Doux printemps, quand reviendras-tu?

Avez-vous déjà chanté ça? « Doux printemps quand reviendras-tu? Faire pousser les feuilles, faire pousser les feuilles… » Si je me souviens bien, ça finissait par : « mettre du soleil partout. »  Pas chaud, ce début de printemps de l’année 2020! Il hésite, ne sait pas   quel bord prendre… et quand il croit faire de son mieux, il s’accompagne d’un vilain vent de nordet. Ma mère, qui avait des boutades pour toutes les occasions, disait: « Le vent de nordet, de n’importe quel côté qu’il vienne, il est toujours froid. » Le vent de nordet, parlons-en! Tout d’abord il ne vient pas vraiment du nord-est, il vient du fleuve et il apporte toujours de l’humidité.  Forcément, plus on est proche du fleuve, plus on se ressent de ses sautes d’humeur.

Malgré le confinement, je dois dire que mon époux et moi, nous sommes chanceux! En face de chez nous, de l’autre côté du chemin, un escalier mène sur la galerie du petit chalet dont je vous avais déjà parlé dans un Grain de sel précédent. Ce chalet construit sur un petit plateau à quelques pieds du fleuve, a jadis appartenu à monsieur Henry Bouillé, et plus tard à sa famille. Il a dû être rafistolé plusieurs fois – le chalet, pas monsieur Bouillé. Quel bonhomme sympathique c’était! Il semblait toujours de bonne humeur. Je me souviens quand il venait payer le compte du téléphone dans les premières années où je travaillais au Central. Oh! que c’est loin ça! Je reviens au chalet… en été parfois, après un souper en famille, il nous arrive de descendre sur la grève pour finir la journée avec un beau feu. J’écris ceci et c’est comme un rêve… Évidemment, je ne peux m’en empêcher, ça met de la brume dans mes lunettes. Et je me demande ce que nous réserve cet été?

Le mois d’avril, bien que froid, s’est débarrassé assez tôt de sa vieille neige toute sale. Ce qui nous a permis de descendre près du fleuve. Quand le nordet est trop violent, on s’installe sur le côté ouest de la galerie, où on est très bien, avec la présence des outardes et autres oiseaux de mer qui jacassent tout près, au bord de l’eau.  Évidemment, nos soupers en famille nous manquent. Vous dire à quel point? Pas possible! Heureusement qu’on s’en va vers le vrai printemps. Quand les enfants et petits-enfants viendront nous voir, nous sortirons sur la galerie et les visiteurs se tiendront dans le parterre, distanciation oblige! Ce sera un peu comme si on jouait une pièce de théâtre… sauf que les spectateurs seront sur la scène, tandis que les acteurs évolueront dans le parterre. On sera ensemble, c’est tout ce qui compte!

« Doux printemps, quand reviendras-tu? » … Bientôt, on l’espère. Tu peux être certain qu’on sera là pour t’accueillir. On ne t’aura jamais autant aimé que cette année. J’ai déjà sorti des vêtements légers, au cas où… Le muguet est tout près de pointer son nez frileux près de la maison, du côté est. Les crocus achèvent… les jacinthes s’en viennent. Près des lilas, en haut de la côte, il y a des pousses d’ail des bois, les plants de rhubarbe sont timides… manque de soleil? La pluie des derniers jours a mis du vert un peu partout; c’est déjà plus joli. Doux printemps, nous t’espérons et nous te promettons de faire attention à tout ce que tu nous offriras, parce que ça s’appelle la Vie!

 © Madeleine Genest Bouillé, 1er mai 2020