Avec les mots de ma sœur – 2e partie

Les pages qui suivent datent de la fin d’août 1990. Le 28, Élyane se rappelle de très anciens souvenirs. Elle avait à peine 4 ans, c’était au temps de la « cambuse » chez « pépère » :

« La « cambuse », c’était l’étage de la rallonge, ça se trouvait au-dessus du salon; un appartement pas fini, où il faisait froid l’hiver et chaud l’été. Des fois, on avait la permission d’aller courir là! Quand oncle Jean-Paul a décidé de se marier avec tante Bernadette en 1937, il a fait un salon et une cuisine à cet endroit, et en prenant la chambre d’à côté, ça lui faisait un logement pour abriter « leurs amours toutes neuves »!

Oncle Jean-Paul et tante Bernadette sont sans doute demeurés quelques années dans ce logement. Élyane se souvient qu’un jour où elle s’en venait par la « petite route », elle avait vu mon oncle et ma tante qui se berçaient sur leur balcon. J’ajoute qu’à cette époque, notre famille demeurait aussi dans la Rue Saint-Joseph. Élyane précise que ça devait être un dimanche car, dit-elle : « Je ne sais pas pourquoi, mais à la radio, ça devait jouer « Dans le jardin de mes rêves, tout notre amour est en fleurs et le bonheur vient embaumer nos cœurs », chanson qui était probablement chantée par Tino Rossi, car  chaque fois que cette chanson me trotte dans la tête, je pense à cette scène, plus loin décrite. Pourquoi certaines chansons nous ramènent à certains endroits ou à certaines personnes? »  Sur ce point, je suis entièrement d’accord avec ma sœur.

Le 30 août :  Élyane écrit : « Il y a 58 ans aujourd’hui, c’était fête à Deschambault. à 7hres, le matin, à l’église, s’épousaient devant Dieu et les hommes, une charmante jeune fille de 23 ans, toute petite, le teint clair, les yeux noisettes pétillants d’intelligence derrière ses lunettes ( à 81 ans, ce sont toujours ces mêmes yeux-là), ses cheveux bruns étaient cachés sous son grand chapeau de velours noir. Elle était vêtue d’une longue robe «  rose thé » et dans ses bras, tenait une gerbe de roses rouge ». Ma sœur ajoutait que Jeanne était un peu déçue, elle aurait bien voulu des fleurs de la même teinte que sa robe… et de plus, il ventait nordet! Élyane poursuit en précisant que mademoiselle Marie-Jeanne Petit s’avançait dans l’allée au bras de son père, Edmond Petit, au son de l’orgue joué par Blandine Naud, une ancienne compagne de classe.

Au prie-Dieu, à côté, se tenait un beau grand jeune homme, de 23 ans aussi, les cheveux et les yeux d’un noir de jais, le teint resplendissant… Ma sœur ajoute ceci : « Ce qu’elle a dû en faire des jalouses ce matin-là, la petite Jeanne, en devenant madame Julien Genest! Mon cher papa était accompagné de son frère Léo. Julien était « en amour par-dessus la tête » avec Jeanne ». Élyane était une enfant perspicace ainsi elle ajoutait : «  Je n’étais pas tellement vieille, mais je m’en rendais compte; il l’a toujours aimée, ne lui a jamais trouvé de défauts, pour lui elle fut toujours la plus belle et la plus fine… » Papa n’ayant presque pas connu sa mère, qui est décédée alors qu’il n’avait que 4 ans, n’a eu qu’une femme dans sa vie, celle qu’il a épousée, notre mère, Jeanne.

Ma grande sœur rappelle le programme musical du mariage de nos parents : tout d’abord, le Veni Cretor, chanté par le chœur des femmes, puis Célébrons le Seigneur, chanté par madame Louis Marcotte (Madame Béatrice dont je vous ai déjà parlé); le Docteur Pierre Gauthier, interpréta le Noël du Mariage, oncle Jean-Paul chanta Jésus, Divine Eucharistie tandis qu’Alice Naud (la sœur de Blandine) chanta un cantique du temps passé Je te bénis. C’était un  beau programme; après tout, Julien faisait partie du chœur de chant!  Après la messe et les photos de circonstance,  les invités  se réunirent chez mes grands-parents, Blanche et Edmond  Petit. Ce beau jour était un mardi, car autrefois les mariages avaient souvent lieu en semaine. Après le repas, les nouveaux époux, revêtus de leurs costumes de voyage, partirent en auto pour Québec; un ami de Julien, M. Philippe Bernier, les conduisait. De Québec, ils prirent le train pour Montréal et ensuite, Ottawa, où ils rendirent visite à l’oncle Edmond Genest. Au retour, ils s’arrêtèrent à Montréal pour rendre visite aux tantes de Jeanne, Ernestine et Eugénie Paquin. Pour l’époque, il s’agissait d’un très beau voyage!

Voyage de noces, 30 août 1932.

À bientôt pour un autre épisode des Mémoires d’Élyane…

© Madeleine Genest Bouillé, 4 septembre 2018

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