45 ans : une bonne tranche de vie!

Aujourd’hui le 16 octobre, il y a 45 ans que nous habitons notre maison. 45 ans… ce n’est pas 50, mais ça n’en est pas loin! Vraiment, c’est ce qu’on peut appeler une « bonne tranche de vie »!  Nous avons emménagé un samedi et je crois me rappeler qu’il faisait beau. La petite maison de bois était revêtue de « papier brique », matériau qui devait dater des années 40. Tout d’abord, la cuisine d’été, à l’arrière, a été aménagée afin de loger l’ancien propriétaire, Albert Rousseau. Ce célibataire à la retraite avait demandé qu’on lui fasse un « petit coin », pour ne pas quitter la maison où il avait toujours vécu.

img_20161013_0001La bâtisse était dans un piteux état. Ce brave Albert n’était pas menuisier et il se contentait de peu… très peu! Il vivait dans la cuisine, s’y étant installé un lit pliant auprès du poêle à bois. Des rénovations, tant extérieures qu’intérieures s’imposaient. Après sept ans de vie commune, je découvrais qu’en plus de ses nombreuses qualités, mon époux  avait de nombreux talents cachés, entre autres la menuiserie, la plomberie… Heureusement, pour l’électricité, il avait son frère! Ensemble ils ont refait des murs,  réparé des portes, des fenêtres,  recouvert des planchers, installé des armoires de cuisine, un comptoir, une salle de bain. Ils en ont passé du temps dans cette vieille demeure!  Puis, à l’approche du grand jour, avec l’aide des belles-sœurs, nous avons fait le ménage, posé du papier peint (qu’on appelait tapisserie) dans le salon,  accroché des rideaux… la maison était prête à recevoir ses nouveaux habitants : nous deux avec nos trois garçons, de deux, quatre et six ans.

Notre maison, du temps de la famille Rousseau, à l'intersection de la route Bouillé et de la "Route 2" (chemin du Roy).

Notre maison, du temps de la famille Rousseau, à l’intersection de la route Bouillé et de la « Route 2 » (chemin du Roy).

Comme on dit, « avec du temps, de la patience et des bons soins », elle était redevenue pimpante, la maison du coin de la route du Moulin (autrefois appelée route à Bouillé). Avec sa petite galerie en avant, encadrée de deux gros cèdres, et quelques jeunes ormes  en bordure du terrain quand même assez exigu. Le vieux hangar semble énorme sur ce bout de terrain. Cela s’explique du fait que jadis, c’était une boutique de forge. À notre arrivée dans la maison, on y voyait encore des vestiges du feu de forge et des stalles pour les chevaux. À l’extérieur, cette bâtisse n’a jamais changé de visage, elle a toujours ses trois ouvertures ainsi que la petite porte du fenil au-dessus de la porte du centre. La maison, bâtie dans les années 1840, a été reculée lors de la construction de la route en 1937; auparavant elle était située plus au sud, le chemin passant plus près de la côte que maintenant, mais le bâtiment à l’arrière devait déjà être là, au fond du terrain qui était alors plus grand. Nous n’avons malheureusement pas de documents relatifs à la construction, de même qu’aux premiers propriétaires.

1973 : un événement qui provoquera quelques changements. Notre locataire Albert, toujours poli, gentil  et qui ne faisait pas grand bruit, décède subitement en mai, au bord de la rivière, où il allait souvent quand il faisait beau pour regarder les pêcheurs.  Mes fils étaient un peu tristes, quand même, ils l’aimaient bien eux, Monsieur Albert… À chaque mois, quand il recevait son chèque de pension, il leur apportait une grosse boîte de chocolats! Le côté pratique de l’événement étant le fait qu’on pouvait récupérer la cuisine d’été, cela impliquait qu’on doive enlever une partie des armoires de cuisine afin de rouvrir la porte communiquant avec le fournil et donc, réaménager cet espace. Mais  mon homme à tout faire travaille alors à Québec, il voyage matin et soir et les travaux devront attendre les vacances d’été.

1975 : la naissance d’un quatrième enfant en mai exigera d’autres aménagements. La chambre principale sera relocalisée dans la cuisine d’été; tandis que les garçons se partageront l’étage, en attendant que la demoiselle de la maison ait elle aussi sa chambre.  De plus, l’isolation des murs à l’étage a été refaite, comme on dit « à temps perdu », c’est-à-dire, les jours de congé, entre les différentes occupations du papa, qui fait du bénévolat dans plusieurs associations locales. Tous ces travaux demandaient beaucoup de temps et le temps, c’est toujours ce qui manque! Enfin, nous avons dormi dans notre nouvelle chambre pour la première fois, le 9 mai… et notre petite fille est née le 10 par un bel après-midi de printemps!

img_20161013_0004Au début des années 80, c’est le recouvrement des murs extérieurs qui occupera les loisirs  du maître de  la maison.  La mode était au « colorloc »… je l’écris ainsi, mais je ne suis pas sûre d’avoir le bon terme. Ces travaux aussi se sont prolongés sur plusieurs étés.  Finalement, vers 1985 ou 86, nous étions bien fiers de notre maison, blanche, avec les ouvertures soulignées de rouge. Il était temps, car l’homme à tout faire s’est trouvé de nouvelles occupations : il fait partie du conseil municipal et en 1990, il sera élu maire.  Croyez-vous qu’il va cesser ses travaux de rénovation? Voyons! Ce serait mal le connaître.  Il a agrandi l’arrière de la maison et ajouté une chambre à l’étage… chaque printemps, il trouve le temps de jardiner et de faire des plates-bandes. Enfin, pour s’amuser, il construit aussi des chaloupes. Toujours occupé!

img_20161013_0005Au début des années 2000, après avoir enlevé le recouvrement des murs à l’étage, mon artisan préféré découvre que la lucarne était jadis encadrée de deux petites fenêtres. Merveilleux!  La lucarne paraissait trop grosse avec son unique fenêtre à quatre carreaux. À quelle époque et pourquoi a-t-on décidé de faire disparaître ces éléments ? Peut-être était-il difficile de trouver les vitres de la grandeur qui convenait. On ne le saura jamais, mais ce fut vraiment une belle trouvaille. Cette particularité donne à la façade de la maison un petit « je ne sais quoi »!

Le recouvrement de colorloc n’est pas éternel. Après quelques années déjà, il se dégrade. Qu’à cela ne tienne! Le menuisier en chef décide que la maison serait plus racée avec des murs faits de planches verticales!  Ça ne se fait pas en quelques jours… Qu’importe! On y arrive. Les cèdres qui ornaient la façade sont depuis longtemps disparus. On peut donc  construire une grande galerie, tout au long de la devanture, avec un excédent de chaque côté, une balustrade garnie de ferrures anciennes et le tout peint en vert, comme les ouvertures. Que voilà une maison qui a de la personnalité! Et c’est chez nous! La mode est maintenant aux patios à l’arrière ou sur le côté des maisons, mais nous, c’est à l’avant que nous voulons profiter de l’été, du soleil… et du fleuve, évidemment.

Il s’en est passé des événements depuis 45 ans! Certains plus heureux que d’autres, mais  je le répète, ce fut en somme, une belle tranche de vie, la vie d’une famille qui compte maintenant dix-huit membres, une famille comme on dit, « tricotée serrée » !

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© Madeleine Genest Bouillé, 16 octobre 2016

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