À mon Ami

216Comme ça fait longtemps que je suis venue m’asseoir à tes pieds. Tu me manques. Je m’ennuie de ces jours où, gris et silencieux, tu sembles attendre l’orage. C’est que tu es tellement changeant! D’un bleu vibrant à certains matins, presque mauve à d’autres moments. Parfois tu chuchotes si discrètement, on dirait que tu as peur de déranger;  tandis qu’aux jours de grandes marées, tu roules, mugis, déferles… écumant de folie. Qui crois-tu donc effrayer? Certes pas les goélands qui t’accompagnent de leurs cris, comme des commères : «  C’est ça, vas-y! Montres-leur qui est le boss… depuis le temps qu’ils te prennent pour n’importe quoi, même pour un dépotoir… » Il faut craindre la colère du juste, dit-on! Moi, je t’aime même quand tu es enragé et que tu montes… jusqu’à me laisser à peine un petit coin de grève où je peux te regarder cracher ta fureur, humble, recueillie, émerveillée devant ta puissance.

automne 2015hiver 2016 076Été comme hiver (quand mes fenêtres ne sont pas gelées), c’est vers toi que se porte mon premier regard encore ensommeillé. Le soir, tu es le dernier à qui je dis « Bonne nuit! » et à toute heure du jour,  tu es le témoin de ma vie. Quand ça va bien, je te fais partager ma joie, quand ça va mal, c’est aussi vers toi que je tourne les yeux. Tu es  mon confident. Les autres t’appellent « Saint-Laurent »; moi, je t’appelle « mon Ami »… peut-être le seul qui ne m’a jamais fait défaut.

Tu es toujours là, immuable… même si tu changes de visage cent fois par jour.  Même si l’hiver tu te caches sous une couverture glacée, tu es là quand même. Le soir, quand je me promène, je t’entends murmurer et choquer tes vagues contre les blocs de glace.  Quand le moment sera venu, je le sais, tu vas briser toute cette carapace et, tu vas sortir de là, triomphant. Je serai là pour participer à ta libération, j’irai te retrouver et, ensemble, nous pleurerons de joie!

014Alors, nous entreprendrons une autre « belle saison », avec des jours bleus et d’autres gris, avec des soirs roses ou dorés, avec la chanson de tes vagues pour m’éveiller le matin et pour me bercer la nuit. J’ai besoin de toi. Tu fais partie de ma vie. Tu délimites mon horizon, ce qui me fait dire que si je te perds… je perds le nord!

IMG_20160708_0013 (2)Jadis, durant les beaux jours d’été, je te rejoignais en chaloupe et, l’un portant l’autre,  nous longions la côte, tout le long de ce coin de pays qu’on appelle Deschambault, et dont tu es le seigneur incontesté.  C’est par toi que sont venus les premiers arrivants; c’est ta fougue et tes rapides qui les ont  fait débarquer ici… c’est sûrement à cause de toi qu’ils ont bâti ce petit village. Et à vivre près de toi, leurs descendants ont fini par te ressembler un peu : fiers, indépendants, n’aimant pas brusquer le cours des choses… n’aimant pas être dérangés. Tout comme toi, ils sont patients, persévérants, et ils aiment leur liberté. Même dans leurs mots de tous les jours, on retrouve ton influence, par exemple « on monte » à Montréal ou « on descend » à Québec!

photos jacmado 080806 094Depuis plusieurs générations, beaucoup de gars d’ici ont vécu avec toi, de toi. Ils ont remonté ton cours jusqu’à la tête des Grands Lacs; ils l’ont descendu jusque dans le Golfe.  Ils t’ont vu dans tes bons comme dans tes mauvais jours, ils ont appris à connaître tes écueils, tes hauts fonds, tes rapides. Sous les pluies glaciales de novembre, quand tu te confonds avec le ciel, dans la même grisaille, ils soupiraient après le foyer… Pourtant, chaque printemps, ils te revenaient. Ceux qui ont ainsi vécu près de toi de longs mois pendant plusieurs années ne t’oublieront jamais! Même pour ceux qui ont mis pied à terre depuis longtemps, tu demeures le seul horizon, comme tu es aussi le mien, toi, mon ami le Saint-Laurent!

© Madeleine Genest Bouillé, 28 juillet 2016

(D’après un texte paru dans le Journal-souvenir du 275e, en 1988)

Deschambault en fête, 2e partie

Le 275e anniversaire… une célébration qui a été longuement mijotée. Un comité provisoire avait d’abord été créé au cours de l’hiver 1987 et il était déjà décidé que les festivités auraient lieu en août 1988; on prévoyait aussi des activités étalées sur une fin de semaine, du vendredi soir au dimanche soir.

Le Comité du 275e formé en juillet 1987 avait tout d’abord rencontré en septembre les deux conseils municipaux de la Paroisse et du Village, afin de s’assurer de leur participation financière et autre.  Dans le même temps, une demande avait été faite auprès du Ministère de la Culture du Québec. Le comité, ne voulant pas être en reste, amorçait alors une campagne de financement pour laquelle plusieurs activités étaient prévues au cours de l’automne. Mentionnons le rallye-automobile avec souper-spaghetti, le souper aux huitres et la soirée casino, le tout jumelé avec la vente de l’épinglette du 275e anniversaire, à l’effigie des armoiries de Deschambault.

À droite sur la photo: le député provincial Michel Pagé.

Buffet du dimanche 21 août 1988. À droite sur la photo: le député provincial Michel Pagé.

Les premières réunions préparatoires aux Fêtes eurent lieu au cours de l’hiver 1988, onze personnes faisaient partie du comité dont le président était Alain Brisson. Dans le procès-verbal de la réunion du 10 mars, on apprend que les activités de financement qui ont eu lieu à l’automne ont rapporté 1,935.79$.  Nous en étions très fiers! Ce même rapport fait état que des membres du comité devront rencontrer les gens d’affaires de la région ainsi que les députés fédéral et provincial, pour tenter d’obtenir de l’aide financière. C’était normal et il n’y avait pas de fête possible sans cela! C’était avant la Commission Charbonneau…

Également au cours de l’hiver 1988, on met sur pied une chorale qui sera dirigée par Gaston Bilodeau (qui fut l’un des principaux artisans du 250e anniversaire). L’accompagnatrice du Chœur des Retrouvailles était Jacinthe Montambault. Plusieurs membres du Chœur du 250e sont de retour, vingt-cinq ans plus tard!

Messe du 275e.

Messe solennelle du 275e.

En mars, les dates sont arrêtées : Deschambault fêtera son 275e anniversaire du vendredi 19 au dimanche soir 21 août. À la lecture des rapports de réunions, je vois que d’autres personnes se sont ajoutées au comité, pour diverses raisons, dont l’ajout d’activités (entre autres, la parade de mini-chars qui était sous la responsabilité de la Garderie « Les Bouts d’Choux »). À partir de juillet 1988, les rencontres ont lieu à tous les mardis et un comité est mis sur pied pour la Journée des Retrouvailles, qui aura lieu le dimanche. Il y avait beaucoup de pain sur la planche et il était parfois difficile « d’accorder tous les violons »! Heureusement, on en venait toujours au consensus!

Au cours de l’été, le comité des Retrouvailles  qui se faisait fort de rejoindre le plus grand nombre possible d’anciens résidents et de membres des familles demeurant à l’extérieur, recevait des réservations pour la fête des Retrouvailles presque tous les jours, et ce, jusqu’à la veille de la fête. Effectivement, il y avait plus de 300 personnes sous la tente lors de la journée du 21 août. Heureusement, nous avions loué un grand chapiteau. Mais regardons plutôt le programme des festivités :

Vendredi 19 août :
20h30 : Soirée d’ouverture, danse avec l’Orchestre Sioui

Samedi 20 août :
Journée champêtre à la paroisse de Deschambault
12h00 : Dîner « pique-nique » avec musiciens, course de tacots, tournoi de fer.
De 10h30 à 16h00 : Visites de la station de recherche agricole (qui célébrait son 70e anniversaire)
18h30 : La Grande Tablée.
21h00 : Spectacle de Sylvie Tremblay «  Parfum d’orage »

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La course de tacots dans la route Proulx.

Dimanche 21 août :
Journée des Retrouvailles
10h30 : Messe solennelle à l’église
11h30 : Accueil
12h00 : Buffet
14h00 : Visites guidées.  Parade de mini-chars. Pause musicale à l’extérieur du Vieux Presbytère
18h30 : Souper québécois
20h00 : Concert par le Chœur des Retrouvailles
22h00 : Feu de Joie et feu d’artifice sur le Cap Lauzon.

Au cours de l’été, plusieurs expositions avaient lieu au Vieux Presbytère, au Moulin de La Chevrotière et à la salle Paul-Benoît : La vie des femmes à Deschambault, Photos comparées des sites de Deschambault, Exposition d’artistes locaux (dont les dessins de Claude Genest, qui seront exposés à la sacristie des Sœurs cet été, à partir du 14 août), Cartographie de Deschambault, Poterie (collections locales et régionales ),  Travaux des Fermières et  Dessins d’enfants.

Il n’y a pas de fête d’envergure sans une publication, album-souvenir ou un livre. Deschambault a donc innové avec un Journal-souvenir. Si la page couverture était pour le moins surprenante, il faut reconnaître que le contenu du journal  était  très intéressant.  En noir et blanc, le journal présentait des textes variés conçus par différents auteurs, en plus des messages des autorités. On y trouvait plusieurs photos et, idée géniale, les jeunes de l’école primaire avaient aussi leurs pages, dans lesquelles ils avaient exprimé leur vision de Deschambault dans le futur.

Je garderai toujours le souvenir du concert de la chorale, le dernier soir, dans l’église remplie « à craquer » et après, autour du feu de joie, les «  au revoir » qui terminaient fraternellement la fête… sans oublier, le feu d’artifice qui est toujours pour moi le vrai point final d’une célébration qu’on veut grandiose!

Spectacle bénéfice avec Marc Hervieux.

Spectacle bénéfice avec Marc Hervieux.

J’essaierai de ne pas m’attarder sur les Fêtes du 300e anniversaire qui eurent lieu en 2013.  Pour plusieurs, vous les avez vécues tout comme moi. Mais je me plais à rappeler les nombreuses activités. Il y eut de tout! Des tournois : hockey-bottine en février, balle donnée en mai, dek-hockey en juin. Tout le monde se rappellera du concert-bénéfice donné par Marc Hervieux le 1er juin. L’ouverture officielle des festivités avait lieu lors de la messe solennelle du 9 juin, avec deux lancements : celui du CD de Richard Paré à l’orgue de Deschambault et celui du livre sur l’histoire de Deschambault, de Yves Roby et Francine Roy. En plus du spectacle de Marc Hervieux, nous avions eu les spectacles du chansonnier Éric Masson le 21 juin, le groupe Maximum 80 le 28 juin, et Les Quêteux et Les Charbonniers de l’Enfer, le 29 juin.  Les jeunes n’étaient pas en reste dans la semaine du 21 au 30 juin, avec un concours d’art oratoire, une activité jeunesse offerte par la Biblio du Bord de l’eau, et les traditionnels jeux gonflables. Le point culminant des fêtes  fut sans contredit les activités des Retrouvailles, les 29 et 30 juin. Marché public « d’époque », exposition Des gens remarquables, tours de calèche, concours de « corde à linge », stands généalogiques, information et vente du livre Deschambault et des objets à l’effigie du 300e.

gateau lumiereÀ cela s’ajoutaient le souper communautaire avec le magnifique gâteau du 300e, confectionné par la chocolatière Julie Vachon,  ainsi que les nombreuses activités du dimanche 30 juin : fête des familles-souches, plantation symbolique d’un arbre, dévoilement de quatre plaques commémoratives dans le Jardin des Ancêtres, inauguration du Calvaire Naud rénové… et j’en oublie sans doute! La semaine de fête se terminait avec le concert du Chœur d’Eschambault et le plus magistral feu d’artifice  qu’il nous a été donné de voir à Deschambault.  Le croirez-vous?  Parmi les membres de la chorale, certains étaient présents aux concerts des 250e et 275e anniversaires.  Quand on aime chanter en chœur, c’est comme ça!

Avec la randonnée à vélo du 6 juillet, le rallye historique familial du 29 septembre, qui était suivi d’un souper-spaghetti, et la soirée « Swing la rotule » du 12 octobre, nous nous sommes rendus à la fin de cette année festive. Pour nous rappeler au quotidien ces fêtes auxquelles nous avons pris part en tout ou en partie, on  porte encore de temps à autre nos chandails bleus… chez vous tout comme chez nous, nous buvons notre café dans les tasses du 300e et nous avons encore quelques drapeaux à l’effigie de cette fête inoubliable!

015Comme le disait la chanson du 300e chantée par le Chœur D’Eschambault : « Les années t’ont embellie… tu es restée jeune de cœur… Grande Dame tricentenaire, Deschambault, de toi on est fiers! Belle d’autrefois, belle à jamais! » (Paroles et musique : Linda Martel, arrangement Jacinthe Montambault.) Pour visionner l’extrait vidéo de ce chant, cliquez ici.

© Madeleine Genest Bouillé, 27 juillet 2016

Pour voir plus d’images des festivités du 300e, on peut visionner un montage vidéo d’une vingtaine de minutes en cliquant ici.

Deschambault en fête

Tous ceux et celles qui résidaient à Deschambault en 2013 et avant, gardent en mémoire les festivités qui ont marqué le 300e anniversaire de fondation de la paroisse. Je précise pour les personnes qui aiment que les choses soient claires, que 1713 est l’année de l’ouverture des registres de la paroisse. Et j’ajoute pour ceux qui n’ont pas beaucoup de notions d’histoire locale que tout a commencé par une seigneurie concédée à François de Chavigny et son épouse Éléonore de Grand’Maison, en 1640. Cela se passait à Paris et M. de Chavigny et sa famille seraient arrivés, dit-on, vers 1642. Toutes mes excuses aux historiens, mais pour en venir à l’essentiel de mon sujet, je ne peux m’attarder  de long en large sur l’Histoire de Deschambault, aussi intéressante soit-elle. Disons seulement que Deschambault doit son nom à Jacques-Alexis de Fleury D’Eschambault, époux de Marguerite de Chavigny, fille du seigneur François de Chavigny et d’Éléonore de Grand’Maison. M. D’Eschambault avait acquis la seigneurie en 1683. Pour en savoir plus long je vous suggère de lire, soit La Petite Histoire de Deschambault, de Luc Delisle, ou le livre plus récent Deschambault, d’Yves Roby et Francine Roy.

Nulle part, que ce soit dans le livre Deschambault, paru en 2013, ou dans La Petite Histoire de Deschambault éditée en 1963, il n’est fait mention d’une quelconque célébration du centenaire de Deschambault au cours de l’année 1813, à moins que j’ai sauté des passages, sans le vouloir! Cela s’explique. La paroisse était alors en pleine croissance. Dans l’ouvrage d’Yves Roby et Francine Roy, on lit que cette époque est celle « d’une économie en pleine mutation ; entre autres, la population qui était de 453 habitants en 1790, est passée à 1,486 en 1825 ». D’ailleurs, à cette époque, cent ans, c’était tout récent pour les habitants qui venaient « des vieux pays »!

A-t-on fêté le 200e anniversaire? Que je me réfère à l’un ou l’autre de mes livres d’histoire, je crois que nos dirigeants autant ecclésiastiques que municipaux avaient d’autres chats à fouetter.  Mentionnons que 1893 marque le détachement du 5e Rang, qui deviendra la paroisse de Saint-Gilbert, et en 1903, une partie du 3e rang sera annexée à la nouvelle paroisse de Saint-Marc-des-Carrières. Je glane mes informations ici et là… et je vos apprends « qu’en 1907, la voirie s’améliore, alors qu’en 1913, la Fabrique profita de l’occasion qui lui fut offerte pour faire « macadamiser » le pourtour de l’église et le chemin de la Fabrique » (Luc Delisle). Il y eut peut-être une célébration religieuse pour souligner le 200e anniversaire de notre « encore jeune paroisse ». Mais, tout ce que j’ai pour témoigner de cet anniversaire, c’est ceci : une affiche qu’on peut voir au Vieux Presbytère – si elle y est encore – sur laquelle sont inscrites les dates 1713-1913, avec quelques photos des principales bâtisses patrimoniales. Si vous en savez plus long, faites-moi signe!

En 1963 par contre, il n’était pas question de laisser passer le 250e anniversaire! C’était  décidé, on allait fêter ça en grand! Au tout début de l’année, un impressionnant comité était mis sur pied pour l’organisation des célébrations de cette fête. Il se composait d’une vingtaine de personnes, représentant les autorités religieuses et municipales, ainsi que des  bénévoles de chacun des mouvements paroissiaux.  M. Antoine Roy en était le président.  Pendant qu’Agnès Bouillé-Bilodeau travaillait à la rédaction d’un jeu scénique avec l’aide de Francine Roy pour la réalisation, son époux, Gaston Bilodeau, président de la Société Saint-Jean-Baptiste et un des principaux responsable de l’événement, faisait du recrutement pour créer une chorale mixte. Dans le même temps, notre historien local, Luc Delisle, mettait la dernière main à son livre: la Petite Histoire de Deschambault. Et pendant ce temps, Jean-Marie Du Sault, qui souhaitait donner une seconde vie au Vieux Presbytère, préparait un « Musée-souvenir », à visiter au cours de l’été 1963.

Quelles belles fêtes… dont j’ai malheureusement peu de photos. Dans un numéro du  journal L’écho de Portneuf, on lisait dans un texte publicisant cet important anniversaire que « toutes les associations et regroupements sociaux, religieux ou culturels de Deschambault seront appelés à participer à l’élaboration du programme des cérémonies officielles et des manifestations populaires reliées à l’événement. » Je vous fais part du programme des célébrations qui eurent lieu du 2 au 5 août inclusivement, tel que rédigé dans l’album-souvenir :

Vendredi 2 août :
8h00 : Ouverture des Fêtes. Les cloches sonneront pendant 5 minutes.
8h15 : 1ère présentation du Jeu scénique – Chorale du 250e à la Ferme-école de Deschambault.

Samedi 3 août :
1h 30 : Festival de la Jeunesse, sur le Terrain de Jeux.
5h00 : Messe à la Grotte  sur le Cap Lauzon
8h00 : Soirée Canadienne –  Chorale du 250e à la Ferme-école de Deschambault
Invitation à nos sexagénaires et à toutes les familles de St-Alban, St-Marc, St-Gilbert et Portneuf.

Dimanche 4 août :
10h 00 : Grand’messe solennelle à l’église
11h 00 : Photo-souvenir – Façade de ‘église
11h 30 : Réception au Manoir de La Gorgendière
12h 30 : Banquet – à la Ferme-école de Deschambault
3h00 : Dévoilement du Monument commémoratif, Démonstration « Patro », Terrain de la Fabrique
8h00 : 2e présentation du Jeu scénique – Chorale du 250e à la Ferme-école de Deschambault
11h00 : Pyrotechnie – Sur le Cap du Couvent

Lundi  5 août :
9h00 : Messe solennelle pour les défunts : prêtres, fondateurs, religieux, religieuses et paroissiens décédés.

MUSÉE
Invitation spéciale à tous de visiter le Musée qui sera installé au Vieux Presbytère.
Heures des Visites : de 1h30 à 5h00. Samedi et dimanche.

014Savez-vous où est le « Monument commémoratif »? Du côté nord de l’église, vous pouvez voir ce monument en forme de livre, sur lequel on peut lire : « Des hauteurs du Cap Lauzon, Deschambault persévérant, maintiendra ses traditions. »

J’inclus en plus de la photo de la chorale, quelques photos du Jeu scénique,  relatant l’histoire de Deschambault et je vous en donne le programme:

  1. Cartier à Ochelay
  2. À Paris chez la Duchesse d’Aiguillon
  3. Épisode de la vie de la 1ère famille de défricheurs à Chavigny
  4. Figures marquant notre histoire au XVIIIe siècle
  5. Descente des Anglais à Deschambault
  6. Conséquences de la guerre

INTERMISSION

  1. Paisibles évocations du XIXe siècle
  2. Relations d’aujourd’hui

Je vous reviens pour parler des 275e  et  300e  anniversaires…

© Madeleine Genest Bouillé, 24 juillet 2016

Vieilles chansons qu’on aime chanter

"Femme à la fontaine" de J.M. Villard (1828-1899).

« Femme à la fontaine » de J.M. Villard (1828-1899).

« À la claire fontaine, m’en allant promener
J’ai trouvé l’eau si belle, que je m’y suis baigné. 
Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai. »

À la claire fontaine… Je savais déjà que cette chanson est l’une des plus vieilles de notre répertoire. En fouillant sur Internet, effectivement on dit que cette chanson qui date du  XVIe ou peut-être même du XVe siècle, nous est venue par les colons français qui venaient s’établir en « Neuve France », comme on disait alors. Jean Provencher, mon historien québécois préféré, nous raconte qu’un écrivain parisien, Oscar Hérard, dans une étude sur le Canada, aurait  déclaré que la « Claire Fontaine » était à une certaine époque, le chant national officiel de la Nouvelle-France. Le Trifluvien, journal qui, comme son nom l’indique, venait de Trois-Rivières, avait rapporté cette nouvelle en 1891. Chant national ou pas, cette chansonnette a traversé les siècles et se chante encore dans toutes les circonstances où l’on veut faire participer une foule… presqu’autant que Gens du Pays!

* * * * *

« Ah! c’était un p’tit cordonnier…
Qui faisait fort bien les souliers…
Il les faisait si jute,  si drett’
Pas plus qu’il n’en fallait. »

Mes grands-parents, Blanche et Tom (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Mes grands-parents, Blanche et Tom (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

 Le p’tit cordonnier… Cette chanson de folklore nous serait connue depuis 1880. Moi, quand j’étais petite, j’ai appris à lire entre autres avec les cahiers de la Bonne Chanson. Je me souviens que j’aimais l’image qui accompagnait les paroles et la musique de cette chanson,  parce que ça ressemblait à la boutique de cordonnerie de mon grand-père. Sauf qu’à ma connaissance, mon grand-père Tom Petit, n’allait pas au cabaret… Il aimait bien « un bon petit boire » de temps en temps, mais comme dans la chanson « Pas plus qu’il n’en fallait! ». Par contre, il n’aurait jamais battu sa Blanche à coups de bâton. Non, ça, jamais! Quand ma grand-mère récriminait contre les enfants trop tannants, le chat qui était dans ses jambes ou contre les clients qui ne payaient pas souvent… mon grand-père clouait ses semelles et ses talons « si juste et si drett’ » en fredonnant, sans prêter trop d’attention aux paroles de Blanche…

* * * * *

« Petits enfants, jouez dans la prairie,
Chantez, chantez, le doux parfum des fleurs.
Profitez bien du printemps de la vie
Trop tôt, hélas! Vous verserez des pleurs. »

Souvenirs d’un vieillard… Du temps des soirées « Bonne Chanson » au Vieux Presbytère,  cette balade était généralement chantée vers la fin, alors que nous reprenions tous en chœur le dernier refrain. Que de bons conseils et de tendres paroles, prodiguées par ce vieillard! « En vieillissant, soyez bons, charitables… Il est si bon d’assister ses semblables, un peu de bien embellit nos vieux jours ». La seule indication quant à l’origine de cette chanson est « chanson d’autrefois », ce que démontre assez bien le style romantique employé par l’auteur et surtout le dernier couplet : « En vieillissant, j’ai connu la tristesse… Ceux que j’aimais, je les ai vus mourir. Oh! Laissez-moi vous prouver ma tendresse. C’est en aimant que je voudrais mourir. » Si vous chantez cette chanson et que vous voulez attendrir votre auditoire, mettez tout l’accent sur le refrain : « Dernier amour de ma vieillesse… Venez à moi, petits enfants. Je veux de vous une caresse… Pour oublier mes cheveux bancs! »

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La chaloupe de mon frère Fernand (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

La chaloupe de mon frère Fernand (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

« Amis, partons sans bruit, la pêche sera bonne, la lune qui rayonne éclairera la nuit.
Il faut qu’avant l’aurore, nous soyons de retour, pour sommeiller encore, avant qu’il soit grand jour. »

Partons la mer est belle… Encore une belle vieille chanson qu’on nous a apprise quand nous étions très jeune. Dans le cahier de la Bonne Chanson, on dit que c’est un folklore acadien. Et comme beaucoup d’entre nous avons quelque lointain ancêtre acadien dans notre lignée, on se sent tous un peu de parenté avec les marins et les pêcheurs et c’est avec ardeur que nous chantons : « Partons la mer est belle, embarquons-nous pêcheurs… Guidons notre nacelle, ramons avec ardeur… Aux mats, hissons les voiles, le ciel est pur et beau. Je vois briller l’étoile qui guide les matelots. » 

* * * * *

« Quand nous chanterons le temps des cerises… et gai rossignol et merle moqueur, seront tous en fête. Les belles auront la folie en tête et les amoureux, du soleil au cœur… »

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Le cap Lauzon vers 1920…

Le temps des cerises… Les paroles de cette chanson, qu’on a associée à la Commune de Paris, sont de Jean-Baptiste Clément et la musique d’Antoine Renard. Elle date de 1866. En quoi une si jolie romance pourrait-elle avoir quelque rapport avec la période sanglante qu’on a appelée « La Commune de Paris »? Pendant cette insurrection contre le gouvernement qui a eu lieu du 26 mars au 28 mai 1871, on a déploré la perte de 15,000 Communards et de 7,000 à 8,000 Versaillais au cours de féroces combats. Est-ce un rappel de cette guerre quand on chante ces paroles : « Cerises d’amour, en robes pareilles, tombant sous la feuille en gouttes de sang »  et plus loin : « J’aimerai toujours le temps des cerises… c’est de ce temps-là que je garde au cœur une plaie ouverte… et Dame Fortune, en m’étant offerte, ne pourra jamais calmer ma douleur » ? Quoi qu’il en soit : « J’aimerai toujours le temps des cerises et le souvenir que je garde au cœur. »

 Chantons nos vieilles chansons… pour qu’elles ne tombent pas dans l’oubli!

© Madeleine Genest Bouillé, 19 juillet 2016

Il était une fois un arbre

IMG_20160717_0001À chaque fois que j’ai dans la tête l’air du Vieux sapin, c’est à l’orme de notre vieille route que je pense. La chanson commence ainsi : « Que de fois au déclin de la vie, quand je songe aux beaux jours du passé… je reviens l’âme toute ravie, au nid charmant qui m’a tant bercé. » Tous ceux et celles qui ont grandi avec les Cahiers de La Bonne Chanson de l’abbé Gadbois, connaissent cette chanson. C’est une musique qu’on retient facilement et le refrain a juste assez de nostalgie pour qu’on s’y attarde… faisant ainsi des notes noires là où il y a des croches et des notes blanches où il y a des noires!

IMG_20160717_0006« Je revois la maison paternelle, le jardin, le vieux puits, la margelle, je revois sur le bord du chemin, l’arbre géant, le cher vieux sapin »… Quand je  pense à la maison  de ma jeunesse, l’arbre géant qui était au bord du chemin, sur le haut de la côte, était un orme. Le plus beau de tous ceux que j’ai connus. Maman disait que c’était lui qui tenait la côte. Il est vrai que ses racines s’étendaient certainement très profondément dans la terre, et très loin, traversant la route, jusqu’on ne sait pas où! Si aujourd’hui il faisait encore partie du paysage, en changeant quelque peu les paroles de la chanson, je pourrais lui fredonner les couplets : « Vieil orme à l’allure si fière, tu redis les vertus d’autrefois… Quand jadis, sous ta fraîche feuillée, près de toi la nombreuse nichée, grandissait comme en un coin des cieux, vivait en paix près de l’arbre ombreux. » Il était tellement grand, son feuillage s’étalait comme un immense parasol et il couvrait de son ombrage la route qui descendait jusque devant la vieille maison de pierre. Je crois qu’ils étaient aussi vieux l’un que l’autre. Ils se connaissaient depuis toujours…

IMG_20160717_0003« Vieil orme, dans ma mémoire, tu revis comme un arbre enchanté. Je te vois plein d’orgueil et de gloire, près du vieux gîte encore habité. Bien des soirs, sous la verte charmille, près de toi, réunis en famille, nous allions nous reposer un peu… et folâtrer sous le vieil orme ». Il en avait vu passer des gens, sur cette route qu’on appelait le chemin du roi, avant qu’on en construise un nouveau, moins abrupt et plus droit. Quand on montait la côte un peu vite, rendu au gros orme, on ralentissait le pas, pour souffler un peu, en profitant du magnifique point de vue sur le fleuve qui nous enchantait toujours!  Car voyez-vous, dans notre temps, il n’y avait que très peu d’arbres et seulement quelques chalets de chaque côté de la route du quai.

Puis un jour, plus personne ne se souvient à partir de quand, comme beaucoup de ses pareils, le gros orme a commencé à perdre sa bonne mine; il était malade, incurable! Ici et là, les branches séchaient et perdaient leurs feuilles… d’un printemps à l’autre, son feuillage s’amenuisait. Il était condamné. En contrebas, le champ qui séparait la vieille route de la nouvelle était marécageux. Au printemps, les grenouilles s’en donnaient à cœur joie sur ce terrain humide, et en hiver, comme il y avait un poulailler dans le coin, les renards  venaient chiper quelques poules effarées.  Et nous, quand nous étions enfants, en été, on y jouait au jeu qu’on appelait « en bas de la ville » et l’hiver, on glissait en  « traîne-fesse ».

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Mais il arriva ce qui devait arriver; le gros orme dépouillé rendit l’âme. Un promoteur ayant acheté le champ inutile dont personne ne voulait, coupa le vieil arbre, puis il remplit le terrain, qu’il divisa ensuite en lotissements. Quelques maisons s’élèvent maintenant où était jadis notre terrain de jeux!

Il était une fois un arbre… et je termine son histoire avec le refrain de ma chanson que je dois bien modifier un peu afin qu’il s’accorde avec les couplets : « Mon âme alors rayonne, et tout en moi chantonne… j’entends toujours le gros orme, qui redit son refrain… à la brise légère, il mêlait sa voix claire, et son hymne joyeux : c’était l’écho des aïeux! » Sans oublier le point d’orgue sur le mot « aïeux », pour une belle finale!

© Madeleine Genest Bouillé, 17 juillet 2016

N.B. Les photographies de la rue Johnson datent de 1956 et sont tirées de ma collection privée.

Un livre qui a quelque chose à dire…

Il y a des moments dans la vie où l’on a besoin de se plonger dans un livre qui a quelque chose d’important à nous dire. Ce qui est le cas ces jours-ci. Je cherchais… et je me suis rappelé ce petit livre d’Éric-Emmanuel Schmitt, Oscar et la dame rose. J’ai lu plusieurs livres de cet auteur qui nous fait voyager avec des personnages très différents les uns des autres, dans différents pays, à différentes époques. Le moins qu’on puisse dire est que c’est un excellent auteur, dont les œuvres ne peuvent laisser personne indifférent. Parmi les auteurs contemporains, Eric-Emmanuel Schmitt est l’un de ceux que je préfère avec ses histoires pas comme celles de tout le monde, je cite entre autres : La part de l’autre, L’enfant de Noé, Ma vie avec Mozart ou encore Concerto à la mémoire d’un ange. La première fois que j’avais lu Oscar et la dame rose, il m’avait été prêté par une amie, une fille « pas comme tout le monde », elle non plus.

Au départ, le sujet du livre ne m’attirait pas du tout. Je n’aime pas les histoires de personnes atteintes de maladie incurable et justement, Oscar est atteint de leucémie en phase terminale, alors, non, ce n’est vraiment pas « ma tasse de thé »!

J’avais donc au départ une opinion défavorable. Mais le livre m’avais été offert avec un si gentil sourire : « Tu vas voir, ce n’est pas ce que tu penses. » Je l’ai lu, en trois fins de soirée, plus longtemps le dernier soir, car je relisais certaines pages plus touchantes, la boîte de kleenex pas loin… Et oui, j’assume mon prénom!

Je n’ai jamais lu de livre aussi plein de vie, d’espoir. Je le conseille à tout le monde : malades ou bien portants, jeunes et moins jeunes, croyants ou non. Si on ne l’a pas à votre bibliothèque, demandez-le, on se le procurera, ou bien achetez-le, on le trouve dans toutes les librairies et c’est un livre  que vous ne lirez pas qu’une seule fois!

IMG_20160711_0001Oscar et la dame rose, c’est un livre qui fait du bien. C’est doux comme la première neige ou comme l’herbe tendre du printemps, selon ce que vous préférez. Mais aussi c’est fort, ça vous bouscule comme le vent de nordet dans les hautes mers du printemps. C’est vif et ensoleillé, et c’est serein… comme un beau clair de lune sur le fleuve en été.  Parfois, vous riez… et vous avez en même temps les yeux pleins d’eau. Je vous le redis : lisez Oscar et la dame rose… Vous m’en donnerez des nouvelles!

Je vous laisse avec quelques réflexions d’Oscar :

« La plupart des gens sont sans curiosité.  Ils s’accrochent à ce qu’ils ont, comme le pou dans l’oreille d’un chauve. »

« Les gens craignent de mourir parce qu’ils redoutent l’inconnu. »

« Il n’y a pas de solution à la vie sinon vivre. »

« La vie c’est un drôle de cadeau. Au départ on le surestime : on croit avoir reçu la vie éternelle. Après, on le sous-estime, on le trouve pourri, trop court. Enfin on se rend compte que ce n’était pas un cadeau mais juste un prêt.  Alors on essaie de le mériter. »

Et cette réplique de la « dame rose » : « Chaque fois que tu croiras en Dieu, il existera un peu plus. Si tu persistes, il existera complètement. Alors il te fera du bien. »

 Bonne lecture!

© Madeleine Genest Bouillé, 11 juillet 2016

Vous souvenez-vous?

IMG_20160708_00091978 :
C’était le jour de l’Action de Grâces. Nous étions rassemblés au Vieux Presbytère avec la famille de mon mari pour notre fête annuelle, quand un vent « à écorner les bœufs », c’est le cas de le dire, s’est levé. La demeure de mon beau-frère Jean-Marie était entourée de beaux grands peupliers… Lorsqu’il est revenu chez lui avec sa famille après la fête, quelle ne fut pas sa surprise quand il s’aperçut que trois des peupliers étaient couchés  au sol, déracinés. Cette année- là, Dame Nature avait fêté trop fort le congé de l’Action de Grâces!

IMG_20160708_00081983 :
Le verglas du 3 décembre 1983. Il y en a eu des verglas, mais comme celui-là, je crois que je n’en ai jamais vu. Même pas lors de celui de 1998. Regardez bien la photo, vous remarquerez l’épaisseur de la couche de verglas sur les branches. Nos pauvres arbres  avaient l’air piteux, leurs branches alourdies traînant jusqu’à terre… Les enfants étaient heureux : ils avaient eu congé d’école deux jours si je me souviens bien.

IMG_20160708_00061984 :
C’était l’année de « Québec, Mer et Monde ». De nombreux et magnifiques voiliers étaient venus d’un peu partout. Certains avaient remonté le fleuve jusqu’à Montréal. Au Vieux Presbytère, on présentait une exposition sur le fleuve, avec une maquette artisanale représentant le fleuve devant notre village. C’était fabriqué avec les moyens du bord, comme on faisait dans le temps, mais c’était quand même captivant, autant pour les gens d’ici que ceux d’ailleurs qui s’intéressaient à la vie maritime. Ce voilier, installé sur le terre-plein à l’entrée est du village, avait été fabriqué par M. Guy Savard, un marin retraité qui vivait alors à Deschambault.

IMG_20160708_00111990 :
Si on prenait aujourd’hui la même photo que celle de ce crépuscule automnal sur le bord de la côte longeant le fleuve, pas loin de chez nous, on chercherait en vain les beaux ormes qui faisait l’orgueil de cette portion du Chemin du Roy. D’autres arbres ont poussé depuis, mais ils n’ont pas la même majesté que ces ormes qui jadis étaient nombreux dans nos campagnes.

IMG_20160708_00021993 :
J’aime bien cette photo d’une citrouille d’Halloween décorée d’un chapeau de neige. C’était le premier jour de novembre et on s’était réveillés dans un paysage tout blanc! Pourtant, la veille, un  dimanche, il faisait beau et on avait reçu plusieurs petits monstres.  Cette année-là nous avions fêté l’Halloween le samedi 30 octobre, au Moulin de La Chevrotière… un endroit sans aucun doute visité par les fantômes, enfin c’est ce que nous avions fait croire à ceux qui étaient venus fêter avec nous!

IMG_20160708_00041996 :
C’était durant l’été. Les débordements climatiques qu’on vit maintenant, nous inquiètent.  Mais ça fait déjà plusieurs années que la nature a commencé à manifester sa colère par des actions brutales…Vous souvenez-vous des orages et des coups de pluie de l’été 1996? Le 20 juillet, alors qu’au Saguenay c’était le déluge, ici, la tente, plantée sur le cap Lauzon pour le rassemblement des familles Naud avait failli être emportée par le vent. Et ce même été, je ne me rappelle malheureusement plus la date, lors d’un autre orage mémorable, le gros érable sur le bord du cap Lauzon avait été jeté par terre par un fort coup de vent, comme vous pouvez le constater sur cette photo qui a été prise quelques minutes à peine après l’incident.

IMG_20160708_00122000 :
Un beau souvenir! Au début d’août 2000, c’était notre tour d’accueillir le traditionnel Festival des Pompiers de la région de Portneuf. Comme plusieurs autres citoyens de Deschambault, nous avions décoré la maison pour l’occasion. Entourés des membres de la famille, nous avions regardé défiler la parade des beaux camions rouges. Je me souviens que la petite dernière, Clémence, qui avait juste un an à cette époque, n’avait pas  bronché, alors que les camions faisaient retentir leurs plus tonitruants klaxons et que les valeureux pompiers jetaient des poignées de bonbons aux enfants. C’était tout une fête!

À bientôt pour d’autres images commentées!

© Madeleine Genest Bouillé, 10 juillet 2016

Reflets

Arbres, maisons, reflets verts, bleus, blancs,

Jeux d’eau calme, miroir déformant…

Graffitis roses sur la pierre des rochers

En désordre,  sur la grève éparpillés…

Envers du ciel, envers du décor

Dessin qui s’effiloche sur les bords.

Reflet changeant qui vient mourir à nos pieds,

Dans un soupir à peine exhalé.

Au gré de la lumière… au gré du vent,

Avec la marée qui monte ou qui descend.

 

© Madeleine Genest Bouillé, 8 juillet 2016

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Un bracelet de coquillages…

photos jacmado 080806 234J’ai un bracelet fait de coquillages, collés sur des plaques de bois. C’est un bijou sans prétention, mais je l’aime beaucoup. Il me rappelle un voyage en Estrie avec mon petit frère Roger et son épouse Diane en 2010. J’avais acheté ce bijou au Marché de la gare de Sherbrooke. Il faut dire qu’en voyage, Diane et moi aimions particulièrement faire le tour des étalages de « souvenirs ». Je me souviens qu’au cours de ce périple dans les Cantons de l’Est, on avait fait presqu’autant de « millage » que lorsqu’on descend dans le Bas du Fleuve. C’est qu’il y en a des choses à voir! Des vieux moulins, des vignobles, des boutiques d’antiquités et plein d’autres endroits tous plus attirants les uns que les autres, sans oublier les arrêts gourmands, tels, celui « obligé » à la Crémerie Coaticook! Pour en revenir à mon bracelet, je le porte quand vient l’été, tout comme les autres bijoux achetés au cours de nos voyages en Gaspésie ou ailleurs, voyages que nous avons souvent faits ensemble.

Comme on dit, « on s’adonnait » bien pour voyager. On se rencontrait à l’avance pour consulter le Guide touristique de la région que nous désirions découvrir ou revoir. On choisissait les endroits où nous devions  passer la nuit, on ciblait les lieux à visiter; on faisait aussi une liste des choses à apporter. Quand on devait passer quelques jours au même endroit, on réservait un petit chalet avec cuisinette, où l’on pouvait faire notre déjeuner et, à l’occasion, cuisiner un souper avec des produits locaux. En prévision de ces agapes de vacances, Diane préparait consciencieusement les accessoires nécessaires; pour ce faire, elle avait une liste, longue comme d’ici à demain! Il y avait tout là-dessus, sans oublier surtout ses petites salières de voyage. Ah! Les petites salières! Je crois qu’elles l’ont suivie partout où elle est allée. C’est justement au cours d’un de nos derniers voyages que Diane a lancé l’idée que j’écrive l’histoire de nos voyages, mais racontée par les petites salières. Il y a de cela quatre ou cinq ans et, pardon Diane, je ne l’ai pas encore fait!

Vacances 2012 139On a sillonné les routes du Québec ensemble à plusieurs reprises, peut-être une quinzaine de fois. La Gaspésie, nous en avons fait le tour ensemble à l’endroit et à l’envers huit fois! Il y avait des incontournables : la visite des Jardins de Métis, un arrêt dans le petit village de Métis-sur-Mer,  pour faire une promenade à pied le long de la rue qui longe le fleuve, afin d’admirer les belles maisons d’été des écossais. On avait nos haltes routières préférées : celle du Bic, celle de Cap-Chat, où l’on découvre la forêt d’éoliennes, et la dernière, quand on fait le voyage à l’aller par le côté nord, celle de St-Maurice de l’Échourie. Nous faisions des pauses aussi à Mont Saint-Pierre, au phare de Cap-des-Rosiers, et quelquefois  tout simplement sur le bas-côté de la route, quand elle longe le bord de mer et qu’on disait : « Enfin! On est en Gaspésie… Ah! Que les vagues sont belles! »

2011-08-21 377Nous avons quelquefois fait l’aller en passant par la Vallée et sinon, c’était au retour. Mais que ce soit l’une ou l’autre option, nous arrêtions toujours à la halte du Lac Matapédia, où on en profitait pour se tremper les pieds. Pour varier, quelquefois, nous sommes revenus par la route du Parc de la Gaspésie; une belle route qui serpente entre d’imposantes montagnes, dont certaines, même en août, gardent un petit chapeau de neige. Une belle route quand même, empruntée surtout par les camionneurs. On y entre à New-Richmond et on en sort à Ste-Anne-des-Monts, où il convient d’arrêter dîner à la Poissonnerie du Quai, pour nous remettre de nos émotions! Sur le chemin du retour, il y avait là aussi un arrêt, quasi obligatoire : la boutique « M’sieu l’Agate » à Ste-Flavie. J’ai plusieurs petits souvenirs qui proviennent de cet endroit. À chaque arrêt, on y achetait aussi un pot d’herbes salées du bas du fleuve… Elles étaient sûrement meilleures, achetées en Gaspésie!

photos jacmado 270809 266Mais que ce soit par le nord ou par le sud, le tour de la Gaspésie nous mène à Percé. Et que voit-on tout à coup? Le Rocher Percé! Qu’on l’aborde par la route du Pic de l’Aurore ou par la Côte Surprise, c’est toujours un choc! Après tant de voyages dans cette région unique du Québec, je vous le confirme, on ne reste jamais indifférent à ce paysage  incomparable. Nous y voilà donc! On retrouve le petit chalet qu’on a réservé et on se repose d’abord un brin. Si la journée est encore jeune, que faisons-nous? Les hommes s’attardent un peu, tandis que nous commençons notre tournée des boutiques de souvenirs!  On convient de se rencontrer pas loin du quai, et on revient par la promenade (laquelle est maintenant pas mal amochée d’après ce que j’en sais). Avec quelle ardeur, Diane et moi, faisions la tournée des magasins! On achetait quelques petites choses ici et là : des bibelots en coquillages, des agates, en pendentif ou en bracelet; on ne va pas en Gaspésie sans revenir avec des agates! Ce voyage est devenu comme une sorte de pèlerinage. Parmi nos sites préférés, il y avait la visite de la grotte où depuis je ne sais combien d’années, deux statues, La Vierge Marie et Bernadette Soubirous, se font face. Dans ce lieu, le silence n’est brisé que par le bruit de l’eau qui tombe de très haut dans  un large bassin où les gens laissent tomber des sous… pour obtenir des faveurs? Je ne sais… Mais cet endroit est fascinant!

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Il faudrait  bien que j’en revienne, me direz-vous! Bon, d’accord, me voici chez moi. Et tenez, le bateau en bois dans le coin au-dessus de la télévision, c’est un souvenir de notre premier voyage en Gaspésie avec Diane et Roger, en 1971. À l’époque, il y avait encore des enfants qui vendaient ces petits bateaux sur le bord de la route. Je regarde l’heure sur mon horloge avec une bordure de coquillages; c’est pourtant vrai, nous étions ensemble quand je l’ai choisie à Percé.  Et cette petite goélette en bois, achetée à Saint-Joseph-de-la-Rive… ça, c’était lors de notre voyage en 2004. Vers la fin de l’été, je vais changer mon carillon dans l’entrée, je vais suspendre celui où il y a une outarde qui a toujours l’air de vouloir s’envoler! J’avais acheté ce carillon à Knowlton, lors du voyage en Estrie de 2010…  Et bien sûr, mon bracelet de coquillages est là lui aussi pour me remémorer tous ces voyages de quatre, cinq ou six jours avec Diane et Roger.

Diane est partie pour un plus grand voyage; cette fois, elle voyage seule… Je ne peux que lui souhaiter d’y trouver le repos, la paix!

© Madeleine Genest Bouillé, 6 juillet 2016

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La maison de nos gens

Relais de poste datant du début du 18e siècle, avant sa restauration au début des années 2000.

Relais de poste datant de 1735, avant sa restauration en 2004-2005.

Il y en avait de plus grandes;
Il n’y en avait pas de plus hospitalières…
Il y en avait d’une parure plus opulente;
Il n’y en avait de meilleure à voir…

Je ferme les yeux et je la revois encore :
La maison de nos gens, blanche,
Dans la lumière, sur le chemin du roi…

 Chez nous, Adjutor Rivard, 1914

Ancienne maison du percepteur des rentes seigneuriales, rue de Chavigny (photo: coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Ancienne maison du percepteur des rentes seigneuriales, datant de 1822, rue de Chavigny.

Je ne savais pas quoi lire… plusieurs livres attendaient que je veuille bien découvrir ce qu’ils avaient à dire… Nul ne me tentait. Comme on écoute avec nostalgie les chansons de notre jeunesse, on a parfois le goût de relire un vieux livre qu’on a aimé et dont on connaît des grands bouts par cœur. J’ai donc choisi un très vieux bouquin, un prix de fin d’année, reçu lorsque j’étais étudiante au couvent: Chez nous, d’Adjutor Rivard, un auteur québécois qui a écrit ce livre en 1914.  Je ne sais même pas combien de fois je l’ai relu. C’est bien écrit. Avec de belles expressions bien de chez nous! Le premier chapitre, La Maison, nous l’avions étudié durant le cours de français, je ne sais plus en quelle année. J’en avais mémorisé plusieurs passages. En le relisant, ça m’a donné l’idée de savoir combien il peut y avoir de vieilles maisons  à Deschambault. J’ai donc fait le tour de mon patelin, de mémoire.

Ancienne "salle des habitants" construite dit-on avec le bois de la 1ère église vers 1840 (crédit photo: Patrick Bouillé, coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Ancienne « salle des habitants » construite dit-on avec le bois de la 1ère église vers 1840 (crédit photo: Patrick Bouillé).

En 1963, à l’occasion du 250e anniversaire de la paroisse, on avait publié un feuillet sur lequel figurait la liste des résidents de Deschambault en 1890-1900, versus 1963.  Évidemment, la liste de 1963 contient beaucoup plus de noms, du fait que beaucoup de nouvelles maisons ont été bâties. Par contre, à certains endroits, comme dans les rangs, il n’y a plus de maisons sur une portion de route, alors qu’il y en avait autrefois. Ce feuillet en mains, j’ai donc tenté de refaire une liste des maisons centenaires et plus, « encore debout ». Certaines des maisons mentionnées en 1890-1900 ne sont plus là, d’autres les ont remplacées.

Maison de la veuve Grolo, datant de l'ouverture des registres de Deschambault, en 1713, à l'est du village (crédit photo: Patrick Bouillé, coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Maison de la veuve Grolo, datant de l’ouverture des registres de Deschambault, en 1713, à l’est du village (crédit photo: Patrick Bouillé).

Après avoir repassé la municipalité d’est en ouest et du sud au nord (territoire de l’ancienne municipalité de Deschambault, avant la fusion avec Grondines en 2002), j’en suis arrivée à trouver une centaine de maisons de cent ans et plus, ça peut même aller jusqu’à deux cents ans pour certaines constructions, et ce, dans ce qu’il est convenu d’appeler le « premier rang », avec le village. Dans les deuxième, troisième rangs et Lachevrotière,  j’en ai compté une quarantaine. J’ai fait ce travail par plaisir, je ne suis pas spécialiste dans ce domaine, mes chiffres sont donc approximatifs. Ensuite, j’ai tenté  de recenser les maisons construites avant 1760, durant le Régime Français, cette tâche étant pas mal plus ardue, je ne suis certaine que d’une dizaine de maisons. Il peut y en avoir plus. Chose certaine, quand on dit que Deschambault a su conserver son visage d’antan, il faut convenir qu’un bon nombre de ces témoins d’autrefois que sont nos vieilles demeures, se dressent encore fièrement sur le Chemin du Roy et sur nos routes de campagne.

Maison de Louis-Joseph Bouillé, probablement la 2e maison construite sur la terre ancestrale, sur le chemin du Roy (photo: coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Maison de Louis-Joseph Bouillé, construite sur la terre ancestrale, sur le chemin du Roy.

En regardant la liste des résidents de Deschambault entre 1890 et 1900, ce qui m’a frappée, c’est le nombre de vieilles familles dont il ne reste pas de survivants chez nous; les Boudreau, Proulx, Rodrigue, Courteau, Rousseau, Thibodeau, Bélisle, Raymond,  Guillemette, Beaucage, et combien d’autres. Par contre, on trouve encore un grand nombre de résidents actuels dont les familles étaient établies ici il y a cent cinquante ans ou plus, ce qui démontre que la population locale est quand même assez sédentaire. Pour le cas où les descendants n’occupent plus le bien ancestral, ils demeurent quand même  dans la municipalité. Il est important de mentionner que plusieurs familles occupent toujours le « vieux bien » de leurs ancêtres.

Maison Delisle, reconstruite vers 1765 et appartenant à la même famille depuis ce temps (crédit photo: Patrick Bouillé).

Maison Delisle, datant de 1765 et appartenant à la même famille depuis (crédit photo: Patrick Bouillé).

Les prénoms, ça vous intéresse? Les propriétaires étant surtout des hommes à cette époque, j’ai peu d’échantillons de prénoms féminins à la mode en 1890. Chez les hommes, donc, la faveur allaient aux Joseph, Damase, Delphis, Charles, Zéphir ou Zéphirin, Narcisse, Olivier, Alfred, Hercule, Elzéar, Télesphore, Zénophile, Nérée, Trefflé… Les prénoms les plus rares : Thurief, Marseille, Théotime, Sinaï, Alyre, Isaraël, Fortunat, Philias, Lydéric… Si vous attendez un bébé et que vous cherchez un prénom hors du commun, vous  avez le choix!

Maison Paquin, 1816, dans le 2e Rang (crédit photo: Patrick Bouillé).

Maison Paquin, 1816, dans le 2e Rang (crédit photo: Patrick Bouillé).

Pour terminer en souriant ce texte à saveur historique, j’ai trouvé dans ma liste un certain John West et un Édouard East. Il ne manquait qu’un M. North et un M. South, pour que le tour d’horizon soit complet! J’espère que mon « tour de Deschambault » vous a plu, pour ma part, j’y ai pris grand plaisir!

© Madeleine Genest Bouillé, 1er juillet 2016

N.B. Toutes les photographies sont issues de ma collection (© collection privée Madeleine Genest Bouillé).

(Rédigé à partir d’un article paru dans le journal Le Phare en 1995.)

cal.anc.2012 003Photo de couverture: la rue de Chavigny avec au premier plan la maison sise au # 103, datant de 1736, puis la maison connue comme étant celle du peintre Georges St-Pierre  et enfin, à l’arrière-plan, le moulin de La Chevrotière de 1802 (source photo: Centre d’archives régional de Portneuf).