Ces jours derniers, sur Facebook, un texte a circulé et retenu l’attention de plusieurs, surtout des personnes d’un certain âge – mais au fait, pourquoi dit-on « un certain âge » quand on a atteint un âge certain? Comme si les plus jeunes avaient un âge incertain. Encore une des bizarreries de notre belle langue française! Mais passons. Le texte dont il est question s’intitule « COMMENT MEURT UN VILLAGE ». On y parle du petit commerçant, qui met tout son cœur et son temps pour répondre aux besoins des gens de son village, parce que c’est chez lui et parce que c’est « son monde »!
Il est très bien fait ce texte où l’on expose les avantages et les inconvénients du petit magasin local et je vous en livre le contenu, en l’adaptant à notre situation. Si notre marchand général n’a pas autant de choix que les magasins de grande surface, il a l’avantage de la proximité. Il connaît son monde, accueille chacun en l’appelant par son nom; il s’informe de la santé des uns et des autres. Ensemble, on déplore le départ de Madame Chose ou de Monsieur Untel : « Monsieur Untel, il n’y a pas longtemps encore, il est venu au magasin… Cette pauvre Madame Chose! Elle avait pas loin de 90 ans! Mais elle était pas malade il me semble? » C’est au magasin général que se rencontrent les « placoteux » qui n’ont rien d’autre à faire; on y commente les nouvelles, on se plaint du déneigement mal fait ou des trottoirs glacés… « C’’est vraiment dangereux! » C’est chez lui qu’on va faire vérifier ses billets de Loto… même si ça prend du temps, et qu’on fait attendre d’autres clients; quelle patience il a notre marchand! Il lui arrive même de fredonner en faisant ses vérifications. En attendant leur tour, les habitués peuvent toujours feuilleter une des revues exposées sur le présentoir. Si on a manqué la messe le dimanche, on sait qu’il y a toujours en réserve des exemplaires du dernier bulletin paroissial. On ne nous refuse jamais non plus de placer une affiche pour une activité de l’une ou l’autre association locale ou régionale.
Les nouveaux arrivés trouvent bien vite le chemin du magasin général; ils savent déjà que c’est là qu’ils trouveront les informations utiles concernant leur nouveau lieu de résidence. Il paraît que les prix pour les denrées d’usage courant sont plus élevés. Mais si vous calculez le coût de l’essence, peut-être que vous vous apercevrez que ça vaut la peine de favoriser l’achat local!
Le texte dont je parle se termine ainsi et je cite : « À trop vouloir courir après la mauvaise qualité des bas prix, un jour les villageois n’auront plus qu’à se mordre les pouces. Les commerçants alors auront plié bagages et chacun sait ce que veut dire « boutique fermée ». Voilà comment meurt le cœur et l’âme d’un village. »
À Deschambault, jadis, on trouvait une cordonnerie, une boucherie, deux beurreries, au moins deux gares aux arrêts de chemin de fer, un traversier pour Lotbinière, une compagnie d’autobus, plusieurs garages, quelques petits magasins et j’en oublie! Tout cela sans compter le Magasin Général Paré, lequel, fort heureusement est toujours là. Notre village n’est donc pas près de mourir! Faisons plutôt la tournée des lieux : on a une boulangerie, une brûlerie, une chocolaterie, plusieurs restaurants qui offrent une variété de menus, de quoi satisfaire les plus difficiles et diverses entreprises que je préfère de pas énumérer de peur d’en oublier!
Une chose est certaine, tous ces commerçants, même s’ils sont contents de recevoir les touristes et les clients de passage, comptent évidemment sur la population locale pour s’enraciner chez nous; plus que nécessaire, je dirais que c’est primordial! Les touristes, ça passe… certains reviennent, mais la plupart ne font que passer… justement! On a besoin les uns des autres car voyez-vous, les propriétaires des commerces qui jalonnent le Chemin du Roy et les autres secteurs de notre patelin, savent bien eux aussi, qu’un village ça peut mourir, lentement, mais sûrement. Et tout comme nous, ce n’est pas ce qu’ils souhaitent.
© Madeleine Genest Bouillé, 6 avril 2017