La Résurrection… une farce ou une histoire pour épater les enfants? (2020)

Je m’ennuie de nos beaux chants du temps pascal… Cette année, le dimanche de Pâques ne sera qu’un jour comme les autres, tout comme l’ont été les Jours Saints. C’est triste. Je fredonne pour moi toute seule ces chants qui marquent le temps pascal. Des hymnes glorieux, entre autres : Pâques, printemps de Dieu, Il est ressuscité, et combien d’autres, sans oublier le magnifique Canticorum Jubilo. Il y en a un qu’on chante le dimanche après Pâques, et dont j’aime beaucoup les paroles. Le titre est Nous croyons en Toi, le Ressuscité.  Les paroles sont écrites comme une entrevue avec les différentes personnes ayant assisté aux apparitions du Christ après sa sortie du tombeau.

La Résurrection est l’événement le plus important dans toute l’histoire de Jésus. Selon moi, ce n’est ni une farce, ni une histoire pour les enfants. J’aimerais être assez convaincante, pour que vous, qui me lisez, soyez tentés de dire : « Et si c’était vrai… pourquoi pas? » Je suis une optimiste avec cependant des hauts et des bas. C’est sans doute ce qui explique que j’ai besoin de croire que la vie n’est pas juste un passage avec rien après. J’aime les beaux miracles. Et le plus beau parmi les beaux, n’est-ce pas justement la Résurrection?

Dans le premier couplet, on rencontre Marie, pas la mère de Jésus, l’autre, qu’on appelle habituellement Marie-Madeleine. L’auteur l’interpelle ainsi : « Dis-moi, Marie, ce que tu as vu. Le jardinier, cet inconnu, entendant ton nom, tu l’as reconnu. C’était bien l’ami, c’était bien Jésus? » … Il parle ensuite à Thomas, vous vous rappelez, celui qui ne croyait pas s’il n’avait pas touché du doigt, un sceptique, s’il en est!  Il lui dit : « Dis-moi Thomas, ce que tu as vu, toi, l’incroyant… La plaie de son cœur, tu l’as bien touchée? Tu l’as proclamé : Jésus! Seigneur! » … Un peu plus tard, rencontrant les gars d’Emmaüs, la mine abattue, il leur dit : « Dites, compagnons désespérés, il vous a rejoint cet étranger. Quand il a rompu le pain, vos cœurs brûlants vous ont révélé que c’était bien Jésus? » … Et finalement, comme un bon reporter, notre homme s’adresse au leader du groupe, en lui rappelant ce mauvais souvenir : « Dis-nous Simon,  tu l’as entendu te demander : Toi, m’aimes-tu? – Aujourd’hui, tu le redis : Tu sais bien Jésus  que je veux t’aimer. Jusqu’à la mort, je te suivrai. »

Il manque un bout à ce reportage. Le journaliste aurait pu conclure en disant ceci : « Selon les témoignages des personnes rencontrées, tout porte à croire que Jésus de Nazareth, après avoir été condamné, torturé et crucifié, est vraiment ressuscité, comme il l’avait prédit. Si quelqu’un parmi vous avait des détails supplémentaires concernant cet individu, vous êtes prié de communiquer avec L’Écho de Bethleem.  Cette histoire invraisemblable n’est certes pas terminée. »

© Madeleine Genest Bouillé, 11 avril 2020 (tiré d’un texte du 4 avril 2016)

Le petit chevreau entêté

Il y a plusieurs années, pas loin de vingt ans peut-être, j’ai reçu en cadeau pour Noël un petit tabouret. Le genre de truc qu’on appelle aussi « repose-pieds » et qui est muni d’un couvercle rembourré.  Il peut être utilisé pour ranger quelques livres, revues ou même un nécessaire à tricot. Mais voilà, je ne tricote pas et mes livres sont tous bien rangés dans ma bibliothèque. Par contre, j’apprécie grandement la fonction de repose-pieds durant mes longues heures de lecture. De plus, étant grand-mère et de ce fait, raconteuse d’histoires, j’ai pris l’habitude d’y laisser les livres préférées des enfants. Je me dois de préciser que j’ai neuf petits-enfants. Cette belle famille a débuté par trois filles, nées à peu de distance l’une de l’autre. J’avais alors tout plein de livres d’histoires pour les petites filles; de Blanche-Neige à Boucle d’Or sans oublier Cendrillon. Cette dernière était très populaire. Vraiment, il y a quand même pas mal de place dans le petit tabouret!

Puis nous est arrivée une quatrième petite fille. Elle aimait aussi les histoires, mais surtout quand il y avait des animaux, tout plein d’animaux qu’elle s’amusait à faire parler; en fait elle inventait ses propres histoires. Et un beau jour, ou plutôt un beau soir si ma mémoire est bonne, nous est né un petit garçon, enfin! Vous dire si je l’ai bercé, ce bel angelot! Entre les histoires et les Teletubbies, il était sage comme une image! Il a grandi, grandi, tellement que dans notre vieille maison aux plafonds plutôt bas, il doit prendre garde de ne pas se cogner la tête en passant les portes. Chez nous, ce ne sont pas les « blues qui passent plus dans les portes », non, ce sont les trop grandes personnes!  Quelques années plus tard, par un beau jour de mai, une cinquième fille est arrivée… je dirais avec tambour et trompette! Elle aimait les histoires, à condition qu’elles ne durent pas trop longtemps et souvent, même si elle ne lisait pas encore, elle racontait l’histoire, à sa façon. Elle aussi a grandi très vite, sans trompette… mais avec tambour!

Cette belle famille manquait tout de même de garçons, jusqu’à ce qu’en 2010, deux moussaillons, viennent s’y ajouter; un en juillet et l’autre en novembre; un blond et un brun! Enfin le dernier jour d’avril 2013, un autre petit garçon tout blond est venu clore la tribu! Ce qui fait que, depuis quelques années, le tabouret ne contient plus que des livres tout pleins d’animaux. Une histoire, entre autres, est devenue la préférée de mes trois derniers petits-fils. Elle a pour titre Le petit chevreau entêté. L’auteur s’appelle Serge Mikhalkov… un inconnu pour moi. Les illustrations ne sont pas vraiment belles, mais elles sont frappantes : l’orage est très noir, la pluie tombe sur deux pages, le cochon rose est énorme, les loups ont l’air très méchants. C’est une histoire qui frappe l’imagination des enfants et c’est certainement pour cette raison que mes petits garçons ont tant aimé Le petit chevreau entêté! Il n’y a pas si longtemps encore, je devais la raconter au moins deux fois, quand ce n’était pas trois. Presque tous les adultes de la famille ont été réquisitionnés un jour ou l’autre pour raconter Le petit chevreau entêté… et chacun ou chacune de dire, à chaque fois : « Non! Pas encore le petit chevreau! »

Alors voilà! Les garçons ont grandi et ils ne demandent plus d’histoires. Le petit chevreau entêté est pas mal amoché, mais quand même, je ne peux pas le jeter… tout à coup, un bon soir, où Zachary, notre benjamin, aurait encore envie de l’entendre et surtout de regarder les images! Je vais donc le laisser encore quelque temps dans mon repose-pied…

© Madeleine Genest Bouillé, 3 avril 2020