Les paroles s’envolent…

Quand j’étais étudiante, on nous répétait souvent cette maxime : « Les paroles s’envolent, mais les écrits restent ».  On devait donc surveiller nos écrits, y penser à deux fois avant d’affirmer quelque chose. En ce sens, il fallait se demander si dans un an ou dix ans, on aurait encore la même opinion. Il y avait de quoi freiner les élans poétiques, dramatiques ou même comiques des apprentis écrivains. On ne savait pas alors qu’il existerait un jour un réseau de correspondance par Internet, un fil d’actualités qui offre à ses abonnés ce qu’il y a de plus éphémère. On y trouve des écrits qui s’envolent du jour au lendemain, quand ce n’est pas quelques heures plus tard. À moins qu’on « partage » la nouvelle, tout passe… les accidents, les propos drôles ou haineux, les phénomènes météorologiques, les recettes de cuisine, je le répète, tout passe! Le scoop de l’avion qui est tombé récemment quelque part en Ukraine, aussi bien que la pire niaiserie : « flushé »!  Cette correspondance », si je peux nommer cela ainsi, met tout dans le même panier. Le panier s’emplit parce que tout le monde partage et la nouvelle, quelle que soit son importance, se ramasse dans le fond. Voilà!  Ça s’appelle Facebook.

Certains ont des tas d’amis sur Facebook. Parfois des amis qu’ils connaissent pour vrai, mais plus souvent, de parfaits inconnus. Pour ceux qui ont des « amis » qui se comptent par milliers, je crois que ce n’est pas la relation qui compte, c’est le nombre! J’avoue qu’il arrive en effet qu’on s’adonne sur plusieurs sujets avec de parfaits étrangers. Ainsi, j’ai une amie Facebook qui, bien qu’elle me soit inconnue, porte le même nom que moi tout en n’ayant aucun lien de parenté ou sinon, un lien très lointain. Comme par hasard, nous aimons souvent les mêmes auteurs, les mêmes œuvres d’art, les mêmes chansons. Et nos opinions sur les sujets épineux, comme la politique, se rejoignent. Mais des amis inconnus comme ça, ce n’est pas comme les feuilles mortes : on ne les ramasse pas à la pelle!

Facebook a ceci de bon qu’on y retrouve parfois d’anciens compagnons et compagnes de classe aussi bien que des gens qui ont vécu dans notre village avant de s’établir ailleurs. C’est agréable! Nos racines nous rapprochent. On a connu les mêmes personnes, on se rappelle qui habitait telle maison. En vieillissant, je constate combien on attache d’importance à ces personnes que nous avons connues dans notre jeunesse et qui, tout comme nous, ont vieilli quelque peu : l’un d’eux ressemble au Père Noël tandis qu’une autre est plus blonde que dans mon souvenir…  mais on se reconnaît et c’est un plaisir de renouer des liens.

Quand j’ai commencé ce texte, j’avais imaginé tout plein de choses à dire à ce propos : « Les paroles s’envolent, et les écrits restent ». Je dois avouer que j’étais un peu mélancolique : le temps des Fêtes qui passe toujours trop vite, la température froide, les journées où le soleil se montre parcimonieusement… tout cela ne m’inspirait rien de bien réjouissant. Juste avant de commencer à écrire, je suis tombée sur une petite phrase qui dit comme ça : « Du haut en bas de l’échelle, l’espoir circule gaiement. Car notre part la plus belle, est toujours celle qu’on attend. »  Et comme on sait, l’attente est toujours plus aisée quand on sait s’occuper… en attendant!  Et c’est ainsi que le moral a grimpé quelques barreaux de l’échelle. Allons! Plus qu’une semaine dans ce premier mois de 2020.

© Madeleine Genest Bouillé, 22 janvier 2020

Que faire, un dimanche de janvier, quand il y a une tempête?

Tout d’abord, je vous confie une chose que je n’avais jamais remarquée, mais que je constate cette année avec un certain déplaisir. Généralement, j’ai toujours quelque chose à lire, qu’il s’agisse des livres empruntés à la bibliothèque ou de ceux qui font partie de ma propre biblio. Mais là, je fais le tour de mes trésors et rien ne me tente. Je ne sais pas pourquoi. Parfois, c’est le titre qui ne me dit rien ou encore le livre est trop gros, pas envie de me taper 400 pages!  Ça peut être aussi, parce que je ne connais pas l’auteur et qu’il ne me dit rien qui vaille.

Donc, ce dimanche 12 janvier, dehors il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors. Hier ce n’était guère mieux; alors je me suis tapée deux films, un vieux Columbo de 1974… et pas le meilleur! Ensuite, Charlie et la Chocolaterie, un film de Tim Burton qui date de 2005. Tim Burton avait fait auparavant un film que j’aime beaucoup et que je revois presque chaque année, L’homme aux mains d’argent (en anglais The Scissor’s man) un film dont la musique est tellement belle! Est-ce que vous aimez les musiques de film?  Pour moi, c’est important. C’est ce qui reste dans ma tête quand le film est fini, c’est peut-être aussi ce qui fait que j’aime revoir le film.

Le détective Columbo, personnage qu’a rendu célèbre l’acteur Peter Falk.

Après ces films, j’ai sorti quatre livres; tout d’abord une grosse brique, l’intégrale illustrée des romans de Jane Austen, un cadeau que j’ai reçu au Jour de l’An. J’aime les romans de Jane Austen qui nous plongent dans l’Angleterre puritaine de la fin du XVIIIe siècle – début du XIXe. C’est écrit pas mal fin, mais sans mes lunettes, je devrais en venir à bout! Mais voilà, hier soir, je n’avais pas le goût d’entamer ce volume. C’est un peu comme quand on a un gros gâteau d’anniversaire et qu’on ne se décide pas à l’entamer: il est trop beau! J’ai plutôt sorti La cousine Bette, de Balzac, un livre qui appartenait à ma mère, et déjà lu il y a longtemps. Mais, non! Je me suis rappelé que je trouvais ça froid.  Ce n’est vraiment pas le temps de lire des histoires froides. Alors, comme ma bibliothèque est classée par ordre alphabétique, je suis tombée sur Le nain jaune, du Père Anselme Chiasson, un recueil de contes sortis tout droit des Iles-de-La-Madeleine. Après quelques pages, ça n’allait pas. Vraiment, c’est le genre de livre à lire par petites bouchées en été, dehors; ça se déguste comme un pique-nique! J’étais dans les « C », et  donc rendue à Christie, Agatha de son petit nom.

Photo d’Agatha Christie prise en mars 1946 dans sa maison de Greenway, dans le Devonshire.

Mais auparavant, il y avait justement un autre film de notre bon vieux Columbo, plus récent que celui d’hier (datant seulement de 1992 !!!) et ayant pour titre :  À chacun son heure. Mon  homme et moi, nous avons donc visionné ce film que nous n’avions jamais vu.  C’était un très bon Columbo!  Et après? J’ai choisi de lire Cartes sur table de ma vieille amie, Agatha Christie! Columbo et Agatha, ça fait la paire!

Avec tout ça, la tempête s’est calmée… le soleil s’est couché, pas tard. À ce temps-ci, les jours ne rallongent pas vite et on manque un peu, beaucoup de soleil! C’est pas bon pour le moral! En terminant, étant donné que je parle de lecture, il faut que je vous parle de mon auteur québécois préféré entre tous, Jean O’Neil. Ses livres sont pour la plupart des récits; il raconte les régions du Québec qu’il a parcouru de long en large durant sa carrière d’écrivain, de journaliste et d’agent d’information au service du gouvernement du Québec. Il doit avoir autour de 82-83 ans. Aux dernières nouvelles, il demeurait à Paris. Je ne crois pas qu’il soit décédé… on en aurait entendu parler. J’aime son œuvre, de long en large!  Il a un sens de l’humour parfois un peu caustique, mais je ne déteste pas ça. Et il met dans ses récits juste assez de fantaisie, pour qu’on ait envie de les relire. On a quelques-uns de ses livres à la Biblio du Bord de l’eau et moi, j’en ai quatre : Le Fleuve, Les Montérégiennes, Mon beau Far-West (où il nous emmène en Abitibi avec Champlain à bord de son auto!) et Le Roman de Renart, une merveilleuse fable!  Mon rêve : posséder tous les livres de Jean O’Neil!

Il est bon de rêver… et je vous souhaite à tous, une bonne année 2020, avec du rêve et de la fantaisie!

© Madeleine Genest Bouillé, 12 janvier 2020