Une page de mon agenda…

Dans mon agenda 2020, à la page du jeudi 12 mars, en avant-midi, j’ai écrit ceci : « Que c’est beau le verglas au soleil! » C’était la troisième journée que la nature comme par hasard, se parait de fleurs de cristal… ce fut la dernière. À 10 heures, je suis allée chez ma coiffeuse. Je ne savais pas alors que je n’y retournerais pas avant un bon bout de temps! Un peu plus tard, mon petit frère Roger est passé faire un tour. Qui nous aurait dit alors qu’on ne se reverrait que deux mois plus tard, entre deux portes, et seulement pour une « commission »!

Mais je continue de lire la page du 12 mars : « Comme il fait beau, ça sent le printemps! » Pâques n’est que le 12 avril, mais comme j’ai toujours hâte de décorer la maison à chaque fête, je décide donc d’aller fouiller dans mes boîtes étiquetées « Pâques ». J’y passe un certain temps quand voici tout à coup que mon fils aîné et sa fille nous arrivent : panne d’électricité à Portneuf! Évidemment, on les garde à souper, mais ils ne repartent pas tard – on est jeudi, demain ce n’est pas congé. À la télévision, on attire notre attention sur le nouveau virus appelé justement Coronavirus, qui est en train de contaminer toute la planète. On en avait bien entendu parler quelque peu, mais il semble que ce virus, devenu pandémie, est rendu chez nous, au Québec!

On s’inquiète quand même un peu, puis un peu plus… Et voilà qu’on annonce la fermeture des commerces, des différents services. Dans le courant de la soirée, on apprend que la Bibliothèque doit fermer ses portes, jusqu’au 30 mars au moins, peut-être plus. Ce fut évidemment pas mal plus long! Et notre souper-spaghetti qui devait avoir lieu le 21 mars?  Reporté… à on ne sait pas quand! Cette activité qui est notre principale levée de fonds et qui rassemble toujours une bonne centaine de convives va nous manquer.

Le soleil est couché, les arbres chargés de verglas n’attirent plus le regard. On n’y pense même plus. On est rivés devant la télé… on trouve ça quand même inquiétant. Et voici que le Premier Ministre M. Legault, dans un point de presse qui doit rejoindre le Québec en entier, annonce que toutes les églises seront fermées pour le culte. Plus de messes, ni de funérailles, encore moins de mariages et de baptêmes; jusqu’à quand? Personne ne le sait… On ne doit pas sortir de la maison sauf pour quelque chose d’important, et encore, on doit porter un masque. 

À la fin de la page, j’ai écrit : « À la télé on ne parle plus que de ça, le Coronavirus! On finit par avoir peur… Je n’aime pas ça du tout. Oui, j’ai peur pour mes enfants, mes petits-enfants. Je n’ai pas mangé grand’chose aujourd’hui, ça m’a coupé l’appétit! »

C’était la page du 12 mars de mon agenda 2020.

© Madeleine Genest Bouillé, 12 mars 2021

Le tablier de Maman

Notre mère, comme presque toutes les mamans de cette époque, portait toujours un tablier. Comme un uniforme, du matin jusqu’au soir,  maman endossait son tablier en s’habillant le matin et elle l’enlevait pour se coucher le soir. Ce survêtement d’une autre époque, était fait de coton uni ou imprimé, le plus souvent cousu par la personne qui le portait. Le tablier s’enfilait par-dessus la tête et il était muni de cordons qu’on attachait à la taille, par derrière. Très important, il y avait toujours une poche sur un côté, assez grande pour y déposer les sous pour le laitier, le boucher ou le marchand de fruits et légumes, et surtout un mouchoir, lequel servait souvent à sécher les larmes du plus jeune qui s’était fait «  bobo »  en jouant ou encore celles de la petite fille à qui on avait refusé de jouer avec les garçons, sous prétexte justement qu’elle n’était « qu’une fille », et pour ce grand garçon qui cachait ses larmes afin qu’on ne le traite pas de bébé – la maîtresse lui avait fait des remontrances car il avait de la difficulté en calcul et elle avait ajouté que si ça continuait, il devrait redoubler son année. Que de gros chagrins ont été consolés avec le mouchoir qui était dans la poche du tablier de maman! 

Maman cousait elle-même ses tabliers. C’est pourquoi ils étaient parfois assortis aux rideaux de la cuisine ou encore à la chemise de l’avant-dernier, quand ce n’était pas au pyjama du plus jeune. Le tablier devait être assez grand pour couvrir entièrement la robe de maman. Mais comme notre chère mère aimait la fantaisie, le tablier du dimanche était parfois bordé d’un rucher d’une couleur unie assortie à l’imprimé. C’était du plus bel effet! Il était indispensable d’avoir plusieurs tabliers étant donné qu’il arrivait parfois qu’il doive servir d’essuie-mains ou de poignée pour lever le couvercle du chaudron, quand il fallait brasser la soupe.  Il époussetait la table pour que les enfants y fassent leurs devoirs… Quand maman était trop pressée pour prendre un « vaisseau », comme elle disait pour désigner le plat ou le panier avec lequel elle cueillerait les fèves ou les radis, le tablier recevait les légumes sans en laisser tomber! Toujours présent, il séchait les pleurs causés par les oignons ou bien était-ce par autre chose?…

J’ai mentionné que maman avait un tablier «  du dimanche ».  Elle ne portait cependant ce tablier « numéro 1 » que lorsqu’elle attendait de la visite. Mais voilà! Parmi nos visiteurs du dimanche, la plupart ne s’annonçaient jamais avant de s’amener chez nous, maman n’avait alors pas le temps d’enlever son tablier de semaine! Vraiment, les seuls moments où elle enlevait ce couvre-tout, c’était quand elle allait à la messe ou quand elle  se rendait chez ses parents qui demeuraient dans la «  petite route ».  Sinon,  une ou deux fois par année, elle assistait à  une pièce de théâtre ou un concert de chorale;  ces sorties étant pour elle  de vrais congés!  Pour ces escapades, évidemment elle devait enlever le tablier. Quand il voyait maman dénouer le fameux tablier, mon petit frère le plus jeune, pleurait toutes les larmes de ses yeux! On aurait dit qu’il craignait que maman ne revienne pas. Il disait alors en pleurant : « Maman, ôte pas ton « titabi », peut-être voulait-il dire « ton tit-habit »? 

Dans les dernières années où maman assistait à la messe, nous avions un chien – un petit chien brun qui jappait fort comme tous les petits chiens; il s’appelait Bruno, c’était le deuxième du nom.  Quand il faisait beau en été, il allait reconduire maman à l’église; il l’attendait à la porte de la sacristie et il revenait avec elle, la suivant de près, quand il ne la précédait pas. Il comprenait sans doute que la randonnée était devenue ardue pour cette femme dont le cœur était bien fatigué. Maman a porté son tablier jusqu’aux jours où elle ne pouvait plus « tenir maison », et encore, il n’était pas loin… au cas où!

© Madeleine Genest Bouillé, 10 novembre 2020

Le temps qui passe

« C’est l’angoisse du temps qui passe qui nous fait tant parler du temps qu’il fait. » J’aime beaucoup cette phrase tirée d’un film de 2001 qui avait pour titre Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. Non mais vraiment, c’est fou ce qu’on en parle, du temps qu’il fait : « Il fait beau aujourd’hui, il faut en profiter! Il paraît que ça durera pas… Y a pas à dire, c’est l’automne! Pas déjà?… On est quand même rendus à la mi-septembre… Je suis en retard, pas encore sorti le linge d’automne; c’est ben terrible! »  Et on parle des automnes qu’on a connus, des plus beaux et des bien pires. Le temps qu’il fait, c’est le sujet idéal quand on rencontre quelqu’un et qu’on ne sait pas sur quel thème s’enligner. C’est aussi très utile quand on se cherche des points communs, et qu’on ne connaît pas beaucoup la personne avec qui on n’a pas le choix de jaser de chose et d’autres… politesse oblige!

Ah la température! Une chance qu’on l’a pour débuter ou remplir une conversation. Et en plus il y a ceux que ça intéresse pour vrai. Tenez, comme mon frère Florent, que ce sujet passionnait. Épris de basse et de haute pression atmosphérique, c’était un fervent de précipitations, un amoureux de stratus et de cumulo-nimbus!  Je m’ennuie de ces conversations avec ce frère qui n’avait à peine que onze mois et demi de plus que moi, mais qui savait tant de choses! Doté d’une mémoire exceptionnelle, il fallait l’entendre quand on rappelait des souvenirs de notre jeunesse et qu’il nous précisait le temps qu’il faisait. Par exemple cette fois où il y avait eu une tempête de neige à Pâques et où je n’avais pas pu étrenner mes souliers turquoises… ou encore ce Noël où justement sans le froid mordant, on aurait pu se rendre à la messe de Minuit en souliers, deux jours de pluie « à boire debout » ayant fait fondre toute la neige.

« Le temps qui passe »… il passe à une vitesse ahurissante et c’est angoissant, oui.  Quand j’étais petite, comme tous les enfants, je disais à tout propos : « J’ai hâte! » : hâte à Noël, à Pâques, aux vacances. Quelqu’un – un vieux de soixante ans – m’avait répondu une fois : « T’as donc ben hâte de vieillir! » J’étais restée sidérée. Mais voilà! On n’y peut rien, nos désirs, nos espoirs nous poussent en avant toujours. Remarquez, pour ceux qui ne sont jamais contents de rien, le temps passe quand même et aussi vite… sauf que c’est plus ennuyant.

Maintenant que j’ai atteint un âge respectable et j’ose le croire, une maturité certaine, je ne peux m’en empêcher, j’ai encore hâte. Hâte à tous ces événements qui jalonnent notre vie et celle de nos enfants tous majeurs et vaccinés! Sans parler des petits-enfants, dont les aînées qui ont déjà commencé à gagner leur pain quotidien… Oui ça va vite! Et même avec cette pandémie qui nous restreint les moments précieux où on rencontre les personnes qui nous sont si chères, j’ai quand même hâte. Avec des hauts et des bas, mais je n’y peux rien… j’ai hâte et j’espère. Et tant pis pour le temps qui passe, qu’au moins il soit bien rempli!

Mes frères Florent et Roger, et moi, vers 1955. La maison à l’arrière plan est celle de feu Jean-Yves Vézina

© Madeleine Genest Bouillé, 14 septembre 2020, à partir d’un texte de 2004.

Du temps où on se baignait au fleuve

Dans ma lointaine jeunesse, parmi nos loisirs d’été, la baignade au fleuve était certes l’amusement que nous préférions entre tous. Au village, il y avait des endroits précis où les baigneurs profitaient de l’incomparable cours d’eau qui borde le Chemin du Roy qui portait alors le nom de « route nationale 2 ». À Deschambault, cette route très fréquentée, ne quitte le bord du Saint-Laurent que dans les hauteurs du cap Lauzon, pour revenir longer la rive, dans le haut du village.

À l’époque dont je vous parle, si à marée basse certains endroits étaient assez sablonneux, devant le cap Lauzon par contre, de nombreuses roches de toutes dimensions décourageaient souvent les nageurs. Un escalier rudimentaire, situé un peu à l’ouest de l’escalier actuel, permettait de descendre sur la grève. Il fallait quand même connaître le fond de l’eau pour s’y baigner. Surtout qu’on avait à compter sur le fort  courant du Rapide Richelieu. Mais quand même, cet endroit avait ses adeptes, lesquels n’étaient pas peureux! Même aujourd’hui, malgré les consignes de sécurité et de salubrité, certains nageurs plus aventureux ne résistent pas à l’envie de « piquer une plonge » devant le cap!

Dans le temps, les gens du village avaient plutôt coutume d’aller se baigner en bas de la rue Saint-Joseph, qu’on appelait « la petite route ». C’était l’endroit le plus fréquenté. On y trouvait une plage de sable qui était plus ou moins spacieuse, dépendamment de la marée. La descente se faisait assez bien, à partir d’un petit sentier dans la côte en face de la maison des Delisle. Un des fils Delisle, Robert, qu’on appelait Tobert, était pêcheur et il avait installé des coffres à poisson, à mi-côte, lesquels profitaient de l’eau d’une source jaillissant à cet endroit; le poisson était donc toujours frais. Nous étions jeunes alors et Tobert nous intimidait… sans doute parce qu’il était plus âgé, mais surtout timide et pas jasant, sauf quand on lui parlait de pêche, alors là, il devenait volubile! Un jour de grand vent et de pluie torrentielle, cet homme qui passait la plus grande partie de sa vie sur le fleuve qu’il connaissait comme le fond de sa poche, disparut avec sa chaloupe… Quelques jours après, on l’a retrouvé noyé, ses grandes bottes remplies d’eau l’ayant retenu au fond du fleuve. C’était sans doute ce qu’il aurait souhaité pour son grand voyage.

Le quai de Deschambault, dans les années 50 (coll. Madeleine Genest Bouillé).

Mais revenons plutôt aux plaisirs que nous procurait notre « Saint-Laurent si grand, si grand », comme le disait une jolie chanson interprétée par Lucille Dumont en 1957.

Quand nous étions jeunes, notre endroit de prédilection pour la baignade était le petit bout de grève qu’on appelait « les trois roches ». Située juste en bas du champ où paissait jadis la vache de mon grand-père, à l’ouest du quai, notre plage à nous s’étalait au pied de la côte où s’élève depuis plus d’un siècle la maison de la famille Petit, maison qui est toujours habitée par ma tante Rollande, la dernière de la famille.

Sur ce bout de grève il y avait trois grosses roches, s’avançant à la queue leu leu dans le fleuve. L’une d’elles avait à peu près la forme d’un bateau. Avec les années, ces roches comme toutes les autres, ont été déplacées par les grosses marées et les glaces qui viennent s’échouer au printemps, mais elles sont toujours là. Les trois roches! Durant les vacances de papa, nous y faisions souvent un pique-nique après la baignade. Quels merveilleux moments! Sans contredit, les plus beaux de notre été! Quelques années plus tard, mes jeunes frères aidés de leurs amis, ont décidé de décorer ces rochers.  Aujourd’hui encore, on peut voir des restes de couleur et des écritures à demi-effacées, mais qu’importe, ce sont nos fresques à nous!

Roches peintes, près du quai de Deschambault, 1986.

En terminant, je vous emmène dans le haut du village, là où le fleuve longe la route de plus près; souvent après une grosse journée de travail, les gens d’autrefois avaient l’habitude de « faire une saucette » pour se rafraîchir. Quoi de plus facile! À cet endroit, on n’a qu’à traverser la route, la côte n’a jamais plus que quelques dizaines de pieds, et on est rendu!  De plus, ici le fleuve s’est permit une particularité; à marée basse, quelques ilots – qu’ici on appelle des « ilettes » – font surface et accueillent les différents oiseaux de mer qui prennent leurs vacances chez nous… « Mon Saint-Laurent si grand, si grand… tu es toujours aussi accueillant! »  Que dire de plus?

© Madeleine Genest Bouillé, 30 juillet 2020

Un voyage autour du monde… à Montréal

C’était en 1967. L’année du centenaire de la Confédération. Sous le thème de « Terre des Hommes », inspiré de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, du 28 avril au 27 octobre, l’Exposition universelle de Montréal a accueilli plus de cinquante millions de visiteurs de tous les coins du globe. Soixante pays participaient à  cet événement pour lequel on avait créé de toutes pièces un site fabuleux, fait de terre et d’eau. J’ai en mémoire la chanson thème composée par Stéphane Venne :

« Un jour, un jour, quand tu viendras
Nous t’en ferons voir de grands espaces
Un jour, un jour, quand tu viendras
Pour toi nous retiendrons le temps qui passe.
Nous te ferons la fête
Sur une île inventée
Sortie de notre tête,
Toute aux couleurs de l’été. »

Le pavillon de Trinidad et Tobago.

Dès les premières annonces de l’exposition, mon frère André et moi, avions décidé de prendre un passeport afin d’aller visiter ce lieu unique. On offrait des passeports, soit pour la saison, pour une semaine ou pour une journée. À l’époque, André naviguait, il était donc relativement facile de prendre des vacances, surtout qu’il était célibataire. De mon côté, j’attendais mon deuxième bébé pour le mois de mars…Pas de problème! Mon mari était d’accord pour me faire cadeau de ces vacances spéciales. Il fallait prévoir le gardiennage et tout ce qui allait avec, mais on s’arrangerait. Mon deuxième petit garçon, né le 19 mars, était un bon bébé en santé. Je n’avais donc aucune inquiétude pour mes petits gars qui étaient sous la garde de leur papa. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes! Nous avons donc pris nos passeports pour une semaine.

La pyramide inversée du Canada, Katimavik.

Nous avions prévu de faire notre voyage au cours de la semaine du 17 au 24 juillet. Il était entendu que nous allions demeurer chez notre grande sœur à Longueuil car nous devions visiter l’exposition ensemble. Nous étions escortés des deux garçons de ma sœur, âgés de 7 et presque 9 ans; comme ils n’en étaient pas à leur première visite, ils étaient déjà de très bons guides, sachant repérer les pavillons où il y avait une file moins longue. Nous avions fait le projet de visiter le plus grand nombre de pavillons chaque jour, même si parfois il y avait une file d’attente de plusieurs heures. En plus des soixante pays exposants, il y avait plusieurs pavillons thématiques, tels « L’Homme dans la Cité »,  « L’Homme et la Mer », « L’Homme à l’œuvre », et « L’Homme interroge l’univers ». Les concepteurs du site avaient doublé la superficie de l’Île Sainte-Hélène et on en avait ajouté une toute nouvelle, l’Ile Notre-Dame. Pour faciliter les déplacements sur le site, il y avait deux mini-rails,  le jaune et le bleu, la Balade et le Vaporetto, car plusieurs canaux reliaient les îles entre elles. Tout était nouveau; on passait d’un pays à l’autre en quelques minutes; il y avait des gens de partout. On entendait parler toutes les langues… « Terre des Hommes », c’était un univers où tous les visiteurs se côtoyaient dans un même but : faire connaissance avec le Monde!

Pour ce qui est de l’édification des pavillons, on avait le loisir d’admirer toutes les formes d’architecture.  Les Etats-Unis en mettaient plein la vue avec la grosse boule du concepteur Buckminster Fuller, laquelle était traversée par un mini-rail.  Le Canada n’était pas en reste avec la pyramide inversée « Katimavik ».  Le Québec présentait une forêt stylisée de conifères. Certains pays offraient plutôt des constructions typiques comme le pavillon de l’Iran avec ses murs incrustés de mosaïque bleue, une merveille!

La Thaïlande  avec sa pagode dorée, nous transportait dans un autre monde. Pour l’originalité, j’ai retenu entre autres, le Pavillon des Provinces de l’Ouest, qui avait la forme d’une souche géante.

Il y avait de la musique partout, aussi différente selon qu’on abordait un pavillon ou un autre. Comme exemple, près du pavillon de Trinidad et Tobago, on pouvait entendre un « Steel Band » dans le plus pur style antillais. Ailleurs une chorale chantait des airs tyroliens… C’était vraiment la fête! Une fête comme on n’en avait jamais vu de semblable!

Il y a de cela cinquante-trois ans! Si je vous dis que j’ai mangé ma première pizza et mon premier sous-marin à l’Expo 67, ça signifie que cette expérience est très lointaine, n’est-ce pas? Lointaine certes, mais inoubliable! C’était plus qu’une exposition. Montréal accueillait le Monde et le Monde découvrait Montréal, le Québec, le Canada. Vraiment un de mes plus beaux souvenirs!

© Madeleine Genest Bouillé, juillet 2015 – juillet 2020

Chanson d’hier… souvenirs de toujours

Vous rappelez-vous cette chanson qu’on chantait dans notre jeunesse? Ou si vous êtes plus jeune, peut-être l’avez-vous entendue chanter par votre mère, ou votre grand-mère?   Au couvent, quand venaient les beaux jours, on sortait pour la récréation et on chantait des airs à la mode ou parfois, des refrains de La Bonne chanson, telle celle-ci qui s’appelle Nos souvenirs.  Le premier couplet nous rappelle que « Les souvenirs de nos vingt ans, sont de jolis papillons blancs… qui nous apportent sur leurs ailes, du passé, de tendres nouvelles… »  On avait hâte d’avoir vingt ans, ce bel âge! Vingt ans, c’était la liberté, presque l’âge adulte, peut-être aussi l’âge de rencontrer le prince charmant ou ce qui s’en approchait le plus, mais rien ne pressait; ce n’était après tout que vingt ans… On avait le temps. Et parlant de temps, quel temps faisait-il quand nous avions vingt ans? Le ciel n’était quand même pas toujours bleu.  Mais dans notre mémoire, il est rare que la température vienne brouiller les images qui surgissent.  Parmi ces souvenirs heureux, le soleil brille tous les jours. J’écris ceci et je revois ma petite robe rose à pois blancs… mes souliers turquoise dont j’étais si fière. Souvenir lointain s’il en est! Dans la chanson, on dit de ces papillons blancs : « Ils repartent, vont faire un tour, mais ils nous reviennent toujours! »  Heureusement! Car cette année, tout va un peu de travers avec la pandémie et tout ce qui l’entoure : le confinement, les interdictions de rassemblements, pas de pique-niques, pas de feu de joie… que sera notre été? Y aura-t-il des papillons blancs?

Je saute ensuite au troisième couplet; car selon moi, il aurait dû passer avant le deuxième.  « Les souvenirs de nos soucis, sont de vilains papillons gris… On a beau leur donner la chasse, à nous peiner ils sont tenaces ». On n’y peut rien, on a tous des papillons gris dans le tiroir aux souvenirs. Des moments désagréables que notre mémoire persiste à se rappeler. Des sorties ratées parce qu’il fallait bien travailler. Des paroles échappées, qui ont fait mal à quelqu’un qui ne le méritait pas… Des gros chagrins qu’on se souvient, mais dont on a oublié la cause. Et quoi encore? Avec les années, le départ des personnes qu’on aime. On se dit toujours qu’on aurait pu faire plus ou mieux. « Les souvenirs de nos soucis, sont de vilains papillons gris! »

Et je reviens au deuxième couplet : « Les souvenirs des jours heureux, sont de jolis papillons bleus… notre cerveau les accapare, car ils sont infiniment rares! » Les papillons bleus, ce sont les belles surprises qui jalonnent notre route : les fêtes mémorables, les rencontres inoubliables, les beaux voyages. On en garde les photos, on en garde surtout le souvenir. « Après un orage, un malheur, ils viennent égayer nos cœurs. Les souvenirs des jours heureux sont de jolis papillons bleus! »

Le quatrième couplet nous emmène vers ces tendres souvenirs dont on ne se lasse pas. « Les souvenirs de nos amours, sont des papillons de velours, qui par une tactique habile, en nous ont élu domicile ».  Ils ne sont jamais loin ces papillons de velours; hiver comme été, par un matin ensoleillé aussi bien qu’au clair de lune, entre les pages d’un roman ou dans l’arôme d’un bouquet de lilas : « On les adore à l’infini, dans notre cœur ils ont leur nid. »  En regardant danser les draps sur la corde à linge, en coupant les légumes pour la soupe, en époussetant les touches du piano : do – mi- sol – do… les papillons de velours s’insinuent partout, aux moments les plus inattendus.  Comme quoi « Les souvenirs de nos amours sont des papillons de velours »!

© Madeleine Genest Bouillé,  3 juin 2020

C’était en mai 1984

Comme je l’ai laissé entendre dernièrement, j’ai décidé de m’offrir un 4e livre. Évidemment, avec ce qui se passe actuellement, je ne sais pas quand je pourrai réaliser ce projet. Mais j’ai vraiment hâte!

J’ai fouillé dans mes vieux Phares (le mensuel d’information communautaire de Deschambault); étant donné que je les ai tous conservés, de 1978 à 2005 inclusivement. J’ai relu mes trois premiers livres aussi… C’est comme un vieux film qu’on n’a pas vu depuis longtemps. Il y a des bouts dont on ne se rappelle plus…

D’autres avec lesquels on est plus ou moins d’accord, on se dit : « J’ai écrit ça, moi? » Quoi qu’il en soit,  je dirais que c’est un voyage dans le temps. Un voyage nécessaire, un peu comme un grand ménage, si vous voyez ce que je veux dire.

J’ai choisi un « grain de sel » de mai, alors qu’on préparait l’anniversaire d’une association qui a eu beaucoup d’importance chez nous. Voici donc, l’éditorial du Phare de mai 1984 (ça fait juste 36 ans!). Le titre était :

Victoria, Élizabeth… ou Dollard?

Cette année, le 20 mai, on fête le 40e anniversaire de la Société Saint-Jean-Baptiste à Deschambault. Au cours de mes années d’études au couvent, je me souviens que la SSJB était l’organisme qui, entre autres choses, décernait les prix de fin d’année aux élèves méritants en français, diction, histoire. C’était encore cette association patriotique et culturelle qui organisait les fameux débats d’Histoire du Canada, débats au cours desquels s’affrontaient les élèves de la classe des « grandes » (l’Académie) du Couvent, contre les « grands » de l’école du village. C’était les gars contre les filles!  Comme on ne se rencontrait pas souvent, cela ajoutait de l’intérêt à la chose. Comme le temps passe: dire qu’il fut un temps où je pouvais réciter par cœur toute la liste des intendants de la Nouvelle-France, et avec les dates, s’il vous plaît!  Il faut croire que nous étions bien motivées.

La Société Saint-Jean-Baptiste, ce fut aussi au début des années 50, le Congrès de la Langue Française, qui donna lieu au couvent à une grande fête. Je me souviens que nous avions chanté Le Baiser de la Langue Française, une chanson qu’on retrouve dans les cahiers de l’Abbé Gadbois. Le personnage qui représentait la Langue Française était joué par une élève, la meilleure en français, il va sans dire. Elle trônait sur la scène, drapée dans les plis d’une tunique vaguement  grecque, alors que nous, ses humbles sujets, l’écoutions nous chanter : « Fière Jeunesse aux grâces conquérantes… je vous souris sous des cieux immortels… »  Nous reprenions le refrain : « Ô tes baisers, langue de poésie, sont enivrants de saveur, d’idéal… »  Saint-Ciel que c’était beau! On s’émouvait pour de bien belles choses dans le temps.

Mais la Société Saint-Jean-Baptiste, c’était surtout la fête de Dollard des Ormeaux, le 24 mai. Il n’y avait pas de congé, ce jour n’étant pas férié. Cependant, au couvent, on soulignait la fête pendant les cours. Belle occasion de stimuler notre patriotisme. On rappelait l’époque glorieuse – mais combien périlleuse – de Dollard et ses compagnons  au Long-Sault. On chantait Ô Canada, respectueusement et impeccablement, et nos voix vibraient d’accents patriotiques en chantant L’Hymne à Dollard : « Quitte à jamais l’immortelle tranchée… Reviens Dollard combattre jusqu’au bout. »

Ce combat de Dollard et de ses seize braves représentait pour nous l’incessant combat pour maintenir « notre langue, notre religion, nos droits ». Nos professeurs, aussi bien l’instituteur des garçons, qui était alors M. Côme Houde, que les religieuses du couvent, faisaient leur possible pour nous inculquer des notions de patriotisme. Il n’était pas question de fêter la reine, nous étions alors sous le règne de Georges VI. Ce fut plus tard que la reine Élizabeth instaura la Fête de la Reine Victoria, qui a lieu le troisième lundi de mai.

« Que reste-t-il de tout cela, dites-le-moi… »  Aujourd’hui pour la majorité des gens, ce qui compte c’est le congé. Peu importe qui on fête, l’important c’est la belle fin de semaine de trois jours, celle où souvent, quand la température le permet, on prépare le chalet, ou le terrain pour le jardin, le parterre. Ici, à Deschambault, on sait que nous fêterons le 20 mai l’anniversaire de fondation d’une association qui a fait beaucoup chez -nous depuis 40 ans, pour la culture et le patrimoine. C’est un événement paroissial à ne pas manquer.

© Madeleine Genest Bouillé, 22 mai 2020, à partir d’un article de mai 1984.

Ma mère disait toujours…

« Quand tu te lèves le matin, que tu as un tas de choses à faire, à ne plus savoir par quel bout commencer, assieds-toi, prends le temps de déjeuner et après, attelle-toi pour faire la soupe du dîner. Le temps de préparer ce qu’il faut, de couper les légumes, d’ajouter les assaisonnements, les idées vont se placer dans ta tête et le programme de ta journée va s’écrire tout seul! Évidemment, il peut arriver des contretemps, ça fait partie de  l’histoire, il faut s’arranger avec. » Ma mère était une femme sage!

Bien que n’ayant pas connu nos outils modernes de communication, sauf le téléphone, qui n’était pas encore intelligent, Jeanne Petit, ma mère était une femme cultivée.  L’écriture et la lecture, ça faisait partie de sa vie, autant que la soupe! Dans le temps où mon père travaillait à Montréal, ils s’écrivaient chaque semaine ou presque – mon père écrivait aussi très bien. Pour ce qui était de la lecture, c’était le sport favori de ma chère mère. Quand on allait la voir, elle demandait toujours : « Qu’est-ce que tu lis de ce temps-ci? »

Lors de notre 30e anniversaire de mariage à l’été 1994, deux ans avant que maman nous quitte…

Ma mère avait des recettes pour tout, pas seulement pour cuisiner. D’ailleurs, après son départ, on s’est aperçu qu’elle n’avait pas de vrais livres de recettes. Elle en avait déjà eus et elle les avait prêtés ou donnés. J’ai encore deux ou trois de ces petits livrets provenant de compagnies de produits alimentaires, qui me viennent de maman. Mais quand même, maman avait des recettes, beaucoup! On a trouvé des coupures de journaux et des bouts de papier sur lesquels étaient notées des recettes de cuisine On en a découvert un peu partout; dans les pages des romans qu’elle relisait régulièrement et qui, pour cette raison, demeuraient en permanence sur la petite table près de sa chaise berçante. On en a trouvé aussi dans les tiroirs de la machine à coudre – l’instrument que ma mère aimait le plus. Elle a fonctionné cette machine! Pas croyable! Parfois même jusque tard dans la nuit. Il y avait toujours quelque chose sur le « moulin », vêtement à raccommoder ou à terminer, ou une housse de coussin, ma mère aimait les beaux coussins. Ceux qu’elle fabriquait étaient des œuvres d’art!

Dans la vieille maison de pierre, l’embrasure des fenêtres était aussi un endroit où se ramassaient les revues et journaux que maman n’avait pas encore eu le temps de découper. Certaines fenêtres étaient dévolues pour la paperasse tandis que d’autres, mieux exposées au soleil recevaient les plantes en pot. D’autres encore servaient pour différents usages, telle la fenêtre de la « chambre à l’ouest », laquelle héritait des bananes trop vertes… Elles mûrissaient en paix, entre le beau panier à ouvrage que maman n’a jamais utilisé – il était trop beau – et le sac dans lequel elle conservait les exemplaires du « bulletin paroissial ».  Aujourd’hui, je regrette de ne pas avoir gardés ces feuillets, c’était une partie de l’histoire de Deschambault, car à cette époque, rares étaient les activités qui n’étaient pas publiées sur le semainier. Jusqu’au jour où on a fondé notre mensuel Le Phare en 1978.

Ma mère et mon père (été 1955).

Évidemment, maman a gardé aussi tous les Phares, qu’elle a lus et relus souvent, jusqu’à l’été 1996, où après une semaine à l’hôpital, aux soins palliatifs, son cœur malade depuis plusieurs années a décidé qu’elle avait assez lu, assez cousu… et que les bananes pouvaient aussi bien mûrir dans la cuisine que dans la « chambre à l’ouest ». On venait de fêter son 87e anniversaire à la maison où elle demeurait toujours; elle avait salué tout son monde, assise pour l’occasion dans sa berçante contre le poêle, car depuis quelques semaines, elle était plus souvent qu’autrement alitée. Je m’en rappelle comme si c’était hier…

Qu’aurait dit Jeanne de la pandémie qui bouleverse le monde entier aujourd’hui? Cette méchante bête invisible et silencieuse qu’on appelle Coronavirus l’aurait tellement inquiétée! Elle aurait eu peur pour tous les membres de sa famille. Elle n’aurait pas admis la façon dont beaucoup de personnes âgées ont été traitées – ces personnes qu’elle aurait désignées ainsi : « les vieux », parce que pour elle, le mot « vieux » ce n’était pas une insulte, simplement une vérité. Telle que je connaissais ma mère, elle aurait été vraiment choquée. Mais voilà! À l’époque où elle a vécu, elle a connu dans son enfance la première grande guerre, plus tard, alors qu’elle était jeune mère de famille, elle a vécu la « crise », suivie de la deuxième guerre, celle de 1939-1945. Si aujourd’hui on magasine ce dont on a besoin pour composer nos menus, ma mère a plus souvent qu’autrement composé ses menus avec ce qu’elle trouvait dans ses armoires. Comme on dit : « Autre temps, autres mœurs! ».

© Madeleine Genest Bouillé, 8 mai 2020

Doux printemps, quand reviendras-tu?

Avez-vous déjà chanté ça? « Doux printemps quand reviendras-tu? Faire pousser les feuilles, faire pousser les feuilles… » Si je me souviens bien, ça finissait par : « mettre du soleil partout. »  Pas chaud, ce début de printemps de l’année 2020! Il hésite, ne sait pas   quel bord prendre… et quand il croit faire de son mieux, il s’accompagne d’un vilain vent de nordet. Ma mère, qui avait des boutades pour toutes les occasions, disait: « Le vent de nordet, de n’importe quel côté qu’il vienne, il est toujours froid. » Le vent de nordet, parlons-en! Tout d’abord il ne vient pas vraiment du nord-est, il vient du fleuve et il apporte toujours de l’humidité.  Forcément, plus on est proche du fleuve, plus on se ressent de ses sautes d’humeur.

Malgré le confinement, je dois dire que mon époux et moi, nous sommes chanceux! En face de chez nous, de l’autre côté du chemin, un escalier mène sur la galerie du petit chalet dont je vous avais déjà parlé dans un Grain de sel précédent. Ce chalet construit sur un petit plateau à quelques pieds du fleuve, a jadis appartenu à monsieur Henry Bouillé, et plus tard à sa famille. Il a dû être rafistolé plusieurs fois – le chalet, pas monsieur Bouillé. Quel bonhomme sympathique c’était! Il semblait toujours de bonne humeur. Je me souviens quand il venait payer le compte du téléphone dans les premières années où je travaillais au Central. Oh! que c’est loin ça! Je reviens au chalet… en été parfois, après un souper en famille, il nous arrive de descendre sur la grève pour finir la journée avec un beau feu. J’écris ceci et c’est comme un rêve… Évidemment, je ne peux m’en empêcher, ça met de la brume dans mes lunettes. Et je me demande ce que nous réserve cet été?

Le mois d’avril, bien que froid, s’est débarrassé assez tôt de sa vieille neige toute sale. Ce qui nous a permis de descendre près du fleuve. Quand le nordet est trop violent, on s’installe sur le côté ouest de la galerie, où on est très bien, avec la présence des outardes et autres oiseaux de mer qui jacassent tout près, au bord de l’eau.  Évidemment, nos soupers en famille nous manquent. Vous dire à quel point? Pas possible! Heureusement qu’on s’en va vers le vrai printemps. Quand les enfants et petits-enfants viendront nous voir, nous sortirons sur la galerie et les visiteurs se tiendront dans le parterre, distanciation oblige! Ce sera un peu comme si on jouait une pièce de théâtre… sauf que les spectateurs seront sur la scène, tandis que les acteurs évolueront dans le parterre. On sera ensemble, c’est tout ce qui compte!

« Doux printemps, quand reviendras-tu? » … Bientôt, on l’espère. Tu peux être certain qu’on sera là pour t’accueillir. On ne t’aura jamais autant aimé que cette année. J’ai déjà sorti des vêtements légers, au cas où… Le muguet est tout près de pointer son nez frileux près de la maison, du côté est. Les crocus achèvent… les jacinthes s’en viennent. Près des lilas, en haut de la côte, il y a des pousses d’ail des bois, les plants de rhubarbe sont timides… manque de soleil? La pluie des derniers jours a mis du vert un peu partout; c’est déjà plus joli. Doux printemps, nous t’espérons et nous te promettons de faire attention à tout ce que tu nous offriras, parce que ça s’appelle la Vie!

 © Madeleine Genest Bouillé, 1er mai 2020

La Résurrection… une farce ou une histoire pour épater les enfants? (2020)

Je m’ennuie de nos beaux chants du temps pascal… Cette année, le dimanche de Pâques ne sera qu’un jour comme les autres, tout comme l’ont été les Jours Saints. C’est triste. Je fredonne pour moi toute seule ces chants qui marquent le temps pascal. Des hymnes glorieux, entre autres : Pâques, printemps de Dieu, Il est ressuscité, et combien d’autres, sans oublier le magnifique Canticorum Jubilo. Il y en a un qu’on chante le dimanche après Pâques, et dont j’aime beaucoup les paroles. Le titre est Nous croyons en Toi, le Ressuscité.  Les paroles sont écrites comme une entrevue avec les différentes personnes ayant assisté aux apparitions du Christ après sa sortie du tombeau.

La Résurrection est l’événement le plus important dans toute l’histoire de Jésus. Selon moi, ce n’est ni une farce, ni une histoire pour les enfants. J’aimerais être assez convaincante, pour que vous, qui me lisez, soyez tentés de dire : « Et si c’était vrai… pourquoi pas? » Je suis une optimiste avec cependant des hauts et des bas. C’est sans doute ce qui explique que j’ai besoin de croire que la vie n’est pas juste un passage avec rien après. J’aime les beaux miracles. Et le plus beau parmi les beaux, n’est-ce pas justement la Résurrection?

Dans le premier couplet, on rencontre Marie, pas la mère de Jésus, l’autre, qu’on appelle habituellement Marie-Madeleine. L’auteur l’interpelle ainsi : « Dis-moi, Marie, ce que tu as vu. Le jardinier, cet inconnu, entendant ton nom, tu l’as reconnu. C’était bien l’ami, c’était bien Jésus? » … Il parle ensuite à Thomas, vous vous rappelez, celui qui ne croyait pas s’il n’avait pas touché du doigt, un sceptique, s’il en est!  Il lui dit : « Dis-moi Thomas, ce que tu as vu, toi, l’incroyant… La plaie de son cœur, tu l’as bien touchée? Tu l’as proclamé : Jésus! Seigneur! » … Un peu plus tard, rencontrant les gars d’Emmaüs, la mine abattue, il leur dit : « Dites, compagnons désespérés, il vous a rejoint cet étranger. Quand il a rompu le pain, vos cœurs brûlants vous ont révélé que c’était bien Jésus? » … Et finalement, comme un bon reporter, notre homme s’adresse au leader du groupe, en lui rappelant ce mauvais souvenir : « Dis-nous Simon,  tu l’as entendu te demander : Toi, m’aimes-tu? – Aujourd’hui, tu le redis : Tu sais bien Jésus  que je veux t’aimer. Jusqu’à la mort, je te suivrai. »

Il manque un bout à ce reportage. Le journaliste aurait pu conclure en disant ceci : « Selon les témoignages des personnes rencontrées, tout porte à croire que Jésus de Nazareth, après avoir été condamné, torturé et crucifié, est vraiment ressuscité, comme il l’avait prédit. Si quelqu’un parmi vous avait des détails supplémentaires concernant cet individu, vous êtes prié de communiquer avec L’Écho de Bethleem.  Cette histoire invraisemblable n’est certes pas terminée. »

© Madeleine Genest Bouillé, 11 avril 2020 (tiré d’un texte du 4 avril 2016)