De beaux moments

J’ai parlé à plusieurs reprises de mon temps d’écolière au couvent de Deschambault. Ce  n’était pas tous les jours fête évidemment, mais tout de même, la vie de couventine n’était pas si terrible! J’ai gardé le souvenir de bien beaux moments, lors d’événements, de fêtes, ou tout simplement en classe avec mes compagnes quand on chahutait un peu, si peu!

Couvent de Deschambault - nb - Bte 31 - 013D 736

Je vous ai énuméré les congés aux différentes époques de l’année scolaire, mais je dois dire qu’il y avait aussi des fêtes moins importantes, qu’on soulignait de maintes façons. Ainsi, en plus du congé de la Toussaint, le 22 novembre, nous fêtions sainte Cécile, la patronne des musiciens. Une année, je ne me rappelle pas laquelle, au cours de cette journée, la religieuse qui enseignait la musique nous avait présenté un petit récital où les étudiantes en piano nous avaient fait entendre quelques-unes des pièces qu’elles avaient apprises. En ce même mois, le 25, c’était la Sainte-Catherine, journée dédiée aux jeunes filles qui « coiffaient sainte Catherine », c’est-à-dire, celles qui à 25 ans étaient toujours célibataires. À quelques reprises nous avons souligné cette fête en dégustant de la tire à la mélasse, que notre bonne Mère Saint-Fortunat avait confectionnée pour l’occasion. Une année, justement pour cette fête, nous nous étions fabriqué des chapeaux, pour « coiffer sainte Catherine » lors de la récréation, qui avait été rallongée pour l’occasion; c’était à qui aurait le chapeau le plus extravagant. Au cours de cette fête, nous avons chanté et dansé; les « grandes de l’Académie » nous avaient enseigné une tarentelle sicilienne très entraînante, toutefois on ne devait pas frapper trop fort du talon sur le plancher, cela risquait de faire sauter le disque sur le phonographe. J’ai encore la musique de cette danse dans l’oreille… et je me rappelle très bien les pas.

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Le 8 décembre, sur certains calendriers, la fête de l’Immaculée-Conception est encore indiquée. Quand j’étais étudiante, en ce jour, les élèves de 7e année, étaient reçues « Enfant de Marie ». À l’époque où nous avions encore la robe noire, dans les grandes occasions, nous portions alors le large ruban bleu avec l’insigne de Marie. Cette fête débutait solennellement par une célébration à la chapelle. Je ne me souviens pas de l’engagement que nous devions prononcer à haute voix, je me rappelle seulement que la chorale entonnait les plus beaux cantiques à Marie… on se serait cru au ciel avec le chœur des anges! J’en avais les larmes aux yeux. Sur ce point, je n’ai pas changé, la belle musique et les beaux chants m’émeuvent toujours. J’ai oublié ce qui se passait le reste de cette journée; avions-nous une collation, ou congé de devoirs et leçons? Je ne m’en souviens pas! La mémoire retient ce qu’elle veut bien conserver…. et la mienne refuse de me parler de la suite de cette journée du 8 décembre 1952!

J’ai parlé dans un de mes premiers « grain de sel » intitulé Lisette, du jour de ma Profession de Foi, qui a eu lieu le 15 mai 1952. Dans l’histoire de ma vie, c’est évidemment la plus grande fête que j’ai vécue au couvent. Je rappellerai seulement combien cet événement figure parmi mes plus beaux souvenirs de jeunesse… avec quand même un bémol : j’aurais bien voulu moi aussi, avoir une belle robe longue. Toutefois, la cérémonie à la chapelle, décorée de fleurs et de cierges, les beaux chants et, ce qui n’est pas négligeable, le bon dîner et le magnifique gâteau en forme de livre ouvert, œuvre de M. Chalifour, notre boulanger-pâtissier, prennent définitivement la meilleure part dans mes souvenirs de cette journée.

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J’ai très peu de souvenirs désagréables à propos des fêtes au couvent. Je me rappelle cependant le festival d’hiver qui n’a eu lieu qu’une fois, selon mes souvenirs. Je n’en suis pas certaine, mais il me semble que ça se passait le Mardi-Gras. Après le souper, les externes étaient invités à se joindre aux pensionnaires, pour une soirée sur la patinoire. J’étais alors en 4e ou en 5e année, je n’avais pas de patins et je n’avais pas un très bon équilibre sur la glace, donc je ne voulais pas participer à cette fête. Si j’en ai cherché, des raisons pour me défiler! C’aurait été le temps d’avoir un gros rhume, comme j’en avais l’habitude… mais non, pas le moindre éternuement. Je ne savais plus quoi inventer, et il y avait toujours une  bonne âme, qui me vantait  les joies de cette soirée où l’on veillerait dehors jusqu’à 9 heures! Comme par exprès, dans les jours qui précédaient la fête, toutes les récréations étaient consacrées à apprendre les chansons qu’on devait chanter lors du festival. Je ne suis pas allée à la soirée… mais dans les jours qui ont suivi, mes amies ne parlaient que du festival, et de la musique, et des jeux…ça n’en finissait plus. J’avais donc hâte qu’elles changent de sujet!

Une autre journée que j’aurai dans la mémoire longtemps : j’étais dans la classe de 6e et 7e années. Je ne me souviens pas à quelle occasion, c’était vers la fin de l’année et je me rappelle que nous avions fait des jeux à l’extérieur; de plus nous ne portions pas notre uniforme, sans doute pour donner un aspect plus festif à cette journée spéciale. Chaque classe présentait soit une danse ou une chanson mimée, ou encore une courte pièce de théâtre. Dans notre groupe, une élève était costumée en princesse, peut-être était-ce Cléopâtre? Quelques compagnes et moi étions censées figurer des servantes noires, et de ce fait, nous avions le visage, les mains et les bras noircis à la suie, ou je ne sais quoi d’autre et nous portions un drap blanc sur la tête et les épaules.  De plus, nous tenions un éléphant que nous avions construit avec des sacs de jute, plus ou moins rembourrés avec  des chiffons de papier… Nous chantions? Nous dansions? Je n’en ai aucun souvenir. Il me semble que tout le monde riait beaucoup; nous devions effectivement présenter un spectacle assez cocasse! C’était une très belle fête… jusqu’à ce que vienne le moment d’enlever le maquillage noir. On avait beau frotter, ça ne voulait pas partir; je me rappelle trop bien être retournée à la maison à moitié débarbouillée, et en plus, j’avais taché ma belle robe du dimanche… Il y aurait eu de quoi gâcher la journée, mais à cet âge, le souvenir des moments de plaisir font aisément oublier les petits désagréments.

Je garde en mémoire tous ces beaux moments du temps de ma vie d’étudiante… et je ne peux que vous redire la belle phrase du film Elle et Lui : « L’hiver doit être bien froid pour qui n’a  pas de chauds souvenirs! »

© Madeleine Genest Bouillé, 10 novembre 2016

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