Je ne sais pas si vous êtes comme ça, mais moi quand je me lève, j’ai toujours une musique qui résonne dans ma tête. Je n’aime pas beaucoup l’expression « ver d’oreille », mais ça exprime bien la chose. Ce n’est pas toujours une chanson à mon goût, et parfois ça dure, hélas, une bonne partie de la journée! Heureusement, il arrive que ce soit un air qui me plaise. Comme cette chanson de Charles Aznavour, Les plaisirs démodés, dont j’aime surtout le refrain. Il y a quelques jours, par un beau matin, j’avais justement cette chanson dans l’oreille. Et voici la réflexion que j’en ai tirée…
Parmi les « plaisirs démodés » de notre monde moderne, ceux qu’on trouve à la campagne sont pour moi irremplaçables. Les séjours à l’extérieur de Deschambault ne représentent en fait que quelques courts moments dans mon été. Les vraies vacances, ce sont donc toutes ces journées où, chez moi, je décroche de toutes les activités qui m’occupent de septembre à juin, sauf mon bénévolat à la bibliothèque, qui se continue en été, car la lecture, c’est un passe-temps qui ne prend pas de vacances. Mais tout de même, il me reste amplement de temps pour profiter de ce que mon petit coin de pays m’offre à profusion!
Qu’on se tourne vers le fleuve ou vers les champs environnants, c’est beau, vaste, l’air est bon; le vent toujours un peu là, contribue à rendre encore plus confortable les jours de grande chaleur. La verdure, les fleurs, les oiseaux, tout m’enchante! Le chant des oiseaux surtout… Oh! Comme j’aime à me réveiller avec cette musique qui m’accompagnera tout le long du jour!
Nous avons chez nous beaucoup d’arbres, plantés un peu partout au hasard; quand on plante un petit arbre, on ne pense pas toujours à l’espace qu’il va prendre quand il sera grand; mais ça, c’est une autre histoire! Chacun de ces arbres offre gîte et couvert à une multitude d’oiseaux aussi variés qu’il y a d’espèces d’arbres. Nous n’avons pourtant ni « condos » somptueux, ni mangeoires sophistiquées à leur offrir. Non, ils viennent s’établir chez nous chaque été parce qu’ils aiment ça, je suppose. Et nous les admirons quand ils construisent leur nid, nous assistons à leurs amours, on les observe quand ils poussent leurs petits hors du nid, afin de leur apprendre à voler. Ça me fait penser à la parole de l’Évangile : « Regardez les oiseaux du ciel… ils ne tissent, ni ne filent, et pourtant ils sont mieux vêtus que Salomon dans toute sa gloire. »
Savoir s’émerveiller du chant d’un oiseau, d’une fleur qui s’ouvre au soleil du matin, d’un papillon qui se pose un instant, du bruissement des feuilles dans l’air plus frais du soir, d’un lever ou d’un coucher de soleil, du fleuve qui coule à nos pieds, immuable et pourtant changeant et si vivant : tout ça fait partie du bonheur de vivre. Et les nuits d’été! Quand il a fait chaud toute la journée et qu’à la nuit tombée, on sent que la nature, lasse de trop de soleil, s’amortit et se repose enfin, alors, en regardant les étoiles au ciel, on prie malgré soi. On est si petits et pourtant si importants, puisque toute cette immensité, toutes ces splendeurs ont été créées pour nous, pour notre usage, pour notre confort, pour notre bonheur.
La meilleure façon de remercier le Créateur pour toutes ces merveilles, c’est de profiter de cette saison si courte, d’en cueillir fleurs et fruits, et de faire en sorte que notre « petite patrie » soit de plus en plus belle pour ceux qui y vivent aujourd’hui et ces autres qui y vivront demain!
Madeleine Genest Bouillé, 14 août 2016
(Tiré d’un texte paru dans Grains de sel, grains de vie).