement de posséder un bon français. Il faut seulement leur en donner le goût!

© Madeleine Genest Bouillé, 8 avril 2018

Les enfants du temps de la guerre – 2e partie

Institut familial d’Amos, vers 1950 (© Archives S.A.S.V.).

Je vous disais donc que notre génération est celle qui selon moi a connu le plus de changements et ce, à tous les points de vue. J’ai abordé les sujets de la petite enfance, les études, la religion. Et voilà qu’en parlant des métiers pour les filles, je viens de m’apercevoir tout à coup que j’ai oublié de parler de l’Institut Familial! Ces écoles fréquentées par les filles après la 9e ou 10e année ont joué un grand rôle dans la formation professionnelle des jeunes filles, qui y apprenaient tout d’abord le métier de ménagère! Plusieurs parmi mes anciennes compagnes ont étudié dans un Institut Familial, qu’on appelait aussi École Ménagère; ces institutions étant dirigées par différentes communautés religieuses. Le cours intégral formait ce qu’on appelait alors des « instructrices du gouvernement »; et qu’on nomme maintenant diététiciennes ou nutritionnistes, ainsi que certains autres métiers alors uniquement réservés aux femmes. Vraiment, j’allais passer à côté d’un détail important, puisque les étudiantes y apprenaient avant tout à être de parfaites maîtresses de maison!

Magasin Paré à Deschambault, avec voiture à cheval…

Allons maintenant vers le quotidien des familles. J’ai écrit que nous devions marcher pour aller à l’école, les autobus scolaires n’existant pas encore, du moins, pas en milieu rural. Dans mon enfance, les autos étaient encore rares… il n’y en avait pas à toutes les portes. Quand on évoque un changement, en voici un qui est de taille!  En allant à l’école le matin, inévitablement, on rencontrait des voitures à cheval qui étaient stationnées un peu partout; celle du laitier, celle du boulanger. Un peu plus loin, c’était le boucher. Par contre, la modernité nous avait quand même rejoint, car on avait un service d’autobus : les Autobus Gauthier, dont le propriétaire était J.B.H. Gauthier, qui fut aussi maire de Deschambault. Nous étions très bien servis, étant donné qu’il y avait plusieurs départs pour Québec le matin, le midi et autant de retours le soir.

Compagnie d’autobus Gauthier.

Le téléphone était arrivé depuis quelques décennies; mais jusqu’en 1964, l’appareil consistait en une boite fixée au mur, munie d’une manivelle et d’un cornet acoustique, qu’on utilisait pour appeler le central, où l’opératrice donnait la communication avec le numéro désiré, bien entendu, quand la ligne n’était pas déjà occupée – ce qui arrivait souvent, étant donné qu’il y avait parfois huit ou dix abonnés sur la même ligne! Le téléphone « à cadran » fut sans contredit une innovation très bienvenue!

Nous nous éclairions à l’électricité depuis déjà un certain temps et nous avions aussi la radio, qu’on appelait LE radio. Pour nous chauffer, nous avions un poêle à bois, avec un four et un compartiment, le « boiler », dans lequel on gardait de l’eau chaude qu’on utilisait pour le bain, car nous n’avions pas de « tank » à eau chaude. On avait aussi plusieurs commodités qui fonctionnaient à l’électricité : le fer à repasser, la laveuse à « tordeurs », le petit poêle à deux ronds dont on se servait en été quand il faisait trop chaud pour allumer le poêle à bois, et enfin, nous avons eu un frigidaire!

Chez nous, on aimait la musique, de ce fait, en plus du piano, on avait un phonographe avec une manivelle qu’il fallait « crinquer », pour éviter que la musique ralentisse, sinon la chanson devenait méconnaissable. Vers le milieu des années 50, mon frère, qui avait commencé à naviguer, avait acheté un tourne-disque portatif qui jouait, en plus des « records 78 tours », des petits « 45 tours ». Qu’elles étaient belles, ces soirées d’été où on sortait le tourne-disque sur la galerie, avec une « rallonge » branchée dans la maison, et on écoutait les succès américains, dont évidemment ceux d’Elvis Presley et plusieurs autres chanteurs ce cette époque!

La télévision nous est arrivée en 1953 si ma mémoire qui n’aime pas les chiffres est exacte. Comme pour les autos, quelques dix ans auparavant, il n’y en avait pas dans tous les foyers! J’allais voir la télévision chez mes amies, Colette et Madeleine, surtout le mercredi soir, où l’on regardait La Famille Plouffe, qui était suivie de La Lutte au Forum; que nous regardions avec beaucoup d’intérêt; on avait même chacune notre lutteur préféré! Plus tard, quand on a eu chez nous un appareil, je n’ai plus jamais regardé la lutte! Parmi mes émissions préférées, en plus de La Famille Plouffe, il y avait Les belles histoires des pays d’en haut, Le Survenant, Cap-aux-Sorciers, et le dimanche soir, quand l’émission Les Beaux Dimanches était moins intéressante, nous regardions au canal de langue anglaise le Ed Sullivan Show. C’est lors de cette émission que nous avons vu Elvis Presley pour la première fois, en noir et blanc, évidemment. Mais quand même, c’est un souvenir inoubliable!

La télévision a chamboulé les habitudes des familles; désormais, les gens veillaient à la maison plus souvent, surtout les soirs où étaient présentées les émissions les plus populaires. En peu de temps, la « boîte à images », que mon oncle Jean-Paul désignait de son langage coloré « boîte à grimaces », s’est propagée dans tous les foyers. Je dois dire tout de même que la vie sociale n’a pas été vraiment perturbée par cette nouvelle distraction. Les fins de semaine, l’automne et l’hiver surtout, les diverses associations paroissiales organisaient des activités récréatives, qui servaient de levées de fonds. Il y avait les soirées de cartes qu’on appelait « Euchre » ou les soirées d’amateurs, lesquelles étaient très populaires. La salle était dotée d’un piano et ma tante Rollande était plus souvent qu’à son tour l’accompagnatrice désignée, tâche dont elle s’acquittait avec beaucoup d’oreille (car elle n’a jamais appris la musique) et surtout bénévolement, comme tout ce qui se faisait à l’époque. Ces soirées attiraient toujours une belle assistance. Deux soirées de bingo étaient tenues chaque année au profit de l’église. Pour Noël c’était le « Bingo aux dindes » et pour Pâques, le « Bingo aux jambons ». Si une chose n’a pas changé, c’est bien la vogue des bingos! Cependant, à cette époque, les coûts étaient plus modestes et les prix à gagner aussi! Chaque fois, la salle était pleine et les revenus, très intéressants. À Deschambault, nous avons une tradition de théâtre, qui remonte loin. Ainsi, chaque année, soit en hiver ou au printemps, une troupe présentait une pièce, tragédie ou comédie. Cette activité variait selon les disponibilités des acteurs et metteurs en scène, mais chaque fois, le théâtre faisait salle comble deux ou trois soirs.

À l’époque dont je parle, les loisirs, tant pour les jeunes que pour les adultes, étaient organisés par des bénévoles; en 1960 plusieurs de ces bénévoles déjà impliqués formèrent l’œuvre des Terrains de Jeux, communément appelée O.T.J. Chaque village avait son O.T.J, lequel gérait les loisirs sportifs, comme le hockey en hiver et la balle-molle en été. Puis nous est venue la mode du ballon-balai qui a eu beaucoup de vogue dans les années 60 et 70. Parlant d’O.T.J., je me dois d’évoquer le carnaval qui avait lieu chaque hiver, avec les duchesses, leur intendant et la fameuse soirée du couronnement. En 1955, la ville de Québec avait donné le ton et depuis, chaque village, si petit soit-il avait son carnaval. Après les Fêtes, quand retombait la frénésie de Noël et du Jour de l’An, on avait trouvé un bon moyen pour ne pas trouver l’hiver trop long!

Mais qui étaient donc tous ces bénévoles qui faisaient tourner la roue des activités récréatives et autres, et qui étaient à la tête des mouvements paroissiaux, qu’il s’agisse des Fermières, de l’O.T.J., de la Ligue du Sacré-Cœur, de la Société Saint-Jean-Baptiste  et des conseils de la Caisse Populaire? Parmi toutes ces personnes engagées dans leur milieu, on retrouvait une bonne majorité de ceux que j’ai nommés « les enfants du temps de la guerre »!

© Madeleine Genest Bouillé, 9 mars 2018.

Du temps de « Madame Chose »

Autrefois, il était d’usage pour les femmes mariées de porter le nom du mari.  Et pas juste le nom, le prénom aussi. Ma mère, Jeanne Petit, s’appelait donc Madame Julien Genest, et comme sa sœur Alice avait elle aussi épousé un Genest, pour les différencier, on disait Madame Julien et Madame Léo. Quand je me suis mariée, cette façon de faire était  encore en usage. J’étais née et j’avais grandi dans ce même village où nous demeurons encore; comme je travaillais « au téléphone » – même si on ne me voyait pas, on m’entendait –, la plupart des gens connaissaient mon nom. Et voilà, que du jour au lendemain, je devenais Madame Bouillé… pas Madame Zéphirin, ni Madame Louis-Joseph, non, Madame Jacques!

Papa et Maman, 1942 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

À cette époque, il y avait aussi une mode vraiment ridicule; les femmes s’adressaient à leur voisine, en l’appelant « Madame Chose »… en langage courant, ça donnait plutôt « Mame Chose ». On entendait ça couramment. Une fois, je ne sais plus quelle dame s’était adressée à ma mère en utilisant l’expression « Mame Chose »; ma mère avait répondu : « Genest, Madame Genest ».

Il n’y a pas longtemps, j’ai regardé la retransmission d’une des fameuses « Soirées du Bon Vieux Temps », qui était télédiffusées au canal 7, le poste de Sherbrooke. Ces soirées étaient animées par Louis Bilodeau. Je crois que tous les villages du Québec y sont passés. L’émission que j’ai visionnée présentait le village de Saint-Marc-des-Carrières. C’était en 1976, l’année où nos voisins fêtaient le 75e anniversaire de fondation de leur municipalité. J’ai revu des gens que je connaissais… plusieurs sont disparus; pensez donc, il y a quarante et un ans de ça! L’animateur présentait tout ce beau monde, en commençant par les notables, Monsieur le curé Beauchemin, Monsieur le Maire, Alcide Rochette, accompagné de son épouse, qui fut présentée ainsi : « Madame la Mairesse »! Elle n’avait pas besoin d’autre présentation. Puis ce fut le tour du président des Fêtes, Monsieur le Docteur Antoine B. Dussault, accompagné aussi de son épouse, Madame Docteur Dussault. Que dire de plus? Ensuite on présenta les musiciens, les danseurs et autres artistes. Madame Robert Légaré que je connaissais pour l’avoir souvent rencontrée au cours des soirées Lacordaire, a chanté une chanson à répondre de sa belle voix de soprano, qui était plutôt habituée aux  mélodies plus classiques. C’était quelqu’un Madame Légaré! Quel beau souvenir! Et que de belles dames, dans cette assemblée… toutes vêtues de robes longues et joliment coiffées. Mais pas un seul prénom à mettre sur les visages de toutes ces femmes… Dommage!

Comité historique du 75e anniversaire de St-Marc-des-Carrières (image du programme souvenir).

Un peu plus tôt cet automne, je vous ai parlé des maires qui ont jalonné l’histoire de notre municipalité. S’il fallait que j’essaie de nommer le prénom de chacune des épouses, je devrais chercher pas mal loin!  À commencer par le Sieur Paul Benoît, dont il n’est nulle part fait mention qu’il ait eu une épouse… et pourtant, il a quand même eu une belle descendance. Celle qui a eu la chance de porter son nom le plus longtemps fut certes l’épouse de notre maire Louis-Philippe Proulx. Marie-Louise Marcotte était une « demoiselle attardée », très connue par chez nous, quand elle convola avec M. Proulx, qui n’était pas non plus de la première jeunesse. Comme celui-ci ne survécut pas longtemps à son mariage, Marie-Louise reprit donc son nom… qu’on n’avait pas eu le temps d’oublier!

Louis-Philippe Proulx et son épouse, Marie-Louise, 1947 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Je n’ai pas très bien connu Madame J.B.H. Gauthier, mais je sais qu’elle s’appelait Marie-Ange. À ce qu’on m’a raconté, cette femme qui tenait sa maison et sa famille de main de maître (ou plutôt de maîtresse), me laisse croire qu’elle aurait mérité qu’on l’appelle par son prénom. Par contre, j’ai bien connu l’épouse du maire C.H. Johansen, Madame Simone. Dans mon premier livre, Grains de sel, grains de vie, j’ai parlé de cette femme admirable, qui était la mère de mes amies d’enfance, Colette et Madeleine, ainsi que de sept autres enfants. J’ai parlé de sa patience, de son accueil chaleureux. À la fin du texte qui lui est consacré, j’ai écrit : « Sans bruit, sans longs discours, tout simplement, vous avez pris votre place : ni devant, ni derrière votre « notable » de mari, mais à côté de lui, toujours. » Elle méritait son titre de « Madame la Mairesse », mais elle préférait qu’on l’appelle Madame Johansen, comme c’était encore la coutume.

Au cours des années soixante-dix, il a été décrété que les femmes mariées porteraient leur nom de baptême, évidemment, elles reprenaient aussi leur prénom. Dans les débuts de cette nouvelle loi, il arrivait parfois qu’on doive appeler deux fois les femmes qui attendaient leur tour dans une salle d’attente, soit chez le médecin ou chez le dentiste; il y avait tellement longtemps qu’on ne les avait pas appelées par leur nom!  Plusieurs dames ne se sentaient pas à l’aise d’utiliser leur nom de « jeune fille »  dans la vie courante; au téléphone surtout, elles continuaient de se nommer  du nom de leur mari.  Mais au moins,  le terme « Madame Chose » avait disparu!

© Madeleine Genest Bouillé (ou Madame Jacques…), 22 octobre 2017

L’âge de raison… et la raison de l’âge

Quand je commence à parler de « l’ancien temps », je l’avoue, j’en ai pour un bon bout de temps! Et j’utilise des mots et des expressions qui avaient cours à l’époque. C’est que, voyez-vous, l’un des plaisirs de vieillir, c’est d’avoir vécu plein de choses qui ne sont plus à la mode, de s’en souvenir et partant de là, de les raconter!

Dernièrement, je mentionnais justement devant quelques jeunes cette expression d’autrefois : « l’âge de raison ». Une expression qui est vraiment tombée en désuétude. Et pourtant pour les personnes de ma génération, avoir l’âge de raison, ça représentait une étape importante dans la vie.

L’âge de raison… dans les années 50 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Au temps d’hier, l’âge de raison était fixé à sept ans. Un enfant de sept ans allait à l’école et avait généralement les connaissances nécessaires pour faire sa première communion, étape importante, s’il en est. Bien entendu, la fillette ou le garçon qui allait sur ses sept ans entendait régulièrement des commentaires du genre : « Il faut que tu te montres raisonnable, tu auras sept ans bientôt. »  Alors forcément, dès que l’enfant avait atteint cet âge crucial, on lui répétait souvent : « Sois raisonnable! Tu as sept ans, tu es grande maintenant, laisse ce jouet à ta petite sœur. » Les remontrances étaient toujours plus sévères quand on atteignait ce fameux chiffre sept. Nous ne comprenions pas vraiment ce qu’il y avait de changé; nous n’avions pas grandi tout d’un coup! Notre figure était la même, quelle était donc cette chose invisible qui venait balayer notre insouciance et nous investissait de responsabilités dont on se serait bien passé? On venait d’avoir sept ans, c’était la seule raison!

L’âge de la majorité représentait quelque chose de semblable. Dans notre jeune temps, l’âge légal était à vingt et un ans. La veille encore, on était jeune, sans souci; on avait vingt ans, le bel âge, selon les poètes… On coulait des jours paisibles sous la tutelle des parents. Même si on avait déjà commencé à gagner notre pain quotidien, dans bien des familles, les parents géraient le salaire de la fille ou du garçon encore mineur. Et voilà qu’un beau matin, on avait vingt et un ans, on était maintenant majeur! On pouvait prendre des décisions importantes; on avait le droit de voter et on n’avait pas besoin de la permission des parents pour se marier, même si on n’exerçait ce droit qu’en cas d’absolue nécessité. Vint et un ans…c’était un chiffre magique!

La « majorité », 1962 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

À soixante-cinq ans, nous voilà admissibles aux prestations de la sécurité de la vieillesse! Quelle charmante expression! À la fin de la vie, tout comme au début, on est dépendant, on a donc besoin d’être gardé en sécurité. Pourtant on compte sur nous pour une foule de choses, comme garder nos tout-petits enfants, ou encore initier les plus grandes et les plus grands à la pâtisserie, au tricot ou à la menuiserie. Et comme plusieurs d’entre nous fréquentent encore l’église, on est au premier rang pour le service à l’autel, les lectures et la chorale. Encore une fois, la raison de l’âge est vraiment la bonne raison!

« Le cœur ne vieillit pas », comme le dit si bien la chanson. On ne voit pas le temps passer et on ne se sent pas vieillir. Mais il arrive un jour où, quand on se regarde dans le miroir, la personne qu’on aperçoit n’est plus la même que celle que nous voyions il y a vingt ou même seulement dix ans. On constate que la silhouette a changé; le poids n’est pas réparti de la même façon qu’avant… le dos s’arrondit, les vertèbres se tassent. « Non, mais c’est qui, celle-là? Depuis quand ai-je cette tête? J’avais le cou plus long, il me semble… » Et on s’étire le cou… en vain! On ne s’habitue pas à notre nouveau « look ».  Et ces rides qui racontent notre histoire encore mieux qu’on ne saurait le faire avec des mots! Qu’il s’agisse des petites rides joyeuses au coin des yeux ou de celles plus amères de chaque côté de la bouche, ou bien celles entre les sourcils et sur le front qui disent les contrariétés, l’inquiétude, la déception…

On a la figure comme une carte routière. On a fait du chemin et ça paraît. Il faut dire que la vie nous donne tellement de claques dans le dos, de coups de poing sur la tête et de coups de pied là où le dos perd son nom, ça finit par abimer une personne, tout ça! Et c’est ainsi qu’arrive réellement l’âge de raison…lorsque la raison ne peut rien contre l’âge.

Le « bel âge », 2014 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

L’essentiel, c’est de vivre chaque étape de la vie pleinement, sans s’attarder à regarder en arrière et en remerciant le ciel, ou qui vous voudrez, pour chaque nouvelle journée qui nous est accordée.

© Madeleine Genest Bouillé, 12 octobre 2017

Ces mots qui me faisaient rêver…

Quand j’étais petite fille, j’aimais écouter jaser les grandes personnes. D’une certaine façon, je dirais que c’était mon loisir préféré. Même si je ne comprenais pas toujours le sens de ce qu’elles disaient, je m’inventais ensuite des histoires et j’y mettais les mots que j’avais retenus… parce qu’ils me plaisaient. C’est ainsi que j’ai commencé à aimer les mots qui, dans mon imaginaire, devenaient des images. Parfois, quand je posais des questions relatives à ce que j’avais entendu et que je croyais comprendre, je m’apercevais que  j’étais « dans les patates » et cela me vexait, bien entendu!

Je vous raconte un souvenir dont je me rappelle comme si c’était hier. J’étais alors dans la maison de « ma gardienne », où il y avait fréquemment des gens que je ne connaissais pas, étant donné que le Central du téléphone était situé à cet endroit. Quelques personnes causaient; il était question que très bientôt, il y aurait « le service de nuit ». J’avais saisi seulement ces mots : « service de nuit ». J’étais un peu étonnée, croyant comprendre qu’il s’agissait de funérailles – qu’on appelait couramment « service » – qui auraient lieu le soir, comme la messe de minuit peut-être. C’était la première fois que j’entendais une chose semblable, mais avec les adultes, je savais que je pouvais m’attendre à n’importe quoi. Le lendemain, cette idée de « service de nuit » me trottait dans la tête et je me demandais bien où ça se passerait, et surtout si je pouvais y aller moi aussi… je voulais toujours aller partout! Alors, pendant le repas du midi, je me risquai à m’informer du fameux « service de nuit ». Je déclenchai un formidable éclat de rire! Je n’étais pas  contente du tout, oh que non! J’aurais voulu me cacher en dessous de la table. Finalement, quelqu’un eut la bonne idée de m’expliquer qu’il s’agissait pour la Compagnie de téléphone, d’offrir le « service de nuit », ce qui signifiait que l’opératrice devrait être disponible la nuit autant que le jour. Dans les faits, cela voulait surtout dire qu’il y aurait désormais une employée le jour et une autre qui prendrait la relève le soir jusqu’au matin. Non, on n’allait pas à un « service » et je n’étais invitée nulle part.  Je ne savais pas alors ce que l’avenir me réservait … mais plus tard au Central, j’ai fait le service de nuit autant que celui de jour et ce, pendant plusieurs années.

Une autre fois, j’entendis les grandes personnes parler de « coffre d’espérance ». Cette fois, on parlait du mariage prochain d’une parente. On s’extasiait sur son « coffre d’espérance » qui était bien rempli à ce qu’il semblait. J’écoutais attentivement… j’adorais entendre parler de mariage. Ce mot faisait naître dans mon imagination de belles robes blanches à traîne, des bouquets de fleurs, des gâteaux à trois ou quatre étages, décorés, comme on en voyait dans la Revue Populaire ou la Revue Moderne. Un enchantement! Que venait faire le « coffre d’espérance »? Je n’en avais aucune idée, mais je trouvais ça beau. Suite à cela, quand on me demandait ce que je voulais faire quand je serais grande, je répondais : « Je vais avoir un coffre d’espérance ».  Les adultes riaient évidemment… et je me demandais bien pourquoi.

Plus tard, j’ai su ce qu’était un « coffre d’espérance ».  Ce coffre, souvent en cèdre, que la jeune fille du temps passé remplissait de beau linge de maison, la plupart du temps cousu, tissé ou brodé de ses mains…dans l’espérance du jour où elle emménagerait avec un mari tout neuf, dans une maison bien à elle, pour y fonder une famille. Que d’espérance!  Et pas seulement dans le coffre!

N’est-ce pas que toute la vie est un « coffre d’espérance »? On y emmagasine nos rêves et nos espoirs au fil des ans.  Certains parmi eux ne sortiront jamais du coffre, comme ces belles serviettes d’invités qui n’ont jamais servi : elles étaient trop belles, ou pas assez pratiques. Par contre, on y retrouve encore des pièces du trousseau qui ont été maintes fois utilisées… comme leur propriétaire, elles ont du vécu!

Puissions-nous arriver à la fin de notre vie avec un coffre garni d’espérance.  Non pas des espoirs frivoles comme ces fragiles dentelles jaunies par le temps, mais des espérances solides qui nous suivent toute la vie, un peu comme ces couvertures inusables pliées soigneusement au fond du coffre et que nous transmettons à nos descendantes…

© Madeleine Genest Bouillé, 19 septembre 2017

Texte rédigé à partir de mon premier article publié dans ce blogue le 8 mars 2015

J’aimais les dimanches…

J’ai retrouvé les paroles d’une chanson de Félix Leclerc qui a pour titre Les dimanches. Je ne sais pas de quand date cette chanson. Certainement du temps où le dimanche était jour de repos, fait pour la messe, les visites, les promenades… et les fréquentations sérieuses!

« Ceux qui disent que les dimanches
Sont jours d’ennui, d’espoir qui flanche
N’ont donc jamais mal dans le dos
Pour n’avoir pas besoin de repos. »

J’aimais les dimanches, du temps où les commerces étaient fermés, sauf le Magasin Général, qui ouvrait une heure avant la messe et une heure après, pour accommoder les gens qui venaient de loin. On avait plaisir à s’endimancher. En été surtout, quelle joie c’était de porter une jolie robe, avec un chapeau assorti. Les mères de famille aussi s’endimanchaient, mais au retour de la messe, elles s’empressaient de remettre leur tablier, leur journée n’étant pas finie, loin de là! Les messieurs se distinguaient par leur bel habit « du dimanche », chapeau de feutre bien brossé et chaussures fraîchement cirées, sans oublier la cravate! Comme disait ma mère : « Un bon cheval porte son attelage : les hommes doivent endurer leur cravate, et les femmes leur chapeau! » Ces hommes qui toute la semaine étaient vêtus « d’overalls », avec sur la tête, une vieille casquette aplatie, avaient fière allure le dimanche, rasés de près, les cheveux lissés au « brylcream ». Le dimanche, tout le monde « se mettait sur son 36 »!

« Mais c’est dimanche que s’arrêtent
Ceux qui ont pain et amitié
Ceux qui n’ont rien regardent couler
Le son des cloches sur les toits. »

J’aimais les dimanches, c’était jour de famille, de parenté. Dans notre enfance, c’était dimanche que l’oncle Maurice nous arrivait dans la vieille guimbarde où s’entassaient six ou sept enfants, avec tante Yvette, toujours pimpante! Des années plus tard, les beaux dimanches nous rassemblaient, frères et sœur, avec chacun notre marmaille pour souper « chez grand-maman ». Ma mère craignait toujours de ne pas avoir assez de nourriture pour tout le monde, invariablement vers la fin du repas elle disait: « Allez-vous réchapper votre vie? » Quand  pour une raison ou une autre, on « sautait » un dimanche, maman téléphonait lundi ou mardi au plus tard, pour s’informer s’il y avait quelqu’un de malade…

« Mais c’est dimanche que Ti-Jean
Va voir Marie, sa souveraine
En complet bleu, c’est le seul temps
Qu’il tourne le dos à la semaine »

J’aimais les dimanches au temps de nos « fréquentations pour le bon motif », de préférence bien sûr, quand je ne travaillais pas. Que voulez-vous! Le Central du téléphone, ça fonctionnait jour et nuit, sept jours par semaine! Alors il arrivait que je doive être au poste, de jour ou de soir; mais j’avais le droit de recevoir mon prétendant! Ce jeune homme patient s’asseyait sur le divan, tandis que moi, sur ma chaise haute, face au standard téléphonique qu’on appelait « switchboard », je répondais aux clients, entre deux  compliments. J’avoue que ce n’était pas l’idéal pour se conter fleurette… mais c’était dimanche, journée à ne pas gaspiller!

« Mais c’est dimanche qu’on s’arrête
Comme dans le creux vert d’une baie
Et qu’on enlève son collier
Pour oublier qu’on est des bêtes »

J’aimais les dimanches du temps où les enfants étaient encore à la maison.  Ce n’était pas jour de ménage, ni de lavage, ni non plus de repassage. C’était encore moins jour d’épicerie, de boucherie, de pharmacie… Si on sortait, c’était pour aller voir la parenté ou pour se promener, tout bonnement! En été, au cours de nos balades, on s’arrêtait pour manger une crème glacée, petits et grands étaient contents! Les soirs d’hiver on regardait la télévision, c’était nos « Beaux Dimanches » à nous. Après souper, quand on avait de la visite, il nous arrivait de jouer tous ensemble à des jeux de cartes ou de société, tel le jeu de « pichenottes » ou le Crible… sans oublier la Correspondance!

Oui vraiment, j’aimais et j’aime encore  les dimanches!  Et comme je ne suis pas la seule à les aimer, il nous arrive de temps à autre en famille, de « s’arrêter pour le pain et l’amitié »,  alors,  je bénis ces moments de bonheur!

© Madeleine Genest Bouillé, 3 août 2017

À propos d’une chanson…

« Derrière les volets, de ma petite ville,
Des vieilles en bonnets, vivent tout doucement.
Et comme un chapelet, entre leurs mains dociles
Les mois et les saisons, s’égrènent lentement.
Quand l’Angelus du soir, troublera l’air tranquille
Elles se signeront, et sans faire de bruit
Elles enfermeront le silence et la nuit
Derrière les volets de ma petite ville. »

Rue de Deschambault (CARP).

Rue de Deschambault (CARP).

Derrière les volets : Quelle belle chanson! Maman la chantait et je l’écoutais comme on écoute une histoire. Parce que les paroles de cette chanson de Jean Lumière racontent vraiment la vie dans une petite ville… ou si vous aimez mieux, un village. De nos jours, les vieilles ont l’air plus jeunes, n’ayant plus de bonnets ni de fichu noir sur les épaules. J’ai aussi l’impression qu’avec la vie trépidante d’aujourd’hui, les mois et les saisons s’égrènent beaucoup plus vite. Elles sont tellement occupées, ces dames! Au clocher de notre vieille église, on ne sonne plus l’Angelus, et je trouve ça bien dommage.  Au moins, j’ai la chance d’avoir l’église de Lotbinière, en face de chez nous, juste de l’autre côté du fleuve, et parfois, le vent m’apporte le son de l’Angelus du midi.

1er couplet :
« Dans la petite rue, de ma petite ville,
De l’aurore à la nuit les volets des maisons,
Restent à demi clos et des vieilles tranquilles
Derrière ces volets depuis tant de saisons
Écoutent s’écouler des heures si pareilles
En tricotant leurs bas, ou disant leurs Aves.
Sans même se pencher, rien qu’en tendant l’oreille,
Elles savent le pas qui frappe le pavé. »

Élise Proulx-Thibodeau (coll. Madeleine Genest Bouillé).

Élise Proulx-Thibodeau (coll. Madeleine Genest Bouillé).

Certaines de nos « vieilles pas si vieilles » tricotent et cousent encore, et c’est tant mieux!  J’en connais qui font de très beaux ouvrages « de dames », comme on disait dans le temps. Chaque année, au marché aux puces, on retrouve des centres de table  crochetés, ou brodés, des lavettes de vaisselle presque trop jolies pour être utilisées comme telles.  On y trouve aussi des poignées pour les chaudrons, des essuie-mains assortis et des tabliers quasiment trop beaux pour être portés autrement que « pour la visite ». Je ne sais pas s’il y en a encore beaucoup qui égrènent des Aves en travaillant. Peut-être qu’elles regardent plutôt leurs émissions de télévision préférées, surtout les éternelles Histoires des Pays d’en haut, avec une Donalda vêtue comme les dames de la chanson qui se poursuit comme ceci :

«… Car depuis des années, on entend la laitière
Toujours à la même heure, arriver le matin.
Et Monsieur le Curé, sortir du presbytère
Tandis que dans la rue, s’ouvrent les magasins… »

Magasin Général Paré (CARP).

Magasin Général Paré (CARP).

Ah! le bon temps où le matin était salué par le bruit des sous tintant dans les bouteilles de lait vides, déposées près de la porte, et qui attendaient bien sagement d’être remplacées par des bouteilles pleines! Ensuite, c’était le boulanger qui faisait sa tournée; et le boucher, qui livrait aussi les blocs de glace qu’on plaçait dans la glacière. Toutes ces visites accompagnées  des « clac-cloc » des sabots des chevaux, attelés aux voitures des  multiples marchands. Dans ma lointaine enfance, quand je partais pour l’école, je me faisais toute petite sur le trottoir qui longeait la route où il y avait toujours un cheval  arrêté attendant son conducteur qui piquait une jasette ici et là… et moi qui avais peur des chevaux !

2e couplet :
« Et plus tard, quand lassée de gaspiller ma vie,
Je laisserai mon cœur écouter ma raison,
J’irai me reposer, sans regrets, sans envies,
Derrière les volets de ma vieille maison.
J’aurai beaucoup appris, ayant des cheveux blancs.
Je me dirai : la vie dépend de tant de choses
Qu’aux fautes du prochain, il faut être indulgent.
Avec moi, les enfants pourront tout se permettre,
Je serai faible et bonne avec les amoureux
Et je leur sourirai, le soir de ma fenêtre
Songeant au bon vieux temps où je faisais comme eux! »

Ce couplet est magnifique! Effectivement, « la vie dépend de tant de choses, qu’aux fautes du prochain, il faut être indulgent ».  On devrait répéter cela chaque jour, comme une oraison.

001Dernier refrain :
« Derrière les volets, de ma petite ville
Un jour je reviendrai vivre tout doucement.
Et je me souviendrai d’histoires puériles
Que je raconterai à mes petits-enfants.
Quand l’Angelus du soir troublera l’air tranquille
Je m’enfermerai seule, avec mes souvenirs.
Puis un jour doucement, me laisserai mourir
Derrière les volets, de ma petite ville. »

Que dire de plus? C’est vraiment une des chansons les mieux écrites que je connaisse… et je la sais par cœur!

© Madeleine Genest Bouillé, 6 octobre 201