Des paysages qui ont bien changé

La côte du quai, avant 1937.

La plupart de ceux qui qui voient cette photo ont de la difficulté à visualiser l’endroit d’où elle a été prise. Il faut donc commencer par expliquer que le tracé de la route 138 (autrefois, la 2) ne passait pas aussi près de la côte, étant donné que la route était l’actuelle rue Johnson. Il est donc permis de supposer que la personne qui a photographié la route du quai devait être placée à côté de la maison Vézina – qui appartenait alors à son constructeur, Alfred Petit. On constate qu’il y avait déjà quelques chalets. C’était du temps où par beau temps, le quai était un lieu de promenade très fréquenté! Et il y avait aussi le navire l’Étoile qui accostait régulièrement au quai, comme dans plusieurs autres villages du bord du fleuve.

La rue Johnson en 1958.

J’ai déjà parlé de notre vieille route qui était autrefois bordée de maison seulement du côté nord, sauf en haut de la côte, où la dernière maison construite par Alfred Petit semble prise dans un coin, entre deux routes; et en bas de la côte où l’on voit la maison de Ch.-Auguste Bouillé, aujourd’hui la maison J.Yves Vézina et sa voisine où résidaient les demoiselles Neilson. Cette maison avait été construite par un Proulx, qui je crois était apparenté aux Neilson. La côte appartenait aux enfants! L’hiver on glissait, sur tout ce qui nous tombait sous la main, traîne, traîne-fesse, ou si on manquait de traîneaux, de grands cartons faisaient aussi l’affaire. Je vous ai parlé aussi de nos jeux d’été dans la côte, surtout ce jeu très animé qu’on appelait « En bas de la ville ». Le seul arbre qui trônait sur le coin de la côte était ce magnifique orme, un géant qui devait être pour le moins centenaire. Sur la photo, notre chien Bruno a l’air perdu… c’est qu’il attendait le photographe, mon frère Fernand.

La Caisse Populaire en 1970.

Vous ne l’auriez sans doute pas reconnue! Elle venait d’être construite. Les plans, audacieux pour l’époque, avaient été acceptés par les administrateurs de la Caisse, qui n’étaient quand même pas des jeunots! Cet édifice a été remanié quelques fois avant qu’on lui donne son aspect actuel. Il faut se rappeler qu’à cette époque, on construisait très peu de maisons de style québécois traditionnel. On avait vécu longtemps dans nos vieilles demeures et on voulait du moderne! Les propriétaires de maisons anciennes changeaient leurs fenêtres à six carreaux… le bardeau de cèdre n’avait plus la cote. On voulait du neuf qui avait l’air nouveau. Et l’édifice de la Caisse Populaire en était le meilleur exemple!

Mes petits gars à la patinoire, en 1973!

C’était peut-être un samedi… et papa avait emmené ses deux aînés patiner alors que la glace était déserte. Jean-Marc avait pas loin de 8 ans et Patrick approchait de ses 6 ans. Le petit Éric n’avait que 3 ans ½, il était resté à la maison avec maman. Eh oui, on est sur la patinoire du village, derrière l’école! N’est-ce pas que le paysage a changé? On dit qu’une image vaut mille mots.  C’est le cas pour cette photo!

Cabanes à pêche au quai de Deschambault en 1977.

Certainement prise en janvier, cette image témoigne que par chez nous, la pêche aux petits poissons des chenaux n’avait pas encore perdu sa popularité. Une bonne dizaine de cabanes, ça fait pas mal de « monde à la messe », comme on dit! Je peux vous affirmer que ça mordait car j’y suis allée quelques fois. Je crois que la photo a été prise du côté est du quai… mais je peux me tromper et le photographe n’est plus en mesure de me renseigner.  Enfin, cette image prouve qu’on ne s’ennuyait pas l’hiver à Deschambault!

L’Hôtel de la Ferme en 1978.

Cet édifice construit sur les fondations du manoir seigneurial des Fleury d’Eschambault, sieurs de La Gorgendière, s’appelait l’Hôtel de la Ferme, à la belle époque de la Ferme-École provinciale, et plus tard, la Station de Recherches. La photo a été prise en 1978, année où l’on célébrait le 60e anniversaire de la Station. Cette maison était située au bout de la grande allée, du côté est de la route, pas loin du fleuve. On y logeait surtout les travailleurs et aussi occasionnellement les visiteurs, agronomes ou autres personnalités. Il y avait aussi un logement familial, à l’étage. On remarque sur cette photo les magnifiques fleurs des jardins qui faisaient la fierté des dirigeants de la Station, surtout en cette année de Jubilé. La vie à « La Ferme » était très animée; il y avait une école de rang; plusieurs édifices à logements étaient occupés par des familles, alors, des enfants, il y en avait!  Les gens s’entraidaient; côté loisirs, il y avait un court de tennis, on avait une équipe de balle molle en été et de ballon-balai en hiver. C’était en somme, un petit village dont les liens étaient tissés serrés. Parlez-en aux « anciens » qui ont vécu leur jeunesse à la Ferme… ils vous raconteront bien mieux que je ne saurais le faire.

Le Moulin à scie Paquin en 1980.

Si vous êtes de ces bons marcheurs qui empruntent la raboteuse rue du Moulin, autrefois appelée « la route à Bouillé », et si vous vous rendez de l’autre côté du pont de la rivière Belle-Isle, ne cherchez pas le moulin… il n’existe plus depuis 1985. Sur les deux photos jointes à ce texte, vous pouvez voir, à gauche, le moulin à scie, qui autrefois était un moulin à carde et qui devint en 1854, la fonderie Damase Naud, dont les poêles à bois sont devenus célèbres. L’autre photo a été prise à l’arrière de la maison, dont les derniers occupants furent les membres de la famille de M. Rolland Paquin. Lors de la construction de l’autoroute 40, la fermeture de la route du Moulin, pas assez importante pour qu’on y fasse un viaduc, a sûrement pesé fort dans la balance pour ce qui est du sort du moulin à scie!  L’histoire est ainsi faite de ces petits détails…

Le cap Lauzon en 1986.

Qu’est-ce qui manque? Mais oui, l’escalier! L’escalier du cap Lauzon a été construit en 1995. Auparavant il y a toujours eu des gens qui descendaient et remontaient la falaise à cet endroit… à leurs risques et périls! Quand on revient au temps où les Religieuses du Couvent avaient des élèves pensionnaires, il existait un escalier rudimentaire que les jeunes empruntaient pour aller sur la grève. Mais avec le temps, les marches ont disparu, pour ne laisser que les traces d’un sentier plus ou moins effacé.  Cette photo a été prise le 21 juin 1986, lors d’une promenade en chaloupe en avant-midi. Pourquoi je m’en rappelle? Parce que ce jour-là, la cloche du Couvent qui avait été vendue depuis quelques années, a été replacée dans son clocher, pour la Fête du 125e anniversaire de cette vénérable bâtisse, qui a eu lieu en septembre de cette même année.

Voilà!  C’était une petite virée à Deschambault des années 30 aux années 80!

© Madeleine Genest Bouillé, 7 septembre 2017