Avec les mots de ma sœur : les vacances de tante Thérèse

Dans ce dernier épisode du journal de ma sœur Élyane, nous rencontrerons tante Thérèse, l’aînée des filles de mon grand-père Petit, tante Thérèse qu’on appelait familièrement « Daise »…

« Vendredi 19 août 1994, 8h p.m.

Le bel été s’en va…je me souviens autrefois, en cette mi-août (comme aujourd’hui), on parlait de la rentrée des classes. Sur l’Action Catholique, le journal qu’on recevait, il y avait de pleines pages de «  robes de costumes », chaque communauté de Sœurs avait son costume pour les élèves. Maman s’amusait à me montrer ça… je regardais, la mort dans l’âme, sachant bien que ces annonces signifiaient la fin des vacances. Mais dans les années 42-43, les environs du 15 août pouvaient être joyeux, car ma belle et gentille tante « Daise », qui travaillait à Montréal, venait passer sa semaine de vacances. Elle arrivait le samedi matin par le train qui entrait en gare du C.P. au 2e Rang, à 4hres du matin. C’était tellement une fête, que Claude (son filleul) et moi, on allait coucher chez les grands-parents, dans le « pit » au 3e étage, pour être là, à tout voir, tout entendre. Je me rappelle qu’une année, Pépère était debout de bonne heure et chantait de sa voix puissante : « Vainement, ma bien-aimée… on croit me désespérer… ». L’Aubade du Roi d’Ys, c’était « sa » chanson. Je suis encore toute émue à me rappeler cette voix et cette façon de chanter.

Tante Thérèse avec mes parents, Jeanne et Julien.

Et tante Daise ne venait jamais toute seule, des fois c’était avec tante Nini (une sœur de Mémère), ou les cousins Jacques, Simone, Évangéline… et la semaine de vacances était bien remplie. Fallait descendre au fleuve se baigner, aller en « flat » avec les Delisle (y avait rien qu’eux qui avaient des chaloupes). Fallait aussi aller sur le Cap, le « paradis terrestre », où il y avait des cerises, des catherines, et il fallait prendre des photos, beaucoup de photos, et j’étais là, je manquais rien… j’étais bien trop belette! Et le soir, il fallait bien une ou deux petites veillées de musique, ma tante se mettait au piano, Pépère, lui, jouait du violon. Gisèle pouvait prendre la guitare, et ça chantait. Et on retournait sur le Cap, il fallait emporter un pique-nique; on revenait les bras chargés de branches de cerisiers, de pommes, les dents noires d’avoir goûté aux cerises sauvages… des fois, les jambes grafignées par les mûriers, mais que c’était joyeux! Ma tante « Daise » avait toujours des petits cadeaux. Un jour elle m’avait donné un magnifique ruban bleu pâle avec bordure de cordonnet rouge et blanc, avec lequel ruban je me faisais une boucle pour attacher mes cheveux. Je me suis toujours souvenue de ce beau ruban, merci ma gentille tante! »

Si vous possédez mon deuxième livre, Récits du bord de l’eau,  à la page 27, le texte intitulé « la marguerite effeuillée », raconte dans les grandes lignes l’histoire de ma tante Thérèse que j’ai appelée Marguerite. Le dernier paragraphe dit comme ça : « En octobre, alors que les feuilles tombaient des arbres, la marguerite perdit ses derniers pétales. Selon les termes du temps, une péritonite éclatée emporta Marguerite à l’âge de quarante-trois ans. Elle laissait dans la peine quatre jeunes enfants, un mari effondré, une famille qui l’adorait et pour tous ceux qui l’avaient connue, le souvenir d’une femme au sourire éclatant, comme une marguerite en plein soleil ».  C’était en 1951.

© Madeleine Genest Bouillé, 8 août 2019

2 réflexions sur “Avec les mots de ma sœur : les vacances de tante Thérèse

  1. Bravo pour vos grains de sel. Francois et moi sommes natifs de ce beau village de Deschambault.

    François est le fils du docteur Henri Roy, et moi la fille de l’épicier Gédéon Mayrand. Et de bons amis de notre chère Jacqueline Chénard.

    Au revoir.

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    • Des familles que j’ai bien connues…les garçons plus vieux de la famille Mayrand ( Roger, Richard, Gaétan, Nazaire ) étaient les amis de mes frères…J’ai été au couvent avec Lisette Roy, la soeur décédée de François…un triste souvenir! !

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