« C’est une langue belle avec des mots superbes… » C’est qu’il y en a des mots dans notre belle langue française! Seulement pour décrire sa beauté, on peut utiliser superbe, magnifique, admirable, sublime et combien d’autres. Mais voilà que dans notre parlure moderne, on remplace tout cela simplement par « Wow ! » Et ce « cri du cœur » est utilisé à toutes les sauces. Ça remplace tous les superlatifs, qu’il s’agisse de beauté, de saveur, de parfum, de musique, etc. Un simple « Wow! » Et que dire de la fameuse expression « My God! » Jadis on ne manquait pas de mots pour s’exclamer : « Seigneur ! », « Jésus, Marie, Joseph! », « Bonne Sainte-Anne! » ou « Bonne sainte bénite! », sans oublier « P’tit Jésus de plâtre! » et « Joual vert! »; on savait mettre de la variété!
« Dans cette langue belle… la saveur des choses est déjà dans les mots ». Pourtant on dirait parfois à entendre notre parler qu’on manque de mots. C’est trop compliqué ou on a peur de faire « prétentieux », alors on prend des raccourcis, on économise les mots plus recherchés, même s’ils expriment les vraies choses, ce qui nous amène à parler une langue appauvrie. « Elle a jeté des ponts par-dessus l’Atlantique … » Notre langue nous a été léguée par nos ancêtres, lesquels, pour la plupart, venaient de France. Ces pionniers n’étant pas tous originaires de la même région, ils avaient donc différentes manières de parler selon qu’ils venaient des régions du nord ou du sud de la France. Ils nous ont laissé tout plein de vieilles expressions tellement imagées : « Il fait noir comme chez le loup », « Il mouille à boire debout », « Grimpe donc pas dans les rideaux!» et combien d’autres! Notre langue est colorée, nuancée, diversifiée. « Elle a fait face aux vents qui soufflent de partout, pour imposer ses mots jusque dans les collèges et qu’on y parle encore la langue de chez nous. » Beaucoup de nos gens d’autrefois étaient souvent illettrés et malgré tout, ils ont su préserver leur parler et leurs coutumes parce qu’ils y tenaient. Notre langue « nous offre toujours ses trésors de richesse infinie, les mots qu’il nous fallait pour pouvoir nous comprendre et la force qu’il faut pour vivre en harmonie! »
« C’est une langue belle à qui sait la défendre… » Et voilà! Comment peut-on prétendre défendre une langue qu’on parle et qu’on écrit mal. On peut en mettre beaucoup sur le dos des moyens de communications modernes. J’ai moi-même constaté combien il est facile de faire des fautes quand on écrit sur un clavier… on va plus vite, on tape la lettre à côté et si on ne se relit pas attentivement, on se retrouve avec des fautes qu’on aurait jamais faites si on avait écrit à la main. Ceux qui nous gouvernent ont émis des lois pour la protection de la langue, comme entre autres, l’affichage obligatoire en français; il était temps qu’on fasse quelque chose. Les premières fois où je suis allée à Montréal, dans les années cinquante, l’affichage était presque partout en anglais. Les gens étaient en général moins scolarisés, ils travaillaient dans des usines pour des patrons qui pour la plupart, parlaient à peine le français; curieusement, tout le monde se débrouillait sans mal avec les affiches unilingues anglaises. Cela semblait normal, on disait « l’anglais c’est la langue des affaires! » On se laissait envahir par les anglicismes pour tout ce qui était moderne, par exemple dans la mécanique automobile, on utilisait que les termes anglais, qu’on disait tout de travers.
Les jeunes du vingt-et-unième siècle sont beaucoup plus scolarisés que leurs grands-parents; on apprend l’anglais à l’école très tôt, sans pour autant négliger le français. Mais si on s’arrête à ce qu’ils écoutent comme musique, on s’aperçoit qu’il y a pas mal plus d’anglais que de français. On ne peut les blâmer, plusieurs de nos artistes québécois produisent plus de chansons en anglais qu’en français. Quand on écoute la radio, la plupart des postes nous font entendre beaucoup plus de chansons anglophones que francophones, ce qui n’arrange rien. Mais le plus désolant, selon moi, c’est le langage des médias sociaux. Ce ne sont là qu’abréviations toutes croches et des fautes, à la tonne! C’est parfois voulu, avec l’intention de faire rire, mais plus souvent qu’autrement, c’est de l’indifférence et du laisser-aller. Et que dire de ce fameux « lol » que je me garde bien d’utiliser! Dommage, car ces réseaux nous permettent de communiquer avec des personnes dont nous n’aurions autrement pas souvent de nouvelles, c’est pourquoi j’y suis abonnée.
Si je reprends cette phrase de la chanson : « C’est une langue belle à qui sait la défendre… », c’est qu’elle m’interpelle. Serait-ce qu’on manque d’armes pour défendre notre langue? Ou bien nous en avons, mais on ne sait pas s’en servir? Tout d’abord, croit-on qu’elle est vraiment menacée… ou si ça nous passe cent pieds par-dessus la tête? Dans le doute, je préfère terminer avec ceci : « En écoutant chanter les gens de ce pays, on dirait que le vent s’est pris dans une harpe et qu’il a composé toute une symphonie ». Je n’ai pas été à l’université, mais je l’aime, la langue de chez nous, alors j’essaie de la parler et de l’écrire du mieux que je peux.
© Madeleine Genest Bouillé, octobre 2015
Votre article est fort pertinent, Mado! Et que dire de nos journalistes chevronnés. Certains ne réussissent pas à bien faire entendre l’accord du participe passé dans leur propos oral. Les cheveux m’en dressent sur la tête à chaque fois.
Notre langue est belle. Nous nous devons de la bien parler et de l’écrire correctement.
10/10
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