Est-ce qu’il vous arrive de rêver à des choses loufoques, farfelues, impossibles? Moi, ça m’arrive quand même assez souvent. Ça et les rêves où l’on se retrouve dans un endroit public, comme l’église, mettons nu-pieds, en robe de chambre ou en jupon – oui je sais ça ne se porte plus –, mais dans mon jeune temps, on avait toujours un jupon en dessous de notre robe… un sous-vêtement qui ne devait jamais paraître. Il n’y avait pas pire injure à se faire dire : « ton jupon dépasse », ça vous rabaissait le caquet! Mais je m’égare… je reviens donc à mes rêves bizarres. Un jour, j’ai rêvé que je rencontrais un extraterrestre au centre d’achats. Depuis E.T., j’ai un faible pour les extraterrestres. Donc, dans ce rêve, j’ai rencontré un petit bonhomme violet, pas particulièrement beau, un peu mieux quand même que ce cher E.T. et ça me semblait tout naturel de faire une telle rencontre, tant il est vrai que dans les rêves, les choses les plus étranges paraissent normales.
Voilà que le petit bonhomme m’aborde et me demande : « Qu’est-ce donc que tous ces animaux : poules, lapins, canards, exposés dans les étalages des magasins? Ça semble fabriqué d’une drôle de matière brune, luisante, très odorante. Ces choses ne sont pas vivantes, puisqu’elles sont placées dans des boîtes. Ou alors, elles sont plongées dans une sorte de sommeil… je ne comprends pas. Ah! Il y a aussi des œufs faits de la même matière, des œufs de toutes les grosseurs. Puis-je savoir ce que c’est? J’en vois partout! »
Le petit extraterrestre était déjà venu sur notre planète il y avait longtemps, mais c’était la première fois qu’il voyait ce phénomène. Je lui explique alors que ces figurines sont faites en chocolat. Cette matière est non seulement comestible, mais délicieuse. Dans quelques jours ce sera la fête de Pâques et c’est une coutume très ancienne, de déguster cette journée-là ces chocolats aux formes diverses. Pourquoi des animaux? Sans doute parce que le printemps est l’époque où naissent les petits animaux de toutes sortes. Quant aux œufs de Pâques, c’est une très vieille tradition; autrefois, à cette occasion, on décorait des œufs qu’on cachait ensuite; au matin de ce dimanche de fête, les enfants allaient à la chasse aux œufs de Pâques. Aujourd’hui, dans plusieurs familles, on a conservé cette coutume, sauf que les enfants font maintenant la récolte de cocos en chocolat.
Poursuivant mes explications, j’ai ajouté que cette coutume de manger des chocolats à Pâques remonte au temps où justement, on jeûnait pendant la période du Carême. Ce qui explique qu’à Pâques, après quarante jours d’abstinence, ces délicieuses friandises étaient ardemment désirées. Quand nous étions enfants, en revenant de la messe de Pâques, on chantait notre version de l’Alléluia pascal : « Alléluia! Le Carême s’en va. On mangera plus de la soupe aux pois, on va manger du bon chocolat. Alléluia! »
Le petit bonhomme violet, étant un grand savant sur sa planète, connaissait l’origine de la fête de Pâques. D’un âge très respectable, il savait sa Bible par cœur, l’ancien tout autant que le nouveau Testament! La résurrection du Christ ne le surprenait nullement. Sur sa planète, le concept mort-résurrection, c’est courant. Je lui ai dit que sur la Terre, c’était plutôt rare. Il m’expliqua alors que la fête de Pâques et le printemps était indissociable : « Dans l’hémisphère terrestre où vous habitez, me dit-il, vous êtes chanceux, vous vivez le vrai printemps. En quelques semaines, vous passez de l’hiver au printemps, allant de la neige à la boue, alors qu’enfin les bourgeons éclatent et les fleurs apparaissent. Comment ne pas croire alors à la résurrection? Tout le monde doit se sentir revivre, au-dedans comme au-dehors! »
Qu’il avait donc raison! Et ça prenait un extraterrestre pour saisir tout ce merveilleux « Pâques, printemps de Dieu… Pâques, printemps du monde », comme nous le chantons le dimanche de Pâques. Mon nouvel ami m’a remerciée pour les précieuses informations que je lui avais données; il devait retourner sur sa planète, ayant d’autres missions à accomplir. Je l’ai invité à rester encore un peu pour assister à l’arrivée des oies sauvages, mais ça lui était impossible. Avant de disparaître, il m’a dit : « Peut-être pourrai-je revenir bientôt… d’ici quatre ou cinq décennies ». Pour lui, le temps n’a certainement pas la même signification que pour nous, pauvres Terriens! J’allais lui dire un dernier « Au revoir », quand la sonnerie du réveil m’a sortie de mon rêve!
De la part de mon petit bonhomme violet, je vous souhaite « Joyeuses Pâques! »
© Madeleine Genest Bouillé, 25 mars 2018
Madame Genest,
J’aime beaucoup l’histoire de votre petit bonhomme violet. J’ai été rejointe en particulier par cette analogie de la mort et de la résurrection, du passage du carême à la fête de Pâques qui est liée avec l’arrivée du printemps. Joyeuses Pâques !
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Merci et joyeuses Pâques à vous.
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