C’est pourtant pas si loin…

Les années 60, 70 et même 80, quand on lit les journaux, c’est souvent comme si c’était « autrefois »! J’ai un album de photos qui, tout en n’étant pas récentes, ne me semblent pas si vieilles, et pourtant…Chaussée Germain 1965

1965 :
Voici la chaussée au pont sur la rivière Belle-Isle, dans la rue Saint-Laurent. C’était au printemps, après la fonte des neiges, quand l’eau est abondante… Si vous passez  maintenant, vous allez trouver qu’elle a bien changé notre belle chute.

1966 :
Lac Vert 1966On l’appelle le lac Vert! Quand on allait pique-niquer sur les bords de ce lac, qui est une ancienne carrière de pierre, c’était un endroit calme, peu fréquenté. On avait l’impression d’être ailleurs… Quand on parlait fort ou qu’on riait, il y avait de l’écho, comme si les sons, en résonnant sur la pierre de l’autre côté du lac, nous revenaient. C’était un endroit étrange… mais tellement paisible!

Goelette Mont-Laurier 19671967 :
La goélette « Mont Laurier », qui remontait le fleuve, à la hauteur du quai. Il en passait tous les jours, de ces petits bateaux, qui transportaient  « de la pitoune » ou d’autres marchandises. À la fin des années 50, il y avait une émission à la télévision qui s’appelait Cap-aux-Sorciers. C’était l’histoire d’une famille qui vivait dans un petit village de la région de Charlevoix. Le grand-père possédait une goélette et durant la saison de la navigation, toute la famille travaillait sur le bateau.  Comme on aimait cette belle histoire, mon amie Francine et moi ! On rêvait de cette vie sur l’eau pendant la belle saison, et bien au chaud dans la maison, en hiver. C’était le rêve! Il n’y a pas encore 50 ans de cela et les goélettes n’existent plus que sur les photos, ou dans des musées.

Hotel de la Ferme 19781978 :
L’Hôtel de la Ferme. En août, on avait fêté le 60e anniversaire de fondation de la Station de Recherches agricoles (anciennement la Ferme-École provinciale). On dit que ce bel édifice, qui a été démoli comme plusieurs autres d’ailleurs, avait été construit sur les fondations du premier manoir seigneurial de La Gorgendière. L’hôtel hébergeait les travailleurs et plus tard, on y a aménagé un logement pour une famille. Et que dire des parterres! Ils n’avaient pas leur pareil dans tout Deschambault!

Bâtisses 19781978 :
Cette photo prise du fleuve montre quelques-uns des bâtiments de la Ferme, lesquels se mirent dans l’eau calme…  Un peu plus à l’ouest que la photo, il y avait une grande bâtisse en tôle, dans laquelle il n’y eut pas que des machines agricoles ou du foin. Ce grand hangar a servi de salle de spectacle, tout d’abord en 1963, lors de la présentation d’un « pageant » historique sur l’histoire de Deschambault, puis en 1978, on y a présenté une comédie intitulée Coup de Foudre, justement pour rappeler la vocation artistique occasionnelle de cette bâtisse. En 1978 tout comme en 1963, les spectacles présentés avaient fait salle comble.

cap 19831983 :
Une photo prise en automne, il vente sûrement du nordet, à voir les vagues sur le fleuve… Le cap Lauzon, vu du quai. Qu’y a-t-il de changé? D’abord il y a moins d’arbres et l’escalier n’est pas construit. Pour ceux qui n’habitent Deschambault que depuis la fin des années 90, ou depuis moins longtemps encore, le cap Lauzon n’était pas encore aménagé, il n’y avait ni kiosque, ni escalier… Mais l’endroit était aussi fréquenté que maintenant. L’histoire d’amour entre les gens d’ici et le cap, c’est une vieille et très belle histoire!

rue église 19851985 :
La rue de l’église dans les premières années du Comité d’Embellissement. Quelques très jeunes arbres poussent au centre du terre-plein, en face du bureau de poste, tandis que la grande plate-bande en face de la Caisse Populaire se contente d’une bordure fleurs, choisies avec un soin particulier… Vous avez remarqué? Peut-être pas… mais sur la photo, il y a des poteaux et des fils électriques. L’enfouissement des fils électriques date du début des années 2000.

Vraiment, il n’y a pas si longtemps, c’était juste hier…

© Madeleine Genest Bouillé, 28 juin 2016

N. B. Toutes les photos proviennent de ma collection (© coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Un petit papillon « arc-en-ciel »

Un dimanche matin, où il faisait très beau, ayant le goût de « m’endimancher », j’avais épinglé sur le revers de ma veste un bijou qui date de 1952. Un papillon doré avec des ailes émaillées aux couleurs de l’arc-en-ciel et dont le corps est fait de pierres turquoise. Je ne connais pas la valeur de cette broche, mais même après 64 ans, elle est toujours aussi jolie! J’ai reçu ce bijou en 1996, après le décès de ma « presque sœur », Marie-Paule Laplante.

Moi et ma "grande soeur" Marie-Paule, 1946 (photo: coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Moi et ma « presque sœur » Marie-Paule, 1946 (photo: coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Si vous suivez  « mon grain de sel » depuis les débuts en mars 2015, vous savez que j’ai  vécu une bonne partie de mon enfance dans la famille Laplante. À la naissance du huitième bébé de ma mère, ma grand-mère qui me trouvait pas mal plus « tannante » que mes frères, avait aimablement suggéré à ces amis de la famille, déjà parrain et marraine d’un de mes frères, de me garder le temps des relevailles de maman. Ce qu’ils acceptèrent avec autant de joie que de générosité. Puis, il y eut le neuvième bébé, puis le dixième. Maman en avait plein les bras… et ma sœur aînée n’avait pas encore 15 ans! Les Laplante aimaient les enfants; n’ayant eu qu’une fille, il y avait donc toujours place dans leur maison pour les enfants des autres. Ainsi ils trouvaient de plus en plus de bonnes raisons pour me garder chaque fois un peu plus longtemps. Jusqu’au déménagement de ma famille dans la rue Johnson en 1949, alors que je commençais à aller au couvent et que c’était plus pratique pour moi de demeurer au cœur du village au moins pendant l’année scolaire.

Aurore et Lauréat, n’ayant pas encore d’enfant après quelques années de mariage, se tournèrent vers l’adoption. Les crèches étaient pleines de bébés, orphelins de mère, ou  abandonnés pour une raison ou pour une autre. À cette époque, l’adoption de ces enfants en bas âge était facile. Généralement, dans le cas des mères célibataires, on leur avait fait signer un papier où elles renonçaient à connaître leur enfant, et acceptaient à l’avance  qu’il soit un jour adopté par une famille. Il ne faut pas jeter trop vite la pierre à ces jeunes femmes, qui souvent avaient cru aux déclarations d’amour d’un beau parleur… parfois déjà marié, et qui  disparaissait très vite quand la situation devenait compromettante.

Quand Marie-Paule est arrivée dans la vieille maison des Thibodeau – la famille d’Aurore – la grand-mère Élise Thibodeau vivait encore. Ils étaient donc trois adultes pour choyer cette solide petite fille aux cheveux et aux yeux bruns. Déjà, cette maison accueillait des pensionnaires de toutes sortes : les travailleurs de la construction du chemin de fer, des  filles « engagères »,  comme on disait,  pour désigner les demoiselles qui étaient engagées comme bonnes ou pour un autre travail. Il y avait aussi des enfants qui, demeurant à l’extérieur du village, voulaient continuer leurs  études  au couvent ou à l’école « des grands », ou ceux qui pensionnaient le temps de « marcher au catéchisme ». Du temps où j’étais chez les Laplante, il y a eu aussi quelques orphelins qui ont été hébergés, le temps que le père, veuf,  puisse se « revirer de bord », selon l’expression en usage quand quelqu’un devait s’adapter très vite aux nouvelles circonstances de la vie.

Marie-Paule était une personne de bonne humeur, qui aimait s’entourer d’amis, garçons et filles. Après ses études au couvent, où en plus de son diplôme de fin d’études, elle avait obtenu le diplôme de sténo-dactylo, elle pouvait alors postuler pour un emploi de secrétaire. Mais presqu’en même temps, le central du téléphone étant installé chez le deuxième voisin, on cherchait une « opératrice ».  Marie-Paule suivit alors un court stage  avant de débuter dans ce métier, qu’elle a exercé jusqu’à son mariage en 1951.

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Moi à 4 ans… avec mes jambes croches! (Photo: coll. privée Madeleine Genest Bouillé)

Marie-Paule était adroite en tout… ou presque! Elle était habile couturière, bonne cuisinière, et elle ne dédaignait pas au besoin d’user de la scie et du marteau.  Elle avait comme maxime préférée : « Si j’ai les bons outils, pourquoi ne serais-je pas capable de faire du bon travail! » C’était une femme à l’esprit pratique, elle était ordonnée et ne voulait surtout pas dépendre de quelqu’un d’autre. Elle pouvait démontrer une grande patience, en autant qu’elle était certaine d’atteindre son but. J’ai comme souvenir les efforts qu’elle a déployés, dans les premières années où je me « faisais garder » chez elle, pour redresser mes jambes qui étaient vraiment croches… j’ai d’ailleurs une photo où c’est bien visible! Elle me faisait faire des exercices et me montrait à marcher comme Charlie Chaplin, en me plaçant les pieds tournés vers l’extérieur. Pour ne pas me rebuter avec ces exercices, elle en avait fait une sorte de jeu.

Après son mariage, elle est allée demeurer à Trois-Rivières… je me souviens de ce petit appartement, un troisième étage sur la rue Bonaventure, juste en face du poste de radio CHLN, où Jean-Louis et Marie-Paule sont demeurés plusieurs années. Plus tard, ils ont emménagé sur la même rue, mais dans un logement plus grand, où ils ont accueilli   Aurore, quand celle-ci a « cassé maison », comme on disait alors. Et un dernier déménagement les a conduits sur la rue Royale, où la « santé de fer » de Marie-Paule a commencé à décliner alors qu’en 1993, elle apprit qu’elle était atteinte de la SLA. Elle est décédée de cette terrible maladie le 22 juin 1996.

Après le décès de son épouse, Jean- Louis m’avait donné la plupart de ses bijoux. Comme elle ne jetait jamais rien, certains joyaux dataient du temps où elle était jeune. J’ai gardé tous les bijoux anciens qui me rappelaient de beaux souvenirs, alors que, toute petite, je m’amusais à fouiller dans ce que j’appelais le « coffre au trésor ». Parmi les trésors que contient ce coffre,  « le papillon  arc-en-ciel »  est sans contredit celui que je préfère.  C’est une broche délicate, colorée, un bijou fait pour l’été! Et il me rappelle en plus une femme qui a compté beaucoup pour moi dans ma jeunesse.

À bientôt pour d’autres  souvenirs…

© Madeleine Genest Bouillé, 23 juin 2016

Saint-Jean ou solstice, c’est la Fête!

Une vieille chanson de folklore me tourne dans la tête en ces jours de fin juin et de début d’été… Saint-Jean ou solstice, avec pleine lune d’été en prime, de toute façon, c’est la Fête! Le refrain se chante allègrement :

 « Va, mon ami, va, la lune se lève
Va, mon ami, va, la lune s’en va! »

Tandis que les couplets disent :

« Voici la Saint-Jean, faites la veillée
Vos promis seront tous à l’assemblée… »

 « Le tien n’y est pas, j’en suis désolée
Il est à Paris ou dans la Vendée… »

Qu’apportera-t-il à sa bien-aimée?
Et la bague d’or et la robe blanche. »

Spectacle pour enfants, St-Jean 2015.

Spectacle pour enfants, St-Jean 2015.

Depuis toujours, à ce que j’en sais, la fin des classes et la Saint-Jean, ça va de pair. Quelques jours après le solstice, c’est vraiment la fête du début de l’été. Quand mes enfants étaient étudiants, ils se faisaient une fête de brûler leurs cahiers d’école à la Saint-Jean… enfin c’était ce qu’ils se promettaient chaque année. L’ont-ils fait? Je n’en suis pas certaine. De mon temps, on ne nous aurait pas permis de brûler nos cahiers, d’en faire un feu de joie! Surtout que tant qu’il restait des pages blanches, ça pouvait toujours être utilisé comme cahier de brouillon. Mais, par contre, avec quelle joie on garrochait notre sac d’école au fond d’une armoire, quand ce n’était pas tout simplement en dessous du lit!

Papa qui joue au fermier... sur la faucheuse du voisin.

Papa qui joue au fermier… sur la faucheuse du voisin.

Au solstice d’été jusqu’après la Saint-Jean, je dirais que non seulement il est permis de redevenir jeune et insouciant, mais que pour notre santé mentale, ça s’impose! Chez nous, du temps où mon père travaillait à Montréal, la Fête des Pères passait tout droit, papa n’étant presque jamais à la maison en ce jour. Mais dès le début de juin, Maman nous disait « Votre père va venir à la Saint-Jean… il a son congé. » À l’époque, il y avait moins de congés que maintenant. Cette fête était donc pour nous encore plus importante,  puisque papa y était! Comme on avait hâte à ce jour qui marquait le début de l’été, des vacances! Juste le mot « vacances »… c’est rempli de soleil, de musique, d’éclats de rire! C’est un mot chargé de plaisirs anticipés. Des matins où rien ne nous oblige à nous lever tôt, mais où on se lève quand même, pour avoir encore plus de temps pour jouer. Et les soirées où l’on veille dehors bien après que la noirceur est tombée! Ces mots : « Saint-Jean », sont comme les deux notes d’une cloche qui résonne joyeusement!

IMG_20160621_0001Il n’y avait pas au temps de notre jeunesse de festivités comme on en connaît maintenant. Il arrivait qu’on fasse un feu sur la grève le 24 juin. En 1964, au lendemain de la Saint-Jean, nous descendions en Gaspésie pour notre voyage de noces. Dans les villages tout le long du fleuve, il y avait des vestiges de feux de bois sur la grève… C’était d’ailleurs une coutume dont Félix Leclerc a parlé dans l’un de ses premiers livres, Adagio. Il raconte que « le feu sur la grève, c’est la Patrie… que plus on dit dans les écoles que le Québec est la plus belle place au monde, plus le feu est haut. Plus les enfants sont fiers de parler le français, plus le feu est clair. Un feu, tout dépend ce qu’on met dessus… il ne faut pas dire qu’on n’est bon à rien, ça éteindrait le feu. Faut rire, chanter, danser, écrire, peindre, s’amuser dans notre langue, le français; ça c’est de belles brassées de bouleau dans le feu. Un beau concert, une belle terre, une belle messe bien chantée, ça c’est des grosses bûches de merisier dans le feu. Ça réchauffe, ça brille, ça protège, ça conserve.  Tant qu’il y aura de ça, il y a pas de soin, il y aura une Patrie sur la grève! »

Il écrivait bien Félix, il savait dire les choses. Il savait nous faire aimer notre langue, notre patrie. Justement dans ce texte, « Le feu sur la grève », il terminait avec ceci : « Comme mon père m’avait dit de te dire, écoute bien : Quand on prend des exemples de courage, de ténacité, chez les ancêtres d’il y a deux ou trois siècles, c’est pour se souvenir qu’on a possédé des valeurs héroïques, mais c’est aussi pour admirer, encourager ceux d’aujourd’hui qui possèdent sans le savoir absolument les mêmes dons que leurs aïeux…. Parle des ancêtres à tes enfants! »

Bonne Saint-Jean à vous tous et toutes!

© Madeleine Genest Bouillé, 21 juin 2016

Spectacle de la St-Jean, 1976 (Musée virtuel du 300e, Culture et patrimoine Deschambault-Grondiens).

Spectacle de la St-Jean, 1976 (Musée virtuel du 300e, Culture et patrimoine Deschambault-Grondiens).

La Saint-Jean-Baptiste, d’hier à aujourd’hui

Au Québec, on fête saint Jean-Baptiste depuis très longtemps. Déjà en 1834, le 24 juin avait été déclaré fête des Canadiens-Français. Au Québec, c’est devenu un jour férié en 1920. Et le gouvernement du Parti Québécois de René Lévesque a décrété le 24 juin « Fête Nationale des Québécois » en 1977. Depuis 1984, le Mouvement National des Québécois  est l’instigateur  de la Fête nationale du 24 juin… Dans tout ça, qu’a-t-on fait de saint Jean-Baptiste, le précurseur de la venue du Messie, dont c’est d’abord la fête?

Parade de la Saint-Jean-Baptiste, Deschambault, 1955 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé)

Parade de la Saint-Jean-Baptiste, Deschambault, 1955 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé)

La fête de la Saint-Jean chez nous, c’est une longue tradition. Quand nous étions enfants, je me souviens qu’à quelques reprises, la fanfare du Royal 22e Régiment venait nous offrir un concert sur le perron de l’église. Tout un spectacle! Il y en avait du monde, surtout que c’était gratuit. Je me rappelle qu’une fois – peut-être parce qu’il pleuvait –  nous étions allés entendre la célèbre fanfare au Garage Gauthier (aujourd’hui la caserne des pompiers). Je me suis toujours demandée ce qu’on avait fait des autobus… ça ne se plie pas facilement dans un coin! Ces événements étaient organisés par la Société Saint-Jean-Baptiste, organisme qui était alors très actif à Deschambault. Il y a eu pendant quelques années une parade qui avait lieu au cœur du village, la photo reproduite ici date de 1955; le char allégorique avec un petit saint Jean-Baptiste aux longs cheveux blonds, était stationné entre le cimetière et l’église en attendant le moment du départ. Vers la fin des années 50, il y eut entente entre les différentes localités dotées d’un conseil de la SSJB à l’effet que la parade aurait lieu chaque année dans une paroisse différente. C’est pourquoi vous pouvez voir la photo du char allégorique de Deschambault en 1968, alors que la parade avait lieu à Portneuf. Ce char représentait la chasse aux canards, avec le phare de l’Îlot Richelieu.  Il avait été fabriqué par mes frères et leurs amis; on reconnaît le conducteur, Denis Trottier.

Char allégorique de la parade de la Saint-Jean-Baptiste, Portneuf, 1968 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé)

Char allégorique de la parade de la Saint-Jean-Baptiste, Portneuf, 1968 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé)

Déjeuner des Fermières au Vieux Presbytère, 1980 (coll. privée, Madeleine Genest Bouillé).

Déjeuner des Fermières au Vieux Presbytère, 1980 (coll. privée, Madeleine Genest Bouillé).

Dans les années 70, la Société du Vieux Presbytère a commencé à s’impliquer dans l’organisation des fêtes de la Saint-Jean. En 1976, les Fermières ont eu l’idée d’offrir le déjeuner, à l’intérieur du Vieux Presbytère – il y avait aussi des tables dehors, entre les murets de pierre. Ce déjeuner qui avait lieu juste avant la messe est devenu l’une des activités les plus prisées du 24 juin. Surtout que c’était suivi de la Criée… autre activité  qui devint vite très populaire. Il faut dire que les organisateurs, et surtout le crieur, en  mettaient plein la vue, et plein le perron de l’église! Un petit cochon pouvait aller chercher un très bon prix! Et que dire du pain en forme de fleur de lys, de la tarte aux pommes ou du sucre à la crème. Parmi les amateurs de la Criée, certains s’amusaient à faire monter les enchères. C’était devenu un spectacle à ne pas manquer! À la création du Comité de Coordination des Loisirs en 1978, on forma un comité de la Fête Nationale avec un représentant de chacune des associations locales. Plus tard, ce comité a été incorporé. Différentes activités étaient alors présentées selon la participation des organismes. Des festivités d’il y a 40 ans, il subsiste le déjeuner, la messe, la criée, la soirée musicale et le feu de joie. Depuis déjà plusieurs années, une randonnée à vélo pour les jeunes, un dîner « hot dog », des jeux gonflables et un spectacle pour les enfants, offert par la Biblio du Bord de l’eau, sont venus s’ajouter, avec un chapiteau, coûteux, mais indispensable, pour assurer la tenue des activités quel que soit le temps qu’il fait.

Le "Crieur" en action, sur le perron de l'église, 1980 (coll. privée, Madeleine Genest Bouillé).

Le « Crieur » en action, sur le perron de l’église, 1980 (coll. privée, Madeleine Genest Bouillé).

Chaque année, le Mouvement National des Québécois lance un thème pour marquer la tenue des festivités de la Fête du 24 juin. Certains de ces thèmes sont plus significatifs que d’autres. Je pense entre autres à ce thème: « Tout le monde est important », ou encore : « Des gens qui font l’histoire », ou cet autre : « À la nôtre! ». Cette année, on nous invite à fêter avec « Québec, de l’art pur ». Ces thèmes se rejoignent et surtout, nous rejoignent. Le 24 juin, nous fêtons notre appartenance à ce Québec que nos ancêtres ont bâti; vraiment, de l’Art Pur! Mais, encore plus, nous célébrons notre présence, notre survivance sur cette terre qui fut d’abord la Nouvelle-France. Nous faisons partie d’une longue suite de gens formant une famille, une race, et notre histoire, c’est la suite de celle qui a été vécue par tous ceux et celles qui nous ont précédés, de même que c’est le prélude à l’histoire de ceux qui nous suivrons.

Racontez à vos enfants, vos petits-enfants, les souvenirs des fêtes de votre enfance, ceux de votre folle jeunesse. Racontez-leur les fêtes qui réjouissent encore votre mémoire. « Nous sommes tous importants » et « Ces gens qui font l’histoire », ce sont nous!

À la bonne vôtre!

© Madeleine Genest Bouillé, 16 juin

Criée sur le perron de l'église Saint-Joseph, Deschambault (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Rassemblement pour la Criée sur le perron de l’église Saint-Joseph, Deschambault (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Ah! la mode!

La mode, qu’il s’agisse de vêtements masculins ou féminins, c’est quelque chose qui va, qui vient, repart et revient. En effet, d’une année à l’autre, les nouveautés ne sont que des rappels des vêtements qui étaient portés il y a 10, 20 ou même 30 ans! En réalité, il n’y a que les tissus qui changent et des détails, comme les imprimés et les garnitures.

IMG_20141128_0001_NEWEn parcourant mes coupures de vieilles revues, c’est-à-dire les moins vieilles, celles des années 50, j’ai choisi quelques modèles de vêtements  qu’on portait entre 1950 et 1960.  Je débute avec « des petites robes à carreaux » pour les fillettes des années 50. Qu’il s’agisse de la jupe à bretelles ou de la robe, nous avons toutes porté ces jolies tenues écossaises. Celles qui sont illustrées sont en flanelle, mais il y en avait en coton ou en taffetas, par exemple, celle que je portais pour Noël en 1951. C’est comme dans la chanson : « Marie-Madeleine, ton p’tit jupon de laine, ta p’tite robe carreautée, ton p’tit jupon piqué! » Pour changer de l’austère robe noire des jours de semaine, au couvent, nos dimanches devaient être très colorés!

IMG_20160613_0006En avez-vous porté des « jumpers »? Ce modèle a été très à la mode dans les années 50. Je crois que toutes les filles en avaient. Quoique d’un modèle différent, je sais que le jumper qu’on appelait « tunique » était l’uniforme de plusieurs écoles. Au couvent de Dechambault, après la robe noire, nous avons eu le jumper gris, qu’on portait avec un chemisier blanc et un « blazer » marine. Le modèle qu’on voit sur  l’illustration était un patron de couture et il pouvait être fabriqué de différents tissus selon la saison. J’en ai eu un à l’automne 1956, il était confectionné dans un tissu brun, moucheté.  Je l’ai beaucoup porté avec blouse ou chandail… C’était un  parfait passe-partout!

78487651_oLa belle jupe rouge! Elle ressemble vraiment à la belle jupe de feutre dont je parle dans Propos d’hiver et de Noël. C’était à la mode en 1954. Toutes les filles en voulaient pour Noël! On en parlait jusque dans le Journal François, le  journal de la J.E.C. (Jeunesse Étudiante Catholique). Qu’elle était belle cette jupe! J’en ai rêvé… mais je ne l’ai jamais eue. Se souvient-on plus des rêves qui ne se sont pas réalisés?  Je pense que oui…

 

BBvichyJ’ai choisi l’illustration du magazine Elle, justement pour la belle robe mauve à petits carreaux. J’en ai eu une en 1958 qui lui ressemblait beaucoup, quoique moins décolletée; elle était turquoise, avec une jupe très large qu’on portait avec une crinoline! De plus, j’avais la même coiffure en queue de cheval. Oh! Que c’est loin tout ça! Détail important, dans « mon jeune temps », on n’allait pas veiller « habillé en semaine ». Les gars portaient habit et cravate, quitte à relâcher le nœud au cours de la veillée. Les filles mettaient leur robe à crinoline et leurs souliers à talons hauts ou encore une robe à jupe étroite, faite d’un beau tissu, soit broché ou lamé ce qui était le grand chic ! Quoi qu’il en soit, toutes les filles avaient dans leur garde-robe l’indispensable petite jupe noire qu’on assortissait avec chemisier ou chandail avec encolure en V, auquel on ajoutait un petit fichu noué au cou.

mariage-ElvisLa dernière photo est celle du mariage d’Elvis Presley et Priscilla Beaulieu en 1967.  Ils s’étaient rencontrés en 1959; quand ils se sont mariés, il avait 31 ans et elle, seulement 21 ans. Que viens faire Elvis dans ce texte? C’était le chanteur à la mode. On dansait le rock’n’roll sur les airs de My blue suede shoes ou When my blue moon turns to gold again, tandis que ses chansons plus romantiques telles Loving you ou Are you lonesome tonight, nous faisaient rêver!

À bientôt pour d’autres souvenirs…

© Madeleine Genest Bouillé, 14 juin 2016

Pays lointain

 Pays lointain…
Pays qui m’invite…
Pays pour demain,
Pays qui m’habite.

Jamais je n’irai si loin
Car il faudrait que je quitte
Tout ce et ceux qui sont miens.
Et où irais-je ensuite?

Mais, toi que l’aventure invite
Toi que rien ni personne ne retient,
Va allègrement vers qui te sollicite.
Vas…Vois…Vis…et, je t’en prie, reviens!

Du pays lointain,
De ce pays qui m’invite
De ce pays pour demain
De ce pays qui, en vain, m’habite…

© Madeleine Genest Bouillé, juin 2016

glenfinnan

Une histoire inventée?…

« Deschambault, 1735…

Enfin! Nous allons avoir notre église! On va construire aussi un presbytère et nous aurons un curé bien à nous. Il était temps! Il y a plus de dix ans que Deschambault est devenue une paroisse civile. Cet immense domaine s’étend – selon les dires  de mon mari – depuis la seigneurie du Cap-Santé, à l’est, et au nord, la rivière Sainte-Anne, jusqu’à la seigneurie des Grondines à l’ouest, avec au sud, le fleuve. C’est tout ça, Deschambault, du nom de Monsieur Jacques-Alexis Fleury d’Eschambault, le seigneur, aujourd’hui décédé. Et selon les dires des anciens, c’était quelqu’un de bien Monsieur d’Eschambault! J’ai peine à m’imaginer  l’étendue de toutes ces terres…Vous comprenez bien que je ne suis pas près d’en faire le tour! 

C’est comme je vous le dis, il paraît qu’après tous ces pourparlers, pas toujours paisibles, nous allons l’avoir notre église. Entre vous et moi, la chapelle Saint-Antoine à La Chevrotière, c’est devenu trop petit, et surtout, c’est bien trop près de l’eau; à chaque printemps, nous risquons la catastrophe. En plus, pour nous, les habitants de Deschambault, c’est loin;  le chemin n’est pas toujours praticable. La plupart du temps, on ne peut s’y rendre que par la grève, et encore, par les grandes mers, il faut attendre la marée basse, ce qui n’adonne pas toujours. Autant dire qu’à certaines périodes de l’année, nous sommes parfois plusieurs semaines sans recevoir les sacrements. Et quand il faut faire baptiser, pensez donc! 

Madame la Seigneuresse voulait absolument que l’église soit construite sur son domaine à La Chevrotière, mais tout le monde, depuis Monseigneur l’Évêque jusqu’à Monsieur de La Gorgendière, tous, je vous le dis, ont jugé préférable de construire ici, au centre de Deschambault. Je n’y connais pas grand-chose,  mais je crois que c’est une bien meilleure idée. Je ne suis pas prophète, je ne suis qu’une humble femme de colon, mais, j’ai quand même dans l’idée que l’avenir de Deschambault, il est ici, sur le cap Lauzon. C’est le cœur de la paroisse, le point le plus élevé, avec le cap comme une forteresse qui s’avance jusqu’au milieu du fleuve.

Em placement de la première église et du premier presbytère (source: Musée virtuel du 300e de Deschambault, Culture et patrimoine Deschambault-Grondines).

Emplacement de la première église et du premier presbytère (source: Musée virtuel du 300e de Deschambault, Culture et patrimoine Deschambault-Grondines).

Dans les alentours, nous ne sommes pas encore bien nombreux; la majorité des colons habitent plutôt les environs du manoir seigneurial, sur les bords de la rivière La Chevrotière, mais à mon avis, quand l’église et le presbytère seront construits, ça va changer… c’est ici que notre village va se développer. Comme j’ai hâte de la voir, cette église qu’on va bâtir sur le cap. Ce ne sera pas une cathédrale, mais on n’en demande pas tant! Une petite église, toute simple, en bois, avec un clocher dans lequel on installera une cloche qui va sonner les dimanches, les jours de fête, les baptêmes et hélas aussi, les enterrements. Bien entendu, il va falloir d’abord défricher, il y a beaucoup d’arbres sur le cap, des pins surtout.  Mais c’est le plus bel endroit de la paroisse. On va la voir de loin, sur le fleuve, notre église, ce sera comme une sentinelle! On dit que le presbytère sera un peu plus à l’est… il pourra venir notre curé, il aura sa maison et son église. Enfin!  Pouvoir assister à la sainte Messe tous les dimanches, même en hiver, quel bonheur!

 Je n’ai pas beaucoup d’instruction; je sais lire et écrire, guère plus, mais j’en ai la certitude, Deschambault est là pour durer. Dans cent ans, deux, trois cents ans et plus, que sais-je, un beau gros village s’étendra ici, sur le cap Lauzon et tout autour… »

Non, ceci n’est pas une page véridique de notre histoire.  Mais je me suis plu à imaginer les impressions d’une femme de colon résidant à Deschambault en 1735;  sa joie, sa fierté, en apprenant que la paroisse aurait enfin son église. Après tout, même si cette histoire n’a pas été écrite, qui sait?  Peut-être a-t-elle été vécue…

© Madeleine Genest Bouillé, 7 juin 2016

Les grands pins du cap Lauzon...

Les grands pins du cap Lauzon…

Une page d’histoire

Dans les années 50 – 60, fin mai, début juin, les associations paroissiales terminaient leur année d’activités. Il y aurait beaucoup à dire sur ce chapitre, les associations bénévoles étant florissantes à l’époque! J’ai donc choisi de vous parler cette fois des Cercles Lacordaire et Sainte Jeanne d’Arc. Ce mouvement d’Action Catholique célébrait chaque année l’anniversaire de sa fondation dans notre paroisse à la fin de mai.

IMG_20160529_0001Mais, commençons par le commencement… qu’est-ce que c’était que cette association  qui faisait campagne pour l’abstinence totale de boissons alcooliques ? On connaissait depuis déjà longtemps la Société de Tempérance, dont la grande croix noire se retrouvait dans la plupart des foyers québécois. Dans la foulée des nombreux mouvements d’Action catholique préconisés par le clergé, qui était omniprésent dans la vie sociale aussi bien que religieuse, un Dominicain, le Père Joseph Jacquemet, fonda en 1911 à Fall River, Massachusetts, le Mouvement Lacordaire. Cette organisation visait à contrer l’abus des boissons « enivrantes » qui était devenu un vrai fléau dans les familles à revenu modeste, surtout depuis la fin de la Prohibition. Au Québec, le premier cercle a été fondé en 1915 à Saint-Ours. En 1939, 3 000 membres Lacordaire étaient répartis dans 48 cercles… En 1955, on comptait 138 000 membres, hommes et femmes, celles-ci militant sous le nom de Cercle Sainte Jeanne d’Arc. Je n’ai pas la date exacte de la fondation du mouvement à Deschambault, mais je crois que c’était vers la fin des années 40. On pouvait faire partie du Cercle Lacordaire dès l’âge de seize ans. Eh oui! Les jeunes qui n’avaient pas encore « senti le bouchon » étaient sollicités! Pour la même raison qu’aujourd’hui, on leur dit : « Ne commencez donc pas à fumer si vous ne voulez pas avoir le trouble d’arrêter! » Pour nous, les jeunes – je suis entrée chez les Jeanne d’Arc à 17 ans –, une réunion du Cercle Lacordaire, c’était une sortie et une occasion de rencontres; plusieurs couples de Deschambault s’y sont d’ailleurs connus et fréquentés. Lors des réunions, il y avait toujours une partie récréative avec, parfois, présentation d’amateurs, musiciens, chanteurs. Et pour la soirée d’anniversaire, on montait une pièce de théâtre. Ces réjouissances ne se terminaient jamais sans un abondant buffet froid…. sans alcool, il va sans dire!

L’anniversaire du Cercle Lacordaire, c’était tout une fête! En plus des dignitaires locaux, on invitait ceux des paroisses voisines ainsi que les présidents régional et provincial du mouvement. À ce propos, je tiens à rappeler ici une tragédie qui a secoué tout le Québec à cette époque. Le Pape Pie XII avait décrété 1950, Année Sainte. À cette occasion, plusieurs pèlerinages à Rome étaient organisés. Au Québec, un groupe de pèlerins, s’étaient envolés vers  la Ville Sainte, dans un avion Curtiss-Reid, appelé « Le Pèlerin Canadien ». Le 13 novembre, au retour vers Montréal, une tempête hivernale faisant rage, l’avion s’est écrasé sur le mont Obiou, dans les Alpes Françaises. Environ 58 personnes sont décédées dans cet accident qui n’a laissé aucun survivant. Pourquoi « environ »? C’est que, officiellement, sept places étaient restées libres dans l’appareil. On n’a jamais su si ces places avaient finalement été occupées. Dans la liste des personnalités qui faisaient partie du voyage, en plus de plusieurs prêtres et religieux, on peut lire le nom du Président national du Mouvement Lacordaire, M. Roger Ellyson. Plusieurs membres Lacordaire faisaient partie des pèlerins de l’Obiou, dont deux personnes de notre région, M. Arthur Lavallée de St-Ubalde et Mlle Eva Guilbault de Grondines.

IMG_20151006_0001Je reviens à la fête anniversaire. Un franco-américain du nom de Victor Vekeman,  membre Lacordaire à Fall-River, avait écrit entre 1923 et 1950 un recueil de pièces de théâtre qui comportait des comédies et aussi des tragédies… évidemment causées par l’alcoolisme! On sait que Deschambault a une longue tradition de théâtre. Ainsi, il s’est donc formé parmi les membres Lacordaire et Jeanne d’Arc des débuts du mouvement,  un bon noyau de comédiens amateurs. Plusieurs pièces de Vekeman ont été jouées au cours de ces années et certaines ont été reprises dans les débuts de la troupe Les Fous du Roy. Mentionnons les comédies Heure de Folie, Une fille un peu bébête, Un oncle et une jolie fille. La première pièce que j’ai jouée en 1961 était justement un drame sur l’alcoolisme intitulé L’Absolution, de ce même auteur. Je jouais le rôle d’une femme d’ivrogne, vraiment « maganée ». On n’oublie jamais qu’on est mort sur scène!

Au début des années 70, le Mouvement Lacordaire avait perdu de sa popularité, conséquence normale de la Révolution tranquille… Mais justement cette époque verra naître d’autres formes de bénévolat qui sont encore très actives, telles la Biblio du Bord de l’eau, le Club de l’âge d’Or (devenu la Fadoq), la Société du Vieux Presbytère et la Corporation du Moulin de La Chevrotière qui ont fusionné pour devenir Culture et Patrimoine Deschambault-Grondines.  Les années 80 seront marquées par la création des Clubs Lions et Optimiste, des associations internationales de services qui viendront  prendre leur part dans la vie sociale de notre patelin.

On s’en reparle…

© Madeleine Genest Bouillé, 29 mai 2016

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Photo d’une « initiation » de quelques nouveaux membres Lacordaire à l’hiver 1961, à Deschambault (coll. privée Madeleine Genest).

Des histoires de ma grand-mère…

 Des histoires de ma grand-mère, quand c’est écrit et illustré par un conteur comme Jean-Claude Dupont, ça s’appelle des Contes et légendes de toutes les régions du Québec, et chacun de ces petits livres – entre 60 et 100 pages chacun – est une « mine d’or » de notre patrimoine écrit. Il existe à ma connaissance une bonne douzaine de ces livres de contes et légendes, peut-être plus.

IMG_20160601_0003Jean-Claude Dupont, né en 1934 à Saint-Antonin, est décédé le 17 mai dernier. Je l’ai appris dans Le Soleil d’aujourd’hui, grâce à un écrit de Michel Lessard, un historien à qui nous devons, entre autres, plusieurs ouvrages sur notre patrimoine bâti. Professeur, ethnologue, essayiste, éditeur et peintre naïf, Jean-Claude Dupont était surtout l’auteur qui nous a laissé des recueils de contes et légendes, illustrés de sa main. Jean-Claude Dupont avait auparavant publié trois livres sur la Beauce, six sur les métiers d’autrefois et deux sur l’Acadie. Il a aussi écrit des textes de chansons pour Angèle Arsenault et Édith Butler, dont L’Acadie se marie et Nos hommes ont mis la voile.

Mes petits livres de légendes, je les ai tous lus maintes fois. Plusieurs des histoires   évoquées dans ces écrits nous ont été racontées quand nous étions jeunes, par exemple : « La chasse-galerie sur le village » ou  « Le feu follet du canotier », ou encore « Le beau danseur du rang des côteaux », qui s’apparente beaucoup à la légende de Rose Latulippe. Pour moi, Jean-Claude Dupont s’inscrit dans la lignée des auteurs qui nous ont « retransmis » nos traditions, qu’ils s’agissent de Philippe-Aubert de Gaspé, Félix-Antoine Savard, Adjutor Rivard, Philippe Panneton, connu sous  le pseudonyme de Ringuet, et plus près de nous, Marius Barbeau, Luc Lacourcière, Félix Leclerc et sûrement quelques autres. Nous leur devons de ne pas être « un peuple sans histoire »!

IMG_20160601_0001Il y a des livres qu’on relit et pas juste une fois!… En  décembre, j’aime bien relire Emmanuel à Joseph à Dâvit d’Antonine Maillet; cette histoire d’une drôle de sainte famille égarée au pays de la Sagouine est toujours aussi captivante même si je la sais presque par cœur. À chaque début de saison, je vais faire un tour dans Les saisons dans la Vallée du Saint-Laurent de Jean Provencher; c’est aussi important que le grand ménage ou la pose des « chassis doubles »! Je relis les quelques livres de Jean O’Neil, que j’ai le bonheur de posséder; c’est chaque fois un voyage, que je fais, assise tranquillement dans ma berçante! J’ai eu il y a quelques années un autre livre qui me fait voyager, il s’agit de Lieux de légendes et de mystère du Québec. L’auteur, Henri Dorion, nous fait visiter plusieurs endroits qui sont réputés être le site d’une légende; en plus des illustrations d’Anik Dorion-Coupal, pour authentifier encore plus si possible les différents mystères, les magnifiques photos de Pierre Lahoud nous emportent du Bic jusqu’à Rigaud, en passant par Trois-Pistoles, Grand-Mère, et jusqu’aux Iles-de-la-Madeleine. Magnifique!  Un autre livre à lire et relire…

En terminant, je cite ces mots que Jean-Claude Dupont écrivait dans la présentation de Légendes des villages : « La légende se veut un message réduit à sa plus simple expression. Elle véhicule un contenu symbolique si dense et si profond qu’elle paraît impossible à expliquer. Que les ancêtres y aient cru ou non a moins d’importance que la compréhension du message qu’ils cherchaient à transmettre à leur auditoire et à la postérité. »  Jean-Claude Dupont, merci!

© Madeleine Genest Bouillé, 1er juin 2016

La Chasse-galerie, aquarelle de ©Marie-Noël Bouillé, 2011.

La Chasse-galerie, aquarelle de ©Marie-Noël Bouillé, 2011.