« À la claire fontaine, m’en allant promener
J’ai trouvé l’eau si belle, que je m’y suis baigné.
Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai. »
À la claire fontaine… Je savais déjà que cette chanson est l’une des plus vieilles de notre répertoire. En fouillant sur Internet, effectivement on dit que cette chanson qui date du XVIe ou peut-être même du XVe siècle, nous est venue par les colons français qui venaient s’établir en « Neuve France », comme on disait alors. Jean Provencher, mon historien québécois préféré, nous raconte qu’un écrivain parisien, Oscar Hérard, dans une étude sur le Canada, aurait déclaré que la « Claire Fontaine » était à une certaine époque, le chant national officiel de la Nouvelle-France. Le Trifluvien, journal qui, comme son nom l’indique, venait de Trois-Rivières, avait rapporté cette nouvelle en 1891. Chant national ou pas, cette chansonnette a traversé les siècles et se chante encore dans toutes les circonstances où l’on veut faire participer une foule… presqu’autant que Gens du Pays!
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« Ah! c’était un p’tit cordonnier…
Qui faisait fort bien les souliers…
Il les faisait si jute, si drett’
Pas plus qu’il n’en fallait. »
Le p’tit cordonnier… Cette chanson de folklore nous serait connue depuis 1880. Moi, quand j’étais petite, j’ai appris à lire entre autres avec les cahiers de la Bonne Chanson. Je me souviens que j’aimais l’image qui accompagnait les paroles et la musique de cette chanson, parce que ça ressemblait à la boutique de cordonnerie de mon grand-père. Sauf qu’à ma connaissance, mon grand-père Tom Petit, n’allait pas au cabaret… Il aimait bien « un bon petit boire » de temps en temps, mais comme dans la chanson « Pas plus qu’il n’en fallait! ». Par contre, il n’aurait jamais battu sa Blanche à coups de bâton. Non, ça, jamais! Quand ma grand-mère récriminait contre les enfants trop tannants, le chat qui était dans ses jambes ou contre les clients qui ne payaient pas souvent… mon grand-père clouait ses semelles et ses talons « si juste et si drett’ » en fredonnant, sans prêter trop d’attention aux paroles de Blanche…
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« Petits enfants, jouez dans la prairie,
Chantez, chantez, le doux parfum des fleurs.
Profitez bien du printemps de la vie
Trop tôt, hélas! Vous verserez des pleurs. »
Souvenirs d’un vieillard… Du temps des soirées « Bonne Chanson » au Vieux Presbytère, cette balade était généralement chantée vers la fin, alors que nous reprenions tous en chœur le dernier refrain. Que de bons conseils et de tendres paroles, prodiguées par ce vieillard! « En vieillissant, soyez bons, charitables… Il est si bon d’assister ses semblables, un peu de bien embellit nos vieux jours ». La seule indication quant à l’origine de cette chanson est « chanson d’autrefois », ce que démontre assez bien le style romantique employé par l’auteur et surtout le dernier couplet : « En vieillissant, j’ai connu la tristesse… Ceux que j’aimais, je les ai vus mourir. Oh! Laissez-moi vous prouver ma tendresse. C’est en aimant que je voudrais mourir. » Si vous chantez cette chanson et que vous voulez attendrir votre auditoire, mettez tout l’accent sur le refrain : « Dernier amour de ma vieillesse… Venez à moi, petits enfants. Je veux de vous une caresse… Pour oublier mes cheveux bancs! »
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« Amis, partons sans bruit, la pêche sera bonne, la lune qui rayonne éclairera la nuit.
Il faut qu’avant l’aurore, nous soyons de retour, pour sommeiller encore, avant qu’il soit grand jour. »
Partons la mer est belle… Encore une belle vieille chanson qu’on nous a apprise quand nous étions très jeune. Dans le cahier de la Bonne Chanson, on dit que c’est un folklore acadien. Et comme beaucoup d’entre nous avons quelque lointain ancêtre acadien dans notre lignée, on se sent tous un peu de parenté avec les marins et les pêcheurs et c’est avec ardeur que nous chantons : « Partons la mer est belle, embarquons-nous pêcheurs… Guidons notre nacelle, ramons avec ardeur… Aux mats, hissons les voiles, le ciel est pur et beau. Je vois briller l’étoile qui guide les matelots. »
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« Quand nous chanterons le temps des cerises… et gai rossignol et merle moqueur, seront tous en fête. Les belles auront la folie en tête et les amoureux, du soleil au cœur… »
Le temps des cerises… Les paroles de cette chanson, qu’on a associée à la Commune de Paris, sont de Jean-Baptiste Clément et la musique d’Antoine Renard. Elle date de 1866. En quoi une si jolie romance pourrait-elle avoir quelque rapport avec la période sanglante qu’on a appelée « La Commune de Paris »? Pendant cette insurrection contre le gouvernement qui a eu lieu du 26 mars au 28 mai 1871, on a déploré la perte de 15,000 Communards et de 7,000 à 8,000 Versaillais au cours de féroces combats. Est-ce un rappel de cette guerre quand on chante ces paroles : « Cerises d’amour, en robes pareilles, tombant sous la feuille en gouttes de sang » et plus loin : « J’aimerai toujours le temps des cerises… c’est de ce temps-là que je garde au cœur une plaie ouverte… et Dame Fortune, en m’étant offerte, ne pourra jamais calmer ma douleur » ? Quoi qu’il en soit : « J’aimerai toujours le temps des cerises et le souvenir que je garde au cœur. »
Chantons nos vieilles chansons… pour qu’elles ne tombent pas dans l’oubli!
© Madeleine Genest Bouillé, 19 juillet 2016
Ces chansons, je les ai découvertes quand j’étais petite, je me rappelle bien clairement t’avoir entendue chanter » La valse brune » et plusieurs autres chansons lors de si belles soirées au vieux presbytère où m’emmenaient Lorraine et Jean-Claude Gauthier. Comme j’aimais ces soirées toujours fort agréables… Que de souvenirs tu nous lègue avec ce blog que je me fais un plaisir à lire à chaque publication… Merci pour les souvenirs et longue vie à ton blog.
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Merci Rita, on n’oublie pas les chansons qu’on a appris dans notre jeunesse. Je me souviens que toi tu chantais une chanson de Marie-Denise Pelletier, je ne trouve pas le titre, mais c’était beau!
Je me rappelle quand tu animais la messe de 11hres..
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