Rédaction faite le 16 décembre 1954, en 9e année :
« Mes souvenirs de pèlerinage
Ô Vierge Immaculée, de tous les vocables dont vous a qualifiée l’Église, celui que je préfère est Notre-Dame du Cap. J’aime interpeller ainsi votre Immaculée-Conception, parce que je réalise en ce titre que vous êtes la Reine du Canada et que vous nous appartenez vraiment.
En septembre, lorsque ce n’est plus l’été et pas encore l’automne à cause du soleil trop chaud, ô Notre-Dame, je vous ai visitée; j’ai visité votre maison toute simple, j’aime votre demeure si accueillante… La piété règne en maîtresse dans votre sanctuaire, et c’est tout cela qui fait que chez vous, c’est chez nous. J’ai aussi admiré l’or roux des grands érables de votre parc, et je me suis promenée en égrenant des Ave, dans les allées jonchées de feuilles mortes. J’ai marché sur le Pont des Chapelets, qui me rappelle le miracle du pont de glace. Tous les sentiers de votre domaine conduisent à des lieux de piété où l’émotion nous guette et la foi nous saisit.
Ô Notre-Dame du Pèlerin, vous souvenez-vous de ma visite? Je n’ai passé qu’une journée sur votre domaine, mais une journée pleine de richesses que je ne saurais trouver ailleurs. Je me suis dit : « Puisque la demeure terrestre de Notre-Dame est si paisible, qu’est-ce donc que la demeure céleste? » Et j’ai pensé à la paix qu’il y a chez vous dans l’éternel dimanche. »
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Un pèlerinage différent… en 2015
C’était le 12 octobre. J’avais hâte de faire mon mini pèlerinage annuel. Surtout que cette année, il s’agissait de ma première sortie officielle depuis mes problèmes de santé.
Il faisait si beau ce jour-là! Comme au temps de ma jeunesse, les grands érables du parc avaient revêtu leur parure d’automne, faite d’or, de cuivre et de pourpre, avec ça et là, quelque verdure tenace. Nous avons marché lentement… parce que je ne peux pas encore aller très vite avec ma canne! Les sentiers, le Pont des Chapelets, le lac, avec au milieu la statue de Notre-Dame, tout est toujours là comme autrefois. Nous sommes entrés dans la grande basilique, qui n’existait pas encore au temps où j’étais étudiante. Il règne en cette église, une telle paix, à peine troublée de temps à autre, par les pas d’un visiteur qui entre et s’agenouille le temps de quelques Ave. Le soleil allume de vibrantes couleurs dans les nombreux vitraux représentant des scènes bibliques. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, chacune des visites que je fais dans ce lieu, même si cela ne dure jamais bien longtemps, sont des moments de recueillement. J’y vais pour rencontrer Celle qui nous attend et nous accueille toujours avec son cœur de mère. J’oublie les prières toutes faites… je contemple, j’écoute le silence et je le laisse m’envahir. Peut-être que cette manière de prier est la plus fervente que je puisse faire.
Ensuite… Eh bien, nous allons à la boutique où l’on vend des objets religieux. Je ne manque jamais d’y acheter le calendrier de Notre-Dame-du-Cap. J’aime les calendriers, c’est une de mes folies et j’en mets partout! Justement celui-là contient toutes les fêtes religieuses et les noms des saints de chaque jour. Après une dernière courte promenade, nous prenons le chemin du retour, et ne manquons surtout pas de nous arrêter au marché de fruits et légumes où nous achetons nos citrouilles pour l’Halloween qui sera bientôt là. Effectivement, c’est un pèlerinage pas mal différent de celui que nous faisions au temps de mes années d’étudiante, où mon plus grand plaisir était alors de déguster mon lunch, composé de sandwiches aux bananes avec une liqueur aux fraises!
© Madeleine Genest Bouillé, octobre 2015