J’ai tant dansé, j’ai tant chanté!

Quand j’étais étudiante, j’ai appris tout plein de choses importantes : le français, le catéchisme, les mathématiques, les bonnes manières… et aussi la danse et le chant! Nous chantions souvent, à propos de tout et de rien… il ne se passait pas une journée sans qu’on chante. Comme j’ai toujours adoré chanter, je ne m’en plaignais pas! Tout d’abord, comme je l’ai déjà mentionné, jusque dans les dernières années, chaque matin nous commencions la journée par un cantique, qui variait selon le jour de la semaine; lundi, on invoquait l’Esprit-Saint, mardi, notre ange gardien, mercredi, Saint Joseph, jeudi, c’était congé, vendredi était consacré au Sacré-Cœur et samedi à la Saint Vierge. Selon la température, l’humeur ou l’ambiance, ce premier chant était plus ou moins « magané », si vous me passez l’expression.

Quand venait le temps de la récréation, tant qu’il ne faisait pas trop froid, ou plus tard, au printemps, quand tout était sec dehors, nous allions à l’extérieur. Les garçons jouaient dans la cour à côté du couvent. Nous, les filles, prenions nos ébats dans la cour en haut de l’escalier de pierre. Ces jeux ne variaient que très peu… on jouait au « Drapeau » ou à ce qu’on appelait la « Balle au Camp ». Nos bonnes Mères encourageaient fortement les « chefs » à choisir leurs équipières sans parti pris… Sans parti pris? Comme si ça se pouvait! J’en sais quelque chose, j’étais une des plus mauvaises joueuses. Je ne courais pas vite, je me foutais complètement du ballon ou du drapeau… je me tenais le plus loin possible des buts. J’étais toujours choisie la dernière ou presque. Et vraiment, ça ne m’a jamais tellement dérangée. Mais je dois avouer que cette attitude n’aide pas beaucoup à acquérir de la popularité!

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Heureusement, j’avais d’autres occasions pour me reprendre! Les jours de mauvais temps, tout comme en hiver, nous prenions nos récréations dans la grande salle. Et que faisions-nous? Des « rondes », il fallait éviter autant que possible le mot « danse ».  Alors nous dansions sans le dire, en chantant des chansons. Une de ces « rondes » se dansait en chantant : J’ai tant dansé, un folklore qu’on retrouve dans La Bonne Chanson, comme presque toutes les chansons de notre répertoire. Les « rondes », bien évidemment, se dansent en cercle, en se tenant par la main; la plupart du temps; au refrain, on se prend par le bras et on tourne (en swingant, n’en déplaise à nos professeurs). Une autre ronde très populaire était J’ai un beau château; on se divisait en deux cercles et on dansait en sens contraire, ainsi, les filles qui chantaient « J’ai un beau château » allait vers la droite tandis que celles qui répondait « J’en ai un plus beau », allaient vers la gauche.

meunier-tu-dorsCertaines de ces rondes finissaient en débandade, entre autres, celle qu’on faisait en chantant Meunier, tu dors. Cette chanson commence très lentement avec : « Trois canards déployant leurs ailes… », quand on arrive au refrain : « Ton moulin va trop vite, ton moulin va trop fort », la ronde accélère de plus en plus vite, jusqu’à ce que la chaîne se détache. Quand on dansait cette ronde, à la fin, il n’était pas rare qu’une ou deux plus petites tombent par terre, pour le plus grand plaisir des meneuses du jeu qui n’attendaient que ça!

scanParfois, pour changer, on faisait des « chansons de geste ». Je me souviens en particulier de deux de ces chansons : Comme ça et La Cantinière. Dans la première, comme il s’agit de la rencontre de « Majorique » et « Phonsine », c’est une chanson dialoguée, alors on divisait le chœur en deux parties qui se répondaient. Pour ce qui est de La Cantinière, c’est une chanson qui peut s’étirer à l’infini, exemple : « La Cantinière, a de beaux gants, de beaux bas, un beau chapeau », etc. On s’amusait beaucoup à inventer des paroles à ces chansons.

bonheur

Les chansons que je préférais étaient toutefois celles qu’on entonnait quand on était assises dans la balançoire à la fin de l’année pour étudier… les belles mélodies comme Partons la mer est belle, La prière en famille, ou Il faut croire au bonheur. On y mettait tout notre cœur et notre plus belle voix: « Pourquoi rester morose devant les prés en fleurs… Puisqu’il y a des roses, il faut croire au bonheur ». J’y crois encore!

© Madeleine Genest Bouillé, 19 janvier 2017

100 plus belles.jpgNote :  Les chansons dont je parle sont regroupées dans un petit chansonnier Les 100 plus belles chansons, édité en 1948 par La Bonne Chanson de Ch. Émile Gadbois. Le coût était de 1.00$

 

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