Je me suis levée avec cette chanson dans l’oreille : Les gens de mon pays, de Gilles Vigneault. Pourquoi? Je ne sais pas, mais comme en même temps j’avais décidé de parler des Fêtes de la Saint-Jean auxquelles j’ai pris part il y a quelques décennies, j’ai pensé que ça tombait très bien! Pour m’aider dans mes réminiscences, j’ai sorti mes vieux Phares. À chaque page ou presque, je lisais les noms des personnes avec lesquelles j’ai « bénévolé », pas seulement pour le Phare, mais aussi pour les multiples comités dont j’ai fait partie, y compris celui de la Fête nationale. Je me rappelle les gens qui faisaient partie du comité en même temps que moi. Alors je me souviens de nos discussions; chacun faisant valoir son opinion, et comme dans la chanson de Gilles Vigneault, avec « les gens de mon pays, il y en avait des palabres et des sparages! »
En 1978, la Fête nationale faisait partie de la Semaine du Patrimoine, qui s’ouvrait le 23 juin avec l’inauguration des expositions au Vieux Presbytère. Dans la salle du rez-de-chaussée, les visiteurs pouvaient voir « L’évolution des techniques agricoles », tandis qu’à l’étage, on inaugurait l’exposition « Deschambault à vol d’Oiseau », où l’on retrouvait des photographies aériennes de notre village et un montage audio-visuel sur l’architecture locale… Même si aujourd’hui, le montage serait quelque peu désuet, les photos intéresseraient encore beaucoup de monde. Le 23 toujours, durant la soirée, les chorales de Deschambault, St-Alban et St-Casimir offraient un concert conjoint à l’église. En majuscules, on précisait que ce concert était GRATUIT! Quelle belle soirée! « Gens de mon pays… je vous entends chanter dans votre trop court été. Il est question d’amour, d’espoir et de récoltes… »
Le 24, de 8 heures à 10 heures, sur le cap Lauzon, en avant du Vieux Presbytère, c’était le déjeuner. Les Fermières invitaient la population à venir déguster le pain de ménage et les confitures maison. La messe avait lieu comme maintenant à 10 heures et elle était suivie de la criée. Durant l’après-midi, l’O.T.J. organisait des activités sportives, sur le cap toujours. Sur le terrain de la Fabrique, se tenait « La rue des enfants », où nos jeunes pouvaient peinturer et effectuer des bricolages, aidés des membres de « La Clé des Jeunes ». La soirée ressemblait un peu à ce qu’elle est aujourd’hui, sans le chapiteau évidemment. Le bar était installé au Vieux Presbytère, et la fête se terminait avec le feu, comme maintenant. « Parlant de mon pays, je vous entends parler et j’en ai danse aux pieds et musique aux oreilles… »
La Semaine du Patrimoine se poursuivait chaque jour avec des activités soit sportives ou artistiques, dans le cadre d’un projet appelé « Les enfants dans le Vieux Presbytère ». Le soir, le « Café chez Rose Latulippe » rassemblait les amateurs de musique québécoise, au sous-sol du Vieux Presbytère, avec un bon café ou un thé. « Les gens de mon pays, sont aussi gens de causerie, qui parlent pour parler, et pour s’entendre! »
En 1979, c’était l’Année Internationale de l’Enfant. Le 22 juin, à la salle municipale, avait lieu l’ouverture de l’exposition des Fermières, intitulée « L’enfant, d’hier à aujourd’hui ». On y voyait des anciens vêtements, jouets et meubles d’enfant ainsi que des photos d’époques différentes. La Corporation du Moulin de La Chevrotière y avait un kiosque d’information sur les métiers traditionnels du bois de la pierre et du fer. « Les gens de mon pays… il faut les écouter. C’est parfois vérité, et c’est parfois mensonge… Mais la plupart du temps, c’est le bonheur qui dit qu’il faut croire au bonheur…» Le programme de cette année-là ressemblait un peu à l’année précédente; comme nouveauté, dans l’après-midi du 24, il y avait des activités pour le 3e âge sur le cap, un tournoi de tir au pigeon d’argile et le Marathon au Drapeau. Je crois que ce fut le premier.
1980… La politique a brouillé un peu les cartes cette année-là! Il y eut même deux fêtes, simultanées… mais heureusement pas au même endroit! Sur le programme publié dans le Phare, on lisait que la fête débuterait le dimanche 22 juin, avec un Rallye historique, l’ouverture des expositions et en soirée, le Café chez Rose Latulippe. Le 23, on offrait aux jeunes de l’École Centrale un spectacle avec le « Théâtre de Bon’Humeur », de plus, une soirée de variétés avait lieu dans une bâtisse de la Station de Recherche. Le programme du 24 reprenait à peu de chose près celui de l’année précédente. C’est certain qu’avec tout ce qui se brassait, « on entendait jaser sur les perrons des portes… et de chaque côté des cléons des clôtures… »
En 1981, les 21 et 25 juin, la toute jeune troupe Les Fous du Roy présentait à la salle de l’école Centrale trois courtes comédies. La première, « Ti-Charles va voir Arthémise » qu’on appelait une folie brève était suivie d’une folie douce, « Marions Belle-Maman » et la soirée se terminait avec une folie furieuse : « Heure de folie ». La salle était pleine pour les deux représentations…l’entrée coûtait 2$. Ces chers Fous du Roy! « Gens de mon pays… combien de fois, vous m’avez fait plaisir, et sagesse et folie ». Les pièces de théâtre présentées par les Fous du Roy ont fait partie du programme de la Fête nationale jusqu’en 1985.
La programmation de la Fête nationale a été sensiblement la même durant quelques années. En 1985, le 22 juin, qui était un samedi, on avait loué un chapiteau et il y eut un premier souper BBQ suivi d’une soirée dansante. Le dimanche 23, encore de la danse sous le chapiteau et le 24, de la danse, mais cette fois sur le cap! Évidemment, le bar était là pour les trois soirées! « Saurions-nous encore répéter vos parlers et vos dires… vos propos et parlures?… » En 1986, on commence encore les festivités avec un BBQ le vendredi 21 juin, mais cette fois, à la Station de Recherche. Le lendemain, le Club Lions recevait les joueurs de bingo à la salle de l’école Centrale. Le 23, à la Salle Municipale, il y a exposition de peinture, comptoir de pâtisseries du Club de l’Âge d’Or, et les dames de l’Amicale du Couvent tiennent un kiosque en prévision de la fête du 125e anniversaire du Couvent qui sera célébré en septembre. De nouveaux joueurs, les membres du Club Optimiste, tiennent des kiosques d’animation dans la journée du 24 ainsi qu’un comptoir de hot-dogs. On ne s’ennuiera pas, c’est certain! « Gens de mon pays, je vous entends encore jaser et chanter… »
1987, On fête cette année sous le thème « Une culture à développer ». Et pour la première fois, le souper de la Saint-Jean prend le nom de « La Grande Tablée ». De plus, cette année, nous célébrons le 150e anniversaire de notre église. Des membres du comité avaient eu l’idée que la messe soit célébrée à la mode d’il y a 150 ans, c’est-à-dire, que le prêtre célèbre à l’autel principal, donc dos à l’assistance, et avec les beaux vêtements sacerdotaux anciens. Le curé de l’époque, M. La Rochelle, s’était un peu fait tirer l’oreille, mais il avait finalement accepté en soulignant que c’était une première… et que ce serait une dernière! La chorale avait aussi choisi un répertoire à l’avenant, dont le beau vieux cantique que nous chantons encore : « Que cette voûte retentisse de vos cantiques solennels ».
Il y a trente ans… c’était hier! Le 24 juin, nous avons toujours le déjeuner, qui est maintenant sous la responsabilité de la Biblio du Bord de l’eau, qui comme je m’amuse à le dire « aime bien nous voir prendre quelques livres »! Avec la messe, la criée, la soirée et le feu le 24 juin, ce sont des incontournables à Deschambault. C’est ainsi qu’on fête par chez-nous avec « Les Gens de mon pays. Il n’est coin de la terre où je ne vous entende… il n’est coin de ma vie à l’abri de vos bruits. Il n’est chanson de moi qui ne soit toute faite, avec vos mots, vos pas, avec votre musique. »
Joyeuse Saint-Jean à tous et toutes!
© Madeleine Genest Bouillé, 23 juin 2017