Des lieux où s’écrit l’histoire

Si les lieux pouvaient parler, ils raconteraient peut-être l’histoire autrement. Ils ont été témoins d’épisodes qui ont eu une incidence heureuse ou malheureuse sur ceux qui les ont vécus. J’aurais pu m’attarder sur les endroits qu’on cite habituellement, tels l’église, le couvent, le Vieux Presbytère, les Jardins du cap Lauzon ou le Moulin de La Chevrotière. J’ai préféré aller vers d’autres lieux dont on parle moins. Certains témoins de la vie de notre village tricentenaire sont disparus, d’autres subsistent malgré le temps et les exigences de la vie moderne, tandis que de nouvelles structures ont été édifiées pour remplacer ce qui n’est plus.

Descente du quai (source: Centre d'archives régional de Portneuf).

Descente du quai (source: Centre d’archives régional de Portneuf).

Voici quelques-uns de ces lieux ou édifices qui ont jalonné l’histoire de notre patelin. Allons d’abord sur le quai, lequel a été construit en 1928 pour remplacer le vieux quai de bois, qui accueillait le navire l’Étoile. Dans l’édition spéciale du bulletin municipal Le Phare, parue au mois d’août 1988, ma mère racontait ses souvenirs de l’époque où «  ce paquebot blanc, actionné par un moteur à vapeur, desservait plusieurs paroisses de Québec à Montréal, entre autres, Cap-Santé, Grondines, Lotbinière, Deschambault et bien d’autres sans doute. » Dans cet article, ma mère parlait de l’animation qui régnait aux alentours du quai quand, à marée haute, l’Étoile prenait le chenal pour venir y accoster. Les voyageurs et les promeneurs empruntaient le petit trottoir de bois qui longeait la côte chez Alfred Petit (actuellement M. Vézina) pour se rendre sur la place du quai. Dans les années cinquante, même s’il n’y avait plus de navires qui venaient accoster au quai, celui-ci avait encore ses deux gros piliers et sa cabane, qui était utilisée pour ranger chaloupes et rames. De nos jours, à marée haute durant la belle saison, le quai rénové accueille toujours les pêcheurs tandis que les flâneurs y viennent pour admirer un des plus beaux points de vue de Deschambault.

Visite de Mgr Bégin en 1918 (source: Centre d'archives régional de Portneuf).

Visite de Mgr Bégin en 1918 (source: Centre d’archives régional de Portneuf).

Du quai, on a contemplé le cap Lauzon… allons donc y faire un tour! Un petit édifice construit en 1995 nous reçoit… s’il n’est pas trop achalandé! Qu’on l’appelle gazebo ou kiosque ou autrement, il cadre bien dans ce magnifique décor. Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est que ce kiosque – je préfère cette appellation – a eu un prédécesseur, lequel était situé plus près de la « grotte » (qui n’existait pas encore). Au début du vingtième siècle, le curé du temps, Ulric Rousseau, avait fait construire ce pavillon où les prêtres venaient se reposer; tout près, on avait aménagé un jeu de croquet. Les années ont passé et le petit édicule fut abandonné. Un jour de grand vent en 1945, il tomba en bas de la falaise; il était irrécupérable. À l’époque, un sentier longeait le cap jusque derrière le couvent et un escalier rudimentaire permettait de descendre sur la grève. Il n’y a plus de pensionnaires au couvent, mais comme elles auraient aimé descendre et monter l’imposant escalier érigé en 1995!

Toujours sur le cap, un monument de pierre édifié en 1963 attire l’attention. Comme un phare, sa lumière chaque soir s’allume et s’éteint pour rappeler que Deschambault a longtemps été un village de marins. D’ailleurs, sur la pierre, on peut lire ceci : « Naviguer c’est prévoir ». Il n’y a plus de phare sur l’îlot Richelieu, ni dans le fleuve au pied des rapides, mais le monument des marins continue de veiller.

Chapelle située au fond du cimetière, autour de 1970 (crédit photo: Fernand Genest).

Chapelle située au fond du cimetière, autour de 1970 (crédit photo: Fernand Genest).

Au début de notre histoire, il est dit « qu’une première chapelle fut érigée par le seigneur de La Chevrotière, peu après 1700, près de son manoir ». (Claude Paulette, Deschambault et son patrimoine, 1990). Cette chapelle située à l’endroit appelé « cap d’Ulysse », était dédiée à saint Antoine. Deux cents ans plus tard, une chapelle votive, elle aussi dédiée à saint Antoine, fut construite près de l’ancien relais de poste, à l’endroit où maintenant s’ouvre la rue Janelle. Elle servait de reposoir lors de la procession de la Fête-Dieu jusqu’au jour où, cette pratique étant devenue désuète, on décida de déménager la chapelle au fond du cimetière. Dès lors, elle fut utilisée comme charnier durant l’hiver. Cette décision favorisait ainsi l’ouverture d’une nouvelle rue et la création d’un nouveau développement domiciliaire. Pour la chapelle, le lieu était bien choisi : saint Antoine veillerait sur nos disparus. La petite chapelle aurait pu demeurer à cet endroit, mais, quelques années plus tard, elle fut vendue et transportée près du fleuve où elle est toujours. Dans une histoire, il arrive que certaines pages soient moins heureuses que d’autres!

© Madeleine Genest Bouillé, mai 2015

Monument des marins, 2013 (crédit photo: Jean-Marie-Bouillé).

Monument des marins, 2013 (crédit photo: Linda Brouillette, coll. Comité d’Embellissement Deschambault-Grondines).

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