Laissez les enfants croire aux fées

Certains soirs, je dirais quand même assez souvent, il me prend le goût de voyager… Mon véhicule préféré étant la musique, soit j’écoute de vieux enregistrements de mes chanteurs et chanteuses préférées de jadis, que je ne me lasse point d’entendre. Ou encore, je vais chercher sur Internet les mélodies interprétées par des artistes dont je n’ai pas les CD. Je me promène dans les années 80, 70, 60 et parfois plus loin encore. Selon les chansons ou pièces instrumentales que je choisis d’entendre, je fais un voyage dans le temps!

Aujourd’hui, j’ai envie de vous présenter une chanteuse dont j’ai toujours aimé la voix. Il s’agit de Vicky Leandros, de son vrai nom Vassilliki Papathanassiou, née en 1949 à Corfou en Grèce. On a commencé à l’entendre en 1967, alors qu’elle chantait L’amour est bleu. Certains se rappelleront aussi cet autre succès : C’était le temps des fleurs, chanson qui a été tellement populaire dans les années 70. Parmi les mélodies de Vicky que je préfère, il y a Après toi, Il neige sur le Lac Majeur, composition de Mort Shuman en 1972, et surtout  Laissez les enfants croire, dont je vous offre les paroles :

1
Arrive un jour où l’on ne croit plus à rien.
Arrive un jour où le rêve est incertain.
Mais laissez les enfants croire aux fées,
Aux histoires démodées,
Laissez-les donc rêver.
Oh! Laissez les enfants croire au loup,
Qui est loin après tout
Et pas si méchant que nous.

2
Arrive un jour où l’on perd son innocence.
Arrive un jour où l’on perd toute confiance.
Mais laissez les enfants croire encore
Que l’amour est plus fort.
Que la vie, que la mort.
Oh! Laissez les enfants être fous,
Laissez-les croire à tout
Ce qui est perdu pour nous.

Deux de mes petits-enfants, Pierre et Samuel…

On devrait remettre cette chanson en circulation… elle serait bien vite à la mode. Quand je vois nos gouvernants décider que les enfants de quatre ans doivent aller à l’école, j’aimerais qu’ils écoutent cette mélodie, qu’ils en apprennent les paroles par cœur. C’est exagéré? Un peu je l’admets, les chansons étant faites pour toucher pas seulement l’ouïe, mais aussi le cœur. Vous admettrez cependant que ces mots ont un sens profond, comme un cri d’alarme.

Je ne comprends pas qu’on veuille sortir les petits de leur enfance si tôt. Pourquoi cette hâte à faire entrer les enfants dans le système? Ils expérimentent déjà tout plein de choses chez leur gardienne. Comme à la maison, les enfants y font l’apprentissage de la vie en société, avec des enfants d’âges différents, mais en nombre restreint. Dans ce climat familial, ils apprennent aussi des rudiments de matières scolaires qu’ils connaîtront mieux à l’école, quand ils seront prêts!

Sans doute que certains grands manitous ne voient que le côté pratique de la chose. Et il y a certainement des joueurs qui ont tout à attendre de cette joute politique. L’innocence, la confiance, les rêves et les fées, c’est bon pour les chansons…

Et moi, comme beaucoup d’autres grand-mères, je répète : « Laissez les enfants croire aux fées, aux histoires démodées… »

© Madeleine Genest Bouillé, 10 septembre 2019

La rentrée…

En faisant du ménage, j’ai retrouvé un vieux cahier d’école. Je l’avais conservé parce que c’était un cahier de rédactions. Je n’ai gardé aucun livre ou cahier concernant les mathématiques, étant donné que c’était mon cauchemar!

À la date du 15 septembre  1955, j’étais en 10e année;  j’avais rédigé  ce texte qui avait justement pour titre : « La rentrée ».

« Nous sommes au matin du 7 septembre. Aujourd’hui c’est la rentrée. Finies les vacances! Finies les longues promenades et les excursions! Maintenant c’est la classe avec l’étude, les leçons, les devoirs. Mettons-nous-y avec ardeur pour une meilleure année scolaire. »

On dirait une publicité pour du matériel scolaire, mais je continue!

« Nous voilà dans la cour de l’école. Les élèves arrivent, quelques-unes en se traînant les pieds, la plupart en chantant et en riant. Les premières pensent encore à tout ce qu’elles viennent de quitter: «  Ah! Si les vacances pouvaient durer plus longtemps », dit Huguette » – « Finies les baignades, les jeux de toutes sortes », réplique Diane. Et l’on continue de regretter les vacances sans penser aux joies du retour, joie de se retrouver entre camarades. Comme c’est bon tout cela!  Les autres n’ont pas le temps de regretter : il y a tant de choses nouvelles. Premièrement la nouvelle maîtresse: «  Comment est-elle ?», questionne Pierrette, « Sera-t-elle sévère? » demande Aline, toujours craintive. Et les questions se poursuivent. Naturellement on regrette un peu l’ancienne maîtresse : « Elle était si gentille », dit Claudette. »

Et la rédaction continue; on énumère les matières scolaires, celles qu’on aime et celles qui nous donnent du fil à retordre. Comme je l’ai écrit dans ce texte :  « …jusqu’à ce que la cloche nous surprenne en train de bavarder. » Et alors je décrivais la classe, où je venais de passer deux années, toute rafraîchie, propre, le plancher reluisant… pas pour longtemps! Il semble que la statue de la  Sainte Vierge avait une nouvelle parure de fleurs – certainement des fleurs en papier  faites par les religieuses. On n’était pas encore à l’ère des fleurs en plastique.

 Je poursuis : « Maintenant, vous voulez  mes impressions: les voilà!  Je vous dirai bien en toute franchise que j’ai passé de très belles vacances, mais que je suis très heureuse de recommencer, parce que, à la longue, voyez-vous, les vacances, ça deviendrait monotone. »  Oui, c’est bien vrai, j’ai écrit cela!  Qu’est-ce qu’on ferait pas pour obtenir des bonnes notes!

Il fallait bien parler de la nouvelle religieuse: « Revenons aux élèves qui sont accueillies chaleureusement par leur nouvelle maîtresse. Tout de suite, elle fait bonne impression sur les élèves et nous avons confiance en l’avenir. »

Je terminais avec ceci: « Agenouillons-nous pour la prière du matin : Pater, Ave, invocation. On se relève pour offrir la nouvelle année scolaire au Saint-Esprit en chantant ::« Ô Saint-Esprit venez en nous, embrasez notre cœur de vos feux les plus doux. »

J’avais reçu un beau 85% et une note  qui disait: « Beau travail… surveillez l’écriture! »

Il y a de cela 64 ans!  Bonne année scolaire à vous tous, étudiants, parents et professeurs!

© Madeleine Genest Bouillé, 1 septembre 2019