Il fut un temps où, au Vieux Presbytère, on présentait des soirées « Bonne Chanson ». L’idée nous en était venue après avoir constaté que lors de nos soirées de musique, piano-bar ou musique traditionnelle, il y avait toujours un moment dans la soirée où l’un ou l’autre des participants entonnait une chanson, que tout le monde reprenait ensuite. Entraînés par la musique, on finissait par chanter en chœur; une chanson succédait à l’autre. Souvent alors, la soirée se prolongeait… Quand on se quittait, c’était pour se dire : « On devrait en faire plus souvent des soirées comme ça! »
La première soirée Bonne Chanson a eu lieu en novembre 1993 ou 1994, je ne suis pas certaine. On avait invité les gens à apporter les cahiers de La Bonne Chanson de l’Abbé Gadbois. On avait préparé un programme « au cas où » pour débuter la soirée et réchauffer la salle, en se disant que la suite viendrait tout naturellement, dès lors que les gens proposeraient une chanson, en solo, en duo ou en chœur. Et c’est ainsi que ça se déroulait. La saison se prêtait bien à ce genre de veillée. Il y a tellement de belles chansons qui parlent de l’automne! En commençant par La dernière rose de l’été : sur une musique irlandaise, l’auteur nous dit que « Si demain, tu cueilles une rose, dont le cœur est déjà fané… dis-toi bien que cette rose est la dernière de l’été. » Cette autre chanson, intitulée simplement Chant d’automne, résume à elle seule nos soirées automnales : « Lorsque le vent du soir s’alanguit et pleure, Et que tous les enfants sont dans la demeure, Ah! qu’il fait bon chez-soi près du feu pétillant qui chante, En cercle l’on s’assoit loin de la tourmente. »
Impossible d’évoquer les soirées Bonne Chanson, sans parler de Louiselle et de Joachim, un couple charmant, qui était toujours présent partout où ça chantait! Parmi leur vaste répertoire, ils chantaient ce duo, Chanson d’automne, dont le refrain nous invite : « Viens cueillir encore un beau jour, en dépit du temps qui nous presse, et mêlons nos adieux d’amour, aux derniers parfums de la brise. » Depuis, Louiselle et Joachim ont quitté leur maison au bord du fleuve pour une résidence plus apte à leurs besoins, puis encore une fois, ils ont changé de nid… Ainsi ils peuvent continuer de cueillir chaque beau jour qui s’offre à eux et ils profitent ainsi des parfums de la brise tant qu’il leur est possible de le faire!
Dans la Bonne Chanson, on retrouve des chansons très vieilles, qui ont été reprises et transformées maintes fois, et qui souvent racontent une histoire… généralement triste! Ainsi en est-il de la chanson Les quatre rubans. C’est l’histoire d’une vieille femme qui décrit sa vie en « quatre rubans » : sa vie de jeune mariée, représentée par le ruban blanc; le ruban bleu, pour sa vie de jeune mère; devenue veuve de guerre, elle porte le ruban rouge; et plus tard, ayant perdu ses fils et son époux, elle porte désormais le ruban noir. Une autre chanson, parmi les plus connues, Mon chapeau de paille, raconte l’histoire d’un patriote de la région du Richelieu en 1837. L’abbé Gadbois faisait une large place aux chansons bretonnes de Théodore Botrel. Cet auteur a composé des berceuses, des chansons de marin et surtout de femmes de marins, comme La Paimpolaise… « qui attend au Pays Breton ». Il a aussi écrit des chansons, comme Le couteau, faites pour être mimées. Cette dernière était l’une des favorites des soirées Bonne Chanson.
Une autre incontournable de nos soirées, c’est Souvenirs d’un vieillard. Elle était le plus souvent chantée par Joachim et on reprenait en chœur le refrain : « Dernier amour de ma vieillesse, venez à moi, petits enfants… Je veux de vous une caresse pour oublier mes cheveux blancs. » La soirée n’aurait pas été complète sans la chanson du Grand Lustucru, de Botrel, qui était comme un clin d’œil à la fête de l’Halloween. Et comme il faut toujours un rappel… pour clore la veillée, Louiselle et Joachim nous chantaient L’hiver a chassé l’hirondelle : « Le dur hiver s’avance, adieu les belles nuits, d’amour et d’espérance, les oiseaux nous ont fui… L’hiver a chassé l’hirondelle, l’hiver a chassé les beaux jours. Mais de notre cœur, ô ma belle, l’hiver ne peut chasser l’amour. »
Que de belles soirées! Nul doute qu’on devrait en faire encore des veillées comme ça!
© Madeleine Genest Bouillé, septembre 2015
Souvenirs d’un vieillard. Ma belle-famille reprenait cette chanson qu’avait légué le père décédé. Toujours, une grande émotion s’emparé de chacun/chacune.
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S’emparait
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Joli texte!
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