La fête des Rois

Quand vous lirez ce texte, je serai en train de récupérer ma main droite qui aura été opérée pour ce qu’on appelle le « tunnel carpien ». Ne me demandez pas de précision, je n’ai pas beaucoup de notions pour tout ce qui touche l’architecture du corps humain et ses problèmes. Je sais cependant que ce tunnel (ou canal) est dans la main. Il arrive, paraît-il, qu’un tendon, pour une raison connue de lui seul, écrase le fameux canal ou tunnel et cause des problèmes, entre autres, l’engourdissement de la main et surtout, le fait que ceci s’accompagne d’une diminution de la force et de la dextérité de cette main.  Voilà! Fin de la leçon d’anatomie.

Avez-vous fêté les Rois? Samedi le 6, lors d’un souper chez mon troisième fils Éric, nous avons fêté comme il se doit cette dernière étape du temps des Fêtes. Dans le gâteau cuisiné par ma belle-fille Catherine, était cachée une fève, laquelle a été trouvée par mon petit-fils Samuel qui, à sept ans, s’est retrouvé roi pour l’occasion! Inutile d’ajouter qu’il portait fièrement sa couronne! Il aurait été évidemment trop long d’expliquer aux enfants l’histoire de cette fête qui, du temps où j’allais à l’école, marquait la fin des vacances de Noël. C’est une histoire compliquée et sûrement aussi irréelle pour les enfants des années 2000 que les personnages de leurs jeux intergalactiques.

Illustration de la visite des Rois Mages. Tableau attribué à Jean-Baptiste Roy-Audy intitulé « L’adoration des mages », à l’église paroissiale.

La fête religieuse qu’on appelle l’Épiphanie nous rappelle justement cette belle histoire où trois mages venus d’Orient, des savants qui connaissaient les étoiles et tout ce qui peuple le firmament, sont partis, guidés par une étoile qui brillait d’un éclat sans pareil.   Ces étrangers de race différente, nous a-t-on dit, se sont rendus jusqu’à la crèche où un petit enfant était couché sur la paille, avec sa mère, son père et des bergers qui faisaient paître leurs moutons dans ces parages. Ces hommes qu’on a appelé « rois », parce qu’ils étaient vêtus de somptueux habits, apportaient en cadeau à cet enfant de l’or, de l’encens et de la myrrhe… Un vrai conte de fée! Aussi irréel qu’Ali-Baba et Blanche-Neige! Une famille pauvre, sans abri ou presque, et on leur donne des trucs qui ne leur servira à rien. Bon, quand on étudie cette histoire, on nous parle de ce que représentent ces présents qui sont plutôt symboliques. Je veux bien y croire parce que j’aime les beaux contes. Mais admettez que ce n’est pas très réaliste.

La fête des Rois, c’est le côté « conte de fée » de l’histoire de la naissance de Jésus. Dans notre enfance, en ce jour des Rois, on aimait surtout aller voir la crèche après la messe et contempler ces beaux personnages, dont l’un est noir, l’autre vaguement jaune et le troisième figure un vieillard, au teint pâle et à la barbe blanche. Ces mêmes personnages   qui étaient dans la crèche ce matin à l’église… Si vous n’avez pas vu notre crèche cette année, je suis désolée, mais c’était la dernière chance! On va la défaire dans quelques jours. Parce que la liturgie ne parle pas longtemps de la petite enfance de Jésus et les Rois Mages sont repartis assez vite, en faisant bien attention pour ne pas retourner voir le méchant Hérode qui avait, selon l’Histoire, de très mauvaises intentions. Mais je m’arrête là pour le cours de religion.

Crèche à l’église de Deschambault (photo: P. Bouillé).

Dans ma mémoire, la fête des Rois est teintée d’une certaine nostalgie. Dépendamment du jour de la semaine où se situait le 6 janvier, parfois l’école recommençait le lendemain ou le jour d’après. Maman cuisait le traditionnel gâteau dans lequel elle plaçait une fève et un pois; elle s’arrangeait pour repérer le pois et la fève car chez nous, les garçons étaient pas mal plus nombreux que les filles. Et ma sœur avait fabriqué deux couronnes pour la reine et le roi. C’était une belle fête. Mais on ne pouvait s’empêcher de penser que ce jour marquait la fin des vacances de notre père, qui repartait le jour même ou celui d’après pour Montréal. Il ne reviendrait qu’aux « jours gras » comme on disait dans le temps. Et les « jours gras », c’était la veille du Carême. C’était le cycle qui recommençait! Mais c’était jour de fête, on mangeait le gâteau des Rois, on taquinait le roi et la reine; on s’amusait. Et on ne parlait pas de ce départ imminent, mais il flottait un je ne sais quoi qui atténuait un peu la joie de la fête… comme quand on allume une bougie déjà à moitié consumée.

© Madeleine Genest Bouillé, 7 janvier 2018

Réflexions devant la crèche

Je n’ai jamais hâte d’enlever les décorations de Noël. Souvent le soir, au temps des Fêtes, quand il n’y a ni sortie, ni réception à la maison, je passe de longs moments à contempler le sapin et la crèche. Surtout que cette année, mon mari a édifié un très beau village qui s’étend au pied de l’arbre de Noël, avec un 2e et un 3e rang en hauteur. Bref, c’est magnifique!

Tout d’abord, je dois dire que nous ne faisons jamais l’arbre de Noël avant le 17 ou le 18 décembre, par coutume, mais aussi parce que nous décorons un vrai sapin et comme « Rome ne s’est pas bâtie en un jour », la construction de notre crèche s’étale sur plusieurs jours. Dans le village, il y a maintenant une bonne dizaine de maisons, dont deux plus grosses qui figurent un hôtel et la mairie. Il y a une église, un magasin de jouets, un phare qui veille sur une hauteur. Une rivière coule vers le bas de  la côte où elle forme un lac. Quelque part, il y a un bonhomme de neige et sous un réverbère, des chanteurs revêtus de costumes de l’époque victorienne interprètent de vieux Noëls.

Notre crèche date de 1981. Auparavant, nous en avons eu plusieurs, faites de carton, qui n’ont pas résisté aux assauts des tout-petits et surtout de ceux des chats! La crèche actuelle est faite en bois, le toit étant un gros champignon. Comme tout le paysage, elle est recouverte de neige.  Ici et là, certains endroits sont recouverts de papier rocher… on change alors de pays et d’époque! Ce n’est d’ailleurs pas le seul anachronisme. Il pousse des sapins et d’autres arbres plus exotiques sur les rochers. Jusqu’au 31 décembre, le Père Noël ainsi qu’un lutin et un renne attelé à son traîneau voisinent les bergers et leurs moutons. L’ange qui est venu avertir les bergers est toujours présent. Il monde la garde tout près de la crèche. Son rôle est primordial : sans lui il n’y aurait pas eu de Gloria in excelsis Deo. À bien y penser, les anges, c’était le Réseau d’information de l’époque.

Mes deux bergers, comme dans le cantique Il est né le Divin Enfant, portent un hautbois et une musette, cet instrument qui ressemble à une cornemuse. Ils font partie du décor depuis sa construction. Ils ont évidemment précédé le petit Jésus de plusieurs jours. À l’arrivée des rois mages, ils vont prendre un peu de recul – ils sont polis quand même! Et les mages ont fait un long voyage. La veille de Noël, je les ai déposés à l’orée du village, pour qu’ils aient encore un bout de chemin à parcourir. Ils sont beaux mes rois : le noir, il est toujours à genoux; humblement, il ne veut pas prendre trop de place. Le blanc, c’est le patriarche; il a les cheveux tout gris sous sa couronne. Le troisième a le teint et des traits plutôt asiatiques et il a l’air plus jeune. Ils avancent vers la crèche, quelques pas chaque jour, suivi du chameau qui a l’air un peu incongru dans ce paysage hivernal.

Marie et Joseph sont déjà arrivés dans leur logis improvisé, quelques jours avant l’événement. Tradition oblige, Marie porte un manteau bleu et un voile blanc. Cette année, après la messe de Noël, Jésus qui attendait son heure solennelle a été déposé dans la crèche par mon petit-fils Samuel. Le Divin Enfant est vraiment très peu vêtu; à chaque année, je me propose de lui confectionner une petite couverture et quand j’arrive à Noël, je m’aperçois que j’ai encore oublié. Pardon petit Jésus, c’est pas de la mauvaise volonté, mais je suis de moins en moins couturière! Quand je regarde le petit Enfant dans son berceau rustique, je pense à cette phrase du poème La Charlotte prie Notre-Dame : « Dans les temps, quand il s’est amené, vous avez bien dû avoir friot, Jésus, et vous Vierge Marie… » Je le connais quasiment par cœur ce poème et, chaque année, j’aime à le réentendre. Ça fait partie de mon rituel du temps des Fêtes, tout comme certains films tels Noël blanc et Le Miracle de la 34e rue.

Enfin, la veille du Jour de l’An, mes grands rois se retrouvent à l’entrée de la crèche. J’ai laissé le chameau un peu plus loin… Il est un peu trop gros; d’ailleurs, je lui préfère les moutons. C’est important les moutons : Jésus va grandir environné de moutons. Il utilisera ces bêtes-là pour donner des leçons à ses disciples et à tous ceux qui viendront l’entendre. Il racontera l’histoire de la brebis perdue et celle du bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. On l’écoutera, mais est-ce qu’on le comprendra? Et deux mille ans plus tard, alors que le monde est civilisé, informé, informatisé, scolarisé, il se trouvera toujours des brebis perdues qui n’auront pas encore rencontré le bon berger et d’autres qui refuseront le message… Dommage! Il a pourtant fait son possible!

Je l’aime bien ma crèche. Chaque année, on prend plusieurs photos, de tous les côtés, de jours comme de soir, alors que les lumières sont allumées. Quand mes enfants étaient petits, mon mari décorait le sapin et moi, je construisais le village et la crèche. En grandissant, tour à tour, les enfants ont participé, autant pour le sapin que pour la crèche. J’ai deux albums de photos avec des images de chaque année depuis 1964. En fait, il manque deux années : 1966, l’année où le Kodak était brisé, et 1971, où on avait une ciné-caméra – il y a donc un film quelque part de ce Noël, mais pas de photo! Je contemple toutes ces photos, avec ou sans les cadeaux au pied du sapin et je revis notre histoire!

Quoi qu’il en soit, c’est toujours merveilleux, l’arbre de Noël, la crèche, les décorations… Non vraiment, je n’ai pas hâte de défaire mes décorations de Noël!

© Madeleine Genest Bouillé, 28 décembre 2017

Douce nuit

Ô nuit de Joie, douce nuit!
Soyons heureux, oublions les soucis…
Ce soir, c’est de nouveau Noël!
Allons vers Celui qui nous appelle…

nativite-5Ô nuit d’Espoir, douce nuit!
L’enfant qui est né cette nuit
A entendu nos prières,
Il vient soulager nos misères…

Ô nuit d’Amour, douce nuit!
C’est grande fête, parents et amis,
Réjouissons-nous, ouvrons nos cœurs
Osons encore croire au bonheur!

Ô nuit de Paix, douce nuit!
Une fois de plus, je vous redis :
Passez le plus beau des Noëls!
Santé, prospérité pour l’année nouvelle!

 

© Madeleine Genest Bouillé, 2014

Allons voir cet enfant

Voici le temps où l’on aime se rassembler
Comme jadis à la crèche, les bergers.
C’est la fête, on offre des présents,
À ceux qu’on aime évidemment…

En regardant bien là-haut, on voit l’étoile,
À moins que le ciel, de nuages se voile…
Suivons quand même jusqu’au bout
La route qui nous mène à cet Enfant si doux.

Au milieu de nos festins, de nos rires, de nos chants,
Entre les visites des parents, des amis,
Allons gaiement voir le Messie !
Blotti auprès de sa maman…

Il tend les bras ce Divin Enfant,
Et nous promet comme dans l’ancien temps
Malgré nos oublis, pour calmer nos alarmes,
La Paix et tous ses charmes !

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© Madeleine Genest Bouillé, décembre 2010

Les personnages de la crèche

creche-1978Connaissez-vous l’histoire de notre crèche paroissiale? Peut-être pas… La voici donc, telle que ma mère me l’a racontée. Avant 1920, à l’église, il n’y avait qu’un petit Jésus, dans une vitrine, le tout entouré de lampions. Tout près, on plaçait un tronc pour « Le denier de l’Enfant-Jésus ». Vous pouvez voir ce tronc, ou si vous aimez mieux, cette « tirelire », sur ma photo la plus ancienne de la crèche en 1978. Le denier de l’Enfant-Jésus était le pendant de la quête du même nom qui se faisait selon les endroits, juste avant Noël, ou entre Noël et le Jour de l’An. On incitait ainsi les gens à donner pour les pauvres, soit des victuailles ou des vêtements et les enfants, pour leur part, étaient invités à donner quelques sous pour la même cause.

Mais je reviens à ma crèche… Avec le temps, le petit Jésus commençait à avoir quelques problèmes : il lui manquait des orteils, des doigts, etc. Or en 1920, à la suite d’une promesse, Madame Barthélémy Arcand (la grand-tante de Denys, Suzanne et Gabriel), entreprit une quête dans la paroisse afin d’acheter des statues pour la crèche paroissiale. Elle commença sa quête au mois d’août; cela lui a bien pris quelques mois. Ayant ramassé la fabuleuse somme d’une trentaine de dollars, on put alors acquérir les statues que nous pouvons admirer chaque année dans le temps des Fêtes.

Crèche de 2000.

Crèche de 2000.

En 1991, les statues de la crèche qui avaient atteint l’âge vénérable de 70 ans nécessitaient diverses chirurgies: orteils, doigts, nez… Elles devaient de plus faire rafraîchir leurs vêtements. Des membres du conseil de pastorale décidèrent alors de trouver des fonds et de restaurer ces personnages qui font partie intégrante de notre patrimoine religieux et de nos liturgies des Fêtes. On organisa donc un récital où des « artistes locaux » de tous âges, et un ténor connu, Léonard Bilodeau, mirent leurs talents en commun bénévolement pour faire une levée de fonds. L’auditoire n’avait qu’un coût minime d’entrée à défrayer; on avait aussi quêté diverses entreprises et commerces. Le résultat fut très encourageant. À Noël 1991, tout le monde put admirer le travail accompli bénévolement… comme tout ce qui se fait de beau à Deschambault!

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Crèche de 1987 et toile de Thérèse Bouillé-Naud.

Parlant de bénévolat, je ne saurais nommer toutes les personnes qui ont monté la crèche depuis 1920. Autrefois, c’était peut-être le sacristain ou la sacristine. Je sais que mes tantes Gisèle et Rollande ont aidé à l’édification de la crèche durant plusieurs années. Thérèse Bouillé-Naud, l’auteur de la toile de fond que nous pouvons encore admirer en fond de scène, a fait partie de l’équipe de la crèche. Plus tard, le comité de liturgie a repris le flambeau. La photo de 1987 montre une crèche au décor plutôt moderne, avec sa surcharge de guirlandes. C’était l’œuvre des futurs confirmés de l’année! Les sapins naturels étant interdits dans les édifices publics, on utilisait quelques bouleaux et on avait fait l’acquisition de 2 arbres artificiels… pas les plus beaux! Le curé de l’époque, qui encourageait les jeunes à participer à ce genre de travail, leur laissait pas mal le champ libre. Je me souviens que ces jeunes de 12-13 ans, étaient très fiers de leur crèche!

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Crèche de 2005.

En 1991,  les personnages  étant restaurés de fraîche date, on ne laissait plus  n’importe qui les manipuler. Pendant plusieurs années, différents comités se sont chargés de la construction de  la crèche paroissiale. En 2005, il faillit ne pas y avoir de crèche. On était en plein dans les travaux d’installation des gicleurs pour la protection contre les incendies… ça prenait une certaine bravoure et beaucoup d’imagination pour faire ce travail. Les matériaux relégués au grenier de la sacristie étaient pour la plupart inaccessibles, mais on a quand même fait une crèche! C’était une crèche bricolée avec les moyens du bord. Depuis ce temps, les marguilliers avec l’aide d’autres bénévoles au besoin, se chargent de l’édification de notre crèche. Je vous invite à venir la voir, elle sera prête pour Noël!

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Crèche de 2015.

© Madeleine Genest Bouillé, 9 décembre 2016

Dans la clarté d’une belle nuit

Poème

Dans la clarté d’une belle nuit
Un enfant a choisi de naître
Deux millénaires ont passé depuis
Noël nous le fait renaître.

Gloire à Dieu au plus haut des Cieux!
Et paix à tous ceux qui sur terre
Travaillent à rendre les autres heureux
Au nom de Dieu notre Père.

Les parents, les amis, les voisins,
Se saluent tous joyeusement
Près de la table, autour du sapin
On échange vœux et présents.

IMG_20151214_0001Partout les lumières dans la nuit
Brillent si fort qu’on en oublie
L’Enfant qui nous appelle au berceau
Cet enfant qu’on dit le plus beau.

En regardant vers le ciel sans voile
On voit bien la petite étoile
Qui nous rappelle la grande nuit
Où naquit le Divin Messie.

Que votre Noël soit le plus beau!
Rempli de joie et d’amitié
Bonheur et Paix, pour cet an nouveau
Santé et Prospérité!

© Madeleine Genest Bouillé, décembre 2011