Du théâtre à Deschambault… de 1920 à 1955

Deschambault a une longue tradition de théâtre amateur. En parcourant les nombreuses coupures de journaux et les papiers de toutes sortes que ma mère conservait précieusement, je suis parvenue à retrouver certains titres des pièces qui ont été jouées par des gens de chez nous. Des gens de tout âge et de toute condition, qui consacraient leurs loisirs au théâtre et qui y mettaient tout leur cœur et tout leur talent. Oui, il y a en a eu du théâtre à Deschambault! Je vous ai parlé des pièces que j’ai jouées, dans les années 60 et de celles que j’ai montées ensuite jusqu’à ces dernières années, où j’ai eu le bonheur d’applaudir mes petits-enfants.

Malheureusement, j’ai très peu de photos et celles que j’ai ne sont pas très bonnes, mais j’ai au moins les titres des pièces jouées et dans plusieurs des cas, les noms des comédiens. La première mention de théâtre que j’ai trouvée dans les archives personnelles de maman, date du mois d’août 1921. La troupe des garçons, comme on la nommait, présentait les 2, 3 et 4 août une pièce intitulée « Les parapluies », de Claude Bardane. Quelques années plus tard, en août 1927, la troupe des garçons présente deux pièces : « Le reliquaire de l’enfant adoptif » et « Le homard et les plaideurs »; je n’ai pas les noms des auteurs, ni ceux des acteurs.

La salle Saint-Laurent, maison Vézina (construite par Alfred Petit).

En mai 1928, on assiste aux « Soirées Dramatiques et musicales », dans la salle Saint-Laurent, où l’on présente « La Plage de Biarritz », drame en 3 actes du Père Camille et « Le Château de la Mare aux Biches », comédie en 2 actes de Charles Leroy-Villars. Sur le programme, on précise que ces pièces sont « données par les jeunes filles de Deschambault ». Parmi les jeunes comédiennes, on retrouve aussi quelques dames, dont Mme Louis Marcotte (Béatrice Naud). Les jeunes comédiennes se nomment Blanche et Joséphine Petit, Olive et Marie Gauthier, Blandine Naud, Germaine Montambault, Charlotte Arcand, Juliette Pagé, Corinne Paris et Angélique Dussault.

La Veillée du bon vieux temps, Alfred et Edmond Petit, vers 1930.

En 1929, la troupe des garçons présente les 30 et 31 juillet, « La nuit rouge » et « Sapeurs et Gendarmes ». En février de la même année, une troupe mixte, cette fois, présente à la salle Saint-Laurent, la « Veillée de Noël », de Camille Duguay. Dans l’hebdomadaire de l’époque, on lit à ce sujet : « Deschambault est rarement témoin d’un aussi beau succès que celui remporté par un groupe d’amis, qui avaient organisé, les 6 et 7 février, une veillée du bon vieux temps ».  Parmi les comédiens, on mentionne les noms de André Gauthier, Blandine Naud, Juliette Pagé, Olive et Marie Gauthier, Marie-Louise Marcotte, Alfred Naud, Henri Julien, Georges Montambault, Narcisse Naud, Albert Paris, Robert Paquin ainsi que Alfred et Edmond Petit, sûrement pour la musique! J’avais peut-être une dizaine d’années quand j’ai entendu parler de cette si belle pièce… du théâtre comme on n’en avait jamais vu par chez nous! En ce qui concerne la salle Saint-Laurent, il s’agissait d’une annexe qui prolongeait la maison Vézina, sur le côté ouest. À ce qu’on m’a dit, cette salle était spacieuse et très belle. La maison avait été construite par Alfred Petit qui avait nommé la salle « Saint-Laurent » autant pour le fleuve qu’elle surplombait, que pour rendre hommage à son épouse Cordélie Saint-Laurent.

Les piastres rouges, 1934 (photo: Musée virtuel de Deschambault, CPDG).

En mai 1934, la même troupe des garçons présente « Les piastres rouges », qui selon ma mère était une très belle pièce. En 1934, la même troupe présente trois pièces à la salle Saint-Laurent : « Le Secret d’Hurloux », « Un mariage au téléphone » et « Le secret de Pardhaillan ». Parmi les comédiens, des jeunes gens de l’époque, on retrouve Albert Paris, Alfred Mayrand, Gilbert et Jean-Charles Talbot, Narcisse Gignac, Toussaint Julien, Ernest Martel, Benoît et Raymond Paré, Marcel Descarreaux, Amable et Clément Paré et C.H. Johansen. En janvier 1935, la troupe est mentionnée pour la dernière fois, alors qu’on joue une pièce intitulée « La Tour du Nord ».

 

La chambre mauve, 1953.

Est-ce qu’il y a eu du théâtre entre 1935 et 1953? Je l’ignore; mes notes reprennent en 1953, alors que Rachel Paris-Loranger présentait « La chambre mauve », à la salle Paul-Benoît qu’on appelle alors « Salle syndicale ». Cette pièce est un drame mettant en scène une nombreuse distribution entièrement féminine, où on voit les noms de : Francine Roy, Muriel Houde, Élise et Roberte Paré, Claire Gauthier, Aline Paquin, Charlotte Dussault, Yvette Loranger, Michelle Naud, et Denise Gagnon. Madame Narcisse Paré jouait le rôle de la vieille tzigane qui enlève la fillette (rôle interprété par Francine Roy). Madeleine Loranger interprétait celui de la mère de la fillette, tandis que Madame Loranger, en plus de la mise en scène, jouait le rôle de la gouvernante. Charlotte Arcand, Nicole Dussault, Corinne Paris et Colette Gauthier faisaient aussi partie de la distribution. Je me souviens de cette pièce; certaines scènes surtout m’avaient frappée. Je revois la danse des Bohémiennes et l’enlèvement de la fillette… C’était dramatique à souhait! C’est sans doute de ce temps-là que j’ai commencé à vouloir être une actrice!

Évangéline, 1955 (Musée virtuel de Deschambault, CPDG).

En 1955, La troupe de Rachel Paris-Loranger est maintenant mixte. On présente tout d’abord « Les sacrifiés », une pièce dramatique, dont j’ai gardé un souvenir : je revois Yvette Loranger, interprétant le rôle de « la méchante »; elle était flamboyante et vindicative, toute vêtue de rouge, avec un immense chapeau! J’étais sidérée! Sa sœur, Madeleine, était par contre celle à qui on confiait toujours les rôles tragiques où elle excellait. Vraiment ces deux sœurs si dissemblables étaient de très bonnes comédiennes! Enfin, toujours en 1955, c’est le deuxième centenaire de la Déportation des Acadiens et Madame Loranger monte une fresque magistrale intitulée « Évangéline ». Madeleine Loranger  interprète le rôle-titre, tandis que Lionel Brisson  incarnait celui de Gabriel, son fiancé. Côme Houde, qui était professeur à l’école des garçons, incarnait avec beaucoup de talent le rôle du père d’Évangéline. Je me souviens qu’il y avait une très grosse distribution. Tout ce qu’il y avait de comédiens amateurs à Deschambault  se retrouvaient sur la scène. Cette pièce a été présentée dans un des grands hangars de la Ferme-École. Je me rappelle qu’il y eut plusieurs représentations; c’était tellement beau, tellement bien interprété! On avait pour la circonstance mis sur pied une chorale : « Les Acadiennes de Grand-Pré », lesquelles chantaient des chants de La Bonne Chanson, dont évidemment, la chanson-thème Évangéline. Ce chœur était dirigé par Gaston Bilodeau, qui en juillet de cette même année épousait Agnès Bouillé, alors que Louis-Joseph Bouillé, un des acteurs principaux, épousait Nicole Dussault, qui faisait aussi partie de la distribution de la pièce Évangéline! C’était ainsi que ça se passait à Deschambault en 1955. Ces dernières informations ne faisaient pas partie des « archives » de ma mère, mais j’ai pensé que c’était une belle finale, pour mon « grain de sel », aussi belle que celles qu’on voit au théâtre!

Chorale « Les Acadiennes de Grand-Pré », 1955.

© Madeleine Genest Bouillé, 13 juin 2017

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