Tout d’abord, je vous cite quelques lignes d’un livre que j’ai lu il y a déjà plusieurs mois. Le titre, déjà, m’accrochait : Il faut que je parle à quelqu’un. L’auteur, Jean-Jacques Gauthier, un inconnu pour moi, écrit ceci : « Hâtons-nous de dire aux vivants, les mots qu’ils attendent, et qui sont vrais, et que nous remettons de prononcer, et que chacun souhaite entendre, une fois au moins, de la bouche d’un seul être, et qu’hélas nous redirions inlassablement de si grand cœur, mais en vain, sur une tombe refermée ».
Trois titres de chanson retiennent mon attention pour cette deuxième chronique, qui disent des mots qui pour moi, sont essentiels : la mère, la maison, l’église.
De sa mère, on se souvient toujours
Les paroles sont de Deprés-Lévy, la musique de Gustave Goublier (1856-1926). Cet auteur français très connu à son époque, a écrit entre autres, la musique du Credo du Paysan.
Couplets :
Il est un sentiment vivace, plus doux qu’un soleil de printemps,
Un souvenir que rien n’efface, pas même la marche du temps.
Dans les passages de la vie, où s’agite le désespoir
L’ombre d’une image chérie, apparaît dans notre ciel noir.
Le frêle enfant qui vient de naître, vers elle tends déjà ses bras.
Et bientôt le cher petit être, sous ses yeux fait ses premiers pas.
Lorsque pour les bancs de l’école, il voit qu’il lui faut la quitter
Il pleure et sa peine s’envole, sous la chaleur d’un bon baiser.
Dans le cours de notre existence, quand nous visitent les douleurs
C’est son nom que dans la souffrance, nous répétons avec des pleurs
Combien, sur les champs de bataille, sont tombés d’hommes vaillamment.
Frappés par l’horrible mitraille, en murmurant : « Adieu maman! »
Refrain :
On se rit d’une folle ivresse, on oublie un jour ses tristesses
Bonheur et peine, tour à tour… Mais de sa mère, on se souvient toujours!
La chère maison
L’auteur, E. Jaques-Dalcroze, (1855-1950) un musicien et compositeur d’origine autrichienne, qui est de plus, le créateur de la méthode rythmique qui porte son nom.
Couplets :
Ô ma chère maison, si vieille…Ô toi qui sommeilles dans le vert gazon.
Maison d’autrefois, témoin d’un autre âge.
Portant, enfouie au fond du feuillage,
Tant de chers souvenirs des anciennes saisons.
Ô petit nid discret, aux persiennes closes, Que tu vis de choses!
Et que tu sais de doux secrets. L’amour a chanté sous ton toit sonore.
La mort a passé, et tu vis encore.
Conservant le parfum des mortes floraisons.
Ô ma chère maison, d’année en année, bien des saisonnées
Défilent à tes horizons. Tu verras revivre et franchir ta porte
Des joies, des douleurs, que tu croyais mortes.
Car la vie et la mort ont les mêmes frissons.
Refrain :
Ô ma chère maison, mon nid, mon gîte.
Le passé t’habite, ô ma chère maison!
La vieille église
Albert Larrieu, chanteur, compositeur, interprète et poète français (1872-1925), est l’auteur de cette belle chanson, ainsi que de plusieurs autres pièces du répertoire de La Bonne Chanson.
Couplets :
La vieille église du village, semble n’avoir plus aucun âge.
Ses pierres grises, ses vitraux brisés, d’un lierre très vieux sont tapissés.
Sa cloche qui sonne, dans le cœur résonne.
Elle évoque tout notre passé,
Déjà par le temps, presque effacé.
L’odeur d’encens, encore parfume, les saints de bois au vieux costume.
Ils ont toujours un air de majesté, malgré leur antique pauvreté.
Sous les blanches roses, les aïeux reposent
Auprès des vieux murs, dans le champ clos.
Rien ne peut troubler ce grand repos.
Ne touchez pas à cette église, que son grand âge poétise!
Laissez-là vivre, et finir ses vieux ans.
Elle n’en a plus pour bien longtemps.
Cette pauvre aïeule, un jour toute seule.
Tombera comme un oiseau blessé
Sur les ruines de notre passé.
Heureusement pour nous, notre église, qui date de la même époque que le compositeur Albert Larrieu, ne devrait pas subir le même sort que maintes églises plusieurs fois centenaires, en France et dans d’autres pays d’Europe. Mais, elle devra s’adapter… et nous aussi!
© Madeleine Genest Bouillé, 21 novembre 2017