Quand les mille feuilles avaient MILLE feuilles…
Quand les « Mae West » étaient aussi dodus
Que l’actrice dont c’était le nom.
C’était l’bon temps, garanti!
Pas croyable, tout ce qu’on pouvait acheter
Pour seulement 10 cents :
Un Coke, un Cream Soda, un sac de chips
Un sac de « pinottes », une Orange Crush;
10 cents, rien que ça!
Quand la télévision est arrivée,
Ceux qui l’avaient étaient privilégiés.
Mais, je vous dis qu’ils en avaient d’la visite!
« Sa Mère, ôte ton tablier, vite! »
« Ben non, Pépère, pas besoin de se changer,
Ils nous voient pas, là, les acteurs dans la télé! »
La Famille Plouffe, la Soirée de lutte, Cap-aux-Sorciers,
Radisson, le Survenant, Un homme et son péché…
Et le dimanche soir, le « Ed Sullivan Show ».
C’est là qu’on a vu ELVIS pour la première fois!
On en revenait pas… Il était donc ben beau!
Puis quand il a chanté « Love me tender », Ah là!
On a braillé, je vous le cache pas!
Quand on allait au Mois de Marie,
Par les beaux soirs de mai à 7 heures et demie.
Ça nous faisait une bonne raison
Pour rentrer plus tard à la maison.
C’était donc plaisant d’être catholique!
Aller à l’église, le soir, c’était ben pratique.
En revenant on se pressait pas…
Derrière le Vieux presbytère on cueillait du lilas…
En faisant semblant de pas voir passer les gars…
Mais on parlait fort, on riait aux éclats.
On chantait : « Ave Maris Stella, des springs, pis des matelas »
On virait les cantiques à l’envers, plus folles que ça, ça se peut pas!
Quand au mois de juin, on s’installait sur la galerie pour étudier,
En regardant passer les autos, les bicycles, surtout les gens à pied.
On étudiait très fort : la géographie, l’Histoire du Canada,
1759, 1760, Wolfe, Montcalm… « Aïe c’est qui celui-là? »
On repassait tout le Régime français en écoutant le beau Paul Anka.
Sur le petit transistor : « Put your head on my shoulder… »
« C’est quand donc, l’intendant Talon? »
« Je le sais-tu moi, on écoute la chanson. »
Les soirées étaient douces… l’été était déjà là.
On avait tellement pas le goût de rentrer,
Plus studieuses que ça, ça se peut pas!
Quand enfin arrivait les vacances d’été,
On posait pas la question : « Où on va cette année ?»
On prenait des marches, on s’assoyait sur la galerie pour placoter.
On allait quelquefois visiter les « mononcles », les « matantes », la parenté.
On ne manquait pas une partie de balle;
On encourageait de notre mieux les équipes locales.
On criait quand il le fallait même si on suivait pas le jeu…
On savait le nom des joueurs : Ti-Pierre, Ti-Jacques, Ti-Zon, Ti-Bleu…
Des fois, il venait un cirque : le Cirque Touzin, ça s’appelait.
C’était la grosse foire! Les jeunes, les vieux, tout le monde y allait.
Il s’en est fait, des belles rencontres, à côté de la Grande Roue!
Entre deux tours de manège, au son de « Waterloo »…
Quand on allait à « la roulotte à patates frites »
Chez M. Audet, pour 25 cents on avait un Coke, une frite.
Dire qu’y en a qui disent que la friture, ça pue!
Maintenant il n’y a plus que le parfum du B.B.Q.!
La bonne odeur des frites, un peu vinaigrée…
C’est l’arôme même de nos belles années!
On revenait en placotant, en riant, en chantant…
Les gars en bicycle nous criaient, chemin faisant…
À notre tour, on les reluquait sans en avoir l’air
On se pensait bonnes, puis on était donc fières!
Quand les milles feuilles avaient MILLE feuilles…
La vie était un énorme mille feuilles!
Qu’on dégustait sans s’écœurer,
Qu’on émiettait sans y penser,
Qu’on gaspillait sans se soucier,
Comme si ça allait toujours durer.
Quand les mille feuilles avaient… MILLE feuilles!
Écrit un beau soir du mois de mai au début des années 2000
© Madeleine Genest Bouillé
Bonjour Madeleine, c’est Pierrette Naud qui te félicite pour tes chroniques, mon chum, Jean-Jacques Hardy les lit aussi et ce matin, il m’a dit: quand tu verras Mado, dis lui que j’aime beaucoup sa façon de raconter , il n’est pas originaire de Deschambault mais c’était pareil dans les villages. Comme nous n’avons pas l’occasion de nous voir et bien, il me fait plaisir de te l’écrire. Au plaisir de te lire de nouveau.
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Merci Pierrette et merci à Jean-Jacques…que j’ai connu un peu ( très peu ) jadis.
à notre époque où tout va très vite ( trop vite des fois ) il faut que quelqu’un prenne le temps de raconter les choses du temps « des vieux ». Car si on met tout sur Facebook…ça va juste se perdre!
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