Pour parler de livres, un texte, ça ne suffit pas! Tout d’abord, j’aimerais vous partager les livres préférés de ma mère, et puis, pourquoi pas aussi les miens. Ces beaux romans d’amour qu’elle lisait et relisait… les auteurs s’appelaient Magali, Claude Jaunière; il y en avait d’autres aussi dont j’ai oublié les noms. Je me souviens de quelques titres: Pourquoi lui?, Romance à Grenade, J’aimais un vagabond. Le roman qu’elle préférait entre tous était Le collier brisé de Concordia Merrel. Quelque temps après le décès de maman, j’ai eu envie de lire l’histoire de ce fameux « collier brisé ». C’est un beau livre, bien écrit, un vrai roman d’amour compliqué à souhait, mais qui finit bien! Pour maman, c’était important que l’histoire finisse bien.
Ma mère aimait aussi la poésie, elle découpait des poèmes dans les journaux et les revues et elle aimait particulièrement Blanche Lamontagne-Beauregard, l’une des premières femmes journalistes au Québec. Lors d’un voyage en Gaspésie, il y a plusieurs années, j’ai acheté un recueil de poèmes choisis parmi les livres qu’a publiés cette écrivaine que je ne connaissais que peu. Je vous ai dit dans une autre « grain de sel », combien ma mère aimait les paysages champêtres. Eh bien voilà! La poésie de Blanche Lamontagne-Beauregard, c’est une suite de paysages campagnards, en toutes saisons. Tantôt on longe le fleuve, à d’autres moments on marche dans le bois, on gravit une colline… on cueille des fleurs ou des fruits dans les champs : « Viens dans les champs fleuris, la nature t’appelle… la plaine est souriante et les bois sont joyeux. » Les poèmes sur l’automne et l’hiver sont plus nostalgiques… mais tellement beaux, tels Le Noroît : « Le noroît siffle dans les branches… Il fait bien noir, il fait bien froid… Et la nuit jette son effroi… » C’est là que j’ai découvert que j’aimais la poésie!
Ma mère privilégiait les œuvres de Germaine Guèvremont, Gabrielle Roy, Françoise Gaudet-Smet et Antonine Maillet. De cette dernière, elle aimait surtout Emmanuel à Joseph à Davit. Ce livre est un conte de Noël. L’auteure nous raconte la venue d’un enfant, dont les parents en voyage ont dû se réfugier dans une cabane de pêcheurs au pays de la Sagouine. J’aime les livres d’Antonine Maillet et comme maman, je préfère aussi ce merveilleux conte, l’un des moins connus parmi les livres de cette auteure.
Ayant commencé à lire très jeune, je lisais tout ce qui me tombait sous la main, parfois même des livres qui ne portaient pas le Nihil Obstat de l’Évêché. Quand j’ai commencé à travailler au central du téléphone, j’achetais des livres de la collection Marabout Mademoiselle, au « petit magasin vert », (magasin de Corinne Paris qui fut plus tard repris par sa nièce, Yvette Loranger – aujourd’hui la boulangerie Au Soleil levain). Si j’en ai lu de ces petits livres! Ils ne coûtaient vraiment pas chers, alors je ne m’en privais pas. La « Chef-opératrice », comme on l’appelait, était aussi une fervente lectrice et elle laissait souvent quelques livres au central, pour la semaine « de nuit ». Étant plus âgée que moi, elle me conseillait sur ce qui me convenait ou pas. C’est ainsi que j’ai découvert les romans de l’auteur américain Frank Slaughter. Il s’agissait de traductions évidemment, mais tellement bien écrits! L’auteur était médecin, alors les principaux personnages de ses livres étaient invariablement des médecins. Les histoires variaient entre le roman biblique, dont David, qui raconte la vie du roi d’Israël, ou le roman de cape et d’épée, tel Bois d’ébène, roman d’aventures de l’époque des marchands d’esclaves. J’ai conservé plusieurs de ces romans; j’en ai relu un l’été dernier… malgré le style un peu compassé, c’est encore bien beau!
Il fut un temps où j’étais abonnée à un club de lecture, « Les Éditions Rencontre ». J’ai ainsi lu certains classiques : Émile Zola, Alexandre Dumas et combien d’autres. Puis j’ai fait des choix très variés. Entre Pierre Daninos, Marcel Pagnol, Daphné Du Maurier, Saint-Exupéry, Agatha Christie… et j’en passe! Je lis encore un peu de tout; étant bénévole à la bibliothèque municipale, j’ai le loisir de connaître de nouveaux auteurs, d’essayer de nouveaux genres. Récemment, ma petite-fille Marie-Claire m’a même fait découvrir le roman fantastique avec son premier livre Le trône d’Irysie… j’ai hâte de lire la suite! Les livres que je me plais à relire sont encore mes vieux romans de Pearl Buck, Daphné Du Maurier, Gabrielle Roy; et plus que tout, Jean Provencher et ses Saisons dans la Vallée du Saint-Laurent (c’est mon livre d’Histoire!), Jean O’Neil, (lui, c’est ma Géographie)… Sans oublier mes beaux livres d’images, ceux de la collection Aux limites de la mémoire ainsi que les volumes d’Henri Dorion et Pierre Lahoud, des merveilles! Je le redis, on ne s’ennuie jamais dans une maison où il y a des livres!
© Madeleine Genest Bouillé. 29 janvier 2016