Notre premier « chez-nous »…

IMG_20160821_0002Dans les années 60, la mode était au style scandinave. Comme je l’avais mentionné déjà  dans un précédent Grain de sel, avant notre mariage, nous avions été magasiner notre mobilier à Cap-Santé chez Meubles Gaston Perron. On achetait  l’ensemble trois pièces : salon, cuisine et chambre à coucher. Le réfrigérateur, la laveuse (à tordeurs), de même que le téléviseur provenaient de chez Naud Électrique, à Deschambault. Nous n’avions pas à acheter le poêle, puisque nous reprenions celui qui était déjà dans la maison. Nous étions fiers de nos achats… C’était tout nouveau, tout beau! Je ne me souviens plus où j’avais acheté les tentures du salon, je me rappelle cependant que pour la cuisine et la chambre à coucher, j’avais acheté du tissu et ma mère avait cousu les rideaux. Dans un prochain Grain de sel, je vous parlerai de notre premier Noël chez nous! Des moments de pur bonheur!

IMG_20160821_0001La maison était grande; et cela même si le salon double était dévolu aux locaux de la Caisse Populaire. Habituée que j’étais à la vieille maison de mes parents, surchargée de meubles hétéroclites, je trouvais que notre premier nid semblait vide… Au début nous n’habitions que le rez-de-chaussée; c’est pourquoi, sur la première photo, on voit notre aîné âgé de deux mois, installé sur le grand divan orange à quatre places. La cuisine et le salon tenaient dans la grande pièce, qui est en fait, la première rallonge ajoutée à cette maison. Le premier automne, j’ai eu mon piano, qui était placé dans le salon double; je ne pouvais donc en jouer que lorsque la Caisse était fermée. La pièce à l’arrière (deuxième rallonge) a été utilisée comme chambre à coucher jusqu’à l’automne 1966, alors que nous y avons aménagé notre salon, comme on peut le voir sur la deuxième photo. Les tentures et le fauteuil, comme le divan, étaient de couleur orange… on n’y échappait pas. C’était LA couleur à la mode! On avait peint deux des murs en brun et les deux autres étaient  blancs. Nous avions aussi fait l’acquisition d’un meuble stéréo – radio et  tourne-disque. Comme je n’ai pas de photo de ce meuble, assez volumineux, j’ai trouvé une image lui ressemble.

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retro-telephone-tableDans le temps, il y avait souvent des soirées de cartes, des « Euchre »; chaque association  organisait le sien, qui était la principale levée de fonds annuelle. L’année avant notre mariage, j’avais justement gagné lors d’une de ces soirées une table à téléphone munie d’un siège et d’une lampe avec abat-jour. Je n’ai pas de photo où l’on voit bien ce petit meuble, alors j’ai trouvé ce modèle, de la même époque, sauf que celui-ci n’a pas de lampe et le mien était de couleur beige. J’étais tellement contente d’avoir gagné ce prix. Je ne savais pas encore où nous irions demeurer; la date du mariage n’était même pas fixée, mais pour moi, où que ce soit, il y aurait certainement une place pour mon petit meuble que j’imaginais si pratique! Ironie du sort, quand nous avons fait installer le téléphone dans la maison où nous habitions, j’ai demandé un téléphone mural, pour qu’il ne soit pas à la portée des enfants – il ne faisait pas de doute que nous aurions des enfants! Je vous explique la raison de cette décision. Quand je travaillais au central du téléphone, il y avait plusieurs lignes « groupe » où parfois 8 ou 10 familles avaient le même numéro de téléphone, chacun étant identifié par une sonnerie différente. Par exemple, sur la ligne 12, il y avait 12-12, ce qui signifiait que la sonnerie devait être 1 grand coup, 2 petits, tandis que 12-21, c’était l’inverse et ainsi de suite. Au 2e Rang, les groupes étant encore plus nombreux; quand un enfant s’amusait à jouer avec le téléphone, ça pouvait perturber tous les usagers qui étaient sur cette ligne, puisqu’ils ne pouvaient pas utiliser leur appareil. Je n’avais pas oublié les problèmes que j’avais eus au central et comme j’avais ragé parfois (évidemment, quand la ligne était fermée). C’est pourquoi mes enfants ont dû attendre l’âge scolaire avant de répondre au téléphone; pour moi, le téléphone, ce n’était pas un jouet.

En avril 1965, naissait notre premier enfant. Il fallut donc acheter un lit, une petite commode, que j’avais décorée avec des dessins autocollants, ainsi qu’une chaise haute, un parc et un petit siège qui servait aussi pour l’auto. On était loin alors des sièges que les enfants utilisent aujourd’hui… Surtout que dans l’auto, la plupart du temps, on tenait le bébé sur nos genoux! Et personne n’était attaché… autre temps, autres mœurs!

IMG_20160822_0002Pour en revenir à ma fameuse table à téléphone, nous l’avons utilisée, bien que pas pour y déposer un téléphone. À partir de 1970, je ne la vois plus sur les photos, et c’est normal.  Après la naissance de mon troisième bébé, quand j’étais occupée avec le poupon, mes deux aînés s’en donnaient à cœur joie avec tout ce qui leur tombait sous la main. Ils faisaient des trains, des cabanes, des chars d’assaut, n’importe quoi, et ils avaient une préférence pour la petite table à téléphone, sans téléphone! Elle a donc disparu dans la tourmente je ne sais plus trop quand. Et nous n’avons même pas pensé à la regretter!

© Madeleine Genest Bouillé, 24 août 2016