Du temps où on se baignait au fleuve

Dans ma lointaine jeunesse, parmi nos loisirs d’été, la baignade au fleuve était certes l’amusement que nous préférions entre tous. Au village, il y avait des endroits précis où les baigneurs profitaient de l’incomparable cours d’eau qui borde le Chemin du Roy qui portait alors le nom de « route nationale 2 ». À Deschambault, cette route très fréquentée, ne quitte le bord du Saint-Laurent que dans les hauteurs du cap Lauzon, pour revenir longer la rive, dans le haut du village.

À l’époque dont je vous parle, si à marée basse certains endroits étaient assez sablonneux, devant le cap Lauzon par contre, de nombreuses roches de toutes dimensions décourageaient souvent les nageurs. Un escalier rudimentaire, situé un peu à l’ouest de l’escalier actuel, permettait de descendre sur la grève. Il fallait quand même connaître le fond de l’eau pour s’y baigner. Surtout qu’on avait à compter sur le fort  courant du Rapide Richelieu. Mais quand même, cet endroit avait ses adeptes, lesquels n’étaient pas peureux! Même aujourd’hui, malgré les consignes de sécurité et de salubrité, certains nageurs plus aventureux ne résistent pas à l’envie de « piquer une plonge » devant le cap!

Dans le temps, les gens du village avaient plutôt coutume d’aller se baigner en bas de la rue Saint-Joseph, qu’on appelait « la petite route ». C’était l’endroit le plus fréquenté. On y trouvait une plage de sable qui était plus ou moins spacieuse, dépendamment de la marée. La descente se faisait assez bien, à partir d’un petit sentier dans la côte en face de la maison des Delisle. Un des fils Delisle, Robert, qu’on appelait Tobert, était pêcheur et il avait installé des coffres à poisson, à mi-côte, lesquels profitaient de l’eau d’une source jaillissant à cet endroit; le poisson était donc toujours frais. Nous étions jeunes alors et Tobert nous intimidait… sans doute parce qu’il était plus âgé, mais surtout timide et pas jasant, sauf quand on lui parlait de pêche, alors là, il devenait volubile! Un jour de grand vent et de pluie torrentielle, cet homme qui passait la plus grande partie de sa vie sur le fleuve qu’il connaissait comme le fond de sa poche, disparut avec sa chaloupe… Quelques jours après, on l’a retrouvé noyé, ses grandes bottes remplies d’eau l’ayant retenu au fond du fleuve. C’était sans doute ce qu’il aurait souhaité pour son grand voyage.

Le quai de Deschambault, dans les années 50 (coll. Madeleine Genest Bouillé).

Mais revenons plutôt aux plaisirs que nous procurait notre « Saint-Laurent si grand, si grand », comme le disait une jolie chanson interprétée par Lucille Dumont en 1957.

Quand nous étions jeunes, notre endroit de prédilection pour la baignade était le petit bout de grève qu’on appelait « les trois roches ». Située juste en bas du champ où paissait jadis la vache de mon grand-père, à l’ouest du quai, notre plage à nous s’étalait au pied de la côte où s’élève depuis plus d’un siècle la maison de la famille Petit, maison qui est toujours habitée par ma tante Rollande, la dernière de la famille.

Sur ce bout de grève il y avait trois grosses roches, s’avançant à la queue leu leu dans le fleuve. L’une d’elles avait à peu près la forme d’un bateau. Avec les années, ces roches comme toutes les autres, ont été déplacées par les grosses marées et les glaces qui viennent s’échouer au printemps, mais elles sont toujours là. Les trois roches! Durant les vacances de papa, nous y faisions souvent un pique-nique après la baignade. Quels merveilleux moments! Sans contredit, les plus beaux de notre été! Quelques années plus tard, mes jeunes frères aidés de leurs amis, ont décidé de décorer ces rochers.  Aujourd’hui encore, on peut voir des restes de couleur et des écritures à demi-effacées, mais qu’importe, ce sont nos fresques à nous!

Roches peintes, près du quai de Deschambault, 1986.

En terminant, je vous emmène dans le haut du village, là où le fleuve longe la route de plus près; souvent après une grosse journée de travail, les gens d’autrefois avaient l’habitude de « faire une saucette » pour se rafraîchir. Quoi de plus facile! À cet endroit, on n’a qu’à traverser la route, la côte n’a jamais plus que quelques dizaines de pieds, et on est rendu!  De plus, ici le fleuve s’est permit une particularité; à marée basse, quelques ilots – qu’ici on appelle des « ilettes » – font surface et accueillent les différents oiseaux de mer qui prennent leurs vacances chez nous… « Mon Saint-Laurent si grand, si grand… tu es toujours aussi accueillant! »  Que dire de plus?

© Madeleine Genest Bouillé, 30 juillet 2020

Jeux d’hiver 2

 Même s’il a commencé tôt,  j’ai bien l’impression que  cet hiver n’a pas envie de lâcher prise, il faudra  s’y résigner! Je me rappelle, quand on était jeunes, on ne la trouvait jamais trop longue cette saison! On s’amusait avec peu de choses. Notre vieille route, qui s’appelait encore «  la route à Morin »,  longeait un côteau, pas bien gros, juste assez pour qu’on y glisse avec tout ce qui nous tombait sous la main.  C’était cette même côte, à l’ombre du gros orme où, en été, on jouait à «  En bas de la ville »… Elle n’existe plus, on a rempli le champ marécageux  où parfois, les soirs d’hiver,  quand on ne se couchait pas à «  l’heure des poules », on pouvait voir rôder furtivement un renard; si je me souviens  bien, quelqu’un dans le coin possédait un poulailler… Enfin, un bon jour, le propriétaire de ce terrain inutile y a construit quelques maisons.

Mon frère Roger et son petit traîneau…

On avait une belle variété de «  jeux d’hiver ». Pendant que les grandes personnes faisaient du ski de fond dans les champs ou qu’elles évoluaient sur la patinoire du village, nous on glissait sur les pentes de notre côteau. Traînes sauvages, traîneaux, cartons, tout était bon; c’était bien avant les « crazy carpets ». Mes grands frères  avaient aussi  confectionné des «  traînes-fesses », qu’on appelait aussi «  branle-cul » Ce bolide était fabriqué  à partir d’un vieux ski coupé sur lequel on avait cloué une  bûche d’environ 2 pieds  de hauteur et sur cette bûche on avait fixé  une planche faisant office de siège. Ça marchait, ou plutôt, ça glissait! Cet engin n’était pas exempt de risques; la moindre bosse dans la côte nous faisait basculer, alors que le «  traîne-fesse » poursuivait sa route! Mais comme pour tous les sports, il y avait des «  pros » qui ne tombaient jamais ou presque jamais. Pour les plus jeunes, il y avait le petit traîneau sur lequel on avait cloué solidement une «  boîte à beurre » en bois. Un plus grand était alors désigné pour  faire la promenade. Même s’il manquait d’élégance, ce traîneau était solide et il devait sûrement être confortable puisque mon petit frère ne s’en plaignait jamais.  Il n’y a pas à dire, on était inventif à cette époque!

La rue Johnson enneigée en 1961 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Quand la neige était «  mottante », comme on disait dans le temps, aucun plaisir n’égalait celui  de construire un beau bonhomme de neige. Sauf peut-être celui de faire une bataille de «  mottes » de neige… Même si parfois ça tournait mal; mais ça, généralement, c’était quand les grands s’en mêlaient.  On avait construit un fort qu’on retapait à chaque bordée de neige; rendu au mois de mars, il était impressionnant! Mais voilà! La bagarre prenait entre ceux qui étaient à l’intérieur du fort – les plus jeunes – et ceux qui voulaient y entrer – les «  grands ». Habituellement, les jeux cessaient quand on se faisait rappeler que les devoirs n’étaient pas faits. Même si on tentait de négocier encore quelques minutes, ça ne marchait jamais!

Avec Colette et Madeleine, 1948 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Parlons de la pêche sur le fleuve! Quand la glace était prise solidement, aux environs du quai il y avait parfois une bonne quinzaine de cabanes, peut-être plus. Et ça pêchait! Quand on partait pour «  faire la marée », il fallait d’abord être  chaudement vêtu, surtout pour la marée de nuit; sur le fleuve, le vent vient de loin!  Le traîneau était chargé : du bois de poêle,  du foie pour appâter les lignes,  et plein d’autres accessoires, surtout un bon lunch et un «  petit remontant », quand même, dans la cabane à pêche, dès qu’on était un peu loin du poêle, c’était pas chaud!  Je n’oublierai jamais les froides nuits de pleine lune, quand on revenait, le traîneau  chargé cette fois, de  «  petites morues », comme on appelait alors  le  petit poisson des chenaux.  Il y avait quelque chose   de fantastique dans cette  randonnée sous le ciel étoilé,  avec  la glace qui craquait sous l’effet de la marée.    Vraiment, c’est quelque chose d’inoubliable!

De tout temps, il y a eu des jeux d’hiver  pour les adultes autant que pour les enfants.  Sur la patinoire de l’O.T.J. il y avait des joutes  de hockey et vers la fin des années 50, on a découvert le ballon-balai.  En plus des équipes de gars, il y avait aussi des équipes de filles. Parmi celles-ci  on retrouvait d’excellentes joueuses; entre autres, ma tante Gisèle, qui jouait à la défense. Quand elle était sur la glace, personne ne passait!  Ce sport avait l’avantage  de ne pas être dispendieux, du moins au début.  On faisait le tour du voisinage pour ramasser tous les vieux balais qu’on pouvait trouver; après les avoir coupés, on les enroulait de «  tape à hockey » et comme on dit : «  Ça faisait la job! »  Au début, garçons et filles jouaient chaussés de bottes d’hiver ou de « claques ». Ensuite, on eut l’idée de coller des morceaux de «  styrofoam » en dessous de simples espadrilles. Enfin ce sport devint lui aussi «  organisé », les joueurs et joueuses étaient alors .équipés de chaussures adaptées et de casques protecteurs, car ça peut frapper fort un ballon gelé!

Ballon-balai fin des années 60 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Évidemment l’O.T.J., comme tous les organismes bénévoles, devait faire des activités de financement. Chaque hiver, il y avait donc un carnaval, avec des duchesses commanditées par l’une ou l’autre entreprise locale.  Chaque  duchesse avait un lot de billets à vendre et le soir du couronnement, la demoiselle qui avait vendu le plus de billets devenait pour   une fin de semaine, la Reine du Carnaval!  Pour faire une belle histoire, j’ajoute ceci; une certaine  année, un   intendant  eut le coup de foudre pour sa duchesse.  Ce sont des choses qui arrivent! Comme dans les contes de fées, celle-ci fut élue reine! Après le carnaval ils ont continué de se fréquenter …si bien qu’après  quelque temps, ils se sont mariés!

Vraiment, les jeux d’hiver du temps de ma jeunesse n’avaient rien à envier aux jeux d’été!

© Madeleine Genest Bouillé, 19 février 2019

Cabanes à pêche sur le fleuve, 1977 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

Une chaloupe… fabrication maison!

Deux belles planches de pin

qu’on a réservées à cet effet depuis déjà longtemps.

D’autres morceaux de pin plus petits;

des vis, des cordes, une scie, un marteau… de l’eau.

Tout plein d’autres outils… au cas où.

Sans oublier le galon à mesurer,

surtout pas!

Quelques jours de beau temps,

pas trop chaud… pas trop froid, du beau temps sec!

Une certaine habileté…

acquise depuis longtemps.

L’œil et la main justes.

Bien important : un brin de « jarnigoine »

et surtout, beaucoup de patience!

Et puis, le fleuve en face de la maison,

qui inspire et qui attend,

la chaloupe et son constructeur!

© Madeleine Genest Bouillé, 18 septembre 2017

(Nouvelle version d’un poème écrit en 1995)

Les clochers

Je n’ai pas voyagé beaucoup en dehors du Québec. Toutefois, par les livres, le cinéma, la télévision et maintenant les réseaux sociaux, je connais les endroits magnifiques qu’on retrouve ailleurs dans le monde. Ce dont je suis certaine, c’est que même si j’avais la chance un jour de visiter l’Europe, l’Afrique, les pays de l’Orient ou les Iles du soleil, rien pour moi n’égalerait le fait de parcourir le fleuve Saint-Laurent, de Montréal jusqu’au golfe. Ou mieux encore, l’aller-retour.

Photo: coll. Madeleine Genest Bouillé.

J’ai toujours vécu dans le village où je suis née. Et depuis plus de quarante-cinq ans, j’ai le fleuve en face de chez moi; je l’entends, je le sens, il fait partie de mon décor quotidien. Je le consulte le matin pour savoir quelle humeur il a. Je lui parle de temps en temps. Et le soir, je lui jette un dernier coup d’œil avant d’aller dormir.

Chez nous, depuis très longtemps, nombreux sont les hommes qui ont gagné leur vie sur le fleuve, à bord de bateaux de toutes sortes, comme marin, homme de roue, capitaine ou pilote. Il y en a encore, mais beaucoup moins qu’avant. L’influence du fleuve se fait sentir jusque dans notre langage : on « descend » à Québec et on « monte » à Montréal; on « embarque » dans une auto plutôt que d’y monter. On se « greye » pour aller quelque part, on « accoste » quelqu’un sur la rue, au bureau de poste ou à l’épicerie pour piquer une jasette… on est des gens du fleuve!

Église de Chambly (photo: coll. Madeleine Genest Bouillé).

Plusieurs écrivains et poètes ont fait l’éloge de notre beau fleuve, de Pamphile Le May à Félix Leclerc. Un de mes préférés parmi nos auteurs québécois, Jean O’Neil, a dépeint dans ses livres plusieurs régions du Québec, et particulièrement le Saint-Laurent, dans le livre qui a justement pour titre Le Fleuve. Bref, on pourrait croire que tout a été dit. Moi, ce qui m’a impressionnée, lorsque j’ai descendu le fleuve en bateau de Montréal aux Iles- de-la-Madeleine et ensuite quand je l’ai remonté, c’est d’abord une sensation de liberté totale, qu’on ne retrouve que sur l’eau. Pas de rendez-vous, pas de tâches ménagères ou autres à accomplir, pas de magasinage… on vit au rythme du bateau; on se lève avec le soleil et on s’en va dormir après avoir salué les étoiles une par une! Mais l’image que je garde surtout, c’est vraiment le défilé des clochers qui sont comme une ponctuation tout au long des rives de la vallée du Saint-Laurent.

Photo: coll. Madeleine Genest Bouillé.

Chacun des villages est identifié par son clocher qui s’élève à l’endroit le plus populeux, entouré de bâtisses souvent séculaires, presbytère et couvent, qui racontent la vie des bâtisseurs. Et pas loin du clocher, un enclos semé de stèles et de croix plus ou moins vétustes, révèle que ce village a un long passé… Qu’elles sont belles, les rives de notre fleuve! Soit qu’elles s’élèvent et dressent leurs falaises abruptes, ou qu’elles descendent en pente douce jusqu’au bord de l’eau; soit qu’elles se rapprochent comme pour se conter fleurette, ou qu’elles s’éloignent, indépendantes… jusqu’à former entre elles un lac, voire presqu’une mer!

Des îles s’amusent à séparer les deux rives, à mêler le paysage : est-ce la rive nord? Non, c’est l’Ile aux Coudres! De l’Île d’Orléans qui prend toute la place, en passant par de tout petits îlots sans nom ou de belles îles sauvages, mystérieuses, et d’autres encore dont l’histoire est peuplée de fantômes, telle la Grosse Île. À maints endroits, comme l’Île aux Grues ou l’Île Verte, elles arborent fièrement un clocher, pour nous dire : « Il y a des familles qui vivent ici! ». Et partout, tout au long du fleuve, au nord comme au sud, les clochers continuent de marquer les lieux de notre géographie, sans égard pour les regroupements de municipalités et encore moins pour les fusions de paroisses!

Église de Port-au-Persil (photo: coll. Madeleine Genest Bouillé).

Difficile de croire qu’un jour, ces clochers ne sonneront plus que de temps à autre, durant la saison estivale, pour épater les touristes… à moins qu’on leur trouve une nouvelle vocation, ou au pire, qu’on les ait démolis; c’est arrivé ailleurs, ça pourrait arriver chez nous.  C’est déjà commencé d’ailleurs, dans les villes où jadis on construisait des églises à tous les deux coins de rue.

Parce que j’aime les histoires qui finissent bien, je termine avec cette phrase de Maurice Barrès : « Si l’église fait bien dans le paysage, c’est qu’elle y est une âme. » Indépendamment de toute croyance religieuse, moi je crois que les clochers nous invitent à regarder plus haut… c’est pour cela qu’on les aime!

Église Deschambault (photo: coll. Madeleine Genest Bouillé).

© Madeleine Genest Bouillé, 17 juin 2017

V’là l’bon vent!

Pour amadouer le vent qui se fait présent plus que jamais, j’ai pensé utiliser des chansons, de La Bonne Chanson, où plusieurs nous parlent du vent. En commençant tout d’abord par V’là l’bon vent! :

« V’là l’bon vent, v’là l’joli vent, V’là l’bon vent, ma mie m’appelle 
 V’là l’bon vent, v’là l’joli vent, V’là l’bon vent ma mie m’attend. »

La grève près de l’embouchure de la rivière Belle-Isle.

Je le dis et je le répète, à Deschambault, il vente tout le temps! Depuis le début de cette année 2017, on dirait que c’est pire. Cet hiver, souvent après une journée plutôt calme, quoique froide, vers la fin de la soirée, le vent se levait comme s’il se fâchait, allez savoir pourquoi. Il venait peut-être de se réveiller et il avait fait un mauvais rêve. On peut penser ce qu’on veut… le vent étant le vent, il passe, et il se fiche pas mal de ce qu’il dérange sur son passage!

Comme le dit la Chanson aux nuages : « Nuages là-haut dans le vent qui vous mène, écoutez… Rivières et ruisseaux qui courez dans la plaine, écoutez. Et vous les échos qui dansez sur la plaine, écoutez… Je chante ma peine aux horizons mêmes que tous ceux que j’aime ont quittés. »

La Route Bouillé (Route du Moulin).

Chose certaine, qu’il vienne du nordet, où il s’accompagne généralement de pluie ou de neige, ou qu’il souffle du nord, traînant avec lui toute la froidure qu’il a rencontrée  depuis les contrées où le sol ne dégèle jamais, quand il arrive chez nous, Sire Vent se déchaîne. Il se déchaîne ou il pleure? Voyez plutôt cette chanson qui a simplement pour titre : Le Vent :

« Écoutez le vent comme il chante… il se fait mélodieux. Mais voici que le ciel est noir. Et le vent, pris de désespoir, sur les arbres se laisse choir. Écoutez le vent comme il tremble! Aurait-il donc un cœur de chair? Écoutez le vent comme il pleure… »

Paysage de la Gaspésie (lors de l’un de mes nombreux voyages là-bas).

Avec le doux mois de mai (enfin, il va bien finir par être doux!), il me semble qu’on aimerait une petite brise caressante, parfumée de l’odeur des nouvelles pousses, jacinthes, jonquilles, tulipes et feuillages nouveaux. Mais non, le vent a décidé de faire le grand ménage du printemps; les feuilles mortes, les débris de décorations de Noël, les résidus de l’automne qui ne dérangeaient personne tant qu’on ne les voyait pas, tout y passe!  Mais bientôt, quand même, nous en serons au temps des lilas, et nous chanterons Quand les lilas refleuriront.

« Quand les lilas refleuriront, au vent les capuchons de laine! Nos robes rouges nous mettrons… Et nous descendrons dans la plaine.  Cloches sonnez vos carillons! Les papillons qui se promènent, dans l’air avec les moucherons, comme nous danseront en rond!… Quand les lilas refleuriront… Allez dire au printemps qu’il vienne! »

Le cap Lauzon, fouetté régulièrement par le vent.

J’ai souvent dit, à chaque printemps je crois, combien j’aime cette saison, même avec ses vents qui nous décoiffent. Le printemps, c’est le seul politicien qui tient ses promesses. Il nous promet qu’on s’en va vers le beau temps, le soleil, l’été, et voyez : beau temps, mauvais temps, les bourgeons feront des feuilles, les fleurs et les plantes de toutes sortes pousseront, tandis que les oiseaux, occupés à faire leur nid, nous raconteront leur voyage dans le sud de l’hiver dernier. Vraiment, le printemps porte en lui tous les espoirs; on peut dormir tranquille… comme dans cette chanson qui s’intitule : Dormez sans crainte :

« Sur le haut de la grève et dans les sapinières, il se fait moins de bruit : c’est l’heure du repos. Qui chante au loin, qui chante? J’entends : un écho me hante, c’est la plainte du buisson, c’est le vent dans la ramure, le flot aussi qui murmure : N’ayez crainte mes enfants.  Dormez chers enfants! »

Ferme René Germain.

© Madeleine Genest Bouillé, 2 mai 2017

(Photos: © collection privée Madeleine Genest Bouillé).

Chanson pour l’automne qui fuit

Je n’avais rien à faire… c’est rare! Pour occuper mes pensées, j’ai commencé à feuilleter mes cahiers de La Bonne Chanson, lesquels sont souvent une source d’inspiration pour mes « grains de sel ». Ce sont de vrais trésors, ces cahiers… je rêve d’un concert qui serait composé uniquement de chansons pigées dans les fameux cahiers de l’abbé Gadbois, dont la devise était : « Un foyer où l’on chante est un foyer heureux ». Je me suis arrêtée sur Chanson d’automne, une mélodie un peu mélancolique qui parle justement de la fin de cette saison, si colorée à ses débuts et qui se termine, hélas, dans la grisaille. Comme je l’ai déjà mentionné, les soirées Bonne Chanson qui avaient lieu au Vieux Presbytère demeurent pour moi parmi mes plus beaux souvenirs. Il me semble entendre encore Louiselle et Joachim Perron qui interprétaient si bien en duo, la Chanson d’automne, au cours d’une veillée en novembre; en rappel, ils nous offraient ensuite L’hiver a chassé l’hirondelle. Cette dernière chanson était accueillie comme un avant-goût de la saison blanche, et à chaque fois, j’anticipais avec plaisir l’approche du joyeux temps des Fêtes en écoutant : « L’hiver a chassé l’hirondelle… mais de notre cœur, ô ma belle, l’hiver ne peut chasser l’amour. »

211Mais je reviens à ma Chanson d’automne. Dans mes photos de fin de saison, je n’ai pas de « treille qui tord ses longs bras maigres », et on ne voit pas non plus « l’hirondelle en sanglotant (qui) disparaît à l’horizon pâle ». J’ai surtout des images du fleuve, avec ou sans la chaloupe délaissée… c’est là mon univers! Mais tout comme dans la chanson,  « Les nuages sont revenus… La brume a terni les blancheurs et cassé les fils de la Vierge.  Et le vol des martins-pêcheurs ne frissonne plus sur la berge ». 

« Les arbres sont rabougris, la chaumière ferme sa porte, et le petit papillon gris a fait place à la feuille morte. »  Ces jours-ci, c’est vraiment ce que la nature nous offre comme paysage. Du gris partout! Gris, les arbres dénudés, auxquels parfois, s’accrochent quelques feuilles sèches, aux couleurs ternes. Grise l’herbe usée, piétinée, qui se confond avec le trottoir et la route. Mais parce que je ne me résigne pas à les jeter, halloween-2016-118parce qu’elles font leur possible pour mettre une touche de couleur et de la gaieté sur ma galerie, j’ai laissé quelques citrouilles aux visages rieurs ou fâchés, vestiges de l’Halloween. Pour la deuxième année, nous avions acheté huit petites citrouilles, sur lesquelles je me suis amusée à dessiner des figures. Certaines arborent un grand sourire, d’autres ont une moustache, une regarde vers le côté tandis qu’une autre a les yeux fermés. J’aime les fêtes, et j’aime les décorations. J’aime tout ce qui me donne l’occasion d’éviter la monotonie. C’est sans doute ce qui fait que je n’aime pas cette fin de saison qui s’étire et qui semble ne pas vouloir partir.

halloween-2016-097La musique du refrain de ma « chanson pour l’automne qui fuit » est écrite pour deux voix qui disent : « Viens cueillir encore un beau jour, en dépit du temps qui nous brise… Et mêlons nos adieux d’amour, aux derniers parfums de la brise. » Il y aura encore de belles journées, elles seront plus froides, mais parfois, elles nous laisseront un répit, dont il faudra profiter pour installer les décorations de Noël en évitant de se geler les mains. S’il est bon de cueillir chaque beau jour qui nous est donné, laissons « le temps qui nous brise » et « les adieux d’amour » s’envoler dans la chanson avec « les derniers parfums de la brise »! 

© Madeleine Genest Bouillé, 18 novembre 2016

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La révolte des canards

Une petite folie, pour la saison de la chasse aux canards…

L’ouverture de la chasse aux canards sur le fleuve, dans notre région, comme chacun le sait, c’est une hécatombe! Les pauvres canards n’ont aucune chance, sinon celle de s’enfuir et de revenir prudemment, deux par deux, en catimini, et seulement en novembre, alors qu’il n’y a plus rien de drôle.

madojac-020Cette année-là, à la fin du mois d’août, les canards tinrent conseil. D’abord, le grand chef « Malard Masqué », un des rares canards adultes ayant survécu à plusieurs journées « d’ouverture » sans perdre une seule plume, ce chef incontesté doit-on dire, fit un discours devant toute la faune ailée rassemblée autour de lui.  Il commença ainsi : « Mes chers concitoyens et concitoyennes, je ne vous apprends rien en disant que la vie en cette contrée est devenue invivable.  Il faut faire quelque chose ! » À ces mots, des bravos et des hourras retentirent dans l’assemblée. Une jeune cane, dont c’était la première réunion, intervint timidement : « Vous avez raison… mais que suggérez-vous? ». Horreur et stupéfaction générale! Quelqu’un avait osé répondre au grand chef  Malard Masqué !  En effet, de tout temps, depuis qu’il s’était institué chef de la colonie, Malard Masqué faisait les questions et les réponses. Pour les paresseux et les indécis, c’était pratique, et pour le chef, c’était ce qu’il avait trouvé de mieux pour assurer sa suprématie.

photos-chasse-2008-002Le grand Malard suprême, interloqué par la réplique, cherchait dans la foule cancanante, quel était celui – ou celle – qui avait osé s’exprimer. La jeune cane leva hardiment l’aile.  Il est important de préciser que cette génération de canards est beaucoup plus évoluée que celles qui l’ont précédée; fini le temps de l’obéissance servile!  Fini le rêve de ces canards d’une autre époque, qui était de se retrouver dans une assiette, quelque part dans un restaurant quatre étoiles, « en sauce à l’orange », sous l’appellation « canard du Lac Brome », alors qu’on n’y a jamais mis les pattes. Maintenant, pour chaque canard, le moindrement cultivé, le rêve, c’est de vivre sa vie de volatile où et comme il le désire, de choisir son compagnon ou sa compagne et de décider ensemble du nombre de canetons qu’on veut avoir, de les élever librement, sans peur, puis de mourir, si possible, de sa belle mort.

Je disais donc que la jeune cane leva hardiment l’aile. Le chef, ayant  repéré la dissidente dans la troisième rangée de droite, finit par répondre : « Vous avez quelque chose à déclarer? »  La jeune cane leva le cou  et répondit poliment et fermement : « Grand Chef, je demandais seulement si vous aviez quelque chose à proposer pour régler ce problème qui menace la vie de nos membres à chaque automne. » Le Grand Malard Masqué commença par se dérhumer, puis, conscient que tous attendaient de lui qu’il prononce des paroles importantes et décisives pour l’avenir de tous, prit la parole : « Mes chers amis, nous devrons tous ensemble, trouver une solution pour sauver  notre colonie.  Il n’y a pas de mystère : ou nous trouvons le moyen de nous protéger contre ces chasseurs sanguinaires ou bien nous devrons fuir et aller vivre là où il n’y a pas d’humains, ce qui est très rare! Je propose donc qu’on forme une commission et qu’on étudie les propositions. Qui appuie? »  Le plus âgé de la colonie, Pilet Boiteux, leva faiblement une aile déplumée.  « Bien, coupa le Grand Chef,  Il y aura cet après-midi, après la sieste, réunion des Aînés, et nous regarderons les possibles possibilités. La séance est levée! »  La jeune cane leva encore une aile frémissante de colère et dit : « S’il vous plaît Grand Chef, je voudrais ajouter quelque chose. » « Encore! », dit d’un ton excédé Grand Malard Masqué, qui n’avait pas l’habitude qu’on conteste sa façon de présider les réunions du conseil.  La jeune cane s’empressa donc de demander à ce qu’un canard de la jeune génération fasse partie de la commission. « J’insiste, les jeunes doivent être représentés. Après tout, nous formons la majorité de la colonie. » Les Aînés se regardèrent, puis ils consultèrent le Grand Malard suprême. Celui-ci sentant la soupe chaude (ce dans quoi il n’était pas prêt à se tremper) dit alors : « Choisissez quelqu’un et qu’il soit présent à la réunion tout à l’heure. » Et enfin, il sortit. Ouf!

img_20160524_0009Comme convenu, après la sieste de digestion que font tous les canards d’un certain âge et surtout ceux d’un âge certain, le Conseil des Aînés se réunit à l’endroit habituel, dans les joncs. Cahin-Caha, un jeune canard à lunettes, vint prendre place parmi l’assemblée. Il avait été choisi en raison de sa vive intelligence, et de son calme, ce dont il aurait sûrement  besoin  dans les discussions avec les Aînés, dont la plupart étaient franchement radoteux. Je vous fais grâce des préliminaires qui traînaient en  longueur et en lourdeur.  Comme on tardait à atteindre l’essentiel de la rencontre, Cahin-Caha leva l’aile et demanda qu’on en vienne aux propositions. Les Aînés regardaient en bougonnant ce jeune freluquet qui les dérangeait  visiblement. Le jeune canard, pas gêné, leva une fois de plus l’aile et dit : « Je propose qu’on sabote le jour de l’ouverture de la chasse. ».  « Comment, de quelle façon? », demandèrent les vieux canards éberlués. « C’est bien simple, nous ne sortons pas de toute la journée. De plus, nous donnons à tous les membres de la colonie cette consigne : interdit de répondre aux « appels » des chasseurs. Nous inventons un code  pour nous rejoindre  seulement en cas d’absolue nécessité.  Plus de traditionnels « coin-coin » ou de « coua-coua ». Un appel secret sera transmis d’une famille à l’autre afin que tous en prennent connaissance. ».

photos-chasse-2008-008Le Grand Malard Masqué lissait ses plumes silencieusement… en regardant tour à tour les membres de son conseil. Tous semblaient intéressés, même Pilet Boiteux qui habituellement s’endormait aussitôt que la séance commençait, étant donné qu’il n’entendait plus très bien. Le Grand Chef y vit un signe… Était-ce possible qu’on vive un automne comme on n’en avait jamais vu? Un automne où on n’aurait pas à pleurer nos morts ni à traîner un contingent de blessés tout au long du voyage vers le sud ? Quel rêve!

Malard Masqué étira le cou majestueusement et dit : « Jeune confrère Cahin-Caha, nous appuyons ta proposition à l’unanimité. Tu devras donc nous apprendre  l’appel secret qui servira à communiquer entre nous, le jour de l’ouverture de la chasse. J’ai parlé! ». Le brillant jeune canard répondit donc : « Quand viendra le moment,  je donnerai le signal en secret à chacun des chefs de famille, qui le transmettra à toute sa couvée… et ainsi de suite, pour  tous les membres de la colonie. »

N’étant pas moi-même un canard, je n’ai évidemment pas été mise au courant de l’appel secret. Nous apprendrons donc tous ensemble, cet automne, si la révolte des canards a porté fruit!

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© Madeleine Genest Bouillé, 22 septembre 2016

(Texte paru dans Récits de bord de l’eau en 2008.)

Deschambault à l’envers

Vous avez déjà vu Deschambault à l’envers? Ce que j’entends par «  à l’envers », c’est de regarder notre village du fleuve ou de la rive sud. Au moins une fois par année, j’aime aller me promener sur la route 132, soit en passant par Trois-Rivières ou par Québec. Quand on arrive à Lotbinière par l’est, la rive de ce côté du fleuve étant beaucoup plus élevée, il faut bien en convenir, notre cap Lauzon semble tout petit. C’est pourquoi il est préférable d’aborder Lotbinière par l’ouest. Donnez-vous alors la peine de descendre sur le quai; le coup d’œil sur Deschambault vaut le détour!

Quelques mots sur Lotbinière. Des hauteurs de ses falaises escarpées, notre voisine d’en face offre un visage accueillant. L’agriculture semble y être florissante. Au cœur du village, l’église avec ses deux clochers encadrant le grand roi saint Louis, se dresse fièrement comme une sentinelle. On remarque plusieurs superbes maisons en pierre. Ces constructions diffèrent cependant de nos vieilles maisons de la rive nord. Elles témoignent d’une époque plus récente. Tout d’abord ces demeures sont plus hautes; munies de murs coupe-feu, elles ont généralement deux étages.

Mais regardons un peu  « Deschambault à l’envers »…

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Cette photo a été prise à l’est du village de Lotbinière, sur le bord de la route, presque à la hauteur de l’ancien phare, lequel à marée basse est relié à l’ilot Richelieu, comme vous pouvez le constater.

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Le Moulin du Domaine de Lotbinière s’élève au bas de la côte, à l’est du village. Du quai de Deschambault, on voit très bien cette imposante bâtisse qui date de 1799. Cet ancien moulin à eau est maintenant une résidence privée.

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Finalement, il est plus facile de regarder Deschambault à l’envers en chaloupe. Cette photo nous fait voir les résidences et les chalets qui bordent le fleuve à l’est du quai.

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Cette photo date de 1984, elle a été prise au large en face du cap Lauzon par une belle journée de juillet où il y avait une bonne brise!

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On se souvient des gros travaux qui ont été effectués aux endroits où la route longe le fleuve de très près, comme on peut le constater sur cette portion du chemin du Roy entre le restaurant La Ferme et le Garage Faucher.

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Une belle journée d’automne, en 1986! C’était la fin d’une belle promenade sur le fleuve; on approchait du pont de la rivière Belle-Isle… on était donc à la hauteur de ce qu’on appelait autrefois « la Barre à Boulard »!

© Madeleine Genest Bouillé, 17 septembre 2016

N.B. Toutes les photos proviennent de ma collection (© coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

De choses et d’autres…

De choses et d’autres, quelques images inspirées par le fleuve et la navigation…

1961 :
Nos marins… On les voyait rarement à leur travail, sauf pour les épouses qui allaient parfois rendre visite à leur mari sur le bateau quand il était à quai. Sur la première photo,  on est sur une barge, à l’avant, et on regarde vers l’arrière. Je ne saurais décrire les « gréements », mais, c’est le temps de chanter : « Partons la mer est belle! » Sur l’autre photo, trois marins posent sur le même bateau sans souci du roulis ou du tangage… Vous vous doutez bien que cette photo m’a été donnée par le gars qui est au milieu.

1964 :
Quand on parle des « chaînes de roches », au large devant le cap, cette photo d’un navire qui descend le fleuve à marée très basse illustre bien cette particularité qui autrefois, rendait la navigation difficile. Imaginez ce que ça devait être jadis avant que le chenal soit creusé. Quand, dans les écrits des « anciens », on lit que «… à la hauteur de Deschambault, le fleuve est barré par un amoncellement rocheux qui faisait jadis une chute aussi haute que la cataracte du Niagara. Il s’agissait d’une descente en escalier, d’où, partant de 35 pieds d’eau à marée basse, on arrivait à la Pointe du Platon à environ 60 pieds d’eau. Cette descente rapide provoquait en surface du fleuve un remous aussi fort que dangereux appelé Rapides du Richelieu ». On comprend alors qu’autrefois, la navigation dans le fleuve était dangereuse, d’où la nécessité de construire un phare.  Aujourd’hui tout est beaucoup plus sécuritaire, mais il demeure que le courant entre la Barre à Boulard et la Pointe du Platon est toujours aussi « rapide »! Vous est-il déjà arrivé « d’écouter » la marée au gros baissant, entre la halte routière et le quai? Vous m’en redonnerez des nouvelles…

1967 :
De la rue St-JosephQuand j’étais jeune maman, il m’arrivait comme toutes les mères, de promener mes petits garçons. En cette belle journée d’automne 1967, le bébé avait environ sept mois, tandis que l’aîné avait 2 ans et demie. Le paysage ne devait pas tellement leur importer… ils étaient seulement heureux de faire une promenade! La vue qu’on a du fleuve quand on déambule sur notre ancienne « petite route » est toujours aussi magnifique!

 

© Madeleine Genest Bouillé, 16 août 2016

Le cap Lauzon : ses richesses, ses couleurs

L’Histoire nous apprend que « le cap Lauzon fut ainsi appelé par Champlain, en 1627, en l’honneur de son compagnon Jean de Lauzon. Le cap s’étend sur une longueur d’environ  deux milles et quart et couvre en sa plus grande largeur l’espace d’environ un demi-mille. Il a entre 75 et 100 pieds de hauteur. Ce qu’il est convenu d’appeler le village de Deschambault s’élève sur la partie est et la partie sud du cap et occupe à peu près toute l’étendue de celui-ci ». (La Petite Histoire de Deschambault, Luc Delisle, 1963).

Le Cap Lauzon est un joyau qu’on ne se lasse pas d’admirer. C’est vraiment le cœur de Deschambault. Ce site privilégié offre aux visiteurs une vue imprenable sur le fleuve qui, depuis toujours, est étroitement lié à la vie des gens de Deschambault. Quel que soit le point de vue qu’il nous est donné de contempler, de l’est ou de l’ouest, du quai ou du fleuve, en toutes saisons, il nous offre un panorama unique!

Qu’on l’aborde, en chaloupe, par le côté ouest (photo de Jacques Bouillé, 1987).

Qu’on l’aborde, en chaloupe, par le côté ouest (photo de Jacques Bouillé, 1987).

…ou par le côté est comme nous le fait voir cette photo qui date de 1969, c’est toujours tellement beau! (Photo de Fernand Genest, 1969) .

…ou par le côté est comme nous le fait voir cette photo qui date de 1969, c’est toujours tellement beau! (Photo de Fernand Genest) .

Quand on l’aperçoit, tout emmitouflé dans son manteau d’hiver, il est impressionnant! (Photo de Jacques Bouillé, 1997).

Quand on l’aperçoit, tout emmitouflé dans son manteau d’hiver, il est impressionnant! (Photo de Jacques Bouillé, 1997).

L’endroit d’où le cap est le plus photographié, c’est évidemment du quai. J’ai plusieurs photos prises de cet endroit, à différentes époques, telle cette photo en noir et blanc, prise avec mon petit « kodak » en 1956…

L’endroit d’où le cap est le plus photographié, c’est évidemment du quai. J’ai plusieurs photos prises de cet endroit, à différentes époques, telle cette photo en noir et blanc, prise avec mon petit « kodak » en 1956…

Et celle-ci, avec un magnifique coucher de soleil, prise à l’hiver 1969 (photo de Fernand Genest, 1969).

Et celle-ci, avec un magnifique coucher de soleil, prise à l’hiver 1969 (photo de Fernand Genest, 1969).

Peut-être préférez-vous une photo du haut des airs… N’est-ce pas qu’il est majestueux?

Peut-être préférez-vous une photo du haut des airs… N’est-ce pas qu’il est majestueux?

« Ramons, ramons, bien vite, je l’aperçois… droit devant! » (Photo de 1986).

« Ramons, ramons, bien vite, je l’aperçois… droit devant! » (Photo de 1986).

De tout temps, pour les gens de Deschambault, comme pour les touristes le cap Lauzon a été lieu de détente, de loisirs… Au début du siècle, le curé Rousseau y fit construire un kiosque dans lequel les prêtres allaient se reposer. En 1945, le petit édicule était abandonné depuis déjà plusieurs années; un jour de grand vent, il tomba en bas de la falaise. Il était irrécupérable. (Photo provenant du CARP, vers 1918).

De tout temps, pour les gens de Deschambault, comme pour les touristes le cap Lauzon a été lieu de détente, de loisirs… Au début du siècle, le curé Rousseau y fit construire un kiosque dans lequel les prêtres allaient se reposer. En 1945, le petit édicule était abandonné depuis déjà plusieurs années; un jour de grand vent, il tomba en bas de la falaise. Il était irrécupérable. (Photo provenant du CARP, vers 1918).

En 1995, un nouveau kiosque est construit… inutile de préciser qu’il est très fréquenté (photo datant de 2012).

En 1995, un nouveau kiosque est construit… inutile de préciser qu’il est très fréquenté (photo datant de 2012).

Le cap, c’est aussi le lieu où l’on retrouve nos bâtisses patrimoniales qu’on voit ici du haut du clocher (photo de Jacques Bouillé).

Le cap, c’est aussi le lieu où l’on retrouve nos bâtisses patrimoniales qu’on voit ici du haut du clocher (photo de Jacques Bouillé).

Plusieurs pages d’histoire ont été tournées depuis que Champlain a nommé notre cap « Lauzon » : la colonisation, la guerre, la construction de deux églises, trois presbytères, le couvent, la salle des Habitants, etc… Depuis toujours les gens d’ici l’ont fréquenté; chaque année, quand il fait beau, à la Saint-Jean, des centaines de personnes s’y rassemblent pour fêter. Chaque été, il accueille des centaines de visiteurs d’un peu partout au pays ou de l’étranger. Et pourquoi s’y arrête-t-on, croyez-vous? Tout simplement parce que c’est beau!

© Madeleine Genest Bouillé, 1er août 2016