Vous vous souvenez de l’Expo 1967? Cette année, avec le 375e anniversaire de la ville de Montréal, on a souvent l’occasion de revoir des photos prises à l’occasion de cette exposition universelle qui a amené chez nous plus de 50 millions de visiteurs en l’espace de 6 mois.
Cette exposition qui a épaté tous ceux qui ont eu la chance de la visiter, avait comme thème le titre d’un livre d’Antoine de Saint-Exupéry, Terre des Hommes. Qui était Saint-Exupéry? Né à Lyon en 1900, cet homme qui n’était pas un saint malgré son nom, était pilote d’avion au temps de l’Aéropostale. Pionnier de l’aviation, il devint par la suite pilote de guerre et il disparut avec son appareil en 1944 au large de Marseille. C’était aussi un écrivain. Il a laissé une œuvre qui, sans être autobiographique, est largement inspirée de sa vie de pilote de l’Aéropostale. Ses livres les plus connus sont Le Petit Prince, Terre des Hommes, Vol de nuit et Pilote de guerre.
Terre des Hommes a été publié en 1939. Dans les premières pages, on lit ceci : « La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres. Parce qu’elle nous résiste. L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle. » Ces mots nous expliquent déjà le choix du thème de l’exposition, qui se voulait une ouverture sur le monde de demain, ses techniques, ses inventions. Plus loin, quelques phrases résument l’essentiel de l’œuvre, quand Saint-Exupéry dit : « La grandeur d’un métier est d’abord d’unir les hommes. Il n’est qu’un luxe véritable : c’est celui des relations humaines. » Un peu plus loin on lit aussi : « La grandeur de l’homme, c’est de se sentir responsable. Responsable de lui, de ceux qui espèrent en lui. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semble pas dépendre de soi. C’est d’être fier d’une victoire ou d’un succès que des camarades ont remporté… »
Le Petit Prince, le plus célèbre des livres de Saint-Exupéry, a été écrit en 1943 à New-York. Il n’a été publié en français qu’en 1946, deux ans après le décès de l’auteur. Ce beau conte, une fable plus précisément, reprend le thème de la responsabilité, si cher à Antoine de Saint-Exupéry. Par exemple, quand le renard dit au Petit Prince : « Si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Chacun sera unique pour l’autre. » Plus loin, le renard dit encore : « On est responsable de ce qu’on apprivoise. » Et enfin, c’est toujours du renard qu’on tient cette phrase magique : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »
Je reviens à Terre des Hommes, vers la fin du livre, on lit cette autre phrase célèbre : «…l’expérience nous montre qu’aimer ce n’est point se regarder l’un l’autre, mais regarder ensemble dans la même direction. » Dans les dernières pages, comme un testament, Saint-Exupéry écrit : « Quand nous prendrons conscience de notre rôle, même le plus effacé, alors seulement nous serons heureux. Alors seulement nous pourrons vivre en paix et mourir en paix. Car ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort. »
J’ai découvert Saint-Exupéry par ses phrases qui sonnent comme paroles d’Évangile, et que je découvrais, une à une, dans les romans de jeune fille ou le journal François, que je lisais alors que j’étais étudiante. Au cours de mes dernières années au couvent, j’ai reçu Terre des Hommes en prix, mais je ne parvenais pas à m’intéresser à l’histoire… une histoire d’homme. Puis un jour, j’ai lu Le Petit Prince, et j’ai eu envie de découvrir les autres livres de cet auteur. C’est ainsi que l’œuvre de Saint-Exupéry est devenu pour moi comme une deuxième Bible.
« Maintenant je sais que le Petit Prince est revenu à sa planète… Et j’aime la nuit écouter les étoiles. C’est comme cinq cents millions de grelots… »
© Madeleine Genest Bouillé, 27 juin 2017