Le petit chevreau entêté

Il y a plusieurs années, pas loin de vingt ans peut-être, j’ai reçu en cadeau pour Noël un petit tabouret. Le genre de truc qu’on appelle aussi « repose-pieds » et qui est muni d’un couvercle rembourré.  Il peut être utilisé pour ranger quelques livres, revues ou même un nécessaire à tricot. Mais voilà, je ne tricote pas et mes livres sont tous bien rangés dans ma bibliothèque. Par contre, j’apprécie grandement la fonction de repose-pieds durant mes longues heures de lecture. De plus, étant grand-mère et de ce fait, raconteuse d’histoires, j’ai pris l’habitude d’y laisser les livres préférées des enfants. Je me dois de préciser que j’ai neuf petits-enfants. Cette belle famille a débuté par trois filles, nées à peu de distance l’une de l’autre. J’avais alors tout plein de livres d’histoires pour les petites filles; de Blanche-Neige à Boucle d’Or sans oublier Cendrillon. Cette dernière était très populaire. Vraiment, il y a quand même pas mal de place dans le petit tabouret!

Puis nous est arrivée une quatrième petite fille. Elle aimait aussi les histoires, mais surtout quand il y avait des animaux, tout plein d’animaux qu’elle s’amusait à faire parler; en fait elle inventait ses propres histoires. Et un beau jour, ou plutôt un beau soir si ma mémoire est bonne, nous est né un petit garçon, enfin! Vous dire si je l’ai bercé, ce bel angelot! Entre les histoires et les Teletubbies, il était sage comme une image! Il a grandi, grandi, tellement que dans notre vieille maison aux plafonds plutôt bas, il doit prendre garde de ne pas se cogner la tête en passant les portes. Chez nous, ce ne sont pas les « blues qui passent plus dans les portes », non, ce sont les trop grandes personnes!  Quelques années plus tard, par un beau jour de mai, une cinquième fille est arrivée… je dirais avec tambour et trompette! Elle aimait les histoires, à condition qu’elles ne durent pas trop longtemps et souvent, même si elle ne lisait pas encore, elle racontait l’histoire, à sa façon. Elle aussi a grandi très vite, sans trompette… mais avec tambour!

Cette belle famille manquait tout de même de garçons, jusqu’à ce qu’en 2010, deux moussaillons, viennent s’y ajouter; un en juillet et l’autre en novembre; un blond et un brun! Enfin le dernier jour d’avril 2013, un autre petit garçon tout blond est venu clore la tribu! Ce qui fait que, depuis quelques années, le tabouret ne contient plus que des livres tout pleins d’animaux. Une histoire, entre autres, est devenue la préférée de mes trois derniers petits-fils. Elle a pour titre Le petit chevreau entêté. L’auteur s’appelle Serge Mikhalkov… un inconnu pour moi. Les illustrations ne sont pas vraiment belles, mais elles sont frappantes : l’orage est très noir, la pluie tombe sur deux pages, le cochon rose est énorme, les loups ont l’air très méchants. C’est une histoire qui frappe l’imagination des enfants et c’est certainement pour cette raison que mes petits garçons ont tant aimé Le petit chevreau entêté! Il n’y a pas si longtemps encore, je devais la raconter au moins deux fois, quand ce n’était pas trois. Presque tous les adultes de la famille ont été réquisitionnés un jour ou l’autre pour raconter Le petit chevreau entêté… et chacun ou chacune de dire, à chaque fois : « Non! Pas encore le petit chevreau! »

Alors voilà! Les garçons ont grandi et ils ne demandent plus d’histoires. Le petit chevreau entêté est pas mal amoché, mais quand même, je ne peux pas le jeter… tout à coup, un bon soir, où Zachary, notre benjamin, aurait encore envie de l’entendre et surtout de regarder les images! Je vais donc le laisser encore quelque temps dans mon repose-pied…

© Madeleine Genest Bouillé, 3 avril 2020

Et si on parlait d’autre chose…

Pour ma part, c’est depuis le vendredi 13 mars que je suis tombée dans ce sujet : le coronavirus ou, de son nom de maladie, la COVID-19. Le comité de direction de la bibliothèque municipale était placé devant un choix – à cette date, nous avions encore le choix –, est-ce qu’on peut tenir notre souper spaghetti ou est-ce qu’on le reporte, ou encore, on l’annule? Et par la même occasion, doit-on fermer la bibliothèque ? Comme on l’a appris par la suite, tout fermait partout, on nous conseillait de rester chez nous autant que possible. Le virus en question pouvait causer la mort… et vous connaissez la suite. Pour ma part, j’aime mieux changer de sujet de conversation.

À ce temps-ci de l’année, que peut-il bien y avoir d’intéressant? Surtout pas la température! Alors, si on parlait des érables? Encore dépouillés de leur feuillage, ils ne se distinguent pas tellement des autres arbres, sauf s’ils sont plantés dans une érablière et qu’ils ont chacun une chaudière accrochée à leur tronc. Sinon lorsque le ciel est nuageux, ils se fondent dans le paysage parmi les autres arbres gris, debout sur un tapis de neige vraiment plus grise que blanche. Comme ils semblent loin les paysages verdoyants, avec des fleurs de toutes les couleurs. Et encore plus, les érables parés de leur flamboyante parure d’automne! Nos saisons sont tellement différentes qu’on a l’impression de changer de planète quand on passe de l’une à l’autre.

En regardant les trois érables que mon époux a entaillés il y a quelques jours, il m’est venu une réflexion que j’ai eu l’idée de vous partager… histoire de parler d’autre chose! Pour qui n’a pas l’œil exercé d’un spécialiste des arbres de la forêt tempérée, comme on nous apprenait à l’école, ces jours-ci, les érables ne sont reconnaissables que si, justement, ils sont parés pour le temps des sucres. Sinon, on ne les remarque même pas. L’érable, à la fin de l’hiver est humble, sobre, ordinaire. Discret, il prépare en secret ce qui constitue une de nos principales richesses naturelles, cet or sucré qu’on recherche partout dans le monde.

Ce n’est pas à l’automne, quand l’érable étale ses couleurs les plus somptueuses, qu’il est le plus utile, le plus précieux, même si on vient de loin admirer sa parure. Non, la gloire des érables, c’est au printemps qu’elle éclate. Au  printemps, l’érable est vraiment le roi de nos bois, on compte sur lui pour une part importante de notre économie. Au printemps, quand il est tout gris, tout ordinaire, c’est là qu’il nous devient indispensable.

Ainsi en est-il des humains. Ce qui fait la valeur d’une personne, ce n’est pas ce qui est le plus apparent. Malheureusement, on vit dans une époque où c’est l’apparence qui compte. On a besoin d’images pour se forger une opinion sur les gens et les choses. La télévision, les réseaux sociaux, le téléphone qu’on dit « intelligent » nous parlent avec des images, toujours. Quand j’étais étudiante, on nous vantait les vertus d’humilité et de modestie. Ça faisait partie de l’apanage d’une jeune fille bien élevée… Comme le disait une chanson ancienne : « Ah! oui, c’est loin, c’est loin tout ça! »  Maintenant,  on sous-estime, on méprise même parfois les gens qui ne savent pas se mettre en valeur. Ce qui compte de nos jours, c’est ce qui se VOIT.  « Dis-moi comment tu parais, je te dirai qui tu es. »  N’est-ce pas plutôt « ce que tu veux être »?…

Les qualités de cœur telles l’honnêteté, la générosité, la sincérité, si elles sont appréciées, ne sont pas des choses dont on cause… enfin pas en société. Pourtant, les personnes qui sont le plus utiles dans leur milieu, leur famille, pour leurs amis, leurs collègues de travail, ce ne sont pas nécessairement celles qui paraissent le mieux ou qui ont le discours le plus éloquent. Les personnes sur lesquelles on peut vraiment compter, ce sont celles vers qui on se tourne quand on a un service à demander, une cause à faire valoir. Ce sont surtout celles qu’on appelle quand ça va mal, et que tout est gris comme un jour de mars très laid; celles qui disent « oui »  du fond du cœur, celles qui tendent la main, qui écoutent sans juger.

Comme les érables au printemps, ce qui fait notre gloire, ce n’est pas la beauté, la renommée, ni même la fortune. La seule gloire qui vaille la peine d’être recherchée, c’est d’être utile autour de nous, tout simplement. De cette gloire, on peut être fier même si cela ne nous mérite ni trophée, ni médaille!

Et malgré le virus, on peut profiter du temps des sucres… à condition de ne pas trop se rapprocher les uns des autres!

© Madeleine Genest Bouillé, 19 mars 2020 (à partir d’un grain de sel du 16 mars 2016, La gloire des érables)

L’âge de raison… et la raison de l’âge

Quand je commence à parler de l’ancien temps, je l’avoue, j’en ai pour un bon bout de temps. J’utilise des mots et des expressions qui avaient cours à l’époque. Voyez-vous, l’un des plaisirs de vieillir, c’est d’avoir vécu plein de choses qui ne sont plus à la mode, de s’en souvenir, et partant de là, de les raconter!

Dernièrement, je mentionnais justement devant quelques jeunes cette expression d’autrefois, « l’âge de raison ». Que voilà une expression qui est vraiment tombée en désuétude! Pourtant, pour les gens de ma génération, avoir l’âge de raison, ça représentait une étape importante dans la vie.

Au temps d’hier, l’âge de raison était fixé à sept ans. Un enfant de sept ans allait à l’école et avait généralement les connaissances nécessaires pour faire sa « petite communion », étape importante, s’il en était. Bien entendu, la fillette ou le garçon qui allait sur ses sept ans entendait régulièrement des commentaires du genre : « Il faut que tu sois raisonnable, tu auras sept ans bientôt. » Alors forcément, dès que l’enfant avait atteint cet âge crucial, on lui répétait encore plus souvent : « Soir raisonnable! Tu as sept ans, tu es grand maintenant, laisse ce jouet à ton petit frère. » Les remontrances étaient toujours plus sévères quand on atteignait ce fameux chiffre sept. Nous ne comprenions pas vraiment ce qu’il y avait de changé; nous n’avions pas grandi tout d’un coup! Notre figure était la même; quelle était donc cette chose invisible qui venait balayer notre insouciance et nous investissait de responsabilités dont on se serait bien passé? On venait d’avoir sept ans, c’était la seule raison!

L’âge de la majorité représentait quelque chose d’un peu semblable. Dans notre jeune temps, l’âge légal était à vingt et un ans. La veille encore, on était jeune, sans souci; on avait vingt ans, le bel âge, selon les poètes…On coulait des jours paisibles sous la tutelle des parents. Même si on avait déjà commencé à gagner notre pain quotidien, dans bien des familles, les parents géraient le salaire du garçon ou plus encore de la fille, encore mineure. Et voilà qu’un beau matin, on avait vingt et un ans, on était maintenant majeur! On pouvait prendre des décisions importantes, on avait le droit de voter et on n’avait pas besoin de la permission des parents pour se marier, même si on n’exerçait ce droit qu’en cas d’absolue nécessité. Vingt et un ans… c’était un chiffre magique!

À soixante-cinq ans – à moins que ce soit maintenant soixante – nous voici admissibles aux prestations de la sécurité de la vieillesse. Quelle charmante expression! À la fin de la vie, tout comme au début, on est dépendant, on a besoin d’être gardé en sécurité. Pourtant on compte sur nous pour une foule de choses, comme garder nos petits-enfants ou encore initier les plus grandes et les plus grands aux mystères de la cuisine, aux « ouvrages de dames » ou à la menuiserie. Les associations bénévoles nous ouvrent leurs bras… Nous ne serons donc pas inoccupés, ce qui est excellent pour la santé autant physique que mentale. Et comme plusieurs d’entre nous fréquentent encore l’église, on est au premier rang pour le service à l’autel, les lectures et la chorale. Encore une fois, la raison de l’âge est vraiment la bonne raison!

« Le cœur ne vieillit pas » comme le dit la chanson. On ne voit pas le temps passer et on ne se sent pas vieillir. Mais il arrive un jour où, quand on se regarde dans le miroir, la personne qu’on aperçoit ne ressemble pas à celle qui nous faisait face il y a vingt ou même seulement dix ans. On constate que la silhouette a changé; le poids n’est pas réparti de la même façon qu’avant… le dos s’arrondit, les vertèbres se tassent : « Non, mais c’est qui celle-là? Depuis quand ai-je cette tête? J’avais le cou plus long, il me semble. » Et on s’étire le cou… en vain! On ne s’habitue pas à notre nouveau look. Et ces rides qui racontent notre histoire encore mieux qu’on saurait le faire avec des mots! Qu’il s’agisse des petites rides joyeuses au coin des yeux, ou de celles plus amères de chaque côté de la bouche, ou bien de celles entre les sourcils et sur le front qui disent les contrariétés, l’inquiétude, la déception…

On a la figure comme une carte routière. On a fait du chemin et ça paraît. Il faut dire que la vie nous donne tellement de claques dans le dos, de coups de poing sur la tête et de coups de pied où le dos perd son nom, ça finit par abîmer une personne, tout ça! Et c’est ainsi qu’arrive réellement l’âge de raison… lorsque la raison ne peut rien contre l’âge.

L’essentiel, c’est de vivre chaque étape de la vie pleinement, sans s’attarder à regarder en arrière et en remerciant le ciel, ou qui vous voudrez pour chaque nouvelle journée qui nous est accordée.

© Madeleine Genest Bouillé, 25 février 2020

Les paroles s’envolent…

Quand j’étais étudiante, on nous répétait souvent cette maxime : « Les paroles s’envolent, mais les écrits restent ».  On devait donc surveiller nos écrits, y penser à deux fois avant d’affirmer quelque chose. En ce sens, il fallait se demander si dans un an ou dix ans, on aurait encore la même opinion. Il y avait de quoi freiner les élans poétiques, dramatiques ou même comiques des apprentis écrivains. On ne savait pas alors qu’il existerait un jour un réseau de correspondance par Internet, un fil d’actualités qui offre à ses abonnés ce qu’il y a de plus éphémère. On y trouve des écrits qui s’envolent du jour au lendemain, quand ce n’est pas quelques heures plus tard. À moins qu’on « partage » la nouvelle, tout passe… les accidents, les propos drôles ou haineux, les phénomènes météorologiques, les recettes de cuisine, je le répète, tout passe! Le scoop de l’avion qui est tombé récemment quelque part en Ukraine, aussi bien que la pire niaiserie : « flushé »!  Cette correspondance », si je peux nommer cela ainsi, met tout dans le même panier. Le panier s’emplit parce que tout le monde partage et la nouvelle, quelle que soit son importance, se ramasse dans le fond. Voilà!  Ça s’appelle Facebook.

Certains ont des tas d’amis sur Facebook. Parfois des amis qu’ils connaissent pour vrai, mais plus souvent, de parfaits inconnus. Pour ceux qui ont des « amis » qui se comptent par milliers, je crois que ce n’est pas la relation qui compte, c’est le nombre! J’avoue qu’il arrive en effet qu’on s’adonne sur plusieurs sujets avec de parfaits étrangers. Ainsi, j’ai une amie Facebook qui, bien qu’elle me soit inconnue, porte le même nom que moi tout en n’ayant aucun lien de parenté ou sinon, un lien très lointain. Comme par hasard, nous aimons souvent les mêmes auteurs, les mêmes œuvres d’art, les mêmes chansons. Et nos opinions sur les sujets épineux, comme la politique, se rejoignent. Mais des amis inconnus comme ça, ce n’est pas comme les feuilles mortes : on ne les ramasse pas à la pelle!

Facebook a ceci de bon qu’on y retrouve parfois d’anciens compagnons et compagnes de classe aussi bien que des gens qui ont vécu dans notre village avant de s’établir ailleurs. C’est agréable! Nos racines nous rapprochent. On a connu les mêmes personnes, on se rappelle qui habitait telle maison. En vieillissant, je constate combien on attache d’importance à ces personnes que nous avons connues dans notre jeunesse et qui, tout comme nous, ont vieilli quelque peu : l’un d’eux ressemble au Père Noël tandis qu’une autre est plus blonde que dans mon souvenir…  mais on se reconnaît et c’est un plaisir de renouer des liens.

Quand j’ai commencé ce texte, j’avais imaginé tout plein de choses à dire à ce propos : « Les paroles s’envolent, et les écrits restent ». Je dois avouer que j’étais un peu mélancolique : le temps des Fêtes qui passe toujours trop vite, la température froide, les journées où le soleil se montre parcimonieusement… tout cela ne m’inspirait rien de bien réjouissant. Juste avant de commencer à écrire, je suis tombée sur une petite phrase qui dit comme ça : « Du haut en bas de l’échelle, l’espoir circule gaiement. Car notre part la plus belle, est toujours celle qu’on attend. »  Et comme on sait, l’attente est toujours plus aisée quand on sait s’occuper… en attendant!  Et c’est ainsi que le moral a grimpé quelques barreaux de l’échelle. Allons! Plus qu’une semaine dans ce premier mois de 2020.

© Madeleine Genest Bouillé, 22 janvier 2020

Que faire, un dimanche de janvier, quand il y a une tempête?

Tout d’abord, je vous confie une chose que je n’avais jamais remarquée, mais que je constate cette année avec un certain déplaisir. Généralement, j’ai toujours quelque chose à lire, qu’il s’agisse des livres empruntés à la bibliothèque ou de ceux qui font partie de ma propre biblio. Mais là, je fais le tour de mes trésors et rien ne me tente. Je ne sais pas pourquoi. Parfois, c’est le titre qui ne me dit rien ou encore le livre est trop gros, pas envie de me taper 400 pages!  Ça peut être aussi, parce que je ne connais pas l’auteur et qu’il ne me dit rien qui vaille.

Donc, ce dimanche 12 janvier, dehors il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors. Hier ce n’était guère mieux; alors je me suis tapée deux films, un vieux Columbo de 1974… et pas le meilleur! Ensuite, Charlie et la Chocolaterie, un film de Tim Burton qui date de 2005. Tim Burton avait fait auparavant un film que j’aime beaucoup et que je revois presque chaque année, L’homme aux mains d’argent (en anglais The Scissor’s man) un film dont la musique est tellement belle! Est-ce que vous aimez les musiques de film?  Pour moi, c’est important. C’est ce qui reste dans ma tête quand le film est fini, c’est peut-être aussi ce qui fait que j’aime revoir le film.

Le détective Columbo, personnage qu’a rendu célèbre l’acteur Peter Falk.

Après ces films, j’ai sorti quatre livres; tout d’abord une grosse brique, l’intégrale illustrée des romans de Jane Austen, un cadeau que j’ai reçu au Jour de l’An. J’aime les romans de Jane Austen qui nous plongent dans l’Angleterre puritaine de la fin du XVIIIe siècle – début du XIXe. C’est écrit pas mal fin, mais sans mes lunettes, je devrais en venir à bout! Mais voilà, hier soir, je n’avais pas le goût d’entamer ce volume. C’est un peu comme quand on a un gros gâteau d’anniversaire et qu’on ne se décide pas à l’entamer: il est trop beau! J’ai plutôt sorti La cousine Bette, de Balzac, un livre qui appartenait à ma mère, et déjà lu il y a longtemps. Mais, non! Je me suis rappelé que je trouvais ça froid.  Ce n’est vraiment pas le temps de lire des histoires froides. Alors, comme ma bibliothèque est classée par ordre alphabétique, je suis tombée sur Le nain jaune, du Père Anselme Chiasson, un recueil de contes sortis tout droit des Iles-de-La-Madeleine. Après quelques pages, ça n’allait pas. Vraiment, c’est le genre de livre à lire par petites bouchées en été, dehors; ça se déguste comme un pique-nique! J’étais dans les « C », et  donc rendue à Christie, Agatha de son petit nom.

Photo d’Agatha Christie prise en mars 1946 dans sa maison de Greenway, dans le Devonshire.

Mais auparavant, il y avait justement un autre film de notre bon vieux Columbo, plus récent que celui d’hier (datant seulement de 1992 !!!) et ayant pour titre :  À chacun son heure. Mon  homme et moi, nous avons donc visionné ce film que nous n’avions jamais vu.  C’était un très bon Columbo!  Et après? J’ai choisi de lire Cartes sur table de ma vieille amie, Agatha Christie! Columbo et Agatha, ça fait la paire!

Avec tout ça, la tempête s’est calmée… le soleil s’est couché, pas tard. À ce temps-ci, les jours ne rallongent pas vite et on manque un peu, beaucoup de soleil! C’est pas bon pour le moral! En terminant, étant donné que je parle de lecture, il faut que je vous parle de mon auteur québécois préféré entre tous, Jean O’Neil. Ses livres sont pour la plupart des récits; il raconte les régions du Québec qu’il a parcouru de long en large durant sa carrière d’écrivain, de journaliste et d’agent d’information au service du gouvernement du Québec. Il doit avoir autour de 82-83 ans. Aux dernières nouvelles, il demeurait à Paris. Je ne crois pas qu’il soit décédé… on en aurait entendu parler. J’aime son œuvre, de long en large!  Il a un sens de l’humour parfois un peu caustique, mais je ne déteste pas ça. Et il met dans ses récits juste assez de fantaisie, pour qu’on ait envie de les relire. On a quelques-uns de ses livres à la Biblio du Bord de l’eau et moi, j’en ai quatre : Le Fleuve, Les Montérégiennes, Mon beau Far-West (où il nous emmène en Abitibi avec Champlain à bord de son auto!) et Le Roman de Renart, une merveilleuse fable!  Mon rêve : posséder tous les livres de Jean O’Neil!

Il est bon de rêver… et je vous souhaite à tous, une bonne année 2020, avec du rêve et de la fantaisie!

© Madeleine Genest Bouillé, 12 janvier 2020

L’Esprit de Noël… 2019

On l’a ou on l’a pas! Quoi qu’il arrive dans la vie, malgré les coups durs, quand on possède l’Esprit de Noël, c’est pour longtemps.

Je viens de recevoir la visite de mon petit frère Georges, il était accompagné de sa fille, Vicky, qui attend son premier bébé pour la fin mai.  Georges venait me livrer sa carte de Noël, une carte qui représentait quoi, pensez-vous?  Le Magasin Paré, bien entendu!

La carte est écrite de sa main… Maman serait contente, il n’écrit pas seulement « Joyeux Noël et Bonne Année », non, il ajoute des vœux dans ses mots à lui.  Avec sa main qui tremble; que voulez-vous, Monsieur Parkinson ne laisse pas beaucoup de répit… Mais quand même, Georges a toujours aimé le temps des Fêtes; ceux qui ont lu son livre Mes trois années à la Baie James, savent combien il trouvait difficile de passer Noël ou le Jour de l’An loin de sa famille et de ses amis.

Notre mère aimait aussi écrire ses cartes de vœux; elle s’y est appliquée jusque dans les toutes dernières années, alors qu’elle disait, comme pour s’excuser : « J’écris trop mal, ça n’a pas de bon sens. » Dans sa jeunesse, elle confectionnait ses cartes qu’elle ornait de délicats motifs à l’encre de Chine. L’important étant d’écrire pour chacun et chacune, un petit mot personnel, pas juste une signature.

Maman aimait Noël et le temps des Fêtes. Même dans les dernières années de sa vie, alors qu’elle ne pouvait plus participer activement aux préparatifs. Demeurant toujours dans sa maison, elle n’avait plus la capacité de s’occuper de la popote mais comme elle était heureuse quand on venait cuisiner les beignes, les tourtières et autres mets qui seraient servis au réveillon.

Et les décorations! Comme elle trouvait ça beau! Elle aimait les guirlandes rouges et vertes qui se croisaient au centre du plafond de la grande cuisine, entre les énormes poutres. Sur la tablette de la cheminée, on déposait les vieux chandeliers en argent, garnis de chandelles rouges et d’autres bibelots à l’avenant, toujours dans les couleurs de Noël.  Près de l’entrée, sur la table qui avait jadis fait partie du mobilier de salon, on plaçait le plateau en argent destiné à recevoir les cartes de Noël.

Je me souviens comme elle avait hâte d’entendre la musique de Noël.  à vrai dire, elle l’aurait bien écoutée à l’année!  Dès les premières neiges, ou avant, si ça n’arrivait pas assez vite, pour lui faire plaisir on sortait la musique de circonstance : Tino Rossi qui chantait Petit Papa Noël, Lucienne Boyer, une chanteuse de l’époque de ma mère, qui nous affirmait : Je ne crois plus au Père Noël, et combien d’autres airs du temps des Fêtes!

Oui vraiment, ma mère aimait Noël et le temps des Fêtes. Elle n’a jamais vécu dans l’opulence et n’a jamais pu faire de cadeaux somptueux, mais elle nous a légué ce cadeau précieux entre tous, l’Esprit de Noël.  Elle possédait ce qui, à mon avis, en fait véritablement l’essence; un cœur plein de générosité, une capacité d’émerveillement, une foi inébranlable. Sa tendresse pour les siens était immense; elle aimait le beau et a su nous le faire découvrir, ce qui est je crois, un bien inestimable!

Maman nous a quittés en 1996, mais elle demeure toujours bien vivante dans notre mémoire, surtout à ce temps de l’année qu’elle affectionnait particulièrement. Comme elle, je crois que j’aimerai toujours le temps des Fêtes. Tant pour les souvenirs qui s’y rattachent, que pour ces moments précieux que nous vivons ensemble en famille et qui, un jour, deviendront souvenance. L’Esprit de Noël, je vous le redis, on l’a ou on l’a pas!

Papa et Maman en 1973 (coll. privée Madeleine Genest Bouillé).

© Madeleine Genest Bouillé, 23 décembre 2019

Le Noël des petits oiseaux

J’ai toujours aimé cette chanson, Le Noël des petits oiseaux. La musique est jolie, les paroles aussi : « Les verts sapins de la vallée, ce soir sont habillés de blanc. » C’est féérique! « Car de Noël, c’est la veillée, et minuit s’avance à pas lents » : on ne voudrait pas qu’il avance plus vite, c’est une si belle attente que celle de Noël; une attente meublée de chansons, de souvenirs joyeux et de rêve, surtout de rêve! « Plus d’un petit oiseau frissonne, car il a neigé sur les toits… Mais chut! Voici l’heure qui sonne, entendez-vous ces douces voix? » Et nous voilà au refrain! « Il est minuit, et Jésus vient de naître, pour protéger les nids et les berceaux… » Là, ça se gâte un peu : « … le ciel est bleu, le printemps va renaître… Noël pour les petits oiseaux. » On ne veut pas entendre parler du printemps!  On est au plus beau de l’hiver, il est tout neuf, tout blanc; on a à peine commencé à jouer dans la neige, à glisser, à patiner. Le premier bonhomme n’est pas bien dodu, mais guettez bien ceux qui vont suivre! Ne nous parlez surtout pas du printemps!

« Les roitelets, les rouges-gorges, quittant les bois et les buissons, gazouillaient comme au temps des orges, et l’air était plein de chansons ». Pauvres oiseaux! Ils se croient au printemps pour de vrai! « Puis croyant au réveil du monde, et préparant déjà leurs nids, ils cherchaient de la laine blonde, pour abriter tous leurs petits. » Il n’y a pas qu’aux oiseaux que la température joue des tours… Les caprices de l’hiver nous tombent dessus sans avertissement; et comme disait ma mère : « On tient pas le temps dans notre poche! » Mais voilà, c’est le Noël des petits oiseaux! Donnons-leur une chance!

Le dernier couplet nous dit : « Mais tout à coup la nuit s’achève. Voici l’aurore au front vermeil! Et ne sachant si c’est un rêve, chacun se dit « Quel doux soleil! » Car Noël sur les plaines blanches, a fait luire un beau rayon d’or. Puis sur les toits et sur les branches, on entend gazouiller encore. » Que c’est joliment dit! Mais voilà, Noël, ce n’est pas que la fête d’une seule nuit. Comme on nous le redit depuis toujours, tout a commencé par cette nuit quasi irréelle, avec une étoile qui brillait comme on n’en avait jamais vu de semblable. Il y eut surtout ce petit enfant, avec ses parents, des voyageurs réfugiés dans une étable, parce qu’ils n’avaient pas trouvé mieux pour y mettre au monde leur bébé. Et toute cette histoire qui continue avec des anges qui chantent : « Gloire à Dieu dans les cieux et paix sur la terre aux femmes et aux hommes de bonne volonté! » On nous l’a racontée tant de fois, cette histoire… et curieusement, plus on la conte, moins de gens semblent y croire! On aime mieux les histoires modernes qui nous disent que la planète est en danger, qu’il faut apprendre à vivre autrement. Et alors, je me dis que si le petit enfant de la crèche de Bethléem revenait et qu’il nous faisait dire, de la bouche de ses anges, qu’on doit « prendre soin de la planète », peut-être qu’on le croirait? En fait, la jeune Greta, c’est peut-être un ange, un ange moderne bien entendu, un ange qui n’a pas la langue dans sa poche, et qui se fâche, et qui gueule un peu fort, mais un ange quand même. Non?

Quoi qu’il en soit, je reviens au dernier refrain de ma chanson : « L’ombre s’enfuit et le jour va paraître, pour éclairer les nids et les berceaux. Le ciel est bleu, le printemps va renaître. Noël! Noël! Pour les petits oiseaux! » Il faut les comprendre, ces pauvres oiseaux. Surtout qu’il n’y a pas qu’eux qui trouvent que ça coûte cher le chauffage en hiver, et qui espèrent que le printemps va renaître pas trop tard. Tout comme Marie, Joseph et le petit qui, après la visite des bergers et des grands rois, entreprirent leur long voyage en Égypte, espérant surtout ne pas rencontrer le méchant roi Hérode… Alors, je terminerai mon grain de sel en disant plutôt : « Noël pour les oiseaux et aussi pour les itinérants, pour les familles qui manquent du nécessaire, pour les personnes qui sont seules… Et surtout, Noël pour tous ceux qui y croient! »

© Madeleine Genest Bouillé, 3 décembre 2019

Te souviens-tu?

Je lisais quelque part que les amoureux de longue date aiment à se dire : « Te souviens-tu? »  Pour les couples qui sont ensemble et qui s’aiment depuis longtemps, cette phrase est aussi importante que l’éternel « M’aimes-tu? » Elle veut presque dire la même chose. Des souvenirs communs nous rapprochent, nous font sourire; même les souvenirs douloureux sont moins pénibles, parce qu’on a quelqu’un avec qui les partager.

On a traversé les moments difficiles ensemble, on a vécu le meilleur et le pire. L’indéfectible présence de l’autre nous a soutenu à chaque étape de la vie. On a conjugué à tous les temps le verbe aimer, avec tendresse, passion, patience, humour, reconnaissance… Il y en a des choses dans ce « Te souviens-tu? »

« Te souviens-tu », c’est aussi ce qui nous rapproche quand, les parents partis, on se retrouve, frères et sœurs, sur la ligne d’en haut de l’arbre généalogique. Certains se sont mariés, ont leur famille, enfants et petits-enfants sont au centre des préoccupations. Les célibataires, plus libres, ont rempli leur vie avec diverses réalisations. On se rencontre, et au détour de la conversation, la phrase magique « Te souviens-tu? », vient abolir les années écoulées. Les souvenirs des bons et des mauvais coups, des tours qu’on a joués, même des punitions méritées, font rayonner les visages de tous ces enfants d’hier.

« Te souviens-tu? », c’est le mot d’ordre de ce mois de novembre. Est-ce à cause de son dénuement, de sa grisaille, de sa mélancolie toujours présente même quand il fait beau? C’est en novembre qu’on rappelle à notre souvenir ceux qui nous ont quittés pour toujours. Deuils récent à la douleur encore vive ou deuils anciens encore présents à la mémoire, à moins d’être très jeune, on a tous un peu de parenté «  de l’autre bord » et ils sont précieux ces moments pour se souvenir. On ne doit pas les laisser passer…

© Madeleine Genest Bouillé, 22 novembre 2019

Les préjugés

Octobre s’achève. Il nous a fait des accroires, avec des températures qui parfois frôlaient le zéro, même que quelques matins, on s’est retrouvé en bas de ce foutu zéro. Les vents ont joué à qui se déchaînerait le plus… Les feuilles avaient beau essayer de résister, elles tombaient en virevoltant. À certains moments, on aurait dit un beau ballet bien orchestré. Mais qu’on le veuille ou non, voici novembre avec son gros balai; il vient nettoyer la place pour l’hiver.  Et ça me fait penser qu’on devrait aussi donner un grand coup de balai dans nos vieilles idées arrêtées, nos préjugés, pour faire de la place aux idées nouvelles, aux idées des autres. C’est pas toujours facile, j’en conviens. Dans vingt-quatre heures, on se sera donné un nouveau gouvernement… pour le meilleur? Espérons que ce ne soit pas pour le pire! Dans tous les beaux discours qu’on a entendus depuis le début de la campagne électorale, il s’est souvent glissé quelques préjugés, quelques idées préconçues; évidemment, quand on parlait des adversaires! Mais comme on dit, c’est de bonne guerre!

Dans mon vieux dictionnaire, un préjugé, c’est « ce qui a été jugé auparavant, une idée préconçue ». J’ai lu quelque part que les préjugés sont les « chaînes forgées par l’ignorance pour séparer les hommes (et les femmes aussi) ». Ailleurs j’ai lu cette phrase qui va plus loin: « Au lieu de se débarrasser de leur préjugés, la plupart d’entre nous les camouflent et les font passer pour des principes. »  Plus poétiquement, Félix Leclerc nous donne sa définition d’un préjugé : « C’est une petite branche d’arbre qui empêche de voir la mer. »  Ma définition à moi, c’est  ceci : « Un préjugé c’est ce que tout le monde prétend ne pas avoir, mais que tous, on possède, à des degrés divers. »

Si seulement on savait pourquoi on a des préjugés, ce qui les engendre; quand on va à la source d’un mal on peut plus facilement le guérir ensuite. Au départ, je crois que les préjugés sont engendrés par l’ignorance; on craint toujours un peu ce qu’on ne connaît pas, on se méfie. C’est vrai aussi qu’on essaie souvent de faire passer nos préjugés pour des principes; on n’aime pas remettre nos valeurs en question. C’est dérangeant. C’est comme quand on veut changer les meubles de place dans une pièce, et que  finalement, après cinq ou six essais, chacune des pièces du mobilier se retrouve exactement où elle était avant.  C’est rassurant! Ça veut dire qu’on avait raison. Avoir raison! Y a-t-il quelque chose de plus réconfortant?

Il faut bien l’avouer, notre vue sur le monde et les gens qui nous entourent est trop souvent bouchée par une forêt de préjugés! Novembre est là… c’est le temps du grand ménage, ça ne ferait pas de tort de balayer aussi nos préjugés!

Madeleine Genest Bouillé, 20 octobre 2019

(À partir d’un texte original de 1979).

Quand on aime la Bonne Chanson

J’ai parlé déjà des soirées « Bonne Chanson » qui avaient lieu au Vieux Presbytère, au cours des années 90.  Lors des soirées musicales, il y avait toujours un moment, généralement vers la fin, où entraînés par la musique, quelqu’un entonnait une chanson, puis une autre! Alors on finissait par chanter en chœur et souvent le concert improvisé se prolongeait… Quand on se quittait, c’était en disant : « On devrait donc en faire plus souvent, des soirées comme ça! » Je dirais que c’est sans doute de ces fins de veillées que sont nées les « Soirées Bonne Chanson ». Elles ont cessé pour je ne sais plus quelles raisons; chose certaine, le répertoire n’était pas encore épuisé.

Ce vendredi  27 septembre dernier, dans le cadre des Journées de la Culture, la Biblio du Bord de l’eau recevait un pianiste de la région, Ghislain Dubé, lequel nous offrait un spectacle sur les plus beaux thèmes de « la Bonne Chanson ». L’assistance était composée en majorité de personnes plus jeunes de cœur que d’ans!  Des gens, disons, du temps où presque chaque famille possédait les fameux cahiers de l’abbé Charles-Émile Gadbois. Pour rendre la soirée encore plus vivante, les participants était invités à chanter les vieux airs connus. Alors même si tout le monde n’avait pas les paroles, on chantait quand même! Après quelques ritournelles, pour nous donner la chance de souffler un peu, notre invité se permettait une musique un peu plus classique… le temps qu’on reprenne notre souffle, en écoutant de belles mélodies. Et on y allait pour encore quelques chansons dans le genre de : Le petit cordonnier, La Cantinière, Ah! si mon moine voulait danser… et combien d’autres! Quelle belle soirée! Bien trop courte, de l’avis des participants. Heureusement, un goûter composé de délicieux produits locaux, est venu mettre le point final aux commentaires élogieux qui disaient à peu près tous la même chose « Il devrait donc y en avoir plus souvent des soirées comme ça! »Plus ça change, plus c’est pareil!

Et je reviens aux « Soirées Bonne Chanson » du temps jadis. La première fois, je me souviens, c’était en novembre; les soirées plus longues étant tout indiquées pour ce genre de divertissement, nous avions eu une très belle assistance. Comme on ne savait pas  quelle serait la réponse des gens, on avait préparé un programme « au cas où », pour débuter la soirée et réchauffer la salle, en se disant que la suite viendrait tout naturellement, dès lors que les participants proposeraient une chanson, en solo, en duo, ou en chœur. Et c’est ainsi que  les choses se sont déroulées.  Dans la publicité, on avait invité les gens à apporter leurs cahiers de La Bonne Chanson, alors, spontanément, des petits groupes se formaient et on chantait ensemble. Nous avions fait un choix de chansons qui parlent de l’automne. En commençant par La dernière rose de l’été; sur une musique irlandaise, l’auteur nous dit que « Si demain, tu cueilles une rose dont le cœur est déjà fané… dis-toi bien que cette rose est la dernière de l’été ».  Une autre chanson intitulée simplement Chant d’automne, résume à elle seule nos soirées automnales : « Lorsque le vent du soir s’alanguit et pleure, et que tous les enfants sont dans la demeure… ! qu’il fait bon chez soi près du feu pétillant qui chante. En cercle l’on s’assoit loin de la tourmente. » Il y a des titres qui se ressemblent parmi ces chansons, ainsi une autre mélodie s’appelle Chanson d’automne.  Celle-ci est toutefois une chanson d’amour, dont le refrain dit tristement : « Viens cueillir encore un beau jour, en dépit du temps qui nous presse, et mêlons nos adieux d’amour, aux derniers parfums de la brise. »

Certaines chansons revenaient souvent; ainsi en était-il de celles que tout le monde connaît, dont : Partons, la mer est belle. Tout le monde reprenait en chœur le refrain : « Partons, la mer est belle, embarquons-nous pêcheurs. Guidons notre nacelle, ramons avec ardeur… » Et que dire de Mon chapeau de paille, qui raconte l’histoire d’un patriote de la région du Richelieu en 1837 : « À Saint-Denis, près des grands bois, un jour d’orage et de bataille…je mis pour la première fois mon chapeau de paille… Sans égard pour mon beau chapeau, contre l’ennemi, la canaille, nous nous battîmes sans repos… en chapeau de paille ». Comme elles sont belles ces chansons qui racontent l’histoire de nos ancêtres; et elles ne sont  jamais démodées!

À ce que je me rappelle, il n’y a jamais eu de soirée sans l’incontournable Souvenirs d’un vieillard. C’était le plus souvent la chanson de fin de veillée et on reprenait en chœur le refrain : « Dernier amour de ma vieillesse, venez à moi, petits enfants… Je veux de vous une caresse pour oublier mes cheveux blancs. » Vraiment, que de belles heures remplies de musique! Nul doute qu’on devrait en faire encore des soirées comme ça!

© Madeleine Genest Bouillé, 30 septembre 2019