En faisant du ménage, j’ai retrouvé un vieux cahier d’école. Je l’avais conservé parce que c’était un cahier de rédactions. Je n’ai gardé aucun livre ou cahier concernant les mathématiques, étant donné que c’était mon cauchemar!
À la date du 15 septembre 1955, j’étais en 10e année; j’avais rédigé ce texte qui avait justement pour titre : « La rentrée ».
« Nous sommes au matin du 7 septembre. Aujourd’hui c’est la rentrée. Finies les vacances! Finies les longues promenades et les excursions! Maintenant c’est la classe avec l’étude, les leçons, les devoirs. Mettons-nous-y avec ardeur pour une meilleure année scolaire. »
On dirait une publicité pour du matériel scolaire, mais je continue!
« Nous voilà dans la cour de l’école. Les élèves arrivent, quelques-unes en se traînant les pieds, la plupart en chantant et en riant. Les premières pensent encore à tout ce qu’elles viennent de quitter: « Ah! Si les vacances pouvaient durer plus longtemps », dit Huguette » – « Finies les baignades, les jeux de toutes sortes », réplique Diane. Et l’on continue de regretter les vacances sans penser aux joies du retour, joie de se retrouver entre camarades. Comme c’est bon tout cela! Les autres n’ont pas le temps de regretter : il y a tant de choses nouvelles. Premièrement la nouvelle maîtresse: « Comment est-elle ?», questionne Pierrette, « Sera-t-elle sévère? » demande Aline, toujours craintive. Et les questions se poursuivent. Naturellement on regrette un peu l’ancienne maîtresse : « Elle était si gentille », dit Claudette. »
Et la rédaction continue; on énumère les matières scolaires, celles qu’on aime et celles qui nous donnent du fil à retordre. Comme je l’ai écrit dans ce texte : « …jusqu’à ce que la cloche nous surprenne en train de bavarder. » Et alors je décrivais la classe, où je venais de passer deux années, toute rafraîchie, propre, le plancher reluisant… pas pour longtemps! Il semble que la statue de la Sainte Vierge avait une nouvelle parure de fleurs – certainement des fleurs en papier faites par les religieuses. On n’était pas encore à l’ère des fleurs en plastique.
Je poursuis : « Maintenant, vous voulez mes impressions: les voilà! Je vous dirai bien en toute franchise que j’ai passé de très belles vacances, mais que je suis très heureuse de recommencer, parce que, à la longue, voyez-vous, les vacances, ça deviendrait monotone. » Oui, c’est bien vrai, j’ai écrit cela! Qu’est-ce qu’on ferait pas pour obtenir des bonnes notes!
Il fallait bien parler de la nouvelle religieuse: « Revenons aux élèves qui sont accueillies chaleureusement par leur nouvelle maîtresse. Tout de suite, elle fait bonne impression sur les élèves et nous avons confiance en l’avenir. »
Je terminais avec ceci: « Agenouillons-nous pour la prière du matin : Pater, Ave, invocation. On se relève pour offrir la nouvelle année scolaire au Saint-Esprit en chantant ::« Ô Saint-Esprit venez en nous, embrasez notre cœur de vos feux les plus doux. »
J’avais reçu un beau 85% et une note qui disait: « Beau travail… surveillez l’écriture! »
Il y a de cela 64 ans! Bonne année scolaire à vous tous, étudiants, parents et professeurs!
© Madeleine Genest Bouillé, 1 septembre 2019