Je vous en souhaite une bonne!

Ancienne carte postale de Bonne Année (1920).

Ancienne carte postale de Bonne Année (1920).

Combien de fois entre le 31 décembre jusque vers la mi-janvier, dirons-nous et entendrons-nous ces mots : « Bonne et heureuse année »? Parfois c’est dit machinalement, sans trop s’arrêter aux paroles. J’ai souvenance qu’autrefois, chez mon grand-père, on entendait les adultes qui s’exclamaient : « Je vous en souhaite une bonne! ». Il était d’usage de répondre : « Vous pareillement! ». Tout cela était exprimé avec une franche poignée de main et une bonne accolade. Et nous, les enfants, nous imitions les grandes personnes qui nous semblaient toutes si joyeuses ce jour-là. On se secouait mutuellement la main avec vigueur en disant : « Bonne année grand nez! » et on répondait : « Vous pareillement, grandes dents! ». Nous avions beaucoup de plaisir à ce jeu, sans doute parce que « ça n’arrive qu’une fois par année! ».

Orchestre Paris, Deschambault (coll. M. Genest).

Orchestre Paris, Deschambault (coll. M. Genest).

Je crois important de personnaliser les souhaits qu’on échange avec les parents, les amis. Mettons-y du cœur; les mots doivent venir facilement quand on s’adresse à ceux qu’on aime! Trop de gens se contentent de souhaits usés à la corde, tel celui qu’on redit chaque année aux écoliers : « Je te souhaite du succès dans tes études. » Je me souviens que je n’aimais pas cela. J’aurais préféré quelque chose de plus amusant. S’il m’arrive parfois de le dire encore, ce sera seulement aux plus jeunes, pour lesquels c’est encore tout nouveau et surtout si je sais qu’ils sont des élèves studieux et motivés. Cependant, j’aime ajouter un souhait plus à leur portée, par exemple, « beaucoup de neige », pour ceux qui, comme cette année, n’ont pas encore eu le plaisir de glisser et de skier; pour le jeune joueur de hockey, je souhaite « beaucoup de buts ». Et surtout, je fais ce vœu qui plait à tous : « Je te souhaite ce que tu désires le plus, même si ce n’est pas raisonnable! ». Ce vœu m’a été offert une fois, une seule! J’étais jeune et, si je me rappelle bien, encore étudiante. Je suis demeurée bouche bée, et en même temps, j’étais contente. La personne qui m’avait fait ce souhait inhabituel était ma marraine. C’était une femme qui dirigeait un petit orchestre de musique de danse, comme on en rencontrait beaucoup à cette époque, dans les soirées où l’on préférait la « vraie musique » à celle du phonographe. Elle s’appelait Blanche, c’était la cousine de ma mère et elle jouait de plusieurs instruments, dont le banjo, un instrument qu’on voyait assez rarement dans ce genre de groupe musical. Elle aimait beaucoup son métier, peu courant pour une femme mariée et mère de famille. À bien y penser ce souhait pas très conventionnel lui ressemblait vraiment beaucoup! Je m’en souviendrai toujours.

La bénédiction paternelle, illustration de Henri Julien, 1880 (Canadian Illustrated News).

La bénédiction paternelle, illustration de Henri Julien, 1880 (Canadian Illustrated News).

C’est chaque fois avec un peu de nostalgie que j’aborde la soirée du 31 décembre… nous sommes moins nombreux à nous rassembler; cette soirée, autrefois familiale, est de plus en plus fêtée entre amis. Ainsi va la vie… et encore une année qui s’en va! 2015 emporte avec elle de belles réalisations certes, des moments heureux, mais aussi d’autres moins beaux, des chagrins, des déceptions, des problèmes de santé. Tout n’a pas été beau, ni parfait. On ne peut rien effacer, il est cependant permis d’espérer le mieux! Notre Créateur ne nous demande pas l’impossible. Mais tournons la page, la nouvelle année est déjà là! On change les calendriers… chez moi, les nouveaux sont déjà installés en dessous des anciens qui ont graduellement perdu des plumes. Le premier matin de cet an nouveau nous retrouvera pareils à ce qu’on était la veille; rien n’a visiblement changé. Au cours du dîner ou du souper, à moins que ce ne soit les deux, nous rencontrerons des membres de la famille ou des amis. On échangera tous les bons vœux habituels. Que serait-ce si nous avions la certitude que ce sont les derniers qu’il nous est donné de souhaiter? Je suis certaine que nous souhaiterions plus de bonheur, de santé, d’amour, de paix, plutôt que d’argent, de voyages, de réussite financière ou scolaire, n’est-ce pas?

Sauf si je suis très malade, je tiens à commencer l’année par la messe. D’une année à l’autre, nous chantons cet ancien cantique : « Mon Dieu, bénissez la nouvelle année… rendez heureux nos parents, nos amis. Gardez de tout malheur ces amitiés si chères, nous vous les consacrons.» Ces paroles je les répète avec toute la ferveur dont je suis capable. Il est important de se rappeler à certains moments que notre destin est pour une grande part entre les mains de Dieu et ce premier jour d’une nouvelle année en est l’occasion par excellence.

Je termine avec ce souhait qui nous vient de Bretagne : à l’an prochain, et si nous ne sommes pas plus, faites, Seigneur, que nous ne soyons pas moins!

© Madeleine Genest Bouillé

La bénédiction du Jour de l'An, illustration de Edmond-J. Massicotte, 1923 (Bibliothèque et archives nationales du Canada MIKAN no. 2895477).

La bénédiction du Jour de l’An, illustration de Edmond-J. Massicotte, 1923 (Bibliothèque et archives nationales du Canada MIKAN no. 2895477).

La surprise de Noël

En avril, je vous ai raconté La surprise de Pâques. J’avais déjà en tête ce « grain de sel » que je vous présente maintenant, et qu’il aurait été plus juste d’appeler : La surprise d’entre Noël et le Jour de l’An. Voici donc cette histoire qui s’est passée au début des années 60.

Il était une fois une jeune fille qui avait un peu la tête dans les nuages. Comme la plupart des filles de son âge, elle rêvait au Prince Charmant, sans toutefois mettre un visage connu sur ce personnage de rêve. Dans ses temps libres, elle lisait, dessinait, écoutait de la musique. Parfois avec des amis, elle assistait aux soirées récréatives organisées par l’une ou l’autre des associations locales. Elle adorait aller au cinéma; mais elle ne pouvait pas toujours se le permettre, étant donné qu’elle travaillait en soirée une semaine sur deux. Cet hiver-là, on montait une pièce de théâtre qui avait pour titre L’Absolution; avec un tel titre, on comprend qu’il s’agissait d’un drame. La jeune fille se vit offrir un des rôles principaux, celui d’une femme d’ivrogne, qui vivait misérablement avec ses enfants. C’était la première fois qu’on lui confiait un tel rôle, aussi elle accepta avec joie. Le metteur en scène avait un frère plus jeune… elle le connaissait, l’ayant vu à plusieurs reprises, soit en été lors des parties de balle-molle ou en hiver, lors des parties de ballon-balai. Mais cet hiver-là, il venait souvent aux répétitions où il savait se rendre utile, soit pour les décors, l’éclairage ou autre chose. Il semblait s’intéresser beaucoup au théâtre…

IMG_20151218_0002 (2)Au printemps, comme plusieurs garçons de ce village situé au bord du fleuve, il partit naviguer. La saison finie, il revint dans son patelin. Après les Fêtes, une autre pièce de théâtre était en préparation. Cette fois, il s’agissait d’une comédie, dont le titre était Bichette. La jeune fille faisait encore partie de la distribution et le frère du metteur en scène, dans ses temps libres, reprit tout naturellement son rôle de « technicien ». Au printemps, il lui fallut retourner sur son bateau! Mais cette fois, il prit le temps d’aller saluer la jeune fille au Central du téléphone où elle travaillait. Celle-ci le reçut gentiment, elle lui dit « au revoir »… mais sans plus! À cette époque, les jeunes filles bien élevées ne devaient pas se « garrocher » à la tête du premier venu. Il était de bon ton de laisser le soupirant… soupirer un peu!

mado tel (2)J’en viens à l’essentiel de mon propos. Nous voici en novembre 1961. Depuis le départ du marin, celui-ci est de plus en plus souvent au centre des pensées de la jeune fille… À vingt ans, il est permis de changer d’idée entre le printemps et l’automne, n’est-ce pas? De son côté, à chaque fois que le jeune homme est de passage chez lui, il profite de l’occasion pour dire quelques mots à la demoiselle du Central. Sa mère l’a même remarqué. Sauf qu’elle ne sait pas laquelle des téléphonistes accapare ainsi son fils… Ainsi, en cette fin de semaine du 12 novembre, entre deux appels, le jeune homme apprend qu’il y a le lendemain une « soirée de cartes », qu’on appelait alors un « Euchre ». La demoiselle laisse entendre qu’elle y sera… Il ne promet rien, mais comme par hasard, ils se retrouvent à cette soirée, où elle découvre que c’est justement son anniversaire! Elle lui annonce alors qu’elle est aussi née en novembre. Comme il a une excellente mémoire, et qu’il ne néglige aucun détail, le soir du 28 novembre, le bateau étant à quai, il lui téléphone.

Quelques semaines plus tard, l’hiver arrivé plutôt brusquement a mis fin à la saison de navigation et le marin revient au village. Nos deux jeunes qu’on ne peut pas encore qualifier de tourtereaux, vivent une certaine ambiguïté. ELLE aimerait bien l’inviter au réveillon de Noël, mais elle aurait l’air de quémander un cadeau… LUI, aimerait bien lui signifier qu’il désire la fréquenter « pour le bon motif », comme on disait alors, mais il aurait l’air de vouloir se faire inviter au réveillon. Quel dilemme! En ce temps-là, entre Noël et le Jour de l’An, il y avait toujours à la salle paroissiale une soirée musicale où des amateurs pouvaient exécuter divers numéros. La jeune fille participait volontiers à ces soirées où elle chantait ses plus belles chansons. Nos deux jeunes « pas encore tourtereaux » se rencontrèrent donc à la soirée du 28 décembre.

Le lendemain, vers la fin de l’après-midi, le jeune homme revenant de la patinoire, s’arrêta au Central. Il faut dire qu’il était un excellent patineur, et pas seulement sur la glace! Il complimenta la demoiselle sur sa performance lors de la soirée… et pour lui démontrer son appréciation, il lui offrit un cadeau « d’entre Noël et le Jour de l’An ». Il s’agissait d’une superbe parure en pierres « aurore boréale », bijoux qui étaient très à la mode dans les années 60. Elle fut surprise et en même temps charmée. Quelle délicatesse! Elle l’invita donc à venir veiller à la maison, si cela l’intéressait comme de raison! Il répondit qu’il était effectivement intéressé. Et c’est ainsi que débutèrent les fréquentations qui les menèrent au mariage le 24 juin 1964. Ils vivent encore, heureux, et se sont enrichis de quatre enfants et de neuf petits-enfants!

© Madeleine Genest Bouillé, décembre 2015

La visiteuse de Noël

Conte de Noël

Tout le monde l’appelait « la vieille Clara ». Elle vivait dans une maison grise, au toit pentu, loin du chemin, la dernière au bout du rang. Comme on disait dans le temps, elle vivait de ses rentes. Dans l’étable, sise derrière la maison, se trouvaient une vache et un cheval qui n’avaient pas l’air plus jeunes que leur propriétaire.

Clara n’étais pas si vieille qu’elle le paraissait. C’était une grande femme anguleuse, à l’air sévère. Ses vêtements ternes et surannés ne l’aidaient pas, accusant plutôt sa cinquantaine largement entamée. Il faut dire qu’à l’époque, la coquetterie était mal vue pour celles qu’on étiquetait impitoyablement « vieilles filles ». Curieusement, quand elle souriait, son visage s’éclairait et elle semblait rajeunir de plusieurs années.

DanslesilenceSes parents étaient décédés alors qu’elle était très jeune. Elle s’était habituée à vivre seule et avait très tôt cessé de rêver à un hypothétique prétendant. Elle était demeurée timide et ne fréquentait pas beaucoup les gens de son entourage. Clara n’en parlait jamais, mais le seul temps de l’année où elle s’ennuyait vraiment, c’était à l’approche du temps des fêtes. Elle gardait au fond de sa mémoire les images des Noëls de sa petite enfance. Dans ses souvenirs, il y avait des étoiles d’argent qui brillaient et des guirlandes de papier crêpé rouge et vert qui s’étalaient devant ses yeux… Il y avait aussi quelque chose dans son soulier près de la cheminée. D’autres souvenirs sentaient bon la vanille et le sucre d’orge. Quand elle n’en pouvait plus de s’ennuyer si fort, elle attelait sa vieille jument et elle filait dans sa carriole. Qu’importait alors le vent, la neige… elle fuyait sa maison et sa vie!

Un soir de décembre, alors que Clara brodait un long chemin de table à la lueur de la lampe qui projetait tout plein d’ombres dansantes sur le mur de l’escalier, on frappa à la porte. Clara se demandait bien qui pouvait venir frapper chez elle aussi tard, dix heures venant de sonner à la vieille horloge. Clara alla ouvrir et une fillette apparut devant elle, souriante. Très à l’aise, la fillette enleva son manteau, son bonnet, ses mitaines et ses bottes qu’elle déposa soigneusement sur le tapis devant la porte. Clara sentit monter en elle une bouffée de tendresse, un sentiment comme elle n’en avait plus ressenti depuis… depuis quand donc? Elle ne demanda pas à l’enfant qui elle était ni d’où elle venait. Il lui paraissait tout à coup naturel qu’une enfant de sept ou huit ans arrive ainsi de nulle part à cette heure tardive, un 22 décembre.

visiteusedenoelClara demanda à l’enfant si elle voulait rester à coucher. La fillette, baillant et se frottant les yeux, accepta l’offre de son hôtesse et se dirigea vers l’escalier, suivie de Clara qui s’aperçut que la petite fille allait tout droit à la chambrette qu’elle-même occupait quand elle était enfant. Clara sortit de l’armoire un gros édredon en disant à la fillette : « C’est la grosse couverte que maman m’avait faite quand j’avais ton âge. Et voilà aussi une chemise de nuit que je portais dans le temps. Dors bien… Bonne nuit! » L’enfant ne fut pas longue à s’endormir et Clara redescendit à la cuisine. Elle rangea sa broderie et après avoir mis une bûche dans le poêle, elle alla se coucher. Soudainement très lasse, elle s’endormit aussitôt.

Le lendemain, à son réveil, Clara se souvint de l’enfant qui dormait là-haut. Après avoir allumé le feu, elle gravit l’escalier, en faisant attention aux marches qui craquaient. La petite fille dormait encore et Clara put la contempler à loisir. Elle lui trouvait un air familier, mais ne pouvait définir la ressemblance. À ce moment, la fillette s’éveilla. Joyeuse comme seul peut l’être un enfant qui commence une nouvelle journée, elle sauta à bas du lit et rapidement, se vêtit. Clara proposa de coiffer sa longue chevelure : « J’ai sûrement encore des rubans, veux-tu que j’attache tes cheveux? » La fillette se laissa peigner. Clara accomplissait ces gestes qu’elle n’avait jamais faits auparavant et cela lui paraissait normal.

La femme et l’enfant descendirent à la cuisine où Clara s’affaira à préparer le déjeuner. Tout à coup, elle demanda à l’enfant : « Tu ne m’as pas encore dit ton nom? » — « Je m’appelle Claire, répondit l’enfant », qui dévorait son déjeuner avec un solide appétit. « Ah! Tiens, c’est drôle, ça ressemble à Clara! », remarqua la vieille demoiselle. Après le repas, l’enfant demanda : « Tu n’as pas encore accroché les guirlandes de Noël et les étoiles?… C’est bientôt, Noël! » Clara eut un moment d’hésitation, se demandant où elle avait bien pu ranger les décorations, quand elle se souvint que les guirlandes n’existaient plus depuis longtemps. Penaude, elle dit à l’enfant : « Je pense bien qu’il ne me reste que quelques étoiles… j’irai acheter des guirlandes au magasin. » La fillette reprit : « Tu n’oublieras pas les sucres d’orge, j’espère! »… « Bien sûr, se dit Clara… les sucres d’orge »… Jamais elle n’avait acheté de sucre d’orge, ni aucune autre friandise d’ailleurs.

La journée passa rapidement, la femme et l’enfant occupées toutes deux par les innombrables préparatifs pour la fête de Noël. En aucun moment, Clara n’avait pensé à poser à la fillette les questions essentielles : qui elle était, d’où elle venait, comment elle était arrivée ici. Cela n’avait pas d’importance. La vieille demoiselle ne voulait rien savoir de plus, même si parfois elle se demandait si elle était en train de rêver, ou si ce qu’elle vivait était réel. Dans ces moments-là, elle se disait : « Mon Dieu, si je rêve, faites que je ne me réveille pas. Je suis si heureuse! ».

Après le repas du soir, la fillette, baillant déjà, demanda à Clara si elle voulait la bercer et lui raconter une histoire. Clara entreprit de lui raconter une histoire de sa propre enfance, Boucle d’or et les trois ours. Quand elle eut fini, la fillette lui demanda : « Tu veux bien me chanter C’est la première neige ? » Sur le moment, la femme demeura figée. Comment connaissait-elle cette vieille chanson que Clara n’avait jamais entendu chanter par d’autre que pas sa mère, qui disait la tenir de sa grand-mère? Encore une fois, Clara refusa de laisser ses pensées aller plus loin.

mademoisellemarieLa fillette s’endormit dans les bras de Clara. La vieille demoiselle gravit lentement l’escalier, afin d’aller la porter dans son lit. Après l’avoir bordée et embrassé légèrement sur le front, Clara redescendit s’asseoir dans sa chaise berçante. Elle se sentit tout à coup très fatiguée. Elle ramassa la vieille poupée de chiffon retrouvée et qui était tombée par terre, elle ferma les yeux et se mit à fredonner : « C’est la première neige, avec son froid cortège… Le grand chêne succombe, et rejoint dans la tombe, l’adieu des bois… »

Le lendemain matin, les voisins passant en voiture devant la maison de Clara furent étonnés de ne voir aucun signe de vie : les rideaux étaient clos, aucune fumée ne sortait de la cheminée… Son plus proche voisin après avoir frappé à la porte plusieurs fois, força l’entrée et découvrit Clara, qui semblait dormir dans sa chaise berçante. Le vieux médecin appelé au chevet de la demoiselle conclut que Clara avait succombé à une crise cardiaque. Personne ne mentionna la présence d’une enfant dans la maison…

Qui était la petite Claire? Peut-être est-il possible de croire que, au soir de sa vie, il avait été donné à Clara de retrouver, le temps d’une journée avant Noël, la fillette heureuse qu’elle avait été longtemps auparavant!

© Madeleine Genest Bouillé, 2012

(Version intégrale dans le livre Propos d’hiver et de Noël, 2012. Illustrations de Marie-Noël Bouillé)

Tombe la neige

Poème

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Tombe la neige, sur le temps joyeux de notre enfance,
Où nous vivions du printemps l’innocence,
Alors que tout nous paraissait possible,
Nous étions alors invincibles!

Tombe la neige, sur le temps heureux de notre jeunesse,
Où nous voguions sur une mer d’allégresse,
Vers des pays où tout nous était promis.
L’avenir nous appartenait, c’était l’été de la vie!

Tombe la neige, sur le temps fertile des labeurs
Que nous vivions sans souci et sans peur!
L’automne rayonnait des couleurs de l’espérance
Nous étions alors remplis de confiance.

Tombe la neige, sur le temps paisible de notre hiver.
Encore une fois, Noël nous est donné
Avec ses chants, sa joie, ses lumières…
Qu’il nous apporte la Paix, la Santé, la Prospérité!

© Madeleine Genest Bouillé, décembre 2015

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Trois anges sont venus

Poème de Noël

0_697ff_230d2a11_XXLTrois anges sont venus un soir…
Le premier était un petit enfant,
Les ailes en plumes blanches, tout de rose vêtu.
Souriant comme un bébé joufflu,
Il était mignon et charmant.
Pour mon Noël, il m’offrait en cadeau,
Mille jouets, bijoux et bibelots.
Ce n’était pas ce que je souhaitais recevoir…

Le deuxième portait à pleines mains
Or, argent et autres richesses.
Grand, imposant, il semblait un archange!
Sa tunique était d’azur, bordée de longues franges.
Dans ses yeux rayonnait tant d’allégresse,
« C’est Noël! », me dit-il. « Voici pour toi et les tiens!
Profitez enfin des plaisirs de la vie. »
Ce n’était pas non plus ce dont j’avais envie.

003 (2)Le troisième ange était un très vieil homme,
Portant une longue barbe grise, il se tenait courbé,
« Je suis l’Étranger, c’est ainsi qu’on me nomme.
Mais le cadeau que j’apporte est le plus recherché,
C’est la Paix, pour tous les gens de bonne volonté! »
C’était là mon souhait, quand je voulus le remercier
Il avait disparu dans la nuit noire
Sans même un au revoir!

© Madeleine Genest Bouillé, décembre 2012

(Ce poème fait référence au texte intitulé L’Étranger, dans Propos d’hiver et de Noël.)

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Les recettes de cuisine d’autrefois

DomesticNos recettes du temps des Fêtes nous viennent le plus souvent de notre mère, qui elle les tenait de sa mère; de sorte que nous cuisinons des mets qui sont dans la famille depuis parfois trois ou même quatre générations. Bien sûr, certains ingrédients ont changé. Ainsi, nous utilisons de plus en plus des huiles végétales ou de la margarine, là où nos mères n’avaient que la « graisse pur lard », de marque « Domestic », si je me rappelle bien. Il demeure que même si nos mets sont allégés en gras, nous avons conservé pour nos menus du temps des Fêtes, beaucoup des recettes de la bonne cuisine d’autrefois.

Quand on parle repas des Fêtes, on pense aussitôt aux tourtières ou pâtés à la viande. Qu’ils soient faits uniquement de viande de porc, ou qu’on y mêle du bœuf ou du veau, aux Fêtes, dans toutes les familles, on sert des pâtés à la viande! Qu’il s’agisse du buffet du réveillon ou du dîner du Jour de l’An, il manquerait quelque chose s’il n’y avait pas ces fameux pâtés; grands ou petits, qu’on les nomme tourtières ou pâtés, c’est indiscutable!

IMG_20151211_0002Et que dire des desserts! Là encore, on utilise les recettes de nos aïeules. Vous aurez beau avoir une grande variété de tartes et de biscuits, si vous n’avez pas de beignes, votre grand-mère vous regardera du haut du ciel avec une grosse déception. Vous ne voudriez quand même pas décevoir votre grand-mère! Alors, on se lance! On sort le rouleau, la planche, le coupe-beigne, la friteuse… et on y va pour les beignes. On roule, on découpe et on fait cuire. Une recette normale donne trois ou quatre douzaines de beignes. De quoi passer les Fêtes… Et se rappeler grand-maman!

IMG_20151211_0003Je vous ai sorti de mes archives personnelles quelques recettes qui ont un âge certain! Tout d’abord, deux mets qui datent de 1943, dans le temps de la guerre, où tout était « à la ration », ce qui veut dire qu’il ne fallait pas que ça coûte cher! Il s’agit du « roulé aux œufs », lequel se mange froid pour un repas estival, ou chaud pour un gros déjeuner hivernal ou un brunch. De toute façon, c’est consistant et c’est excellent! Quant aux « brioches », quand j’étais écolière, c’était ma collation préférée. Pour ce qui est du gâteau aux fruits, cette recette date de 1950. C’était celui que cuisinait Aurore – je vous ai parlé d’Aurore dans l’un de mes premiers grain de sel. Elle n’allait pas jusqu’à faire la décoration qu’on voit sur l’image, elle trouvait ça trop « fancy »! Mais, même sans cette garniture, son gâteau était délicieux. Dans mon enfance, Noël n’aurait pas été Noël sans le traditionnel gâteau aux fruits.

Pour terminer, je vous ai recopié une recette qui date, parait-il, des années 1800. Je l’ai écrite en conservant rigoureusement l’orthographe. Voici les « galettes au sirop » :

1 louche de mélase
1 louche de castonade
2 zeux tu choisira lé plus gros du poulayer
1 petite culière de soda
Tu comencera par mettre une petite afaire de farine, pi ten rajoutera pour fére une pate mole. Tu lé coupera de la groceur du verre à gin de ton mari. Tu donera une bonne atisé pour que ton four soye a 375. Cuir 25 minute.

Bonne cuisine des Fêtes!IMG_20151211_0004

© Madeleine Genest Bouillé, décembre 2015

Dans la clarté d’une belle nuit

Poème

Dans la clarté d’une belle nuit
Un enfant a choisi de naître
Deux millénaires ont passé depuis
Noël nous le fait renaître.

Gloire à Dieu au plus haut des Cieux!
Et paix à tous ceux qui sur terre
Travaillent à rendre les autres heureux
Au nom de Dieu notre Père.

Les parents, les amis, les voisins,
Se saluent tous joyeusement
Près de la table, autour du sapin
On échange vœux et présents.

IMG_20151214_0001Partout les lumières dans la nuit
Brillent si fort qu’on en oublie
L’Enfant qui nous appelle au berceau
Cet enfant qu’on dit le plus beau.

En regardant vers le ciel sans voile
On voit bien la petite étoile
Qui nous rappelle la grande nuit
Où naquit le Divin Messie.

Que votre Noël soit le plus beau!
Rempli de joie et d’amitié
Bonheur et Paix, pour cet an nouveau
Santé et Prospérité!

© Madeleine Genest Bouillé, décembre 2011

Mes jouets préférés

IMG_20141128_0001_NEWQuand approche le temps des Fêtes, j’ai plaisir à me rappeler les jouets que j’ai reçus dans mon enfance, surtout ceux que j’ai préférés entre tous. L’année de mes huit ans, si ma mémoire est bonne, j’avais écrit au Père Noël, et dans cette lettre, je lui demandais un téléphone et une maison de poupée. J’avais sans doute remarqué ces jouets dans le catalogue, soit chez Eaton ou chez Simpson’s. Sur la photo, où assise près du sapin dans ma belle robe en taffetas écossais rouge, je tiens précieusement un petit téléphone « à cadran », on voit bien la maison de poupée. C’était sans aucun doute l’année de la lettre au Père Noël! Je la revois… ma belle maison en carton! Elle était bleue avec des auvents bleus et blancs. À l’intérieur, il y avait de petits meubles en plastique. J’étais sûrement très contente d’avoir reçu les cadeaux que j’avais demandés; étant donné que je commençais à douter un peu de la réalité du Père Noël… J’ai dû être rassurée pour un bout de temps!

849900_TZ3Q1L2PLOK7B7JYDD6UCOQTTEHNPT_marievivie122_H085504_LCurieusement, je n’ai pas de photos prises avec un de mes jouets préférés. Parmi ces jouets qui ont marqué mon enfance, il y a tout d’abord les poupées en papier, qu’on nommait aussi des « cahiers de découpage ». Seule ou avec mes amies, comme j’ai joué avec ces demoiselles de papier! Dans un grain de sel publié en juin, je vous parlais des poupées de papier, du plaisir que j’avais à les habiller, les faire parler, chanter et danser! Je pouvais passer des heures à inventer une vie à ces personnages. Sans en être consciente, j’avais déjà le goût de raconter des histoires!

81TveXgGnXLL’autre jouet qui prend une place privilégiée dans mes souvenirs, n’est pas à proprement parlé un jouet; il s’agit de mon premier album de bandes dessinées, Tintin en Amérique. J’ai commencé très tôt à lire et je ne me souviens plus exactement en quelle année j’ai reçu cet album. Mais je l’ai lu et relu…. Je lis beaucoup de livres, sérieux ou non, mais j’aime toujours autant les bandes dessinées : Astérix, Lucky Luke et combien d’autres! Mais disons que j’ai gardé un petit faible pour Tintin.

OLYMPUS DIGITAL CAMERALe jouet qui est resté pour moi la merveille des merveilles, c’est mon View-Master. J’étais âgée de dix ans quand je l’ai reçu. C’était avant la télévision et les images que je voyais à l’aide de ce petit appareil me transportaient dans des univers inconnus pour moi. Trois disquettes accompagnaient la visionneuse. Ma préférée était le film de Disney, La veille de Noël. J’ai encore bien présente à ma mémoire l’image représentant le traîneau du Père Noël, attelé de ses rennes, traversant une nuit d’un bleu si profond… je demeurais de longues minutes rivée à cette vision de rêve! Mes autres disques représentaient Les chutes du Niagara et Le Rocher Percé. Avec mon View-Master, j’ai fait ces deux voyages je ne sais combien de fois.

Le dernier, mais non le moindre, c’est un jouet que mon père avait acheté pour les plus jeunes de la famille. Je me rappelle que parfois nous recevions ainsi un cadeau que nous partagions, jeu de construction ou de société, jeu de hockey sur table. Cette année-là, il s’agissait d’un kaléidoscope. Pas une lunette en carton avec des morceaux de plastique, non! À l’intérieur de notre kaléidoscope, s’étalaient des éclats de verre de toutes les couleurs. Les plus jeunes regardaient quelques minutes, puis ils passaient à autre chose. Mais nous, les trois plus âgés du groupe des « petits », nous réclamions tour à tour le jouet : « Encore un peu!…  Tu l’as eu plus longtemps!… Non, c’est toi… » Les parents devaient intervenir pour éviter les disputes, tellement nous étions émerveillés par ces jeux de couleurs et de lumière qui changeaient sans cesse. Le meilleur moment de la journée pour utiliser le kaléidoscope, c’était le soir, à la lumière électrique. C’était féérique! Il me semble qu’après, quand nous allions nous coucher, nous devions faire de bien beaux rêves!

IMG_20151210_0001Je termine avec une phrase tirée d’un film des années cinquante. En anglais, le titre est An affair to remember; en français, on l’a traduit par Elle et Lui. Ça dit comme ça : « L’hiver doit être bien froid pour ceux qui n’ont pas de chauds souvenirs! »

© Madeleine Genest Bouillé, décembre 2015

Il neige…

Poème

Il neige un peu ce soir…
Les enfants sont contents
Dans leurs yeux brillent l’espoir
Et la joie d’un Noël tout blanc.

Il neige et déjà tout est blanchiver 2008 046
Les champs, les arbres, ma vieille clôture…
Tout est recouvert d’un manteau charmant
Les voix se taisent dans l’air pur.

Il neige et c’est le plus beau des présents
La nature nous l’offre si généreusement
Le Père Noël n’a vraiment rien de mieux
Pour nous émerveiller et nous rendre heureux.

056 (2)Que votre Noël soit vraiment joyeux.
Et que l’An Nouveau soit pour vous
Rempli d’amour, de bonheur,
Le tout assaisonné de douceur!

© Mado, décembre 1976

La liste de cadeaux

Aimez-vous les échanges de cadeaux du temps des Fêtes? Pour ma part, j’aime bien ces échanges où chacun a pris le soin de choisir un présent pour l’offrir en cadeau à quelqu’un en particulier. C’est toujours un moment de plaisir, qu’on ne vit qu’une fois par année! Dans ma famille, au cours des premières années après mon mariage, nous nous offrions des cadeaux entre nous : frères, sœur, conjoints, et nous en offrions aussi aux neveux et nièces, à mesure qu’il en arrivait. Il faut dire qu’à cette époque, il y avait beaucoup de choix pour pas trop cher. D’ailleurs, ce n’était pas la valeur monétaire du cadeau qui comptait, c’était le plaisir de la surprise. Nous faisions aussi des cadeaux à nos filleuls et aux parrains et marraines de nos enfants… Ça n’en finissait plus! Vint un temps où la famille s’étant agrandie, il commençait à y avoir pas mal de monde et le coût des cadeaux augmentait évidemment. On ne trouvait plus grand-chose pour cinq dollars!  Quelqu’un a alors suggéré que chacun pige le nom d’un membre de la famille et qu’on fasse ainsi seulement un cadeau. Nous étions alors dans les années 70. Nous sommes donc devenus des adeptes de cette coutume. Tout naturellement, cette tradition s’est continuée chez nous, avec les conjoints et conjointes, dès qu’il y en eut.

IMG_20151205_0002Évidemment, un échange de cadeaux, ça implique tout d’abord que chacun, chacune, pige le nom d’une personne, dont le nom demeurera secret… enfin, je devrais dire « devrait demeurer secret »! Vous raconter les investigations pour réussir à savoir qui a pigé qui… il y en aurait pour plusieurs pages. Cela fait partie du jeu! Comme la liste de suggestions de cadeau est accrochée à la Maison-mère, c’est-à-dire chez nous, les participants viennent écrire leur choix de cadeaux et, le plus discrètement possible, consulter la liste pour connaître les désirs de la personne qu’ils ont pigée. La fameuse liste est généralement affichée en début de décembre; en même temps, l’enveloppe contenant tous les noms des participants est disponible. Nous sommes maintenant plusieurs adultes, incluant les aînées de nos petits-enfants, il devient alors difficile que tous soient présents pour faire la pige. Dommage, cela apportait une certaine solennité à la chose! Mais il faut ce qu’il faut. Les intéressés passent donc à tour de rôle prendre le précieux petit papier qui leur est destiné.

La liste des noms des participants s’étale sur plusieurs pages, de façon à laisser place pour plusieurs suggestions. C’est qu’on trouve de tout sur cette liste! Je vous donne un aperçu à partir de celles que j’ai conservées depuis 1995. On y retrouve, entre autres, « des VRAIS bas de VRAIE laine », « des grosses pantoufles-bibittes drôles », cet item est revenu au moins trois fois! Que diriez-vous d’un « parfum qui sent bon »? À quelques reprises, une participante a mentionné « des boucles d’oreilles discrètes »… à la condition que ce soit une femme qui l’ait pigée! Je suis perplexe quand je retrouve quatre fois « un coffret de thés, pas des tisanes ». Y aurait-il eu un manque de compréhension de la part des donateurs? Les demandes sont très variées, cela passe des « draps avec des moutons » aux « bibelots faits de matériaux insolites, aux couleurs insolites », en passant par « des caramels Kraft » et « des Chips Cape Cod »!

Parfois il faut attendre longtemps avant de recevoir le cadeau qu’on désire plus que tout. C’était certainement le cas pour le « marteau de porte » qui s’est retrouvé cinq fois sur la liste et le « couvre-volant en minou », tout autant! La persévérance mène à tout, et même à recevoir plus qu’on a demandé. Ainsi, la participante qui demandait en 1997 « un beau livre sur l’Écosse ou l’Irlande », a visité ces deux pays entre 2010 et 2012! Quelques années auparavant, elle avait mentionné qu’elle désirait « un gars beau, gentil, serviable, calme, drôle, poli… pas de moustache »!

On peut écrire n’importe quoi sur une liste de cadeaux. Un participant est passé de « une blonde » à « une rousse »… une autre année, c’était « une bonne job », puis « du temps et de l’argent ». Deux participants ont réclamé « un char ». Comme demandes bizarres, il y avait « du pipi de jument » et « un chameau ». La meilleure demande que j’ai trouvée et qui est revenue cinq ou six fois, c’est sans contredit : « la Paix aux hommes de bonne volonté! » Et finalement, pour ceux qui préfèrent vraiment les surprises : « Quelque chose qui n’est pas sur la liste ».

Nul besoin de vous dire que j’ai hâte de lire les suggestions de cadeaux qui ne devraient pas tarder à faire leur apparition sur la liste de cadeaux de 2015…

© Madeleine Genest Bouillé, décembre 2015