Un voyage autour du monde… à Montréal

C’était en 1967. L’année du centenaire de la Confédération. Sous le thème de « Terre des Hommes », inspiré de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, du 28 avril au 27 octobre, l’Exposition universelle de Montréal a accueilli plus de cinquante millions de visiteurs de tous les coins du globe. Soixante pays participaient à  cet événement pour lequel on avait créé de toutes pièces un site fabuleux, fait de terre et d’eau. J’ai en mémoire la chanson thème composée par Stéphane Venne :

« Un jour, un jour, quand tu viendras
Nous t’en ferons voir de grands espaces
Un jour, un jour, quand tu viendras
Pour toi nous retiendrons le temps qui passe.
Nous te ferons la fête
Sur une île inventée
Sortie de notre tête,
Toute aux couleurs de l’été. »

Le pavillon de Trinidad et Tobago.

Dès les premières annonces de l’exposition, mon frère André et moi, avions décidé de prendre un passeport afin d’aller visiter ce lieu unique. On offrait des passeports, soit pour la saison, pour une semaine ou pour une journée. À l’époque, André naviguait, il était donc relativement facile de prendre des vacances, surtout qu’il était célibataire. De mon côté, j’attendais mon deuxième bébé pour le mois de mars…Pas de problème! Mon mari était d’accord pour me faire cadeau de ces vacances spéciales. Il fallait prévoir le gardiennage et tout ce qui allait avec, mais on s’arrangerait. Mon deuxième petit garçon, né le 19 mars, était un bon bébé en santé. Je n’avais donc aucune inquiétude pour mes petits gars qui étaient sous la garde de leur papa. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes! Nous avons donc pris nos passeports pour une semaine.

La pyramide inversée du Canada, Katimavik.

Nous avions prévu de faire notre voyage au cours de la semaine du 17 au 24 juillet. Il était entendu que nous allions demeurer chez notre grande sœur à Longueuil car nous devions visiter l’exposition ensemble. Nous étions escortés des deux garçons de ma sœur, âgés de 7 et presque 9 ans; comme ils n’en étaient pas à leur première visite, ils étaient déjà de très bons guides, sachant repérer les pavillons où il y avait une file moins longue. Nous avions fait le projet de visiter le plus grand nombre de pavillons chaque jour, même si parfois il y avait une file d’attente de plusieurs heures. En plus des soixante pays exposants, il y avait plusieurs pavillons thématiques, tels « L’Homme dans la Cité »,  « L’Homme et la Mer », « L’Homme à l’œuvre », et « L’Homme interroge l’univers ». Les concepteurs du site avaient doublé la superficie de l’Île Sainte-Hélène et on en avait ajouté une toute nouvelle, l’Ile Notre-Dame. Pour faciliter les déplacements sur le site, il y avait deux mini-rails,  le jaune et le bleu, la Balade et le Vaporetto, car plusieurs canaux reliaient les îles entre elles. Tout était nouveau; on passait d’un pays à l’autre en quelques minutes; il y avait des gens de partout. On entendait parler toutes les langues… « Terre des Hommes », c’était un univers où tous les visiteurs se côtoyaient dans un même but : faire connaissance avec le Monde!

Pour ce qui est de l’édification des pavillons, on avait le loisir d’admirer toutes les formes d’architecture.  Les Etats-Unis en mettaient plein la vue avec la grosse boule du concepteur Buckminster Fuller, laquelle était traversée par un mini-rail.  Le Canada n’était pas en reste avec la pyramide inversée « Katimavik ».  Le Québec présentait une forêt stylisée de conifères. Certains pays offraient plutôt des constructions typiques comme le pavillon de l’Iran avec ses murs incrustés de mosaïque bleue, une merveille!

La Thaïlande  avec sa pagode dorée, nous transportait dans un autre monde. Pour l’originalité, j’ai retenu entre autres, le Pavillon des Provinces de l’Ouest, qui avait la forme d’une souche géante.

Il y avait de la musique partout, aussi différente selon qu’on abordait un pavillon ou un autre. Comme exemple, près du pavillon de Trinidad et Tobago, on pouvait entendre un « Steel Band » dans le plus pur style antillais. Ailleurs une chorale chantait des airs tyroliens… C’était vraiment la fête! Une fête comme on n’en avait jamais vu de semblable!

Il y a de cela cinquante-trois ans! Si je vous dis que j’ai mangé ma première pizza et mon premier sous-marin à l’Expo 67, ça signifie que cette expérience est très lointaine, n’est-ce pas? Lointaine certes, mais inoubliable! C’était plus qu’une exposition. Montréal accueillait le Monde et le Monde découvrait Montréal, le Québec, le Canada. Vraiment un de mes plus beaux souvenirs!

© Madeleine Genest Bouillé, juillet 2015 – juillet 2020

Prendre le temps

Nous revenons d’un court voyage, mon mari et moi; avec l’âge, on préfère partir moins longtemps pour revenir moins fatigués. Comme dans la chanson popularisée par Alain Morisod, et qui a pour titre Prends le temps, je crois « qu’il faut prendre le temps, s’arrêter de temps en temps avant que la vie passe et que tout s’efface »… Je remarque surtout que nos escapades ressemblent de plus en plus à des pèlerinages. On retourne aux endroits qu’on a déjà visités, seuls ou avec mon frère Roger et son épouse Diane, qui nous a quittés l’an dernier. Quelques photos prises sur la promenade en bois qui longe la baie de Tadoussac me rappellent justement le voyage fait en 2010.

Diane et moi à Tadoussac en 2010.

Cette année, nous avions planifié un itinéraire assez simple, en y ajoutant toutefois quelques « traverses », pour le plaisir de la chose. Nous nous sommes d’abord rendus à Tadoussac, où on n’a pas le choix d’utiliser le traversier à l’embouchure du Saguenay, à moins de vouloir absolument se rallonger en faisant le tour par Chicoutimi, ce que, soit dit en passant, nous avons déjà fait! Cette année, malgré qu’il y ait trois bateaux à cet endroit, nous avons quand même attendu près de deux heures du côté de Baie Ste-Catherine. Du temps perdu? Pas vraiment, on peut sortir de l’auto, marcher un peu sur le bas-côté de la route. Et puis, comme le dit si bien la chanson : « On prend le temps, on écoute le vent… il nous dira que les rêves, bien trop tôt s’achèvent. »

Il y avait au moins sept ans que nous n’étions pas allés à Tadoussac. Les rues nous ont parues beaucoup plus escarpées… il nous a bien fallu admettre que ce sont plutôt nos jambes qui sont moins alertes! C’est le cas de dire qu’il est préférable de « prendre le temps ». Partant du stationnement de l’église, on descend vers la vieille petite chapelle dite « des Indiens », qui date de 1747. Il s’agit de la plus ancienne église en bois en Amérique du Nord. Avant de continuer, on admire encore une fois le majestueux Hôtel Tadoussac. Le premier hôtel érigé en 1864, étant devenu vétuste, a été démoli, puis reconstruit en 1942 par le président de la Canada Steamship Lines, William Coverdale. Nous voici enfin sur la promenade; on passe d’abord devant la bâtisse datant de 1942, qui est une réplique du premier poste de traite construit en 1600 par Pierre Chauvin de Tonnetuit. Ce poste était un lieu d’échanges entre Amérindiens et Européens. L’histoire nous raconte que William Coverdale a fait ériger cette bâtisse pour y exposer sa collection d’objets amérindiens. C’est un endroit très intéressant à visiter. Nous y étions venus pour la première fois en 1970 avec  nos trois garçons de cinq, trois et un an. Que de souvenirs! Mais malheureusement, pas de photos de ce voyage.

Les restaurants ne manquent pas à Tadoussac et il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses! Après souper, on ne tarde pas à rentrer pour se reposer de cette belle, mais épuisante journée. Le lendemain, après un solide déjeuner et une petite virée dans quelques boutiques, on est comme qui dirait, « d’équerre pour continuer ».  L’avant-midi, le temps d’attente à la traverse est pratiquement nul. Bien vite, nous revoici de l’autre côté du bras de mer, qui n’est plus le fleuve et pas encore le Saguenay. Je pensais aux gens qui habitaient cette région, autrefois, avant les traversiers modernes qu’aucun mauvais temps ou presque n’arrêtent, et je me disais combien ces gens devaient être patients! N’ayant pas d’autre choix que de vivre avec les contraintes que leur imposait Dame Nature, ils savaient certainement « prendre le temps ».  Et je suis persuadée qu’ils étaient heureux malgré tout dans leur si beau coin de pays!

Sans nous attarder, nous filons vers Saint-Siméon; la veille on nous a prévenus qu’il y avait un temps d’attente de deux heures pour la traverse. Ce village avec ses routes qui montent et qui descendent (encore!) est très beau! Nous avons eu le temps de l’apprécier.  Comme mon conducteur n’aime pas être en retard, il avait stationné l’auto dans le pied de la côte qui mène au quai. Donc, promenade de bas en haut et de haut en bas, pour revenir à l’auto. De loin, on voit venir notre traversier, le « Trans Saint-Laurent ». La première – et dernière – fois où nous avons effectué cette traversée, c’était le 30 juin 1964, lors de notre voyage de noces en Gaspésie! Eh oui! C’est que, voyez-vous, nous avons fait un voyage de noces « à rallonge ».  Mais pour le moment, la rive sud est loin quand même et il nous semble bien petit, notre bateau…. heureusement, quand il s’approche, il devient plus imposant. Il faut dire qu’il y en a des autos et des camions, de toutes dimensions, qui attendent… Il fait beau sur le quai de Saint-Siméon et le vent est bon! Quelle bonne idée nous avons eue de « prendre le temps et le garder longtemps »! Nous aurons une heure pour contempler le fleuve et son chapelet d’îles et de temps à autre, voir sauter ce qui nous semble être des bélugas. On rencontre un cargo, à côté duquel on trouve notre traversier bien petit! Vraiment « La vie est bien plus belle, quand on a le temps ». Et sur un bateau, quand on n’y est que passager, du temps, on en a tout plein!

Rivière-du-Loup! Sur la route 132, nous sommes en pays connu. Nous l’avons descendue et remontée plus d’une fois cette route. Pour aller en Gaspésie, ou seulement dans le Bas du fleuve. Nous commençons par repérer notre pied-à-terre et prendre un peu de repos. Ce ne sont pas les hôtels, motels et restaurants qui manquent dans cette partie de la ville.  Nous ne mourrons pas de faim! Après une bonne nuit, nous reprenons la route pour la dernière étape. Mais avant de quitter Rivière-du-Loup, nous voulons revoir la chute qui doit bien être toujours au même endroit. Décidément, ce voyage sera marqué par les routes en pentes, car pour trouver la chute en question, évidemment nous roulons sur plusieurs rues, qui montent, et montent, et qu’on finira bien par redescendre.  Enfin, nous voici au Parc de la Chute, situé au cœur du centre-ville. Les abords de cette chute d’une hauteur de 33 mètres, sont très bien aménagés, une ancienne centrale hydroélectrique rappelle que Rivière-du Loup, fut une des premières villes du Bas Saint-Laurent à produire de l’électricité.

Notre voyage tire à sa fin, mais je le redis: « Il faut prendre le temps… la vie est bien plus belle quand on a le temps ». Nous consultons le guide touristique de la région, des fois qu’on trouverait des lieux à visiter. Ce qui nous amène à délaisser la route 132 pour nous rendre dans les villages plus au sud. Saint-Philippe-de-Néri, Mont-Carmel… et voilà qu’on s’égare dans un rang, on ne sait plus où on est rendus; le chemin rétrécit, il n’est pas asphalté, quand tout à coup, on se retrouve sur le haut d’une montagne. Une immense croix est érigée sur un belvédère; il y a même des tables à pique-nique… et quelle vue! À couper le souffle! Nous sommes à Saint-Pacôme. De cette hauteur, on voit le village, avec l’église, les maisons, une rivière qui serpente, des fermes… puis le fleuve et la rive nord dans le lointain brumeux. Quel beau cadeau pour une fin de voyage! Par un heureux hasard, on se retrouve dans ce petit village, avec ses routes qui montent et qui descendent, qui a abrité il y a longtemps des gens de ma famille, du côté Petit. En effet, Rose Petit, la sœur de mon grand-père, avait épousé Élysée Morin, un citoyen de Saint-Pacôme. Dans cette paroisse, ils ont eu quatorze enfants. Ma mère me racontait qu’elle était allée à quelques reprise en visite chez sa tante Rose, où elle avait une cousine de son âge, prénommée Mary (les prénoms à l’anglaise étaient alors à la mode), laquelle un jour épousa Éloi Laurin, de Charlemagne. Parmi leurs nombreux enfants, ils eurent un garçon, Camille, qui devint psychiatre et plus tard, politicien. Camille Laurin, qui était issu d’une famille libérale, a fait partie des pionniers du Parti Québécois au côté de René Lévesque; on l’a surnommé le Père de la loi 101. Il est décédé en 1999.

« Il faut prendre le temps… car la vie est une fête, qui trop tôt s’arrête. » Après cet épisode inattendu, nous avons continué notre chemin sur la route 132. Nos voyages avec Diane et Roger avaient lieu la plupart du temps, à la fin de juillet ou au début d’août.  Alors, inévitablement, sur le chemin du retour, nous arrêtions dans les kiosques à légumes où nous achetions des épis de blé d’Inde. C’était devenu une tradition.  Alors, on ne pouvait pas passer à côté… nous avons donc acheté du blé d’Inde! Puis, nous avons décidé de passer sur le pont de Québec. Tout est bon pour allonger le chemin du retour…. encore une tradition! Je le redis : « la vie est bien plus belle, quand on prend le temps! »

© Madeleine Genest Bouillé, 17 août 2017

Un bracelet de coquillages…

photos jacmado 080806 234J’ai un bracelet fait de coquillages, collés sur des plaques de bois. C’est un bijou sans prétention, mais je l’aime beaucoup. Il me rappelle un voyage en Estrie avec mon petit frère Roger et son épouse Diane en 2010. J’avais acheté ce bijou au Marché de la gare de Sherbrooke. Il faut dire qu’en voyage, Diane et moi aimions particulièrement faire le tour des étalages de « souvenirs ». Je me souviens qu’au cours de ce périple dans les Cantons de l’Est, on avait fait presqu’autant de « millage » que lorsqu’on descend dans le Bas du Fleuve. C’est qu’il y en a des choses à voir! Des vieux moulins, des vignobles, des boutiques d’antiquités et plein d’autres endroits tous plus attirants les uns que les autres, sans oublier les arrêts gourmands, tels, celui « obligé » à la Crémerie Coaticook! Pour en revenir à mon bracelet, je le porte quand vient l’été, tout comme les autres bijoux achetés au cours de nos voyages en Gaspésie ou ailleurs, voyages que nous avons souvent faits ensemble.

Comme on dit, « on s’adonnait » bien pour voyager. On se rencontrait à l’avance pour consulter le Guide touristique de la région que nous désirions découvrir ou revoir. On choisissait les endroits où nous devions  passer la nuit, on ciblait les lieux à visiter; on faisait aussi une liste des choses à apporter. Quand on devait passer quelques jours au même endroit, on réservait un petit chalet avec cuisinette, où l’on pouvait faire notre déjeuner et, à l’occasion, cuisiner un souper avec des produits locaux. En prévision de ces agapes de vacances, Diane préparait consciencieusement les accessoires nécessaires; pour ce faire, elle avait une liste, longue comme d’ici à demain! Il y avait tout là-dessus, sans oublier surtout ses petites salières de voyage. Ah! Les petites salières! Je crois qu’elles l’ont suivie partout où elle est allée. C’est justement au cours d’un de nos derniers voyages que Diane a lancé l’idée que j’écrive l’histoire de nos voyages, mais racontée par les petites salières. Il y a de cela quatre ou cinq ans et, pardon Diane, je ne l’ai pas encore fait!

Vacances 2012 139On a sillonné les routes du Québec ensemble à plusieurs reprises, peut-être une quinzaine de fois. La Gaspésie, nous en avons fait le tour ensemble à l’endroit et à l’envers huit fois! Il y avait des incontournables : la visite des Jardins de Métis, un arrêt dans le petit village de Métis-sur-Mer,  pour faire une promenade à pied le long de la rue qui longe le fleuve, afin d’admirer les belles maisons d’été des écossais. On avait nos haltes routières préférées : celle du Bic, celle de Cap-Chat, où l’on découvre la forêt d’éoliennes, et la dernière, quand on fait le voyage à l’aller par le côté nord, celle de St-Maurice de l’Échourie. Nous faisions des pauses aussi à Mont Saint-Pierre, au phare de Cap-des-Rosiers, et quelquefois  tout simplement sur le bas-côté de la route, quand elle longe le bord de mer et qu’on disait : « Enfin! On est en Gaspésie… Ah! Que les vagues sont belles! »

2011-08-21 377Nous avons quelquefois fait l’aller en passant par la Vallée et sinon, c’était au retour. Mais que ce soit l’une ou l’autre option, nous arrêtions toujours à la halte du Lac Matapédia, où on en profitait pour se tremper les pieds. Pour varier, quelquefois, nous sommes revenus par la route du Parc de la Gaspésie; une belle route qui serpente entre d’imposantes montagnes, dont certaines, même en août, gardent un petit chapeau de neige. Une belle route quand même, empruntée surtout par les camionneurs. On y entre à New-Richmond et on en sort à Ste-Anne-des-Monts, où il convient d’arrêter dîner à la Poissonnerie du Quai, pour nous remettre de nos émotions! Sur le chemin du retour, il y avait là aussi un arrêt, quasi obligatoire : la boutique « M’sieu l’Agate » à Ste-Flavie. J’ai plusieurs petits souvenirs qui proviennent de cet endroit. À chaque arrêt, on y achetait aussi un pot d’herbes salées du bas du fleuve… Elles étaient sûrement meilleures, achetées en Gaspésie!

photos jacmado 270809 266Mais que ce soit par le nord ou par le sud, le tour de la Gaspésie nous mène à Percé. Et que voit-on tout à coup? Le Rocher Percé! Qu’on l’aborde par la route du Pic de l’Aurore ou par la Côte Surprise, c’est toujours un choc! Après tant de voyages dans cette région unique du Québec, je vous le confirme, on ne reste jamais indifférent à ce paysage  incomparable. Nous y voilà donc! On retrouve le petit chalet qu’on a réservé et on se repose d’abord un brin. Si la journée est encore jeune, que faisons-nous? Les hommes s’attardent un peu, tandis que nous commençons notre tournée des boutiques de souvenirs!  On convient de se rencontrer pas loin du quai, et on revient par la promenade (laquelle est maintenant pas mal amochée d’après ce que j’en sais). Avec quelle ardeur, Diane et moi, faisions la tournée des magasins! On achetait quelques petites choses ici et là : des bibelots en coquillages, des agates, en pendentif ou en bracelet; on ne va pas en Gaspésie sans revenir avec des agates! Ce voyage est devenu comme une sorte de pèlerinage. Parmi nos sites préférés, il y avait la visite de la grotte où depuis je ne sais combien d’années, deux statues, La Vierge Marie et Bernadette Soubirous, se font face. Dans ce lieu, le silence n’est brisé que par le bruit de l’eau qui tombe de très haut dans  un large bassin où les gens laissent tomber des sous… pour obtenir des faveurs? Je ne sais… Mais cet endroit est fascinant!

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Il faudrait  bien que j’en revienne, me direz-vous! Bon, d’accord, me voici chez moi. Et tenez, le bateau en bois dans le coin au-dessus de la télévision, c’est un souvenir de notre premier voyage en Gaspésie avec Diane et Roger, en 1971. À l’époque, il y avait encore des enfants qui vendaient ces petits bateaux sur le bord de la route. Je regarde l’heure sur mon horloge avec une bordure de coquillages; c’est pourtant vrai, nous étions ensemble quand je l’ai choisie à Percé.  Et cette petite goélette en bois, achetée à Saint-Joseph-de-la-Rive… ça, c’était lors de notre voyage en 2004. Vers la fin de l’été, je vais changer mon carillon dans l’entrée, je vais suspendre celui où il y a une outarde qui a toujours l’air de vouloir s’envoler! J’avais acheté ce carillon à Knowlton, lors du voyage en Estrie de 2010…  Et bien sûr, mon bracelet de coquillages est là lui aussi pour me remémorer tous ces voyages de quatre, cinq ou six jours avec Diane et Roger.

Diane est partie pour un plus grand voyage; cette fois, elle voyage seule… Je ne peux que lui souhaiter d’y trouver le repos, la paix!

© Madeleine Genest Bouillé, 6 juillet 2016

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Destination: voyage de noces!

Bateau l'Étoile.

Bateau l’Étoile.

Le voyage de noces est une coutume qu’on retrouve d’abord en Europe vers le milieu du XIXe siècle et surtout chez les gens faisant partie d’une certaine classe sociale. Chez nous, il fut un temps où seulement les couples fortunés allaient passer leur lune de miel dans un endroit de villégiature, au Québec, aux États-Unis ou plus rarement, en Europe. Je ne sais pas si mes grands-parents, tant paternels que maternels ont fait un voyage après leur mariage, j’en doute. Je sais par contre que, du temps du navire l’Étoile, qui s’arrêtait au quai de Deschambault, plusieurs couples choisissaient ce moyen de transport pour leur voyage de noces. Ils faisaient l’aller-retour jusqu’à Ste-Anne-de-Beaupré, en s’arrêtant à Québec, évidemment. Aurore et Lauréat Laplante, dont je vous ai parlé déjà, sont allés passer quelques jours à Montréal où Aurore avait de la famille, lors de leur voyage de noces en 1915. C’était loin Montréal à l’époque!

Mon père et ma mère, prêts pour leur voyage de noces!

Mon père et ma mère, prêts pour leur voyage de noces!

Très souvent les couples de nouveaux mariés qui avaient de la parenté dans une ville, soit Montréal, Québec ou ailleurs, profitaient de cette opportunité pour faire un voyage pas trop onéreux, puisqu’ils étaient la plupart du temps reçus chez des gens de la famille. D’ailleurs, c’est ce qu’ont fait mes parents, Jeanne et Julien, qui se sont mariés à la fin d’août 1932. Après la noce qui avait lieu chez mes grands-parents, comme c’était la coutume, les mariés ont pris le train pour Ottawa où ils ont passé quelques jours chez l’oncle Edmond Genest. Sur le chemin du retour, ils se sont arrêtés à Montréal, où maman avait plusieurs tantes, toutes très « recevantes »!

Nouveaux mariés en voyage de bnoces, devant l'église de Deschambault, 1944.

Nouveaux mariés en voyage de noces, devant l’église de Deschambault, 1944.

S’il était fréquent de voir des jeunes couples de la campagne faire leur voyage de noces à la ville, l’inverse se produisait aussi parfois. Le couple de jeunes mariés que vous voyez photographiés devant l’église en 1944, demeuraient à Trois-Rivières et ils étaient justement venus chez une tante à Deschambault à l’occasion de leur lune de miel. En contrepartie, ils ne demandaient pas mieux que de faire essayer leur nouvelle auto aux parents et amis de la campagne… Une promenade en auto, ça ne se refuse pas et l’expression en usage dans le temps pour qualifier ce geste, était : « Ils sont ben blod! ». Malheureusement, je ne sais pas à quel mot anglais ceci fait référence, et encore moins comment l’orthographier!

Nouveaux mariés à Niagara Falls en 1951

Nouveaux mariés à Niagara Falls en 1951

À partir des années cinquante, certains endroits de prestige comme le nord de Montréal, les Chutes du Niagara, la Gaspésie et les stations balnéaires de la Nouvelle-Angleterre, telle Old Orchard, commencent à publiciser leurs établissements hôteliers dans les magazines et les journaux avec les forfaits offerts aux nouveaux mariés. Les jeunes couples sont attirés par ces endroits de rêve. Le voyage de noces est prévu dans le budget et souvent, les familles des fiancés ont contribué pour une part plus ou moins importante. Surtout, les futurs mariés ont le désir d’être « enfin seuls », pour vivre leur lune de miel! C’est alors qu’on verra beaucoup moins de nouveaux mariés en visite dans la parenté.

Même mariés que photo précédente, en "costume" de voyage.

Mêmes mariés que photo précédente, en « costume » de voyage.

Les modes changent et c’est parfois pour le mieux. À l’époque où les jeunes époux devaient aller revêtir leurs habits de voyage avant leur départ de la noce, il était important que ce costume soit le plus chic possible. C’est pourquoi on voyait des jeunes femmes vêtues d’un tailleur de lainage rehaussé de fourrure, et portant chapeau de feutre, en plein mois de juin, alors que le couple partait pour les Chutes du Niagara… Heureusement, au premier tournant de la route, rien n’empêchait d’enlever veste, fourrure et chapeau. En fait, ce costume était porté surtout quand les nouveaux mariés revenaient de voyage. À la grand’messe du dimanche suivant le retour, ils étaient le point de mire de l’assemblée… tout le monde pouvait admirer leurs beaux atours et ainsi passer leurs commentaires! Pourquoi croyez-vous qu’on a inventé les perrons d’église, si ce n’est pour se rencontrer, jaser et se raconter les nouvelles, surtout en milieu rural, bien entendu. Cela fait partie des charmes de la campagne!

© Madeleine Genest Bouillé, juillet 2015

Gaspésie

Cap plus Rocher v2

 

Ancrée au bout de la terre…
Inclinée comme la voile face au vent,
Tu t’élances dans la mer
Qui t’accueille, t’enlace et te prend.

Tes falaises au matin rougeoyant
Montrent leurs flancs blessés
Pendant qu’à leurs pieds les Fous de Bassan
Chantent leurs amours retrouvées.

Solitaire, comme un navire démâté
Qui ne peut plus naviguer
Ton rocher transpercé reste amarré
À la côte qu’il ne pourra jamais quitter.

Tout au long des rives mouvantes
De ta Baie des Chaleurs
Des hameaux se nichent au creux de tes anses
Ou se perchent sur des caps aux mille couleurs.

Verdoyante en été, blanche en hiver,
Bordant le lac, longeant la rivière,
Matapédia, belle vallée!
Chez toi, il fait bon se reposer.

Gaspésie, pays immense et indompté,
Te découvrir, c’est t’adopter!
Loin de toi, je garde l’espoir
D’un jour enfin te revoir!

© Madeleine Genest Bouillé, 12 juillet 2013

Rocher Percé v2