Place au théâtre!

Toute jeune, je rêvais d’être une actrice. J’entendais les comédiens à la radio qui jouaient dans les radioromans que j’écoutais soit le midi ou le soir : Jeunesse dorée, Rue Principale, Un homme et son péché. Je ne comprenais pas toujours les intrigues, mais j’écoutais les dialogues et je trouvais ça beau. Je feuilletais la revue RadioMonde, où s’étalaient les photos des vedettes. On voyait les acteurs en train de lire leur rôle à la radio; ils avaient leur texte en mains, ça ne devait donc pas être si difficile!

Au couvent, on présentait de courtes pièces de théâtre, pour Noël ou pour la fin de l’année. Le premier rôle que j’ai joué, c’était en 1954. Nous présentions un texte dialogué de Félix Leclerc intitulé, La Grande Nuit, extrait d’Andante. À vrai dire, ce n’était pas vraiment une pièce de théâtre, en ce sens  qu’il n’y avait pas d’action. Sur la scène, trois étoiles; l’étoile des Bergers et l’étoile des Marins, racontent à la plus jeune, l’étoile des Amours, la nuit du premier Noël. J’étais l’étoile des Marins. Nous  étions juchés sur je ne me rappelle plus quoi, au-dessus d’une rangée de sapins couronnés de neige ouatée; on ne voyait de nous que la figure qui était encadrée d’une grande étoile brillante. Peu m’importait, j’étais heureuse de jouer ce rôle si beau! Le texte était magnifique, mais passablement long, alors on avait ménagé des pauses, pendant lesquelles la chorale chantait des cantiques de Noël.

L’année suivante, on devait monter une vraie pièce en trois actes, avec décors, costumes et tout le tralala! Si je me souviens bien, le titre était : L’orpheline des Pyrénées, œuvre d’un auteur français. J’avais de bonnes notes en français, selon moi, je pouvais donc espérer avoir un rôle, si petit soit-il, j’en serais ravie! On apprenait des récitations pour toutes sortes d’occasions et quand arrivait mon tour, la bonne Mère me gardait quelquefois après l’école pour me faire répéter. Lors d’une de ces répétitions, Mère me demanda, à brûle-pourpoint : « Avez-vous pensé à ce que vous vouliez faire plus tard ? » Il ne m’est pas venue à l’esprit que la réponse à faire était la suivante : « J’aimerais devenir religieuse ». Naïvement, je répondis: « Je voudrais devenir une actrice! » Coup de théâtre! Roulement de tambour… et comme on dit « e finita la commedia »! J’eus droit à tout un sermon dans lequel il était clair que je ne devais pas rêver à cette vie de perdition où je devrais tout d’abord m’expatrier, et où les plus grands malheurs m’attendaient. En terminant avec cette phrase célèbre : « Vous savez, la gloire, c’est le deuil éclatant du bonheur! » Voilà! Je n’ai évidemment pas eu de rôle dans la pièce dont curieusement, je n’ai aucun souvenir. On m’a confié la tâche de « maître de cérémonie ».  Et à compter de ce jour, j’ai souvent tenu cet emploi, ce qui m’a été bien utile, plus tard quand j’eus à parler en public dans les différentes associations dont j’ai fait partie.

Livret de pièce ayant appartenu à Mme E.V. Paris.

Après mes études, alors que je travaillais au Central, j’ai enfin commencé à faire du théâtre, en amateur comme c’est la tradition à Deschambault et ce, depuis très longtemps. En fouillant dans les nombreux papiers de ma mère, j’ai appris qu’il y avait eu déjà dans le passé une troupe masculine, composée d’étudiants qui présentaient du théâtre pendant les vacances d’été. À une certaine époque, il y eut aussi une troupe féminine, sous la direction de Mme E.V. Paris, la mère de Rachel Paris-Loranger, à qui, plus tard, on devra plusieurs magnifiques pièces de théâtre, dont Évangéline, pièce qui relatait la déportation des Acadiens en 1755.  Quand j’ai débuté, c’était Louis-Joseph Bouillé qui était metteur en scène. Il avait lui-même été un des plus brillants comédiens avec Lionel Brisson, dans la troupe de Madame Loranger. À cette époque, le Cercle Lacordaire, mouvement antialcoolique alors très florissant, organisait chaque année en mai, à l’occasion de l’anniversaire du cercle, une soirée où il y avait tout d’abord une partie « sérieuse ». On honorait les membres méritants de 5, 10 ans et plus et ensuite, pour la partie récréative, il était d’usage de présenter une pièce de théâtre qui exploitait, autant que faire se peut, les malheurs causés dans les familles par l’alcoolisme, histoire de faire valoir les bienfaits de l’abstinence.

On était donc en 1961. La pièce qu’on préparait avait pour titre L’Absolution, c’était l’œuvre d’un auteur franco-américain du nom de Victor Vekeman. Nous avons d’ailleurs joué plusieurs pièces de ce même auteur, autant des comédies que des tragédies. Avec un titre comme L’Absolution, il est évident qu’il s’agissait d’une tragédie! Je jouais le rôle de l’épouse d’un ivrogne, mère de deux enfants, je me souviens que Jacqueline Chénard jouait le rôle de ma fille; nous vivions dans la misère et je m’effondrais dès la fin du premier acte. À la fin du 2e acte, mon fils, devenu prêtre, donnait l’absolution à un moribond alcoolique, dans lequel il reconnaissait avec stupeur son propre père! La pièce se terminait sur cette réplique lancée par le jeune abbé : « C’était Hubert! C’était mon père! » C’était vraiment pathétique! Le jeune homme qui tenait ce rôle s’appelait Robert Deshaies; c’était  son premier rôle et il le rendait très bien. Je n’ai pas malheureusement pas de photos de cette pièce, qu’on a jouée plusieurs fois, entre autres à Cap-Santé et à Saint-Gilbert.

Jeu scénique du Centenaire du Couvent en 1961.

Ce  même été, les 15, 16 et 17 juillet, avaient lieu les célébrations du Centenaire du Couvent de Deschambault. Ces fêtes grandioses étaient rehaussées par un jeu scénique intitulé Un phare sur la côte, où se retrouvait un nombre impressionnant d’élèves anciennes et actuelles, interprétant des rôles où se rencontraient des astronomes célestes, des archanges, les sœurs fondatrices du couvent et plusieurs autres personnages historiques.  Je crois me souvenir que cette œuvre magistrale était présentée sur une scène  installée à l’extérieur. J’interprétais justement le rôle d’un astronome céleste, une sorte d’ange… sans les ailes! Bizarrement, je n’ai pas de souvenir de cette pièce, je me rappelle plutôt certaines répétitions, avec les deux compagnes qui me donnaient la réplique, Lorraine Marcotte et Annette Pelletier, avec qui j’avais bien du plaisir.

Mon deuxième exploit en théâtre s’est produit en 1962. On jouait Bichette, une comédie pleine de quiproquos dans laquelle jouaient Élisabeth Montambault, Huguette Dussault, René Montambault, Claude Groleau, Louis-Joseph Bouillé, Lionel Brisson et moi.  J’ai une photo pas très bonne, datée du 18 février 1962… ce qu’on ne voit pas sur la photo, ce sont les « techniciens », dont le petit frère de notre metteur en scène, Jacques, qui ne manquait pas une répétition!

Pièce de théâtre « Bichette », en 1962.

1963 étant l’année du 250e anniversaire de fondation de la paroisse, il va sans dire que tout était mis en œuvre pour que cet anniversaire soit souligné avec tout le faste possible. Un jeu scénique relatant l’histoire de Deschambault depuis la visite de Jacques Cartier à Ochelay, jusqu’après la guerre qui mit fin au Régime français, était sans contredit le clou de ces fêtes qui eurent lieu les 2, 3 et 4 août. Le texte de la pièce était tiré de la toute nouvelle Petite Histoire de Deschambault, de M. Luc Delisle. J’eus l’honneur d’interpréter le rôle de la seigneuresse Éléonore de Grand’Maison, épouse de François de Chavigny. Dans un tableau décrivant la descente des Anglais à Deschambault en 1759, le petit frère du metteur en scène, devenu mon amoureux, figurait un soldat anglais capturé par les miliciens. Comme on dit, « il s’adonnait » à être à Deschambault, ayant laissé le bateau pour profiter des Fêtes… Quelle belle coïncidence! Au cours de l’hiver, nous avions présenté une comédie de Jean des Marchenelles, un auteur belge, que mon futur beau-frère Louis-Joseph appréciait particulièrement. Intitulée Le Château des Loufoques », cette pièce cocasse et absolument hilarante était magistralement interprétée par Louis-Joseph et Lionel Brisson dans les rôles du propriétaire et du majordome d’un vieux château belge, tandis que Gérard Naud et moi formions le couple de nouveaux mariés, pas tellement heureux de passer leur nuit de noces dans un château hanté! Encore une fois, malheureusement pas de photos!

 

En 1964…. je préparais mon mariage. Mais contrairement aux fiancées de l’ancien temps, je ne brodais ni ne cousais… Je travaillais au Central, et ce jusqu’à la mi-mai.  Dans mes temps libres, je faisais partie de la chorale et j’avais écrit une pièce de théâtre pour l’anniversaire Lacordaire. D’abord un titre accrocheur : Au fond du verre. C’était l’histoire d’une jeune fille alcoolique menacée de perdre son emploi, ses amis et son fiancé, quand une amie généreuse lui vient en aide afin de l’aider à vaincre son problème d’alcoolisme. Ayant assisté quelques fois aux sessions d’été des Jeunesse Lacordaire, j’étais assez bien documentée. Partant du fait qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, je m’étais allouée le rôle principal… Mon frère Georges était de la distribution, de même que Raymonde Pelletier, Jacqueline Chénard et mon fiancé, qui jouait le rôle de… mon fiancé!

Dans les années qui vont suivre, j’ai été plus souvent metteur en scène que comédienne, ce que j’ai adoré.  Je vous reviens donc avec la suite de mon histoire de théâtre!

© Madeleine Genest Bouillé, 24 mai 2017

Mai

 

C’est un paysage à peine esquissé
C’est un dernier coup de vent qui chasse l’hiver
C’est le bourgeon qui s’ouvre, timide et fier
C’est le soleil enfin retrouvé!

* * *

C’est un enfant qui tente ses premiers pas
C’est un oiseau qui chante l’espérance
C’est la rosée sur les premiers lilas
C’est la vie qui, sans fin, recommence…

* * *

C’est une chanson qui monte dans l’air pur
Comme l’hirondelle dans l’espace
Son cri de joie traverse l’azur
Pour dire au Ciel son Action de grâces !

© Madeleine Genest Bouillé, mai 1976

Tout a commencé par un concours…

C’était en 1980. Pour une deuxième année, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, M. Jean Garon, invitait les villes et les villages à participer au concours « Villes et villages fleuris ». Pour participer, la municipalité devait former un Comité d’embellissement, qui aurai pour tâche, notamment, d’organiser un concours « Maisons fleuries » et de mettre sur pied un jury local.

Rue de l’Église en 1980.

Dans Le Phare* d’avril de cette même année, Michelle Naud, alors collaboratrice au journal local, nous parle du tout nouveau Comité d’embellissement formé le 26 mars.  Marcel Millette, un imposant bonhomme jovial et enthousiaste, a été nommé président; pour l’épauler, on retrouve Horace Arcand, Lucille Bouillé, Cécile Bouillé, Camille Leclerc, Florent Genest, Marcel Gauthier et Michelle Naud. Le comité a la chance de compter sur un agronome-spécialiste, Bernard Routhier. Chaque citoyen de Deschambault est invité à embellir, planter et fleurir son domaine et le comité s’engage à donner une attention plus grande à « la montée de l’église » et au Cap Lauzon. Dans cette publication, on invitait les gens à participer à la plantation d’arbres et de fleurs sur le Cap Lauzon le samedi 10 mai. Comme les arbres n’étaient pas gratuits, on lançait la « Campagne de la piastre », pour inviter les gens à participer financièrement à l’embellissement.  Les associations locales étaient aussi  mises à contribution.

On pouvait compter sur Michelle pour nous informer sur l’évolution de l’embellissement… Dans le Phare de mai de la même année, on apprenait que les « Floralies 1980 » étaient bien amorcées. 80 nouveaux arbres et arbustes, répartis sur 22 espèces, ont été plantés. La plantation du 10 mai a été un succès. Pour la question financière, le président, M. Millette a fait le tour des commerces environnants; ceux et celles qui se souviennent de Marcel Millette savent à quel point il s’investissait quand une cause lui tenait à cœur. Pour revenir à la plantation du 10 mai, Michelle précise que parmi la cinquantaine de bénévoles présents, il y avait des personnes de 12 à 72 ans. Dans le Phare de juin, Michelle avait écrit son texte à la main, dans une grande fleur qu’elle avait tracée sur la page; c’était avec enthousiasme qu’elle nous racontait le travail du comité au cours de la semaine du 16 au 21 juin. En effet, 1800 fleurs de 8 espèces différentes avaient été plantées. Vraiment, du beau travail! Évidemment, on cherchait des idées pour financer tout ça. Le Comité d’embellissement avait tout d’abord loué une table au Marché aux puces; on avait ainsi récolté 312.10$. Dans ce même numéro du Phare, on apprenait que les arbres avaient coûté 1,842.52$… mais on nous rassurait en précisant que la campagne de financement avait rapporté assez pour assurer la continuité! L’article de Michelle se concluait ainsi : « Le 23 août, tout le monde est invité à une épluchette de Blé d’Inde à la Ferme ». C’était une première activité sociale pour le financement, ce ne fut pas la dernière! Au cours des années qui vont suivre, il y aura quelques mémorables fêtes d’Halloween au Vieux Presbytère. Je me souviens de la soirée de 1981, une grosse citrouille trônait sur le piano et les participants devaient évaluer le poids de la citrouille en question. La personne qui avait le chiffre le plus près du poids réel se méritait un prix. Pendant plusieurs années, le Comité d’embellissement a tenu le Marché aux puces du printemps, et à ce jour, la Criée du 24 juin est encore dévolue en partie à l’Embellissement.

Les années 80 ont vu l’évolution de notre Comité d’embellissement; elles ont vu aussi défiler des gens de tout âge, tous aussi enthousiastes. Comme personne n’est éternel évidemment, plusieurs membres sont partis vers un monde qu’on dit meilleur, et comme l’écrira un jour Jean-Marie Bouillé : « là où les fleurs sont éternelles et leur parfum, céleste ». Rappelons quelques-unes de ces personnes : Horace Arcand, Marcel Gauthier, Marcel Millette. Plus tard il y aura Jean-Claude Gauthier, Florent Genest; pardonnez-moi si j’en oublie, mais je n’ai pas la liste de tous les bénévoles qui ont fait partie de ce comité. Le bénévolat est souvent anonyme! Je me souviens du décès de Marcel Millette, c’était dans les derniers jours du mois d’août 1984. On perdait un bénévole infatigable…. trop sans doute! Il « bénévolait » non seulement au Comité d’embellissement, mais aussi au Vieux Presbytère et il venait d’être élu président du Club Lions. Sans jeu de mots, on perdait un « gros morceau »! Mais au cours de ces mêmes années 80, quelques nouveaux noms sont venus s’ajouter au comité initial, dont Jean-Marie Bouillé (qui avait été « enrôlé » par son épouse), Jacqueline Gignac, Murielle Naud, Simone Audet, Rolland Hamel, Johanne Fleury. De plus, dans les années 2000, on fait connaissance avec les bénévoles de Grondines – et ce, bien avant la fusion – Dolores et Marc Nadeau, Fernand Rivard, Diane Lepage, Louis Rivard; sans doute que là aussi je n’ai pas la nomenclature complète. Mais j’anticipe et dans le numéro du Phare de septembre 2005, Jean-Marie nous présentera une nouvelle recrue, il s’agit de Linda Brouillette, une agronome, donc une personne fort utile… et qui deviendra un jour présidente!

Retournons en 1990. Pour le 10e anniversaire du Comité d’embellissement, on avait choisi de fêter avec les jeunes de l’école Le Phare. Pour cette occasion, les élèves de 5e et 6e années avaient présenté un spectacle sur l’environnement intitulé « Qu’est-ce que j’en fais? » Les décors étaient exécutés par les jeunes de 4e année. Ce fut un très beau succès! Dans le Phare qui suit, on lit que la soirée de l’embellissement tenue durant la Semaine des Municipalités a été très appréciée. Un diaporama (on n’était pas encore à l’ère des vidéos) rappelle « Dix ans de bénévolat chez nous » et on souligne les dix ans au service de l’embellissement de deux membres du comité, Cécile Bouillé et Florent Genest.

D’arbre en arbre et de fleur en fleur… nous voici rendus à l’an 2000. Nos pompiers profitent de ce nouveau millénaire pour organiser le traditionnel Festival régional des Pompiers. Comme on le sait, la population est invitée à décorer maisons et parterres pour cette occasion unique. Le Comité d’embellissement s’investit donc pour lancer le concours d’éclairage et de décoration. Tout est mis en œuvre pour que le festival, tenu pour la première fois à Deschambault, connaisse une grande réussite! On n’oublie quand même pas le concours annuel d’embellissement, qui porte maintenant le nom de « Lys d’or». On avait publié dans le Phare les critères de participation et la grille d’évaluation. On dévoilerait les noms des gagnants lors de la soirée de l’Embellissement qui avait lieu généralement en septembre. Mais comme il arrivait souvent à l’époque, il y avait toujours tellement de choses à penser et à faire en début d’automne, qu’on oubliait de mentionner les noms des gagnants du concours dans le Phare! Pas grave! Les gagnants ont reçu leur prix et ils continueront d’embellir leur parterre, c’est certain!

L’année 2005 sera une étape importante pour le Comité d’embellissement. Au cours de cette saison qui marquera le 25e anniversaire du comité, plusieurs projets sont mis en œuvre. Mentionnons entre autres : inauguration du parc d’ornithologie et des sentiers; dévoilement des plaques honorant quelques-unes des familles-souches au Jardin des Ancêtres; installation d’un porche au Développement Arcand et inauguration d’un poste d’observation pour les oiseaux à Grondines. On ne perd quand même pas de vue le concours d’embellissement qui a encore changé de nom. Afin d’unir les fleurs emblématiques de chacun des secteurs de la municipalité, soit le lys et l’hémérocalle, on l’appelle maintenant : « Hémérolys d’or ». Toujours en 2005, on constate que l’embellissement rejoint les jeunes de nos deux écoles. À Deschambault, dans le parc ornithologique, on a réalisé un beau « J » qui a été fleuri par les jeunes de l’école Le Phare et à Grondines, les élèves ont commencé le projet « courges »; à l’automne, ces courges pourront être transformées en nichoirs pour les oiseaux.

Je termine cette petite histoire de l’embellissement chez nous avec ces paroles de Jean-Marie Bouillé, lequel a été durant plusieurs années président du Comité d’embellissement. Dans le Phare de septembre 2005, sous le titre : 25 ans, ça se fête! Jean-Marie disait : « 25 ans de travail, 25 ans de plaisir à embellir notre chez nous… même si parfois les mains étaient sales et les reins endoloris. Mais parce que les bases mises en place par le comité étaient solides, le résultat du travail accompli est merveilleux.  Et si vous saviez combien nous en sommes fiers! »

 Merci à toutes les personnes qui ont travaillé à ce grand projet depuis 37 ans, ainsi qu’à celles qui continuent!

Massif de fleurs à l’entrée est du village, en 2013 (300e de Deschambault).

© Madeleine Genest Bouillé, 11 mai 2017

*Le journal Le Phare est le bulletin d’information municipale de la municipalité de Deschambault-Grondines.

V’là l’bon vent!

Pour amadouer le vent qui se fait présent plus que jamais, j’ai pensé utiliser des chansons, de La Bonne Chanson, où plusieurs nous parlent du vent. En commençant tout d’abord par V’là l’bon vent! :

« V’là l’bon vent, v’là l’joli vent, V’là l’bon vent, ma mie m’appelle 
 V’là l’bon vent, v’là l’joli vent, V’là l’bon vent ma mie m’attend. »

La grève près de l’embouchure de la rivière Belle-Isle.

Je le dis et je le répète, à Deschambault, il vente tout le temps! Depuis le début de cette année 2017, on dirait que c’est pire. Cet hiver, souvent après une journée plutôt calme, quoique froide, vers la fin de la soirée, le vent se levait comme s’il se fâchait, allez savoir pourquoi. Il venait peut-être de se réveiller et il avait fait un mauvais rêve. On peut penser ce qu’on veut… le vent étant le vent, il passe, et il se fiche pas mal de ce qu’il dérange sur son passage!

Comme le dit la Chanson aux nuages : « Nuages là-haut dans le vent qui vous mène, écoutez… Rivières et ruisseaux qui courez dans la plaine, écoutez. Et vous les échos qui dansez sur la plaine, écoutez… Je chante ma peine aux horizons mêmes que tous ceux que j’aime ont quittés. »

La Route Bouillé (Route du Moulin).

Chose certaine, qu’il vienne du nordet, où il s’accompagne généralement de pluie ou de neige, ou qu’il souffle du nord, traînant avec lui toute la froidure qu’il a rencontrée  depuis les contrées où le sol ne dégèle jamais, quand il arrive chez nous, Sire Vent se déchaîne. Il se déchaîne ou il pleure? Voyez plutôt cette chanson qui a simplement pour titre : Le Vent :

« Écoutez le vent comme il chante… il se fait mélodieux. Mais voici que le ciel est noir. Et le vent, pris de désespoir, sur les arbres se laisse choir. Écoutez le vent comme il tremble! Aurait-il donc un cœur de chair? Écoutez le vent comme il pleure… »

Paysage de la Gaspésie (lors de l’un de mes nombreux voyages là-bas).

Avec le doux mois de mai (enfin, il va bien finir par être doux!), il me semble qu’on aimerait une petite brise caressante, parfumée de l’odeur des nouvelles pousses, jacinthes, jonquilles, tulipes et feuillages nouveaux. Mais non, le vent a décidé de faire le grand ménage du printemps; les feuilles mortes, les débris de décorations de Noël, les résidus de l’automne qui ne dérangeaient personne tant qu’on ne les voyait pas, tout y passe!  Mais bientôt, quand même, nous en serons au temps des lilas, et nous chanterons Quand les lilas refleuriront.

« Quand les lilas refleuriront, au vent les capuchons de laine! Nos robes rouges nous mettrons… Et nous descendrons dans la plaine.  Cloches sonnez vos carillons! Les papillons qui se promènent, dans l’air avec les moucherons, comme nous danseront en rond!… Quand les lilas refleuriront… Allez dire au printemps qu’il vienne! »

Le cap Lauzon, fouetté régulièrement par le vent.

J’ai souvent dit, à chaque printemps je crois, combien j’aime cette saison, même avec ses vents qui nous décoiffent. Le printemps, c’est le seul politicien qui tient ses promesses. Il nous promet qu’on s’en va vers le beau temps, le soleil, l’été, et voyez : beau temps, mauvais temps, les bourgeons feront des feuilles, les fleurs et les plantes de toutes sortes pousseront, tandis que les oiseaux, occupés à faire leur nid, nous raconteront leur voyage dans le sud de l’hiver dernier. Vraiment, le printemps porte en lui tous les espoirs; on peut dormir tranquille… comme dans cette chanson qui s’intitule : Dormez sans crainte :

« Sur le haut de la grève et dans les sapinières, il se fait moins de bruit : c’est l’heure du repos. Qui chante au loin, qui chante? J’entends : un écho me hante, c’est la plainte du buisson, c’est le vent dans la ramure, le flot aussi qui murmure : N’ayez crainte mes enfants.  Dormez chers enfants! »

Ferme René Germain.

© Madeleine Genest Bouillé, 2 mai 2017

(Photos: © collection privée Madeleine Genest Bouillé).

Mois de mai, mois de Marie

« C’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau… » La mémoire s’amuse souvent à embellir nos meilleurs souvenirs, tout comme elle noircit à plaisir les moins beaux. Mais aujourd’hui, en ce début de mai, j’ai le cœur en fête, comme chaque année à ce temps-ci. J’ai de si belles images des mois de mai de ma jeunesse!

Monument à la Vierge, 1963 (communément appelé « la Grotte »).

Ainsi, quand j’étais étudiante et qu’on allait au « Mois de Marie », il me semble qu’il faisait toujours beau. Je me rappelle aussi qu’en sortant de l’église, on s’attardait pour cueillir des lilas derrière le vieux presbytère; curieusement, les photos de cette époque indiquent que le terrain était entouré d’une clôture pas mal haute et difficile à enjamber. Sans doute y avait-il un passage quelque part, car dans le film tout droit sorti de ma mémoire, je marche en riant et en chantant avec quelques jeunes aussi folles que moi et on a chacune un bouquet de lilas! On était très assidues au « Mois de Marie » qui avait lieu tous les soirs de mai, sauf peut-être le dimanche, sur ce point, mon souvenir n’est pas clair. Évidemment, n’ayant pas l’habitude de sortir le soir les jours de classe, ces exercices de piété étaient pour nous une occasion rêvée! À bien y penser, il y avait certainement des soirs où il pleuvait et certaines années, forcément il devait bien arriver que la floraison des lilas soit en retard. Comme quoi la mémoire ne conserve dans son album de photos que ce qu’elle veut bien garder!

Durant mes dernières années d’étudiante au couvent, je me souviens que parfois, au mois de mai, on s’installait sur la galerie le soir pour étudier; les examens de fin d’année approchaient, il fallait redoubler de zèle. Mais quel plaisir nous avions! Comme dans la chanson interprétée par Dominique Michel, En veillant sur l’perron, on se moquait des gens qui passaient et on riait beaucoup pour tout et pour rien. J’avais un petit poste de radio à « transistor », que je plaçais pas loin de la porte, car ce bidule n’avait pas une grande portée et il fonctionnait mieux à l’intérieur qu’à l’extérieur. On écoutait les chansons du Hit Parade américain. Il y avait un nouveau chanteur, canadien celui-là, il s’appelait Paul Anka; à ma connaissance, il est toujours vivant; je l’espère bien, il a mon âge ! Alors quand on entendait un des succès de ce chanteur, soit Diana ou Put your head on my shoulder, c’était l’euphorie! On chantait à tue-tête, sans connaître les paroles, mais ça n’avait aucune importance. Finalement, je ne crois pas qu’on étudiait très fort. De ces moments de notre jeunesse où nous étions, selon les adultes, « pas raisonnables » et « énervées », je ne garde que des souvenirs heureux.  Oui, vraiment, je ne regrette rien de nos folies de jeunes étudiantes. C’était le bon temps!

Un souvenir plus lointain se pointe… il date de mai 1949. Au cours de l’année scolaire, je demeurais chez Aurore et Lauréat Laplante, soi-disant parce que c’était plus près pour aller au couvent, mais en plus, cette année-là, ma famille était occupée par le déménagement qui à l’époque, avait toujours lieu le 1er mai. J’avais gagné lors d’un concours un cabaret décoré d’une image sous verre représentant l’Angelus de Millet. Aurore m’avait suggéré de donner ce cabaret à maman pour la fête des Mères, qui avait lieu le dimanche suivant. Je ne gagnais jamais rien dans les multiples tirages pour les œuvres missionnaires des Sœurs, et cette fois j’avais reçu un prix; je ne me souviens plus pourquoi, sans doute pour un concours de français. Inutile de dire que j’en étais très fière! Mes parents venaient d’emménager dans la vieille maison de pierre, sur la rue qui s’est appelée plus tard Johnson. C’était la première fois où j’allais dans cette nouvelle demeure, et de plus la première fois où je sortais non-accompagnée, sauf pour aller à l’école ou à l’église. Je revois encore Aurore et Lauréat, debout sur le coin de la galerie, qui me suivaient du regard jusqu’à ce que j’aie tourné le coin de l’hôtel Deschambault, lieu de perdition et endroit dangereux en raison des autos qui arrivaient et repartaient à toute heure du jour. C’était aussi la première fois où je marchais dans la vieille route, j’avais 7 ans… Imaginez, c’était toute une aventure! Par la suite, j’ai pris l’habitude de me rendre chez nous à chaque congé et pour les vacances. En 1957, à la fin de mes études au couvent, je suis revenue dans ma famille pour y demeurer, et ce, jusqu’à mon mariage.

Maison Genest, en 1955.

La vie est drôlement faite… après avoir réintégré le cercle familial, dès 1958, je retournais chez les Laplante pour travailler au Central du téléphone, d’abord comme remplaçante et après l’intermède « presseuse » à Ville Le Moyne, je repris le chemin du Central jusqu’en mai 1964.  J’étais prédestinée à fréquenter la vieille maison sise aujourd’hui au 215, sur le Chemin du Roy, puisque mon frère et sa famille y habitent depuis 1974.  À chaque fois que j’y vais, le souvenir des personnes que j’ai connues me revient… et encore plus, depuis le départ de ma petite belle-sœur Diane, qui nous a quittés il y aura bientôt un an.

Moi au 215, chemin du Roy, en 1957…

Aujourd’hui, il n’y a plus de célébration du « Mois de Marie » à l’église et quand je m’assois sur la galerie, c’est pour lire ou pour admirer le paysage, le même depuis plus de 45 ans, mais dont jamais je ne me lasse. J’aime toujours autant le mois de mai et quand je cueille mes lilas sur le bord de la côte en face de chez moi, il me semble que je retrouve un peu de l’insouciance de mes jeunes années!

© Madeleine Genest Bouillé, 27 avril 2017