Je n’avais rien à faire… c’est rare! Pour occuper mes pensées, j’ai commencé à feuilleter mes cahiers de La Bonne Chanson, lesquels sont souvent une source d’inspiration pour mes « grains de sel ». Ce sont de vrais trésors, ces cahiers… je rêve d’un concert qui serait composé uniquement de chansons pigées dans les fameux cahiers de l’abbé Gadbois, dont la devise était : « Un foyer où l’on chante est un foyer heureux ». Je me suis arrêtée sur Chanson d’automne, une mélodie un peu mélancolique qui parle justement de la fin de cette saison, si colorée à ses débuts et qui se termine, hélas, dans la grisaille. Comme je l’ai déjà mentionné, les soirées Bonne Chanson qui avaient lieu au Vieux Presbytère demeurent pour moi parmi mes plus beaux souvenirs. Il me semble entendre encore Louiselle et Joachim Perron qui interprétaient si bien en duo, la Chanson d’automne, au cours d’une veillée en novembre; en rappel, ils nous offraient ensuite L’hiver a chassé l’hirondelle. Cette dernière chanson était accueillie comme un avant-goût de la saison blanche, et à chaque fois, j’anticipais avec plaisir l’approche du joyeux temps des Fêtes en écoutant : « L’hiver a chassé l’hirondelle… mais de notre cœur, ô ma belle, l’hiver ne peut chasser l’amour. »
Mais je reviens à ma Chanson d’automne. Dans mes photos de fin de saison, je n’ai pas de « treille qui tord ses longs bras maigres », et on ne voit pas non plus « l’hirondelle en sanglotant (qui) disparaît à l’horizon pâle ». J’ai surtout des images du fleuve, avec ou sans la chaloupe délaissée… c’est là mon univers! Mais tout comme dans la chanson, « Les nuages sont revenus… La brume a terni les blancheurs et cassé les fils de la Vierge. Et le vol des martins-pêcheurs ne frissonne plus sur la berge ».
« Les arbres sont rabougris, la chaumière ferme sa porte, et le petit papillon gris a fait place à la feuille morte. » Ces jours-ci, c’est vraiment ce que la nature nous offre comme paysage. Du gris partout! Gris, les arbres dénudés, auxquels parfois, s’accrochent quelques feuilles sèches, aux couleurs ternes. Grise l’herbe usée, piétinée, qui se confond avec le trottoir et la route. Mais parce que je ne me résigne pas à les jeter, parce qu’elles font leur possible pour mettre une touche de couleur et de la gaieté sur ma galerie, j’ai laissé quelques citrouilles aux visages rieurs ou fâchés, vestiges de l’Halloween. Pour la deuxième année, nous avions acheté huit petites citrouilles, sur lesquelles je me suis amusée à dessiner des figures. Certaines arborent un grand sourire, d’autres ont une moustache, une regarde vers le côté tandis qu’une autre a les yeux fermés. J’aime les fêtes, et j’aime les décorations. J’aime tout ce qui me donne l’occasion d’éviter la monotonie. C’est sans doute ce qui fait que je n’aime pas cette fin de saison qui s’étire et qui semble ne pas vouloir partir.
La musique du refrain de ma « chanson pour l’automne qui fuit » est écrite pour deux voix qui disent : « Viens cueillir encore un beau jour, en dépit du temps qui nous brise… Et mêlons nos adieux d’amour, aux derniers parfums de la brise. » Il y aura encore de belles journées, elles seront plus froides, mais parfois, elles nous laisseront un répit, dont il faudra profiter pour installer les décorations de Noël en évitant de se geler les mains. S’il est bon de cueillir chaque beau jour qui nous est donné, laissons « le temps qui nous brise » et « les adieux d’amour » s’envoler dans la chanson avec « les derniers parfums de la brise »!
© Madeleine Genest Bouillé, 18 novembre 2016