Un voyage autour du monde… à Montréal

C’était en 1967. L’année du centenaire de la Confédération. Sous le thème de « Terre des Hommes », inspiré de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, du 28 avril au 27 octobre, l’Exposition universelle de Montréal a accueilli plus de cinquante millions de visiteurs de tous les coins du globe. Soixante pays participaient à  cet événement pour lequel on avait créé de toutes pièces un site fabuleux, fait de terre et d’eau. J’ai en mémoire la chanson thème composée par Stéphane Venne :

« Un jour, un jour, quand tu viendras
Nous t’en ferons voir de grands espaces
Un jour, un jour, quand tu viendras
Pour toi nous retiendrons le temps qui passe.
Nous te ferons la fête
Sur une île inventée
Sortie de notre tête,
Toute aux couleurs de l’été. »

Le pavillon de Trinidad et Tobago.

Dès les premières annonces de l’exposition, mon frère André et moi, avions décidé de prendre un passeport afin d’aller visiter ce lieu unique. On offrait des passeports, soit pour la saison, pour une semaine ou pour une journée. À l’époque, André naviguait, il était donc relativement facile de prendre des vacances, surtout qu’il était célibataire. De mon côté, j’attendais mon deuxième bébé pour le mois de mars…Pas de problème! Mon mari était d’accord pour me faire cadeau de ces vacances spéciales. Il fallait prévoir le gardiennage et tout ce qui allait avec, mais on s’arrangerait. Mon deuxième petit garçon, né le 19 mars, était un bon bébé en santé. Je n’avais donc aucune inquiétude pour mes petits gars qui étaient sous la garde de leur papa. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes! Nous avons donc pris nos passeports pour une semaine.

La pyramide inversée du Canada, Katimavik.

Nous avions prévu de faire notre voyage au cours de la semaine du 17 au 24 juillet. Il était entendu que nous allions demeurer chez notre grande sœur à Longueuil car nous devions visiter l’exposition ensemble. Nous étions escortés des deux garçons de ma sœur, âgés de 7 et presque 9 ans; comme ils n’en étaient pas à leur première visite, ils étaient déjà de très bons guides, sachant repérer les pavillons où il y avait une file moins longue. Nous avions fait le projet de visiter le plus grand nombre de pavillons chaque jour, même si parfois il y avait une file d’attente de plusieurs heures. En plus des soixante pays exposants, il y avait plusieurs pavillons thématiques, tels « L’Homme dans la Cité »,  « L’Homme et la Mer », « L’Homme à l’œuvre », et « L’Homme interroge l’univers ». Les concepteurs du site avaient doublé la superficie de l’Île Sainte-Hélène et on en avait ajouté une toute nouvelle, l’Ile Notre-Dame. Pour faciliter les déplacements sur le site, il y avait deux mini-rails,  le jaune et le bleu, la Balade et le Vaporetto, car plusieurs canaux reliaient les îles entre elles. Tout était nouveau; on passait d’un pays à l’autre en quelques minutes; il y avait des gens de partout. On entendait parler toutes les langues… « Terre des Hommes », c’était un univers où tous les visiteurs se côtoyaient dans un même but : faire connaissance avec le Monde!

Pour ce qui est de l’édification des pavillons, on avait le loisir d’admirer toutes les formes d’architecture.  Les Etats-Unis en mettaient plein la vue avec la grosse boule du concepteur Buckminster Fuller, laquelle était traversée par un mini-rail.  Le Canada n’était pas en reste avec la pyramide inversée « Katimavik ».  Le Québec présentait une forêt stylisée de conifères. Certains pays offraient plutôt des constructions typiques comme le pavillon de l’Iran avec ses murs incrustés de mosaïque bleue, une merveille!

La Thaïlande  avec sa pagode dorée, nous transportait dans un autre monde. Pour l’originalité, j’ai retenu entre autres, le Pavillon des Provinces de l’Ouest, qui avait la forme d’une souche géante.

Il y avait de la musique partout, aussi différente selon qu’on abordait un pavillon ou un autre. Comme exemple, près du pavillon de Trinidad et Tobago, on pouvait entendre un « Steel Band » dans le plus pur style antillais. Ailleurs une chorale chantait des airs tyroliens… C’était vraiment la fête! Une fête comme on n’en avait jamais vu de semblable!

Il y a de cela cinquante-trois ans! Si je vous dis que j’ai mangé ma première pizza et mon premier sous-marin à l’Expo 67, ça signifie que cette expérience est très lointaine, n’est-ce pas? Lointaine certes, mais inoubliable! C’était plus qu’une exposition. Montréal accueillait le Monde et le Monde découvrait Montréal, le Québec, le Canada. Vraiment un de mes plus beaux souvenirs!

© Madeleine Genest Bouillé, juillet 2015 – juillet 2020

Les mots de Saint-Exupéry

Vous vous souvenez de l’Expo 1967? Cette année, avec le 375e anniversaire de la ville de Montréal, on a souvent l’occasion de revoir des photos prises à l’occasion de cette exposition universelle qui a amené chez nous plus de 50 millions de visiteurs en l’espace de 6 mois.

Cette exposition qui a épaté tous ceux qui ont eu la chance de la visiter, avait comme thème le titre d’un livre d’Antoine de Saint-Exupéry, Terre des Hommes. Qui était Saint-Exupéry? Né à Lyon en 1900, cet homme qui n’était pas un saint malgré son nom, était  pilote d’avion au temps de l’Aéropostale. Pionnier de l’aviation, il devint par la suite pilote de guerre et il disparut avec son appareil en 1944 au large de Marseille. C’était aussi un écrivain. Il a laissé une œuvre qui, sans être autobiographique, est largement inspirée de sa vie de pilote de l’Aéropostale. Ses livres les plus connus sont Le Petit Prince, Terre des Hommes, Vol de nuit et Pilote de guerre.

Terre des Hommes a été publié en 1939. Dans les premières pages, on lit ceci : « La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres. Parce qu’elle nous résiste. L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle. » Ces mots nous expliquent déjà le choix du thème de l’exposition, qui se voulait une ouverture sur le monde de demain, ses techniques, ses inventions. Plus loin, quelques phrases résument l’essentiel de l’œuvre, quand Saint-Exupéry dit : « La grandeur d’un métier est d’abord d’unir les hommes. Il n’est qu’un luxe véritable : c’est celui des relations humaines. »  Un peu plus loin on lit aussi : « La grandeur de l’homme, c’est de se sentir responsable. Responsable de lui, de ceux qui espèrent en lui. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semble pas dépendre de soi. C’est d’être fier d’une victoire ou d’un succès que des camarades ont remporté… »

Le Petit Prince, le plus célèbre des livres de Saint-Exupéry, a été écrit en 1943 à New-York. Il n’a été publié en français qu’en 1946, deux ans après le décès de l’auteur. Ce beau conte, une fable plus précisément, reprend le thème de la responsabilité, si cher à Antoine de Saint-Exupéry. Par exemple, quand le renard dit au Petit Prince : « Si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Chacun sera unique pour l’autre. » Plus loin, le renard dit encore : « On est responsable de ce qu’on apprivoise. »  Et enfin, c’est toujours du renard qu’on tient cette phrase magique : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. »

Je reviens à Terre des Hommes, vers la fin du livre, on lit cette autre phrase célèbre : «…l’expérience nous montre qu’aimer ce n’est point se regarder l’un l’autre, mais regarder ensemble dans la même direction. » Dans les dernières pages, comme un testament, Saint-Exupéry écrit : « Quand nous prendrons conscience de notre rôle, même le plus effacé, alors seulement nous serons heureux. Alors seulement nous pourrons vivre en paix et mourir en paix. Car ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort. »

J’ai découvert Saint-Exupéry par ses phrases qui sonnent comme paroles d’Évangile, et que je découvrais, une à une, dans les romans de jeune fille ou le journal François, que je lisais alors que j’étais étudiante. Au cours de mes dernières années au couvent, j’ai reçu Terre des Hommes en prix, mais je ne parvenais pas à m’intéresser à l’histoire… une histoire d’homme. Puis un jour, j’ai lu Le Petit Prince, et j’ai eu envie de découvrir  les autres livres de cet auteur. C’est ainsi que l’œuvre de Saint-Exupéry est devenu pour moi comme une deuxième Bible.

« Maintenant je sais que le Petit Prince est revenu à sa planète… Et j’aime la nuit écouter les étoiles.  C’est comme cinq cents millions de grelots… »

© Madeleine Genest Bouillé, 27 juin 2017

Un voyage autour du monde… à Montréal!

IMG_20150705_0002C’était en 1967. L’année du centenaire de la Confédération. Sous le thème de Terre des Hommes, du 28 avril au 27 octobre, l’Exposition universelle de Montréal a accueilli plus de cinquante millions de visiteurs de tous les coins du globe. Soixante pays participaient à cet évènement pour lequel on avait créé de toutes pièces un site fabuleux, fait de terre et d’eau. J’ai en mémoire la chanson-thème composée par Stéphane Venne :

« Un jour, un jour, quand tu viendras

Nous t’en ferons voir de grands espaces

Un jour, un jour, quand tu viendras

Pour toi nous retiendrons le temps qui passe.

Nous te ferons la Fête

Dans une île inventée

Sortie de notre tête,

Toute aux couleurs de l’été. »

IMG_20150704_0002Dès les premières annonces de l’exposition, mon frère André et moi avions décidé de prendre un passeport afin d’aller visiter cet évènement unique. On offrait des passeports soit pour la saison, pour une semaine ou pour une journée. André naviguait encore à l’époque, il prévoyait donc prendre des vacances, ce qui était relativement facile, surtout pour un célibataire. De mon côté, j’attendais mon deuxième bébé pour mars… Pas de problème! Mon mari était d’accord pour me faire cadeau de ces vacances spéciales; pour le gardiennage et tout ce qui allait avec, on s’arrangerait! Mon deuxième petit garçon, né le 19 mars, était un bon bébé en santé. Je n’avais donc aucune inquiétude pour mes petits gars, qui étaient sous la garde de leur papa. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes! Nous avons donc pris nos passeports pour une semaine.

L'un des deux

L’un des deux « mini-rails », la Balade.

Nous avions choisi de faire notre voyage au cours de la semaine du 17 au 24 juillet. Il était entendu que nous allions demeurer chez notre grande sœur à Longueuil, car nous devions visiter l’exposition ensemble. Nous étions escortés des deux garçons de ma sœur, alors âgés de sept et neuf ans; comme ils n’en étaient pas à leur première visite, ils étaient déjà de très bons guides, sachant repérer les pavillons où il y avait une file moins longue. Nous avions fait le projet de visiter le plus grand nombre de pavillons chaque jour, même si pour certains endroits, il y avait une file d’attente de plusieurs heures. En plus des soixante pays exposants, il y avait plusieurs pavillons thématiques, tels L’Homme dans la Cité, L’Homme et la Mer, L’Homme à l’œuvre, L’Homme interroge l’univers. Les concepteurs du site avaient doublé la superficie de l’Île Sainte-Hélène et ajouté une toute nouvelle île, l’Île Notre-Dame. Pour faciliter les déplacements sur le site, il y avait deux mini-rails, le jaune et le bleu, la Balade et le Vaporetto, car plusieurs canaux reliaient les îles entre elles. Tout était nouveau; on passait d’un pays à l’autre en quelques minutes, il y avait des gens de partout. On entendait parler toutes les langues. Terre des Hommes, c’était un univers où tous les visiteurs se côtoyaient dans un même but : faire connaissance avec le Monde!

La pyramide inversée du Canada, Katimavik.

La pyramide inversée du Canada, Katimavik.

Pour l’édification des pavillons, on pouvait admirer toutes les formes d’architecture. Les États-Unis en mettaient plein la vue avec la grosse boule du concepteur Buckminster Fuller, qui était traversée par un mini-rail. Le Canada n’était pas en reste avec la pyramide inversée « Katimavik ». Le pavillon des Pâtes et Papier présentait une forêt stylisée de conifères. Certains pays offraient plutôt des constructions typiques comme le pavillon de l’Iran avec ses murs incrustés de mosaïque bleue, une merveille! La Thaïlande avec sa pagode dorée, nous transportait dans un autre monde. Pour l’originalité, j’ai retenu entre autres le pavillon des Provinces de l’Ouest qui avait la forme d’une souche géante.

Le pavillon de Trinidad et Tobago.

Le pavillon de Trinidad et Tobago.

Il y avait de la musique, aussi différente selon qu’on abordait un pavillon ou un autre. Par exemple, près de la bâtisse de Trinidad et Tobago, on pouvait entendre un « Steel Band » dans le plus pur style antillais. Ailleurs, une chorale chantait des airs tyroliens. C’était vraiment la Fête! Une fête comme on n’en avait jamais vue de semblable!

Il y a de cela quarante-huit ans! Si je vous dis que j’ai mangé ma première pizza et mon premier sous-marin à l’Expo 67, ça signifie que cette expérience est très lointaine, n’est-ce pas? Lointaine certes, mais inoubliable. C’était plus qu’une exposition, Montréal accueillait le Monde et le Monde découvrait Montréal, le Québec et le Canada. Vraiment, un de mes plus beaux souvenirs!

© Madeleine Genest Bouillé, 5 juillet 2015